Sebastian Fitzek, je le connaissais pas. Mais alors pas du tout. C'est la "libraire" de la Kulture de l'A, qui m'a dit « Faut lire ce roman, il est exceptionnel ». Alors d'accord. Comme elle m'avait déjà conseillé le précédent chroniqué, je l'ai pris… le précédent que je n'avais pas encore lu, mais tu vois ce que je veux dire, puisque tu as lu la précédente chronique.
Il est né (l'auteur, pas le roman) à Berlin. Tu te souviens « Je suis un Berlinois » de JFK. C'est donc là qu'il est né. Il est considéré comme le « maître du roman à suspens allemand », par un panel de lecteurs et de lectrices. Comme un sondage, mais pour les livres. Il semble aussi qu'il est parmi les meilleures ventes de livres dans les librairies de l'Allemagne. C'est pas rien.
Si j'ai tout bien lu et retenu, je crois qu'il a d'abord voulu être véto, puis il a fait du droit, animé des conférences de droit pénal. Il a bossé comme rédac-chef du Berliner Rundfunk.
Je dois préciser aussi que son premier manuscrit, «
Thérapie », personne n'en voulait. Et personne, c'est comme Dégun, ça fait pas beaucoup de monde. Premier tirage à quatre mille exemplaires, donc tu vois que Personne n'y croyait. Et Personne, comme ça arrive de temps en temps, il s'a gouré. Succès foudroyant et phénoménal. Prix « Transfuge » du meilleur polar à Saint-Maur en poche.
Tout ça pour te dire qu'il ne faut pas que tu perdes espoir. Si tu déposes tes tripes sur le clavier, ça marchera.
Donc, ça commence comme ça :
« Il était nu et quelqu'un était en train de le déchirer en deux.
Ce n'était pas une impression. Ça arrivait ici et maintenant, sur le carrelage de la vieille buanderie de la prison, juste à côté du sèche-linge industriel.
Milan s'entendit pousser un grognement qui n'avait rien d'humain. Sans la chaussette fourrée dans sa bouche, Il aurait hurlé à en réveiller tout le bâtiment. Non que ça eût changé quoi que ce soit. le petit groupe avait payé assez cher pour pouvoir passer la nuit avec le nouveau.
Ils étaient cinq. Deux agenouillés sur ses épaules, deux qui lui tenaient les jambes, et le cinquième, un gros tas de cent vingt kilos à l'haleine de viande avariée qui lui enfonçait quelque chose dans le rectum. Une barre hérissée de fil barbelé, apparemment. Ou peut-être juste son poing. »
Voilà, comme on dit, la scène d'ouverture t'envoie un truc dans le nez qui fait mal jusqu'aux dents, à l'intérieur de toi.
Je me suis pensé, après une scène pareille, le garçon va envoyer du lourd tout au long des trois cents pages que dure ce roman. Ça va me changer des rédacs de quatrième sur lesquelles je tombe depuis quelque temps. D'autant que le personnage principal, le fameux Milan dont auquel il est question dans la scène dite « d'ouverture », est analphabète. Intéressant, non ?
Des mots savants, comme alexie, pour que tu te couches avec un petit supplément d'âme et de vocabulaire, et un personnage plutôt très atypique.
Que demander de plus…
Un peu de réalisme, peut-être.
Le second personnage à faire son apparition, c'est Zoé. Elle est jolie, tatouée, et elle boxe comme
Bruce Lee, mais en plus d'un mètre cinquante-huit. Et surtout elle fout l'histoire, la cohérence de l'histoire, en l'air. Genre plus rien n'est crédible, et c'est ballot.
Une petite nana, pour couronner le truc, à l'arrière d'une bagnole qui écrit un message à Milan, et qui attend qu'il réagisse. Je te rappelle que le sus-nommé Milan ne sait pas lire.
Quand il lit des trucs, les signes qu'il est incapable de traduire deviennent des lettres grecques. Tu vois le machin et la crédibilité ?
Pas grand-chose de crédible donc, sauf à entrer dans l'histoire parce que t'en as marre de tomber sur des drouilles depuis un moment…
Donc je l'ai lu, comme un bon lecteur de page-turner que je ne suis pas, mais on va pas se refaire.
Je dois te dire que parfois, malgré le fait que je me le suis fadé en une petite matinée, je me suis trouvé décontenancé. du mal à ne pas être confusément perdu entre les histoires et les personnages.
Alors bien sûr qu'il y a des bonnes choses. Bien sûr que tu ne jettes pas ton billet de vingt-deux euros directement à la poubelle. J'eusse été très agacé si ç'avait été le cas. J'ai appris ce qu'était l'alexie (tu regarderas), et j'aime bien apprendre des trucs.
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