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EAN : 9782246822998
224 pages
Grasset (10/03/2021)
3.83/5   24 notes
Résumé :
L'hyène est un animal perfide dont le cri est un rire qui laisse imaginer sa cruauté. Les plus retorses sont les femelles qui dominent les mâles, les matent, les dévorent. Elles ne s'accouplent que pour se reproduire. Terrorisent ceux qui les défient. Et enseignent méticuleusement à leur descendance à faire de même. Sur ce point néanmoins, les femmes de la famille de Blanche, qu'on surnomme les hyènes parce qu'elles ont tous leurs traits, ont failli.
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un livre qui parle d'héritage familial dans l'antre du psychisme, de généalogie, de constellation familiale, de malédiction familiale.

Blanche a quarante-quatre ans, instable dans sa vie amoureuse, elle se découvre enceinte et cet état réveille chez elle une curiosité sur le passé de ses ancêtres. Car dans la famille de Blanche, le mal-être côtoie la folie, la cruauté, ils ont tous un grain comme on dit.

Il y a la vieille (la grand mère), la très vieille (l'arrière grand mère), la très très vieille (arrière arrière grand mère). Puis la mère de Blanche.

Ce premier roman se lit avec avidité, on ne voit pas les pages défiler. Bien sûr l'aspect psychologique est en sourdine, Annie Ferret écrit des évènements, des traumas, elle ne s'arrête pas pour explorer les maux. J'aurai aimé quelques phrases clés, des personnages un peu plus habités. Ça reste à mon sens un peu trop en surface. Ma soif de lumière sur ce sujet est grande, d'où mon avis critique un peu sévère, très subjectif et personnel surtout.
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« Même seule, la hyène n'a pas peur de capturer un gnou de cent soixante dix kilos. Et elle mange tout ce qui passe à sa portée. Sabots, cornes et poils. Quand ses sucs gastrique n'en viennent pas à bout, elle est en forme une pelote qu'elle rejette comme un hommage à sa gloutonnerie. À cause de tout le calcium contenues dans les os de ses victimes, les déjections de l'hyène sont blanches et cendrées : de la merde de vieille sorcière chenue. »

Derrière ce portrait attendrissant, se dressent trois générations, et même un peu plus, de femmes à la fois maudites et mauvaises. Des hyènes. Au langage cru et blessant. Conduisant à la folie ou à la morgue par des chemins que la morale réprouve les petits maris, qui payent une facture globale.

Alors pour comprendre son héritage familial, et prendre une décision à propos de la grossesse qu'elle vient de découvrir, Blanche questionne, interroge, et recueille les confidences altérées par les affres de la dégénérescence intellectuelle. Mais peu à peu malgré tout l'histoire se dessine et la violence s'explique.

C'est donc le roman de la transmission, de la nécessité de connaître l'histoire fondatrice, de remonter le cours du temps pour comprendre ce qui a pu advenir pour qu'un jour on n'ait pour seule symbole archétypique féminin de cette lignée un animal aussi sympathique que cet animal sauvage au rire diabolique.

Le roman est soutenu par une écriture vive, parfois crue, avec des dialogues qui reproduisent l'état d'esprit des interlocutrices, au moyen d'une langue vernaculaire qui sent bon le terroir, et qui finalement apporte un peu de légèreté au propos.

Premier roman virtuose, décalé, et féministe sans langue de bois.
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L'histoire d'une dynastie de femmes qui se transmettent de mère en fille une tâche de naissance, la marque de leur haine des hommes, de leurs ainés et de leurs enfants. Ainsi :
« Ils se détestaient depuis au moins avant de se connaître, avant d'être nés, avait beuglé Louise-Huguette. La séparation de corps entre eux était bien plus ancienne que le divorce.
- Vous l'avez tout de même épousé, madame Valère, permettez-moi de vous le rappeler !
- J'avais pas le choué, j'étais enceinte, ce cochon m'avait violée, il ne pense qu'à ça ! C't'un vrai porc !
- Salope, comment t'oses parler d'moué, toué ? »
Jusqu'à l'arrivée de Blanche, dernière tenante du titre qui renie son héritage maudit. Enceinte, elle a dans sa main les pilules abortives et dans sa tête une décision qu'elle doit prendre et une foule de questions sur sa famille. Il y a des secrets bien trop lourds à porter qui doivent éclater au grand jour et une charge héréditaire qu'elle se sent d'abolir.
Il est temps d'éteindre une espèce, celle des Hyènes, porteuses du message intemporel de la lavandière sur laquelle un suzerain a exercé son droit de cuissage.
Annie Ferret raconte une histoire où les femmes n'ont pas le meilleur rôle, mais les hommes non plus. le récit un peu balbutiant dans ses débuts prends vite de la force et emporte le lecteur dans un tourbillon où les sentiments humains les plus bas triomphent. Ses personnages se droguent à la haine, à la médisance, à la jalousie et à la conspiration.
« Les Hyènes » est une drôle d'histoire de bonne femmes méchantes.
Editions Grasset, 217 pages.
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Son rire sardonique, son goût pour les charognes, son aspect peu engageant ont valu à l'hyène le mépris des humains. Seul mammifère capable de se nourrir en croquant des os, l'hyène tachetée est pourtant un précieux éboueur. C'est aussi un grand chasseur et un animal original par son organisation sociale, où dominent les femelles. Larousse encyclopédie

Les hyènes c'est le surnom qu'a donné Blanche 44 ans aux aïeules de sa lignée maternelle dont les femmes se succèdent toutes plus méchantes les unes que les autres. En lutte perpétuelle les unes contre les autres mais aussi contre les hommes, les géniteurs ou les frères; de vraies charognardes. Blanche s'interroge à l'aube d'un tournant dans sa vie, elle qui n'a jamais voulu d'enfant. Elle part à la recherche de la source de leur méchanceté en bousculant mémoires, secrets et traumatismes. Elle veut comprendre, elle veut savoir. Et le lecteur aussi.

Un roman qui fait partie de ces trop rares romans addictifs que l'on ne lâche qu'à contre-coeur parce qu'il faut bien continuer de vivre en dehors de la lecture... Un roman rythmé, captivant, ensorcelant qui restera longtemps dans ma mémoire, dont la force et l'impact m'ont fait penser aux Furies de Lauren Groff, un must.
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Voilà un primo-roman tout à fait singulier, qui sort des sentiers battus à de nombreux égards.
Le titre n'est déjà pas des plus engageants quand on sait que, dans l'inconscient collectif, les hyènes sont associées à la laideur, à un horrible ricanement, à la charogne qu'elles dévorent sans presque rien laisser. Il ne fallait donc pas s'attendre à un roman doux, tendre, feel-good !
Et effectivement, ce roman est dur, violent, fort, percutant, saisissant.
Blanche, 44 ans, qui est la dernière d'une lignée de femmes qu'elle surnomme les hyènes, ne veut pas d'enfant pour pouvoir interrompre la chaîne de haine que les mères transmettent à leur fille, depuis Clara, née vers 1886, l'arrière-arrière grand-mère. Blanche apprend qu'elle est enceinte et avant de prendre la décision de garder ou pas son bébé, elle veut découvrir l'histoire de ces femmes, dont elle n'a pu capter qu'une sensation de peur et quelques bribes quand elle était enfant.
Depuis Clara, violée alors qu'elle était enceinte, les mères transmettent, par leur gènes et par leur comportement, le trauma originel, d'autant qu'elles ont dû, chacune à leur tour, subir le désir violent des hommes. Mais de victimes, elles sont devenues bourreaux et ont retourné leur haine contre leur mari et leurs enfants. Ces femmes sont cruelles, cupides, jalouses et ne veulent que faire du mal.
Ce roman nous offre aussi, sur une centaine d'années, la peinture d'un petit village de la campagne picarde, où les haines et les animosités ancestrales autour de la possession de la terre, de la femme, se transmettent de génération en génération. Les rumeurs naissent d'un rien et finissent par devenir des vérités qui ostracisent celles et ceux qui en sont victimes, les livrant à la vindicte populaire.
Finalement, on comprend que l'image de la hyène, aussi choquante soit-elle, décrit très bien ces femmes ayant perdu toute humanité face à la violence subie, devenues chefs de meute par écrasement des hommes de la famille. Je me suis demandé, à la fin de ce roman, si un homme aurait pu écrire un tel roman sans se faire étriller, un roman où les femmes sont tellement abjectes qu'on finit par oublier pourquoi elles le sont devenues.
Beau tour de force de cette auteure qui nous livre, avec talent, un roman puissant qui ne peut laisser indifférent.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Ces lectures avaient fait d’elle la dépositaire des soupçons comme des aveux. À cette époque, dans sa famille, on trouvait toujours le moyen d’échanger de longues lettres, on laissait des traces. Ainsi, les plus jeunes, qui allaient à l’école et savaient écrire, tenaient un journal, truffé de fautes, certes, mais où les mots terribles ne s’effaçaient jamais. Si on ne savait pas écrire, comme le père de Blanche, on demandait à un ami de le faire et on dictait, on dictait. On écrivait, on faisait écrire, et surtout ses secrets, que Blanche n’aurait pas dû connaître et dont elle se demandait à présent si Georgette était assez perverse pour les avoir révélés en mourant à ses trois filles grâce à cette enveloppe.
 
L’odeur de la blanquette la tire de ses pensées et la ramène aux paroles de Mariette. Sa vieille amie lui a bien recommandé d’être attentive à tous les objets qu’elle toucherait.
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Avec un tampon dans le vagin, elle se sentait presque adulte et puis surtout, elle n’hésitait plus à introduire un doigt, deux doigts, même trois. Son premier orgasme était survenu dans son lit, un dimanche après-midi. Elle lisait dans sa chambre et entre deux chapitres, elle avait soulevé sa robe. Ce fut si soudain qu’aucun son ne sortit de sa bouche. Après ça, sa seule peur avait été de ne pas y arriver une deuxième fois. Elle s’y était exercée avec frénésie et courait régulièrement se mettre sous les draps pour y lire pendant des heures entières. Elle ouvrait les pages et respirait plus vite, comme un petit oiseau qu’on serre entre ses mains et dont le cœur s’emballe. Elle avait commencé à imaginer le poids d’un garçon sur elle et avait appris par cœur les passages des livres où le héros embrassait la fille sur la bouche. Au moins, disait Georgette, quand elle est là-haut, on a la paix !
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Une femme comme elle était jugée délurée, une perdue qui ne savait pas où était sa place, une arrogance qui risquait de déviriliser son époux. En voulant faire valoir sa parole face à son mari, son comportement mettait la société en danger et cela expliquait pourquoi on avait fait d’elle, et de ses filles, des sorcières.
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Ce qu’elle voudrait, c’est savoir quel est son degré de liberté véritable. Quelle part de hasard et de destin lui revient-il dans cette chaîne qui la lie à d’autres femmes et d’autres hommes avant elle ? Elle a compris récemment que l’ADN, qu’on lui a présenté autrefois à l’école comme la carte d’identité génétique d’un être humain, n’est pas figé. Certes, il embrasse une part d’héritage, mais les gènes enregistrent aussi des modifications au cours de l’existence et ils varient en fonction du vécu de nos ancêtres.
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Une femme comme elle était jugée délurée, une perdue qui ne savait pas où était sa place, une arrogance qui risquait de déviriliser son époux. En voulant faire valoir sa parole face à son mari, son comportement mettait la société en danger et cela expliquait pourquoi on avait fait d’elle, et de ses filles, des sorcières.
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