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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Même seule, la hyène n'a pas peur de capturer un gnou de cent soixante dix kilos. Et elle mange tout ce qui passe à sa portée. Sabots, cornes et poils. Quand ses sucs gastrique n'en viennent pas à bout, elle est en forme une pelote qu'elle rejette comme un hommage à sa gloutonnerie. À cause de tout le calcium contenues dans les os de ses victimes, les déjections de l'hyène sont blanches et cendrées : de la merde de vieille sorcière chenue. »

Derrière ce portrait attendrissant, se dressent trois générations, et même un peu plus, de femmes à la fois maudites et mauvaises. Des hyènes. Au langage cru et blessant. Conduisant à la folie ou à la morgue par des chemins que la morale réprouve les petits maris, qui payent une facture globale.

Alors pour comprendre son héritage familial, et prendre une décision à propos de la grossesse qu'elle vient de découvrir, Blanche questionne, interroge, et recueille les confidences altérées par les affres de la dégénérescence intellectuelle. Mais peu à peu malgré tout l'histoire se dessine et la violence s'explique.

C'est donc le roman de la transmission, de la nécessité de connaître l'histoire fondatrice, de remonter le cours du temps pour comprendre ce qui a pu advenir pour qu'un jour on n'ait pour seule symbole archétypique féminin de cette lignée un animal aussi sympathique que cet animal sauvage au rire diabolique.

Le roman est soutenu par une écriture vive, parfois crue, avec des dialogues qui reproduisent l'état d'esprit des interlocutrices, au moyen d'une langue vernaculaire qui sent bon le terroir, et qui finalement apporte un peu de légèreté au propos.

Premier roman virtuose, décalé, et féministe sans langue de bois.
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Son rire sardonique, son goût pour les charognes, son aspect peu engageant ont valu à l'hyène le mépris des humains. Seul mammifère capable de se nourrir en croquant des os, l'hyène tachetée est pourtant un précieux éboueur. C'est aussi un grand chasseur et un animal original par son organisation sociale, où dominent les femelles. Larousse encyclopédie

Les hyènes c'est le surnom qu'a donné Blanche 44 ans aux aïeules de sa lignée maternelle dont les femmes se succèdent toutes plus méchantes les unes que les autres. En lutte perpétuelle les unes contre les autres mais aussi contre les hommes, les géniteurs ou les frères; de vraies charognardes. Blanche s'interroge à l'aube d'un tournant dans sa vie, elle qui n'a jamais voulu d'enfant. Elle part à la recherche de la source de leur méchanceté en bousculant mémoires, secrets et traumatismes. Elle veut comprendre, elle veut savoir. Et le lecteur aussi.

Un roman qui fait partie de ces trop rares romans addictifs que l'on ne lâche qu'à contre-coeur parce qu'il faut bien continuer de vivre en dehors de la lecture... Un roman rythmé, captivant, ensorcelant qui restera longtemps dans ma mémoire, dont la force et l'impact m'ont fait penser aux Furies de Lauren Groff, un must.
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Dans la famille de Blanche, les femmes dominent et sont mauvaises comme des hyènes. Avares, médisantes, ou suspicieuses, elles sont frappées depuis des générations par un feu de haine au creux de leur ventre qui ne s'éteint jamais. Pour rompre avec toute cette violence et briser cette malédiction, Blanche ne souhaite pas avoir d'enfant et tente peu à peu de comprendre l'histoire de sa lignée. Quel trauma transgénérationnel peut déclencher une telle haine ?

Je vais le répéter, mais j'ai trouvé ce roman incroyable. le coeur de cette oeuvre est bercé par un thème qui m'intéresse depuis de nombreuses années pour sa pertinence : les mémoires transgénérationnelles. Celles-ci s'appuient sur l'étude de l'arbre généalogique d'un individu pour expliquer ses comportements et traumas actuels qui traversent les âges. Ainsi, il est tout à fait possible de ressentir par exemple, des angoisses profondes sans raison apparente, qui sont en réalité transmises par votre grand-mère, la peur au ventre, sous les bombes de 1939-1945.

Ici, c'est un peu pareil. La douleur et la colère traversent les générations de la famille de Blanche. A travers la quête de ce personnage principal, les rapports entre les hommes et les femmes sont au centre de tout. Plus particulièrement de la cruauté masculine sur le corps féminin, les abus sexuels.

En lisant ce roman, j'ai eu la sensation de prendre part à un secret. Il est de ces intrigues où , vous aussi, lecteur, vous devenez personnage en toute omniscience. Vous prenez part aux non-dits familiaux et sortez les fantômes du placard. Vous vous immiscez dans l'intimité décousue, traumatique, et découvrez l'impensable. Bientôt, leur histoire devient la vôtre. C'est en cela que réside toute l'atmosphère de ce roman. Nous sommes projetés dans la cuisine de la bâtisse branlante aux chaises en formica et l'on écoute l'histoire. Ces femmes-hyènes en veulent aux hommes pour leurs actes et reproduisent le schéma familial encore et encore. C'est triste, mais c'est aussi très beau. Dans la complainte et la douleur émane la rébellion.

Blanche porte bien son nom et tente de signer un traité de paix avec ce passé maudit. En cela, chaque personnage est mûrement travaillé pour créer une personnalité unique tout en gardant ce lien filial qui unit ces femmes. Une prouesse d'écriture et de construction narrative.

Ce roman est sûrement celui que j'attendais depuis longtemps dans ma bibliothèque. Sans être profondément encré dans un féminisme moderne, il met en lumière la femme « propriété » des hommes au cours des siècles, celle qui doit se soumettre à la violence des envies sexuelles masculines, celle qui se doit d'enfanter et d'être une bonne maîtresse de maison. le tout, évoluant progressivement vers son inverse : une femme libre d'enfanter ou non, un électron qui gravite seul. J'ai été impressionnée par Les Hyènes, mêlant fiction et terribles vérités. Ce premier roman d'Annie Ferret est magistral.
Lien : https://troublebibliomane.fr..
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