Fantastic Four: New departures, new arrivals

Ce tome contient un prologue de 8 pages extraites de "Marvel NOW! point 1" (dessinées par Mike Allred), les épisodes 1 à 3 de la série "Fantastic Four" (dessinés par Mark Bagley, encrés par Mark Farmer, et Mark Morales), et les épisodes 1 à 3 de la série "FF" (dessinés et encrés par Mike Allred), parus en 2013. Tous les scénarios sont de Matt Fraction. Cette série fait suite à celle écrite par Jonathan Hickman se terminant avec Fantastic Four 6 et You are whatever you want to be.

Prologue - Scott Lang essaye de se remettre des événements survenus dans The children's crusade. Il a décidé de se venger de Doctor Doom d'une manière originale. "Fantastic Four" & "FF" - Lors d'un voyage dans le passé lointain (2,66 millions d'années en arrière), Reed Richards découvre qu'il est atteint d'une maladie dégénérative. de retour à notre époque, il constate qu'il ne trouvera pas de remède dans notre univers. Il décide donc de se lancer dans un voyage d'études et d'exploration dans d'autres univers, avec sa famille (Sue, Ben Johnny, et les enfants Franklin et Valeria). Mais avant, chacun doit faire ses adieux (Ben met le gang de Yancy Street en garde) et il faut trouver des remplaçants pour 4 minutes. Reed est persuadé que leur absence durera 4 minutes en temps réel sur Terre (alors qu'ils voyageront pendant 1 an dans d'autres dimensions). Mais, comme on ne sait jamais, il décide former une autre équipe qui aura également en charge la Fondation du Future (Bentley-23, Dragon Man, Tong, Korr, Turg et Mik, Vil & Wu, Onome, Artie Maddicks et Alex Power). La nouvelle équipe de Fantastic Four est constituée de Scot Lang, Medusa (des Inhumans), Jennifer Walters (She-Hulk, la version verte) et Darla Deering. En route pour l'aventure !

En partant, Jonathan Hickman avait laissé la place propre pour son successeur. Il avait également installé une série dérivée "FF" qui avait résisté pendant 2 ans. Dans le cadre de l'opération "Marvel NOW", Matt Fraction reprend le même dispositif : une série mère dans laquelle le lecteur retrouve les personnages principaux, et une série au titre abrégé "FF" reprenant la pléthore de personnages secondaires plus une autre équipe de suppléants. le fait qu'il y ait un seul et unique scénariste assure une bonne coordination et une cohérence entre les 2 séries. Pour ces 6 épisodes, Fraction a donc la latitude de poser les bases nécessaires à la nouvelle direction des 2 séries. Il a le temps de rappeler l'existence des nombreux membres de la Fondation du Future, et de composer la nouvelle équipe. Dès le départ, les 2 séries ont un ton différent et unique.

Les dessins de Mark Bagley donnent une apparence très classique aux aventures des Fantastic Four. Il bénéficie de l'encrage de Mark Farmer qui apporte un fini très appréciable aux dessins parfois un peu rapide de Bagley. le lecteur habitué d'Alan Davis aura le plaisir de retrouver ce fini poli très agréable à l'oeil. Bagley réalise des planches efficaces à défaut d'être imaginatives ou mémorables. Il n'y a pas d'impression de bâclage ou d'économie de moyens. Il n'y a pas non plus de moments qui donnent envie de passer un peu plus de temps à contempler une case ou une autre. Paul Mounts (épisodes 1 & 3) réalise une mise en couleurs qui complète discrètement les dessins en leur donnant plus de volume.

Il en va tout autrement de la partie graphique de la série "FF". Mike Allred est le créateur de la série Madman, et précédemment à "FF", il dessinait la série iZombie. Il marie une approche légèrement surannée (avec des expressions faciales un peu bizarre, et un langage corporel exagéré, des personnages avec une posture théâtrale déclamant une phrase choc), avec une grande profondeur de champ, des détails inattendus, et une douce ironie visuelle dénuée de méchanceté. Son style est d'une grande cohérence avec l'approche scénaristique de Fraction pour cette série, qui souhaite rendre hommage à l'âge d'or des Fantastic Four de Stan Lee et Jack Kirby, sans leur infantilisme. Cette association entre Fraction et Allred crée une alchimie qui génère un comics à la saveur inédite relevant aussi bien de la naïveté des comics de superhéros (l'attaque de l'homme Taupe pour rendre hommage au premier épisode des Fantastic Four), que de la comédie sentimentale (Scott Lang prenant conscience de son aspiration à exercer les responsabilités de père de substitution pour toute la marmaille de la Fondation du Future). Allred est aussi à l'aise pour créer des mises en page sophistiquée (la course entre Antman descendant les escaliers, et Darla Deering prenant l'ascenseur), que recréer une ambiance iconique (le lâcher de confettis pour le nouvel an en pleine rue de New York). La mise en couleurs de Laura Allred (la femme de Mike Alrred) relève également d'une approche artistique savamment construite. En fonction des besoins, elle saura aussi bien utiliser des couleurs vives pour évoquer le merveilleux de l'enfance, que des couleurs plus sombres pour éviter de rendre les costumes de superhéros ridicules. Les époux Allred réussissent à faire croire que Medusa peut se battre contre un monstre en nuisette en pleine rue de New York, sans la transformer en objet sexuel, tout en faisant ressortir l'incongruité de la situation.

Dans ce premier tome, Matt Fraction et Mark Bagley capturent l'essence des Fantastic Four pour une aventure familiale de découverte et d'exploration, classique (peut être même un peu trop, ne permettant pas de savoir s'ils sauront se montrer originaux par la suite). La brève apparition de Moon-Boy (Devil Dinosaur) souligne qu'ils connaissent leurs classiques, mais ne suffit pas pour sortir des sentiers battus. le lecteur a quand même un peu de mal à avaler le fait que Sue et Reed emmènent leurs enfants et les mettent en danger dans ce qui sera forcément une quête très périlleuse. Matt Fraction et Mike Allred mettent en place une équipe de substitution qui révèle toute sa saveur et son unicité dès ces premiers épisodes, avec des personnages très attachants, et des menaces à la démesure de ce que l'on attend dans un comics de superhéros.