Citations sur Des phrases courtes, ma chérie (16)
Les pompiers sont arrivés, de très jeunes gens, extrêmement dévoués et efficaces. Mais : "Allez, papy, on va vous emmener à l'hôpital"; mon ami les a pris à part : "Nous sommes en état de faiblesse momentanée, ce n'est pas une raison pour nous traiter comme des déficients mentaux."
J'imagine sa voix posée, son autorité naturelle. Les gamins se sont excusés. Ce n'est pas "papy" qu'ils ont emmené à l'hôpital, mais M. Claude J.
Je suis une fille rebelle et je suis une fille soumise. J'ai confiance en moi parce qu'une mère a veillé sur moi, je n'ai aucune confiance en moi parce que je suis veillée par une mère. Je suis solide parce qu'elle tient à moi, je suis friable parce que je tiens à elle.
Quant aux violettes, c'est son coeur secret qu'il a confié à leurs modestes pétales. Il a toujours été un peu fleur bleue.
On ne devine pas ce que c'est ce hissement perpétuel, chez ceux qui portent au coeur de leur chair une langue d'enfance qui est une langue méprisée. Chez certains, il a pour effet secondaire la violence. Chez ma mère, c'était l'épuisement.
Le bonheur est dangereux, le bonheur trop vif attire le malheur il faut être prudent avec le bonheur. Les gens de la campagne le savent.Ils ont des tactiques , des parades.On ne dit jamais "ça va bien" , mais "ça ne va pas trop mal, ma pauvre".Cela, ma mère veut bien le reconnaître, elle en rit.Elle est devenue une femme de la ville, elle aussi, elle a pris ses distances et elle s' amuse à me décrire ces comportements anciens.Mais jamais, jamais, elle ne veut en retourner l'enseignement sur elle - même.
On fait avec le vieux parent comme on a fait avec ses enfants : on voudrait qu'il mène une vie saine, fasse du sport, ait de bon amis, se porte bien et ne colle pas aux basques. On fait ce qu'on sait faire. On devient tyrannique.
Dans un vieux couple, la force de l'un s'appuie sur la faiblesse de l'autre, mais si l'on retire ce dernier, la force de l'autre ne s'appuie plus sur rien et s'écroule.
CELLOPHANE
Il y a, dans le pays où je vis, une ville qui ne ressemble à nulle autre.Les êtres qui la peuplent sont comme enveloppés d'une cellophane invisible.Les immeubles , bien que d'apparence massive, de granit ou de béton ne semblent que façades, et les rues ont un aspect irréel. Bien que je les fréquente depuis de nombreuses années je n'ai pu retenir leur nom.Je me dirige grâce à quelques repères , des commerces, des bâtiments utilitaires, mes trajets n'y varient guère.
À l'une de mes visites, j'ai remarqué une chose. C'est étrange, ces changements, ils sont là depuis longtemps, on ne les voit pas tout de suite, on continue avec l'image ancienne, on est en retard.
Enfant, elle parlait le patois de son village, qui n'était pas le même exactement que celui du village voisin, une langue des frontières occitanes où les mots latins étaient encore très reconnaissables mais dont les déclianisons s'étaient écrasées au fil des siècles sous le long meulage des travaux des jours de la vie paysanne.