Pour les amateurs de légendes locales, un joli petit recueil illustré (et aux cahiers montés dans le mauvais ordre, mais je ne sais pas si c'est le cas de tous ou juste du volume trouvé chez un bouquiniste par mes soins), plus légendes que contes malgré le titre. On sent l'ancrage local, le pays de Montbéliard assez différent du reste de la Franche-Comté, entre autre pour des raisons religieuses, c'est vraiment des légendes plus que des contes à visée morale.
C'est de l'histoire locale transformée par le prisme du fantastique; vouivres et dames blanches, et la Tante Arie et son petit âne enchanté... Certaines sont mieux que d'autres, comme souvent dans ce genre de cas, et pour une part d'entre elles, on se demande un peu où le conteur veut en venir, mais pour une franc-comtoise, c'est toujours plaisant, amusant, avec pas mal de termes de patois ou de caractéristiques locales disséminées ici et là , parfois franc-comtoises, parfois typiques de Montbéliard.
Une lecture très agréable mais plutôt pour les franc-comtois ou les amateurs du genre.
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S'il est un nom particulièrement populaire et aimé au pays de Montbéliard, c'est bien celui de Tante Arie, cette bonne fée sans baguette magique, sans apparat d'aucune sorte, vêtue comme la plus modeste paysanne de chez nous, avec son bonnet à diairi, sa "frileuse", sa jupe assez courte pour laisser voir ses souliers bas à boucles et lui permettre l'activité qui caractérise nos vieilles grands-mamans.
Ah! la bonne Tante Arie. Comme elle a rempli , dans les siècles écoulés, et comme elle remplit encore aujourd'hui les rêves de nos petits! C'est qu'ils savent bien que dans toute la contrée existent des lieux secrets où la Tante Arie s'abrite et les surveille. Combien elle a fourni à l'imagination de thèmes à légendes! L'histoire qui se raconte aux villages des bois n'est pas la même que celles qui courent aux flancs du Lomont ou encore dans la vallée du Rupt.
En ce temps là, donc, la Beuse ne connaissait pas seulement la visite des hommes, toutes les bêtes des bois venaient s'y abreuver. Le jour : les biches, les cerfs, les lièvres, les oiseaux se penchaient sur son miroir, toujours prêts à prendre la fuite; et, à la nuit tombée, d'autres visiteurs les remplaçaient. C'était alors le défilé des bêtes cruelles : un vieux solitaire, une laie maussade avec ses petits. Le menu peuple des sanguinaires s'y rinçait les dents entre deux assassinats. Les bêtes puantes : les blaireaux, les putois, y laissaient leurs traces. Des familles de renards y passaient furtivement, et enfin, les loups à la démarche de rôdeurs y poussaient parfois de longs hurlements.