CE serait, mesdames, mesdemoiselles et messieurs, une grave erreur de croire que l’anthropophagie est toujours allée de pair avec la civilisation. Il fut des temps, certes moins éclairés que les nôtres mais qui produisirent cependant des chefs-d’œuvre universellement reconnus, où le cannibalisme fut tenu pour un trait de sauvagerie. Il est vrai, si nous en croyons les historiens, que les quelques peuplades gourmandes qui s’y adonnaient présentaient certains signes de l’arriération culturelle. Elles dévoraient leurs ennemis vaincus en espérant par là se doter des qualités d’audace ou d’intelligence qu’elles leur reconnaissaient, ou bien s’assuraient de la sorte que les âmes des morts ne viendraient pas troubler leur sommeil.