Une pièce de Feydeau que je ne connaissais pas, découverte par une émision de radio. C'est du vaudeville oui, comme attendu. On retrouve donc un amant - qui espère l'être, il ne l'est pas encore - contraint de passer pour le mari de sa maîtresse, une bonne stupide, un personnage avec un accent exagéré... Oui, tous les codes sont bien présents, font rire, malgré des longueurs et lourdeurs.
Néanmoins, la pièce bascule quasiment en une préfiguration du
théâtre de l'absurde. Et la biographe de Feydeau que j'ai entendu,
Violaine Heyraud, expliquait à quel point
Ionesco avait trouvé chez Feydeau certaines de ses obsessions prefigurées. Car quoi de plus absurde que l'armée dans sa rigidité hiérarchique ? Si l'officier déclare à Saint-Florimond qu'il est Champignol, il est Champignol, au point de douter de sa propre raison... Un soldat ne conteste pas, et même ne questionne pas, les ordres de son supérieur, tous dénués de logique qu'ils semblent être. Champignol, le vrai, se fait ainsi couper les cheveux trois fois de suite, jusqu'à devenir chauve. Il y a donc des accents anti-militaristes dans cette pièce, pas contre les militaires eux-mêmes, mais contre l'absudité et la déshumanisation du service. L'occasion aussi de découvrir de l'argot troupier de la fin du XIXème siècle, Feydaud l'utilisant par petites touches comme des jeux sur la langue presque poétiques.