Une bande dessinée …
Qui image parfaitement l'atmosphère de Cuba …
Qui raconte …
La désillusion de ceux qui se sont battus pour établir un nouveau régime, ces vieillards réduit à faire la manche, à vendre la presse cubaine dans la rue pour des touristes en demande d'authenticité, à faire la musique qui enchante les touristes …
La désespérance de ceux qui ont cru en la grande révolution, qui ont été élevés dans l'école de la république qui proclamait haut et fort les slogans de la révolution, ces entre deux âges qui survivent en vendant tout et n'importe quoi aux touristes, en les promenant dans des voitures de cartes postales réparés avec du scotch usé … L'agressivité des jeunes qui ne croient plus en rien ou plutôt qui ne croient que dans le dollar ou le CUC, ces jeunes qui trafiquent, qui errent prêts à vendre leur corps toujours aux touristes, seul espoir pour eux de partir … partir … et toujours partir ailleurs !
Les dessins représentent magnifiquement l'atmosphère du pays, en voyant les scènes de rue, on entend la musique, on voyage sur les routes défoncées en étant brinquebalé, on respire le mélange des odeurs mêlant le parfum des fleurs et les résidus des ordures qui traînent un peu partout.
La suite du livre est un carnet de voyage faisant le tour de ce qui nous parle de Cuba …
Une vision de la Habana Vieja, la vieille ville idyllique (1), quinze ans après leurs voyages … ma propre vision sera désespérée, ces vieux immeubles en rénovation, sont toujours en ruine, les arbres poussent au milieu des ruines …
La musique, les rythmes mis à la mode par le Buena Vista Social Club (2), quinze ans après leurs voyages … ma propre vision sera désespérée, ces rythmes, qui n'intéressent que les touristes, sont joués et surjoués par des musiciens qui peinent à cacher leur joie, des jeunettes ou des moins jeunes tentent leur chance auprès des spectateurs masculins, la musique entendue dans les logements est celle que déverse la télévision avec des programmes venus de l'autre côté de l'océan …
La vie quotidienne (3), quinze ans après leurs voyages … ma propre vision sera désespérée certes l'éducation et la santé sont les grandes réussites du régime castriste, il y a partout des pharmacies mais les rayonnages sont vides, il n'y a pas de médicaments…
Une lecture riche, un vrai guide touristique intelligent, nous présentant beaucoup de ce qui attend le touriste lambda à Cuba.
Je laisserais le mot de la fin à Gonzalo, « quand j'étais petit à l'école, j'ai chanté tous les jours nous serons comme le Che. Ça veut dire quoi être comme le Che, être asthmatique ?! ».
(1)
Habana Vieja
« Classée en 1982 au Patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO, La Havane est en train d'être restaurée, grâce notamment aux revenus du tourisme réinjectés dans une vaste opération de sauvetage. La tâche est immense car en près de cinquante ans, le manque d'entretien des batiments et la surpopulation ont porté un sérieux coup à l'une des plus anciennes architectures d'Amérique.
D'anciens palais ou de vieilles maisons coloniales qui représentent un intérêt historique ou architectural sont restaurés en priorité et ce qui était il y a encone quelques années le siège d'administrations, des officines d'État ou des appartements collectits (les solares) sont peu à peu transformés en musées, en hotels de luxe ou en restaurants de prestige réservés à la clientèle étrangère.
Les travaux sont réalisés de façon remarquable, le plus souvent dans le respect de l'architecture et des matériaux, dans un souci de restauration à l'identique, mais aussi en associant parfois l'audace architecturale au rappel du passé. »
(2)
La musique
« À toute heure, de tous côtés, la musique, vivante, exubérante.
On l'entend dans chaque ville, presque chaque village, à la Casa de la Trova, la Casa de la Música mais aussi dans la rue, sur les places, dans les bars, les cafés, les restaurants, dans les hôtels internationaux, sur les plages. »
(3)
La vie quotidienne
« «No es fácil. Pero tampoco es tan dificil.»
"Ce n'est pas facile, mais ce n'est pas si difficile non plus » est une phrase à la fois malicieuse et désabusée que l'on entend couramment. Si on compare la situation de l'ile à celle de ses voisines comme Haiti ou la Jamaïque, on mesure ce qui fait la différence entre pauvreté et misère. À Cuba, on est pauvre, mais on mange à sa faim, les enfants vont à l'école et tout le monde est soigné gratuitement. Les grands acquis de la révolution sont principalement l'éducation et la santé. Cuba se classe ainsi parmi les pays les plus avancés au monde en matière d'éducation et de santé publique. »
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Cuba
père et fils
Pierre et Jacques Ferrandez
Casterman, 2008
Cette BD a un côté sentimental, elle est la réalisation d'un père et de son fils, des liens complices et déjà solides se sont renforcés.
Les deux Ferrandez se sont rendus par deux fois à Cuba, « la terre la plus belle jamais contemplée par l'homme » à ce que dit Christophe Colomb- en juillet et en décembre 2007, quand le líder máximo a avoué que sa santé était déclinante. Ils en ont tiré ce récit graphique. de cette île des Caraïbes on connaît les voitures américaines d'autrefois, le málecon, les groupes de musique, les façades colorées des maisons délabrées, et les Tres tristes tigres de Guillermo Cabrera Infante.
le récit se divise en deux parties : une bande dessinée, adaptation de la nouvelle de Juan Pedro Gutierez, « Insoutenable la nuit » qui narre les retrouvailles d'un père à qui la révolution castriste servit de refuge, et d'un fils désillusionné et rêvant de fuir le pays, qui survit grâce à son sens de la débrouille, ou Invento. Les femmes que l'on croise dans l'histoire monnayent leurs charmes. Les putes gagnent bien plus que les institutrices, et le tourisme sexuel paie un max. La seconde est la reprise de la bd sous forme de résumé historique et de topos sur différents aspects de Cuba, et de sa diaspora, où s'insèrent photos et dessins, plus ou moins finis, croquis jetés.
On avait parlé d'un carnet de voyage, et ma déception est venue de ce que ce n'en était pas un. Certes on voyage, grâce au dessin, de la Havane, ville portuaire, à Baracoa, « présence de la mer » dans la jungle, Trinidad où les jeunes dansent dans les rues sur du reggaetón, jusqu'à la mer qui rappelle les balseros, les Cubains qui quittaient leur île pour gagner les côtes de Floride, distantes de 160 kilomètres, mais que séparent gardes-côtes, requins, tempêtes.
Mais ce n'est pas un voyage personnel, ou du moins pas présenté directement comme tel, avec des impressions de voyageurs sur le pays et les réalités de l'île. Sent-on le café et le chocolat ? Hume-t-on la marijuana ? Est-ce qu'il est bon de se baigner dans la rivière Yumuri ? Même s'il est agréable de boire une bière locale en écoutant de la salsa. On a des informations données thématiquement à partir de choses vues, interrogées, entendues. Même si grâce à elles, on apprend qui est Hatuey, chef indien qui lutta contre les premiers conquistadors espagnols, et si grâce à un Cubain nommé Gonzalo, les Ferrandez ont saisi l'âme du pays, élégance, dignité, courage de défendre ce que la révolution a apporté de mieux, éducation, santé. Hector, autre Cubain, dénonce le régime de slogan et de langue de bois, tant vilipendé par Zoé Valdés.
Une carte fait voir la configuration de l'île, et sa situation géographique. Les aquarelles rendent les couleurs caribéennes, la sveltesse des cocotiers, la végétation tropicale, même la sensualité des plages du málecon.
C'est un ouvrage qui ne manque pas d'intérêt, à la fois bd et guide illustré, mais ce n'est pas pour moi un carnet de voyage.
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Une BD qui se déroule à Cuba? Pourquoi pas!
Mais finalement ce n'est pas l'histoire de la BD que je retiens, car je la trouve assez convenue et sans surprise. On y trouve un ancien révolutionnaire cubain haut placé, mais surtout le personnage de Reynaldo qui decrit bien la désillusion de la jeunesse cubaine, la nécessité de devoir se débrouiller, d'improviser pour survivre jusqu'au lendemain, de tenter par tous les moyens, et pourquoi pas grâce à une "fiancée" étrangère de quitter le pays. Cela est valable pour de nombreuses personnes qui vivent dans un pays en développement et où le tourisme de masse occidental est une part non negligeable de l'économie, que ce soit à Cuba ou ailleurs.
J'ai finalement plus apprécié la seconde partie de la BD, qui est plutot un carnet de voyages avec de belles illustrations et surtout des explications historiques et sociétales sur Cuba.
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La littérature cubaine est vivace depuis le XIXe siècle, notamment à partir du moment où les écrivains ont dénoncé l’esclavage et réclamé l’indépendance.
Le plus connu en France est José Maria Heredia qui, obligé de s’exiler en raison de ses idées patriotiques, fit partie des poètes romantiques à l’origine du mouvement parnassien à Paris.
La figure majeure du XIXe siècle est José Marti, essayiste poète et artisan de la lutte pour l’indépendance, chantre de la révolution, célébré comme un héros national aujourd’hui encore.
Il n'était pas possible de réduire Cuba à deux générations, explique Jacques. Il y a la première, celle des historiques de la révolution. Juste après viennent leurs enfants, tous éduqués pour devenir de parfaits communistes et révolutionnaires, aujourd'hui plongés dans le doute et la désillusion. En fin, arrive la troisième génération, des joumas souvent indiférents qui n’aspirent qu’à vivre et qui, pour nombre d'entre eux, ont conscience que Cuba est devenu le bordel de l'Occident.
Après 50 ans de révolution et d’homme nouveau, il reste un pays dévasté, où le sport national c’est de trouver des CUC pour survivre !… ton Che, regarde ce qu’il en reste ; des posters, des tee-shirts, et des porte-clés … et pendant ce temps, on vit comme des miséreux et des cafards !…
Tu sais ce qu’il disait, le Che !
« Abattre la dictature a été facile… »
« … ce qui est difficile, c’est de créer une société nouvelle… »
Le meilleur ambassadeur de Cuba est un cigare cubain.