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Guglielmo Ferrero (Autre)Bernard Biancotto (Autre)
EAN : 9782251450483
250 pages
Les Belles Lettres (17/01/2020)
5/5   3 notes
Résumé :
Dans La Ruine de la civilisation antique, publié après la Première Guerre mondiale, le grand historien et intellectuel italien Guglielmo Ferrero conduit son lecteur à prendre du recul vis-à-vis de l’histoire contemporaine par une relecture en profondeur de la Rome antique, au moment de sa chute. Par ce détour, Ferrero analyse les mécanismes politiques et culturels à l’oeuvre dans le temps long d’une histoire politique occidentale qui est avant tout celle de la civil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Quelle menace guette aujourd'hui la civilisation occidentale ? Intellectuel italien et témoin de la Première Guerre mondiale, Guglielmo Ferrero dresse une comparaison saisissante entre la chute de la Rome antique et l'Europe au XXème siècle.

Dans ce livre d'une centaine de pages publié en 1921, l'auteur nous dévoile avec une pensée limpide l'histoire d'une tragédie : comment dix siècles de travail pour concevoir un Etat « parfait, sage, humain, généreux, libre, juste qui ferait régner sur le monde la beauté, la vérité et la vertu« , ont été réduits à néant… L'empire romain sombre dans l'anarchie et les guerres civiles, mené par des empereurs n'existant plus que par la force de leur armée, « l'esclavage monarchique« , et de façon ultime par la divination de leur personne.

Analysant les forces politiques qui ont évolué à travers les siècles au sein de l'empire romain, Ferrero discerne une loi fondamentale et son corolaire : la légitimité d'un régime est son seul ciment ; si cette légitimité s'efface ou est compromise par ses dirigeants, le régime tombe.

En cause : non pas les invasions barbares, la pauvreté ou la division entre Rome et Constantinople, mais plutôt l'abaissement du Sénat (commencée par Septime Sévère), l'instauration d'une monarchie absolue et la « décomposition intérieure » ; pour aller au-delà d'explications trop simplistes ou parcellaires, en fait tout ce qui sapait les fondamentaux ayant structuré la civilisation gréco-latine. Point intéressant à cet égard : le rôle joué par le christianisme dans ce déclin ; longtemps objet de persécution et opposé au mithraïsme, le christianisme a en effet entraîné un désengagement des élites, ses fidèles optant pour la vie éternelle, au détriment du salut de l'Empire, sa violence ou la corruption.

Signe d'un changement des temps, le christianisme n'aura pas pour autant été une force dévastatrice. Au contraire, il a consolidé la renaissance de l'Europe en imposant à ses fidèle l'obéissance aux gouvernements pourvu qu'ils respectent la loi divine. Cependant sa légitimité sera érodée et remise en cause par la suite avec les guerres de religion, entre catholiques et protestants, puis avec la Révolution française où s'impose (plus ou moins parfaitement d'ailleurs) l'idée que l'autorité est issue de la volonté du peuple.

Il est une autre loi qui semble se dégager de l'analyse de Ferrero, même si elle n'est pas définie en tant que telle : il est toujours dangereux de vouloir nier les racines, l'histoire des peuples. Autrement dit : respecter son histoire, c'est aussi ne pas insulter l'avenir. Pour preuve : la capacité à l'empire d'Orient à tenir plus longtemps grâce à un attachement plus naturel et traditionnel du peuple qu'en Occident à la monarchie absolue.

Evidemment les époques et les circonstances diffèrent. L'ancrage aristocratique de la civilisation gréco-latine ne se retrouve plus aujourd'hui dans nos sociétés modernes. Il serait malheureux de faire une comparaison au pied de la lettre. Mais l'exercice est assez frappant.

Revenant à son époque, Ferrero déplore que « la civilisation occidentale était affaiblie par la confusion croissante des doctrines, des moeurs, des classes, des races et des peuples ; par l'effort, épuisant du travail continuel, rapide et sans repos ; par la mobilité, devenue générale, de tous les éléments de la vie sociale ; par une sorte de fièvre universelle qui surexcitait les volontés et les intelligences, en les rendant capables d'efforts très intenses mais courts et peu profonds ; par le vulgarisation de toutes les activités de l'esprit et de tous les biens de la terre ».

Ces mots résonnent aujourd'hui à nos oreilles comme s'ils parlaient de notre temps !

Quelle justesse d'analyse quand Ferrero annonce que les démocraties occidentale l'emportant sur les monarchies d'Europe centrale ne sortiront pas nécessairement gagnantes de l'après guerre.

Dernière loi fondamentale : « le principe d'autorité est la clef de voûte de toutes les civilisations. » Sans autorité, la civilisation s'efface. Inévitablement, les peuples vont se tourner vers le premier dictateur permettant de maîtriser l'anarchie.

De ce petit livre essentiel à lire en ces temps troublés, raisonnent des passages assez frappants par leur actualité :

« L'anarchie politique que la chute de tous les principes d'autorité pourrait déchaîner en Europe, viendrait s'ajouter à la plus complète anarchie intellectuelle que l'Europe ait jamais connue. Chaque parti ou groupe qui, dans les soubresauts de cette anarchie, s'emparerait du pouvoir pour un jour, se croirait en droit de refaire le monde tout entier sur des principes nouveaux : l'Etat, la morale, l'esthétique, la famille, la propriété. »

Pour conjurer ces paroles prophétiques, songeons alors à cette mise en garde de l'auteur : « l'Europe se sauvera ou périra tout entière.«

T. Sandorf
Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Historien, professeur et écrivain, Guglielmo Ferrero a profondément étudié la civilisation antique, et donc, son déclin et sa chute.

À travers ses recherches, il a analysé les mécanismes assurant le bon fonctionnement et la survie d'une civilisation: Une figure du pouvoir forte, une intransigeance dans l'application des lois ainsi qu'une culture et un but commun pour le peuple.

Cet essai démontre comment le dérèglement d'un de ces facteurs a pu mettre en branle toute la machine et causer l'effondrement de la civilisation.

Schéma intemporel, Guglielmo fait le rapprochement avec la société de son époque (1921), dans le cadre d'une Europe entre deux guerres.
Si la civilisation européenne n'a pas disparue, elle a cependant fait l'objet de nombreuses transformations pour survivre.

De nos jours, dans un contexte de crises (économiques, politiques, sanitaires, démographiques, culturelles etc...), les questions peuvent se poser, notre civilisation peut elle prospérer? Quel pourrait être le monde de demain?

À méditer.
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