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Elme-Laurent-Jacques Ménétrier, finalement devenu libraire rue St Jacques, a ici pour dessein de rapporter les rencontres singulières de sa vie.
Il en fit de belles et d'étranges ...
Ce récit d'Anatole France résonne comme une parabole.
Il semble léger et fait pour sourire, embarrassé comme un vieux grimoire d'alchimiste de vieilles références mystérieuses.
Jacques Tourne-broche était promis à succéder à son père rotisseur à l'enseigne de "la reine Pédauque".
A-t-elle d'ailleurs jamais existé cette reine wisigoth aux pieds d'oison ?
Cette controverse, un temps, fit rage dans le coeur du peuple.
Et de controverse, il sera ici question, puisque c'est le coeur du livre d'Anatole France.
Jacques Tournebroche aimait les livres.
Il eût pour maître Jérôme Coignard avec lequel il travailla à des traductions pour Mr d'Astarac, un étrange philosophe à la recherche d'une science perdue ...
Les personnages d'Anatole France sont truculents et originaux, teintés aux pigments anciens.
"La rotisserie de la reine Pédauque" est, vu d'ensemble, un magnifique tableau du XVIIIème siècle.
Mais regardé de plus près, au détail scruté, le décor contourné se révèle comme un passage secret vers la pensée profonde d'Anatole France.
Car, ce récit est entremêlé de philosophie et de théologie.
Il est tissé d'une littérature d'ironie sereine, mais lucide et déterminée.
Il est parfois sagement leste, mais jamais grivois.
Ce livre est celui d'un homme de qualité qui aimait la vie et les gens.
Les idées, pourtant exprimées dans un style classique faussement désuet, y sont modernes.
Elles sont exprimées sans détours, ni circonvolutions.
L'Eglise, les gens de bien, les détenteurs de toute vérité y sont écornés sans faiblesse.
En quelques mots, le compte est réglé.
Mais jamais définitivement.
Il faut savoir ignorer, et ne pas porter rancune aux gens de bien car à leur table se tiennent deux serviteurs vêtus de noir : la contrainte et l'ennui ...
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Dans le Paris de la première moitié du XVIIIe siècle, Jacques Tournebroche est le rejeton du valeureux rôtisseur à l'enseigne de la reine Pédauque (qui, selon la légende, aurait eu les pieds palmés). le garçon démontrant de vives aptitudes, il est rapidement relevé de la fonction que son surnom indique, et l'on s'assure de sa formation en offrant le couvert et de bons morceaux d'abord à un moine de moeurs et de compétence douteuses, puis à un abbé de moeurs un peu moins douteuses mais de compétence et de connaissances nettement supérieures. L'abbé Coignard fait à lui seul une bonne partie du sel de ce roman. Cet érudit extrêmement bon vivant et verbomoteur est dôté d'une morale et d'une piété toutes personnelles. Ses discours exubérants dont est tapissé le roman, à la fois doctes et empreints d'un philosophique bon sens, sont réjouissants. L'on boit ses paroles autant que son admiratif élève. Tous deux sont à leur tour embauchés par D'Astarac, un riche hurluberlu féru d'occultisme et d'alchimie qui les régale de propos hallucinés. Sa bibliothèque, qu'ils ont pour tâche de classer, est par contre d'une réelle valeur et fait saliver le cher abbé. Entre l'éveil à la sensualité du jeune Tournebroche, la personnalité et les traits de son bon maître, et les divagations et lubies ésotériques de D'Astarac, on ne s'ennuie vraiment pas. J'ai trouvé ce roman très divertissant. Digne de mention est également la longue scène du souper avec le gentilhomme inflammable et sa maîtresse aux mille amants.
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Une oeuvre truculente et un style classique mais d'une richesse de vocabulaire et des tournures de phrases rendent ce livre éminemment vivant.
Un jeune garçon, destiné à reprendre la rôtisserie de son père a appris à lire avec un capucin, moine mendiant et pouilleux.
Un soir, un abbé vient dîner à la rôtisserie familiale et découvre que Jacques surnommé tournebroche a de vraies capacités. L'abbé Coignard, propose à ses parents de l'enseigner en grec et en latin, moyennant le couvert, ce qui n'est pas une petite choses au vu de l'appétit colossal de l'abbé et de sa capacité à absorber de gandes quantités d'alcool.
J'avais l'impression de me trouver face à Gargantua, mais ce qui différait était le fait que l'abbé était d'une grande piété, même si ses mains s'égaraient dans la gorge des soubrettes car il faut savoir jouir de l'existence.

Outre l'abbé Coignard, que Jacques appellera mon bon maître, nous rencontrons un vieil alchimiste fou qui les engagera tous deux â venir dans son étrange château pour faire des traductions
Là, il veut lui enseigner le merveilleux commerce que l'on peut avoir, en amour avec les salamandres.
Les aventures se succèdent au fil des pages et tiennent les lecteurs en haleine.
Dommage, que cet auteur soit tombé dans l'oubli car il y a matière à réjouir le coeur des lecteurs
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Tout d'abord, il vaut mieux avoir lu « Le comte de Gabalis » ouvrage d'Henri de Montfaucon, abbé de Villars pour apprécier tout le sel de celui-ci. Car il en est une sorte de décalque amplifié.
Tout comme Gabalis, le cabaliste monsieur d'Astarac va entretenir, celui qu'il prend pour disciple, de doctrines secrètes traitant essentiellement des habitants de mondes éthérés : sylphes, nymphes, gnomes, elfes et autres salamandres et de leurs rapports avec les humains.
Ne doutant pas un seul instant de la réalité de ces mondes parallèles, il va inciter le jeune Jacques Ménétrier dit Tournebroche à s'unir avec une salamandre !
Les deux livres serviront surtout à critiquer pour l'un la société du XVIIème siècle et pour l'autre celle de la France du XIXème dissimulée sous celle du XVIIIème.
Et aucune caste sociale n'échappe à la verve de pamphlétaire d'Anatole France. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que l'ensemble de l'oeuvre de France fut condamnée par le Vatican. Les prêtres de quelques rangs qu'ils soient y sont en général décrits comme fainéants, trousseurs et parfois même détrousseurs. Les femmes ne sont pas mieux loties, frivoles, manipulatrices et surtout intéressées, elles conduisent aux pires catastrophes des hommes tout aussi stupides que libertins. Ce roman tragi-comique est surtout merveilleusement bien écrit, plein de drôlerie et de nostalgie aussi.
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Anatole France (1844-1924) a reçu le Prix Nobel en 1921, il y a 100 ans.
Ce centenaire devrait être pour nous l'occasion de célébrer et de redécouvrir ce grand auteur parisien, de son vrai nom François-Anatole Thibault.
La Rôtisserie de la Reine Pédauque, roman à la satire subtile, date de 1893, mais l'action est un vrai tableau de moeurs du début du XVIIIème siècle, et presque un pastiche car le style et le riche vocabulaire sont ceux de cette époque.
Jacques Ménétrier, le narrateur, est d'abord tournebroche à la rôtisserie paternelle. Si la reine Pédauque est légendaire, le restaurant a réellement existé, mais son évocation dans le titre est inversement proportionnelle à sa présence dans l'ouvrage. Au début du roman, parmi les clients de l'enseigne, on trouve deux ecclésiastiques en rupture de ban, deux cibles caricaturales de l'anticléricalisme voltairien d'Anatole France : le frère Ange (au nom choisi évidemment avec ironie), capucin ivrogne devenu mendiant, et le savant abbé Jérôme Coignard, docteur en théologie, à l'occasion un peu voleur, qui «pour avoir trop aimé le vin et les femmes, avait perdu l'honneur de monter dans une chaire de collège, en robe longue et en bonnet carré». En contrepartie du gîte et du couvert, le cabaretier lui confie son fils Jacques pour qu'il lui enseigne le latin et le grec afin de pouvoir monter dans l'échelle sociale à l'aide d'une carrière ecclésiastique. Il sera aussi initié à d'autres arts par Catherine, la femme de chambre («Un soir,… elle m'apprit ce que je ne savais pas encore et qu'elle savait depuis longtemps»). Suit une allusion à «sainte Marie l'Égyptienne se rendant au tombeau de Notre-Seigneur, qui fut arrêtée par une rivière profonde. N'ayant pas d'argent pour payer le bac, elle offrit son corps en paiement aux bateliers». Quand la mère du narrateur apprit que l'histoire était peinte sur une fenêtre de l'église, elle la tint pour véritable et dit «Il faut être aussi sainte qu'elle pour en faire autant sans pécher, aussi ne m'y risquerais-je point».
Cette sainte et cet épisode auraient vraiment existé et elle figure au calendrier liturgique. Elle fit pénitence dans le désert et apparait, comme Marie-Madeleine, dans de nombreuses oeuvres artistiques. Dans le Faust de Goethe, elle prie la Vierge de pardonner au vieux savant, avec des paroles reprises par Mahler dans le final de sa 8ème symphonie. Elle a inspiré des opéras dont Maria Egiziana de Respighi (1932) et plusieurs autres oeuvres littéraires dont une nouvelle De Balzac, le Chef d'oeuvre inconnu, qui la décrit «se disposant à payer le passage du bateau». Il existe aussi des peintures de la sainte (Chassériau, Ribera,…) et des statues, dont celle, à Paris, de l'église de St Germain l'Auxerrois, dont Anatole France eut peut-être connaissance.
Quand Jacques perd Catherine, son «bon maitre» et pédagogue lui enseigne de ne pas s'inquiéter «vous en trouverez une autre qui ne sera point différente de celle-là, ou du moins ne le sera pas essentiellement».
Bientôt, le jeune Jacques et son «bon maitre» sont embauchés par un gentilhomme gascon riche mais dérangé de l'esprit, «assembleur de nuées», pour traduire de vieux grimoires afin de parfaire ses connaissances en alchimie. Comme il est dérangé, il ne s'intéresse pas aux femmes car «qu'est-ce qu'une femme auprès d'un papyrus alexandrin» ? Pour cet illuminé, Jéhovah n'est qu'un dieu secondaire ; le démon est moins mauvais qu'on le dit ; et tout un monde occulte est peuplé de créatures magiques. C'est chez lui que Jacques rencontre Jehel, une jeune femme recluse par son oncle et amant jaloux, et avec qui le jeune novice retrouve le parfait amour «Un jeune ecclésiastique, une fille de cuisine, une échelle, une botte de foin, quelle suite, quelle ordonnance, quel concours d'harmonies préétablies, quel enchaînement d'effets et de causes, quelle preuve de l'existence de Dieu» !
Mais Jehel, au lendemain d'une nuit tendre, fait comprendre à Jacques que la vie est dure et qu'elle n'a d'autre choix que de fuir son oncle et amant jaloux avec un aristocrate qui la laisse certes indifférente, mais qui lui garantira une existence confortable. Jacques est jaloux également, et elle se fait pédagogue pour lui enseigner très rationnellement qu'il doit se détacher de ce sentiment. Sa jalousie s'apaise en partie car elle le retrouve la nuit quand ses deux autres amants sont absents, et rien ne l'empêchera, dit-elle, de le retrouver encore.
Dans ce roman, sorte d'Emmanuelle du XVIIIème, Anatole France idéalise une philosophie de la liberté d'une manière intéressée et qui n'est pas innocente car elle correspond à son besoin de se disculper d'une vie très dissolue, aux multiples liaisons. Cependant, dans le roman, les femmes sont fangtasmées comme initiatrices, tandis que dans sa vie réelle, elles furent souvent délaissées sans ménagement.
Tout à la défense de la liberté sexuelle, ce roman parle avec bien peu de bienveillance des femmes fidèles «qui s'obstinent avec trop de superbe dans leur altière vertu… et se regardent comme une sorte de Saint-Sacrement… (car) la vertu, comme les corbeaux, niche dans les ruines» (sic).
Ne faut-il pas pécher pour pouvoir se repentir, dit-il, reprenant l'exemple de Marie l'Égyptienne, puisque «les meilleurs saints furent des saints pénitents». Suivront encore l'apologie du désir dans d'autres épisodes de libertinages, puis malheureusement quelques décès à la fin du roman dont celui du «bon maitre», secouru à l'article de la mort par un pieux curé local. La réflexion sur la mort permet à l'auteur de lancer une dernière flèche : Heureusement, «Dieu, dans sa bonté, veut qu'un seul moment nous sauve ; encore faut-il que ce moment soit le dernier, de sorte que tout dépend d'une seule minute auprès de laquelle le reste de la vie est comme rien».
Son éducation morale ainsi faite, Jacques se retrouva seul, renonça à l'état ecclésiastique, devint libraire, tout comme l'était le père d'Anatole France, et recueillit ses parents âgés, les fourneaux de la rôtisserie de la reine Pédauque étant désormais éteints.
Tout le roman baigne dans un scepticisme très voltairien qui rappelle aussi l'impertinence d'Erasme dans L'Éloge de la folie, mais toujours avec subtilité et l'élégance de forme du XVIIIème siècle.
Anatole France fut avec Émile Zola un grand défenseur de Dreyfus. En juillet 1898, il rendit même sa Légion d'Honneur quand celle de Zola fut retirée. Plus tard, il fit scandale en prônant la réconciliation franco-allemande, s'insurgeant contre les dures conditions imposées à l'Allemagne par le Traité de Versailles. L'histoire lui a donné tragiquement raison.
Même si on ne partage pas sa philosophie, cette petite description donnera peut-être l'envie de découvrir d'autres romans de ce prix Nobel 1921, comme par exemple le Crime de Sylvestre Bonnard, membre de l'Institut (1881), Thaïs (1890) qui a donné lieu à l'opéra de Massenet, Les Opinions de M. Jérôme Coignard (1893), le Jongleur de Notre-Dame (1906), Les Sept Femmes de Barbe-bleue (1909), Les Dieux ont soif (1912), ou d'autres encore.
Impossible de relever ici tous les mots et toutes les expressions qui respirent la langue du XVIIIème siècle, mais relevons quand même quelques spécimens de ce vocabulaire: une grille ornée de pampres (branche avec feuille de vigne), lutineur de guilledines (vieux galant qui court le guilledou), géline (poule, du latin galina, féminin de gallus, coq), édition bipontique, mise en charte, bonnet carré (attribut d'enseignant), veste de basin (coton), assommade (action d'assommer), official (juge ecclésiastique), arder (brûler), ouïr, bésicles (anciennes grosses lunettes), hanap (coupe à boire), la science spagyrique (l'alchimie), le thélème (intervention divine) qui rendra mes travaux parfaits, spectacle scurrile (bouffon, de mauvais goût), magot (bibelot), baillive (féminin de bailli), un ambigu était préparé (plat froid où les mets sont mélangés), l'hombre qui se joue à trois (jeu de carte: de l'espagnol hombre, homme), maltôtier (financier profiteur), exempt (policier chargé des arrestations et exempt de services ordinaires), aludel (tuyau), athanor (four d'alchimiste), je fus pressant, onctueux, et même parénétique (habile dans l'art oratoire du sermon ou parénèse, du grec parainetikos), pot à oille (à ragout), jeu de jonchet (jeu de patience ressemblant au jeu de mikado), accointer (avoir des relations intimes),…
Le centenaire de l'attribution du prix Nobel à Anatole France en octobre nous donnera l'occasion d'y revenir.
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Quel livre étrange ! abracadabrant ! et très irrévérencieux ! Un véritable pamphlet contre l'Eglise. Je me suis demandé plus d'une fois : mais qu'est ce qui m'a pris de me lancer dans ce roman ? La réponse : ma liseuse Kindle et l'intégralité des oeuvres d'Anatole France, prix Nobel 1921, 8564 pages, vendue pour 2,49€ …

Pendant 310 pages (sur 320), à travers le récit d'un jeune disciple écoutant son bon Maître, l'auteur tourne en dérision la Religion, les personnes d'Eglise et certains Philosophes qui croient aux Elfes et autres Salamandres, il n'épargne pas les Juifs, sacrifiant tristement à l'antisémitisme de son époque. Bref, ce livre est assez indigeste jusqu'aux dix dernières pages, où l'auteur permet au bon Maître de se repentir.

Le livre est donc plein d'ironie et de raisonnements douteux. Ainsi, la « preuve » de l'existence de Dieu donnée par le témoignage suivant : « Car enfin, monsieur, un jeune ecclésiastique, une fille de cuisine, une échelle, une botte de foin ! Quelle suite, quelle ordonnance ! Quel concours d'harmonies préétablies ! Quel enchaînement d'effets et de causes ! Quelle preuve de l'existence de Dieu ! »

Même ironie pour la sainteté : le bon maître démontre que l'on devient saint après avoir beaucoup péché et s'être ensuite repenti, donc le jeune disciple en question devrait plutôt profiter de la vie et de ses fruits défendus, accumulant les transgression, avant de préparer son repentir futur, au lieu de vivre une vie de scrupules et de bonne moralité… Et le jeune disciple ne se le fait pas dire deux fois, s'ensuit pas mal de paragraphes qui se déroulent dans les bras des femmes, bien épanouies, aux jolis petits pieds et aux seins bien ronds … J'avoue d'ailleurs que cette manière de décrire les femmes comme de la chair fraîche à disposition m'insupporte : « L'élastique fermeté de sa chair et la souple violence des mouvements dont elle m'enveloppait, demandaient, promettaient et méritaient les plus ardentes caresses. Nous connûmes, cette nuit-là, les voluptés dont l'abîme confine à la douleur. »

L'auteur est également féroce avec les évêques, il fait dire à son personnage : « Car tel que je suis devenu, mon fils, par les progrès de l'âge et les fatigues d'une vie agitée, je ne puis plus prétendre à l'amour des jeunes pucelles. Hélas ! à moins de devenir évêque, c'est un plat dont je ne goûterai plus jamais.»

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J'étais adolescente lorsque j'ai lu ce livre, prêté par une amie. J'ai adoré, lui ai rendu puis vite suis allée l'acheter pour le posséder. C'est dire comme il a pu me parler et trouver une résonance en moi.
Depuis J'ai une passion pour les salamandres, mais là c'est du domaine de la psychanalyse.
Plus sérieusement c'est un récit initiatique, à clés, à multiples lectures, tragique,comique.
De plus l'écriture est riche, complexe.
Un grand monde littérature.
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Roman de l'ironie contenue et maîtrisée telle que seule Anatole France en était capable : élégance et audace s'y mêlent, sans fausse note.

Sous un titre des plus triviaux, on y trouve une plume subtile qui articule les paradoxes d'un prêtre aussi pieux qu'immoral avec les délires d'un savant rongé par l'idéal jusqu'à la folie et les soupirs passionnés d'un jeune homme qui brûle son illusion première sur l'autel de la suivante.

Un livre qui peut se lire d'une traite comme servir de chapelet profane ; il est surtout un merveilleux moyen d'entrer dans la littérature d'Anatole France.

Si le personnage de Coignard vous intéresse, n'hésitez pas à vous lancer dans la lecture des Opinions de M. Jérôme Coignard.
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Anatole France (1844-1924) de son vrai nom Anatole François Thibault, doit son pseudonyme au métier de son père, libraire, qui tenait une boutique appelée « Librairie de France », à ses débuts d'écrivain il signera France-Thibault avant d'opter définitivement pour Anatole France. Dès l'enfance il vivra au milieu des livres.
C'est en 1893 que paraît La rôtisserie de la reine Pédauque, l'un de ses romans les plus aboutis qui lui vaudra d'être considéré comme un nouveau Voltaire. le roman se déroule au XVIII siècle et est écrit dans le style de l'époque. Un jeune garçon employé dans la rôtisserie de son père est pris sous la protection de l'abbé Coignard - « mon bon maître » - qui se chargera de l'instruire en latin et en grec car il devine sous l'apprenti un potentiel intellectuel. Roman initiatique, le jeune homme va croiser des personnages truculents, des prêtres qui ne crachent pas sur la bouteille ou un frais minois, des jeunes femmes particulièrement rouées, un vieux fou alchimiste à ses heures qui le mettra en garde contre les Salamandres « ce sont des créatures infiniment aimables et belles. Il nous est possible et convenable de former avec elles des unions dont les délices ne se peuvent concevoir. » le jeune croisera l'amour et la jalousie avant qu'au bout de toutes ces aventures il ne retourne auprès de ses parents et ne s‘établisse comme libraire.
J'ai lu ce roman avec délice et jubilation, tant le rythme est enlevé, le ton d'époque très réussi et les piques assassines sur le clergé sous couvert de réflexions anodines particulièrement drôles. Un excellent livre à lire et relire, un classique.
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Pas mon livre préféré de l'auteur meme si,avec un tel talent,de bons passages sont presents au fil des pages.Le titre est accrocheur,les personnages bien présentés et l'histoire interressante mais il manque ce petit peps qui fait les histoires accrocheuses.Un bon livre neanmoins pour decouvrir l'oeuvre de l'auteur.
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