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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà, ça y est j'ai lu mon premier Frégni. Une rencontre que je ne regrette pas, embarquée moi aussi par la magie des mots de René Frégni, qui dans Marseille, et sur les chemins lumineux et bruissants de son arrière pays, nous fait connaître un monde d'hommes perdus. Tel Kader, un braqueur multirécidiviste évadé que René va aider pour son malheur. Car il est comme cela René, il ne peut s'empêcher d'avoir de l'affection pour les mauvais garçons. Même de leur trouver des excuses, là où ils n'en n'ont pas. Une vision du monde des voyous pas toujours réaliste, à vrai dire, mais tellement poétique. Et finalement n'est-ce pas de cela dont nous avons besoin, d'un peu de poésie à opposer à la violence du monde ?
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Ça démarre comme un journal poétique et sensuel, lumineux comme le soleil sur la Méditerranée. Des bribes de hasard et be bonheur, une écriture sensible et visuelle qui m'ont immédiatement touchée - voilà bien les prémisses prometteuses d'une rencontre avec un nouvel auteur après être tombée par hasard sur ce bouquin à ma médiathèque.

Puis ça bouscule. Le récit accélère, s'emballe avec l'évasion d'un truand , Kader, que René, le narrateur-auteur, a connu quand il animait des ateliers d'écriture à la prison des Baumettes. Il cherche une planque et René va l'aider, précipitant sa vie sédentaire et calme du moment dans une spirale de violence et d'angoisse, entrainant avec lui le lecteur dans un roman noir. L'écriture élégante devient acérée et son extrême précision sert efficacement la montée du suspense.
La tension du récit m'a tenue en haleine jusqu'au bout du chemin, gage de réussite et d'intérêt.

Et pour finir, ça dérange, surtout quand on découvre que René Frégni a réellement reçu cet appel, qu'il met donc le lecteur face à un fait divers, certes romancé, mais où violence, meurtre, complicité d'évasion sonnent bien réels. Il entraîne le lecteur dans la cavale et ses conséquences. Pas étonnant alors que j'ai souvent eu l'impression d'être une funambule sur le fil de cette intrigue et c'est probablement un des buts de l'auteur : nous déstabiliser et mine de rien nous poussez à réfléchir. Pari gagné. Sa bienveillance à l'égard de Kader ne fait aucun doute, sans tout excuser pour autant, surtout pas le crime. Au final, je me suis souvent posé la question : qu'aurais-je fait à sa place ?

Deux extraits parlant puisés à l'encre de Frégni qui anime depuis vingt-cinq ans des ateliers d'écriture dans les prisons :
« Voilà ce que je vais faire depuis vingt ans dans les prisons, j'apporte les clés et personne ne s'évade...Personne ne naît monstrueux, ce sont certains quartiers et les prisons qui nous rendent monstrueux. Je ne leur apporte aucune arme, je leur apporte des mots. Je leur apporte ce qu'ils n'ont jamais eu. »

« La prison c'est rien d'autre qu'une cité avec des barreaux. »
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Le parcours de l'écrivain René Frégni mérite qu'on s'y arrête. Issu d'une famille modeste de Marseille, il décroche à l'école et n'achève pas ses études. Plus tard, à l'armée, il déserte, ce qui lui vaut quelques mois d'emprisonnement. Là, un aumônier bienveillant lui apporte des livres. La lecture est alors une nouvelle naissance pour le jeune homme. Il découvre l'écriture et la magie des mots qui, dit-il, faisaient entrer dans la grisaille sinistre de sa cellule, les couleurs d'une fleur, les senteurs d'une forêt, le chant d'un oiseau.

Pour transmettre cette ouverture sur la vie à des détenus n'ayant jamais connu que le béton des cités et des établissements pénitentiaires, il animera plus tard des ateliers d'écriture dans les prisons.

Après des expériences professionnelles qui ne le satisfont pas, René Frégni se consacre à l'écriture. Ses premiers écrits ressemblent à des récits de promenades, des odes à la beauté de la Provence, sa Provence, dont il excelle à invoquer le bleu du ciel, la blancheur incandescente du soleil et les couleurs changeantes des collines. Il se lance dans l'écriture de romans policiers, où il s'inspire de sa fréquentation des truands. Ses polars mettent régulièrement en scène un brave type un peu naïf et un malfrat profitant de sa bienveillance au risque de l'entraîner sur des chemins noirs. Fidèle à ses enthousiasmes, Frégni ne manque jamais d'imprégner ses polars de son amour contemplatif pour la Provence.

Mais pourquoi me suis-je mis à raconter – très sommairement – la vie de cet homme aujourd'hui septuagénaire, au lieu de parler de son dernier roman, Les vivants au prix des morts ? C'est parce que dans ce livre, il va encore plus loin que dans ses polars précédents : le narrateur et personnage principal s'appelle … René Frégni.

Le René Frégni du roman vit à Manosque. Il a atteint une sorte de plénitude et vit en osmose avec la nature de sa Provence chérie. Il s'émerveille chaque jour du bonheur qu'il a construit avec Isabelle, une enseignante auprès de qui il s'endort le soir, le nez dans ses cheveux, la main fermée sur un joli sein rond, souple et chaud. le jour, pendant qu'elle travaille à l'école, il transcrit dans un petit cahier rouge les couleurs du paysage qu'il contemple de sa fenêtre ou ce qu'il a ressenti en marchant sur les chemins qui serpentent dans les collines.

Quand il est stressé, il lui faut de l'activité. Alors il bêche le jardin, taille les arbres fruitiers ou coupe du bois pour l'hiver prochain. Et du stress, justement, il ne va pas en manquer. Kader, un dangereux taulard, vient de s'évader des Baumettes, à Marseille. Ce malfaiteur récidiviste, qui avait suivi ses ateliers d'écriture, vient solliciter son aide pour échapper à la police et, pire encore, à d'anciens complices ayant des comptes à régler.

Pas le genre balance ou lanceur d'alerte, le René. Au contraire, sens extrême de la solidarité ou incapacité à dire non, le voilà qui devient complice du brigand en cavale, au risque de tout sacrifier : sa liberté, sa quiétude, son amour. Car une fois le doigt mis dans l'engrenage… Une véritable angoisse !

Étonnante, la conception de ce roman. Car le René Frégni des premières pages est bien le vrai René Frégni, l'écrivain dont j'ai évoqué le parcours. Mais ce vrai René Frégni, l'écrivain, a-t-il vraiment vécu les aventures du René Frégni personnage du roman ? Et comment s'en est-il sorti ? Un sujet sur lequel l'écrivain m'a tenu en haleine jusqu'à la dernière page, et même au-delà, car il m'a laissé sans réponse. « Ni vérité, ni réalité, ni histoire » prévient-il, énigmatique, au début du livre. « C'est une histoire vraie, puisque j'en ai écrit les mots » a-t-il déclaré, tout aussi énigmatique, lors d'une interview.

René Frégni maîtrise parfaitement les codes du roman noir. Il a aussi une très belle plume, très lyrique. Il le sait et en abuse un peu. Sa Provence est belle, son Isabelle aussi, on finit par le savoir. Il n'est pas non plus avare de bons sentiments. Pauvres gangsters et pauvres djihadistes qui n'ont eu que la malchance de passer trop tôt des ghettos à la case prison !

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Voilà je continue ma balade Frégnienne avec plaisir...toujours entre Marseille et Manosque, toujours cet univers carcéral mais cette fois nous partons en cavale avec Kader! Truand multirécidiviste aux évasions spectaculaires...Au prix de sa liberté, il va impliquer sans concession, l'animateur des ateliers d'écriture qui l'a fréquenté lors de son incarcération ...un homme simple aimant une femme superbe à la vie quotidienne douce et tranquille..
Un super road movie..l'animateur persuadé de l'humanité du truand, sans avoir pris conscience que de l'avoir aidé spontanément en lui prêtant son appartement , pourrait avoir de lourdes conséquences sur le cours de sa vie.. tout part de "bons sentiments " mais l'engrenage est en route..une étrange amitié! .presque un enfant de coeur ce truand!... Attachant même sauf quand il tue de sang froid!

Cette histoire est crédible, un bon scénario de polar..tout au long de ma lecture ceci : existe-t-il vraiment du déterminisme dans toute trajectoire de vie ?
. Une rencontre entre deux hommes, dont l'un du mauvais côté de la barrière dans une solitude extrême, avide de liberté et de l'autre.. une autre solitude : celle de l'écrivain.. avec ses doutes, sa liberté.

L'écriture est toujours aussi envoûtante, les phrases pleines de poésie, de lumière., la Povence sublimée par les couleurs de la plume de l'auteur...Je continue de vous lire avec bonheur Monsieur René Frégni !
Je vous invite à faire de même...





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**** gros coup de coeur

Je ne connaissais cet écrivain que de nom... ce dernier ouvrage est le premier écrit que je lis de lui.
Attirée par les sujets, et aussi par le parcours de cet homme: infirmier psychiatrique mais également animateur d'ateliers d'écriture à la prison des Baumettes...

Ce roman ( à fortes résonances personnelles) met en scène l'écrivain, vivant paisiblement dans une belle campagne non loin de Marseille, avec une belle institutrice, Isabelle; il écrit ses livres, marche, profite de la nature, la soigne... un jour, un cataclysme survient dans son existence, en la personne de Kader, un prisonnier rencontré et connu lors d'ateliers d'écriture que le narrateur animait en prison. Kader s'est évadé, après des années d'isolement... lui demande de l'aide; René l'héberge dans un petit logement qu'il a... et il se retrouve "embarqué" dans une spirale effroyable...

Je n'en écrirai pas plus... Une réflexion sur l'écriture, la magie et la thérapie des mots...Parallèlement à la version apaisante de la belle nature, du pouvoir des mots, il y a tous les fantômes et les côtés sombres, désespérants de ceux qui "n'ont pas fait les bonnes rencontres au bon moment"... et qui sombrent.

René Frégni exprime ses nombreuses réticences et colères face à la prison, et aux dégâts supplémentaires qu'elle crée...

Du mal à en exprimer plus... de ce texte très prenant et bouleversant...Très curieuse de découvrir et de lire d'autres écrits de René Frégni !

"- Qu'allez-vous chercher dans les prisons, monsieur Frégni ? Des émotions fortes ?... L'inspiration ? ...
-Ce que j'y ai trouvé, monsieur Thalès. A dix-neuf ans j'étais dans une prison militaire, un brave aumônier m'a apporté des livres. J'ai découvert la lecture, moi qui avais été viré de tous les lycées de Marseille. Pendant six
mois, dans cette cellule, j'ai lu. L'aumônier continuait à m'apporter, chaque semaine, des vieux livres qui partaient en lambeaux, rongés par l'humidité
de cette prison dans la Meuse. Je suis devenu écrivain grâce à ces lambeaux de livres. J'ouvrais un livre, le matin, et c'est comme si l'aumônier m'avait donné les clés de la prison, je partais en voyage...Voilà ce que je vais faire depuis vingt-ans dans les prisons, j'apporte les clefs et personne ne s'évade...
Personne ne naît monstrueux, monsieur Thalès, ce sont certains quartiers et les prisons qui nous rendent monstrueux. Je ne leur apporte aucune arme, je leur apporte des mots. Je leur apporte ce qu'ils n'ont jamais eu. "(p. 157)

De la Lumière et de l'Espoir...apportés avec prodigalité par cet écrivain, réunissant deux
" trésors": l' Amour des mots et l'amour des autres, avec une foi chevillée au corps : les miracles de certaines rencontres, changeant une vie " mal barrée"...!
.
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Bon je ne vais pas m'étendre, tant le roman a, sur ce site, été magistralement commenté. C'est juste pour dire que, parti de Terrains Vagues (mais non en friches), je suis descendu vers Manosque, je n'y ai pas rencontré son ermite mais le fils spirituel de l'auteur d'un polar d'alors, Un roi sans divertissement...

Avec Giono, sont convoqués également Christian Bobin, pour la poésie des mots, ainsi qu'Hervé le Corre, une pointure des bas-fonds et du suspens ; les plus anciens peuvent y adjoindre Auguste le Breton et ses Hauts murs.

La magie de ce roman est qu'il n'en est pas tout à fait un, "toute ressemblance" etc. etc. n'est pas que pure coïncidence, on sent qu'il y a du vécu là-dedans, le mec a quand-même un passé assez couillu, ça nourrit bien les pages, à chacun donc d'y faire la part de l'autobiographie ou pas d'ailleurs.

Belle rencontre en vérité, même si elle fut un peu arrangée...
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Ai-je succombé à l'épidémie de Fregnite aiguë qui se propage sur Babelio? Oui, mille fois oui!

Dès les premières pages , j'ai été touchée en plein coeur. Par l'écriture sensuelle , poétique. Par l'amour des mots qui transparait. Par la finesse d'observation des choses simples mais essentielles, la nature, les oiseaux, les fleurs. Par la générosité du regard envers les autres.

Mais ce livre aurait pu rester juste un écrit au fil du temps, si délicieux soit-il. On accompagne avec bonheur la vie solitaire et contemplative du narrateur, dans cette Provence magnifique, où la belle Isabelle aux yeux verts illumine son quotidien.Cependant, la suite transforme ce calme constat des jours qui passent en autre chose. Car Kader s'est enfui de la prison, Kader au rire de cheval mais à la gâchette facile, dangereux, si attachant... Le narrateur- écrivain , qui l'a connu lors d'ateliers d'écriture en milieu carcéral , l'aidera et sera donc complice de sa cavale. Jusqu'où s'aventurera-t-il?

Je vous laisse le découvrir. Ce livre associe habilement journal intime, notations sur le vif, aventure, thriller. Et l'auteur prend un malin plaisir à mêler aussi réalité et fiction, il est le "héros" de l'histoire , de nombreux éléments autobiographiques apparaissent, fusionnant avec le romanesque, l'invention. Cela m'a fait penser à " L'écrivain national" de Serge Joncour.

On s'émeut, on sourit, on rage avec le narrateur, on vibre des mots , des impressions, on se prend au jeu du vrai et faux, on est RAVI! J'espère que ce ravissement continuera, car j'ai deux autres livres de René Fregni qui m'attendent... Mon seul regret, c'est que, d'après ce que j'ai compris, il aurait été préférable de commencer par les romans précédents, qui évoquent déjà certains des personnages.
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J'adore découvrir de nouveaux auteurs. Et quand je dis « nouveaux », il faut aussi entendre des écrivains qui ont déjà pas mal roulé leur bosse mais qui ne font pas forcément trop de vagues commerciales, en périphérie de ceux qui pratiquent de main de maitre le marketing à haute dose. (Tiens, il parait que la maison d'édition de l'écrivain français le plus vendeur envoie d'office à certaines librairies les romans du dit auteur, même s'ils ne les ont pas commandés. Donc, sauf si les libraires font l'effort de renvoyer les romans pour être remboursés ; ces livres se retrouvent dans les vitrines, sur les tables de ces librairies, bon gré mal gré. Ça c'est un marketing fichtrement bien pensé. Faudrait pas que t'oublies de l'acheter : il en va du top1 des ventes à respecter !).
J'aime découvrir des écrivains peut-être plus discrets que d'autres mais qui font leur petit bonhomme de chemin, découvrir des petits trésors enfouis et qui ne demandaient qu'à être découverts et appréciés pour leurs qualités. Des écrivains qui savent manier la plume, qui écrivent des livres un peu comme à leur image, intimistes, presque humanistes, qui savent raconter des histoires comme l'oncle Paul, des histoires dans lesquelles on se plonge, on se laisse bercer, immerger, submerger doucement.
Depuis quelques temps, je lis de belles critiques sur l'écrivain René Frégni et notamment sur son roman « Je me souviens de tous vos rêves ». Intriguée, j'ai consulté la liste de ses romans. Et là, j'en voudrais presqu'à ma soeur de ne pas m'en avoir parlé avant, elle qui vit à quelques kilomètres à peine de Manosque, où vit cet écrivain. D'ailleurs, sur une ligne droite qui mène jusqu'à Pertuis où vit Thomas Vinau (découvert il y a quelques années avec « Ici ça va », deuxième faute de ma frangine… Elle les cumule, ma soeur).
Mais ces écrivains-là, il faut les bichonner, il faut les protéger. Ils me font penser à de petites criques, d'une beauté époustouflante et sauvage, connues par les autochtones seuls. Des endroits dont il faut garder le mystère, dont il faut cacher l'existence aux hordes de touristes, sortis frénétiquement d'un bus climatisé énorme, garé pas loin, et qui viendraient forcément dénaturer et abimer le lieu. Il paraît qu'avant Bardot Saint-Tropez était un village de pêcheurs, il paraît… Encore une qui aurait dû tenir sa langue et se faire plus discrète à l'époque.
Alors me voilà devant le paradoxe de vouloir vanter les mérites de Frégni, touchée par ses mots, la beauté de son texte, tout en souhaitant garder intact cet homme qui vit près de la nature, qui aime la solitude et le calme, loin du vacarme du monde. Mais, n'ayant pas la notoriété de BB ni ses atours (déjà je ne suis pas blonde), je me suis finalement dit que mon petit billet n'aura pas le même impact-et loin de là- qu'un frétillement de cils de BB. Et Frégni a trop vécu pour savoir ce qu'il aime et apprécie aujourd'hui et il sait se sauvegarder. Il restera telle une pierre précieuse à l'état brut, pas encore taillée.
J'ai découvert la plume de Frégni par « Les vivants au prix des morts » et je me suis plongée dans le récit, incroyable récit, devrais-je dire. Je ne sais pas si j'ai déjà lu un roman avec un tel style d'écriture. Un mélange savamment dosé de poésie et de polar.
On entre dans la lumière éclatante pour plonger dans le noir. de l'amour pour une femme à la folie des hommes. Frégni sait par petites touches, tel un peintre pointilliste, parler de la nature, du silence, du chant des oiseaux, du pouvoir de l'écriture. Il sait parler de la beauté des femmes (surtout celle de son institutrice). Il évoque par son regard l'amour qu'il éprouve pour ce qui l'entoure. Il sait apprécier ces petits matins tranquilles avec un bol de café, regarder par la fenêtre des petits riens qui sont beaucoup, le bruissement des arbres, la voisine qui promène son chien. Il nous enveloppe d'une douceur languissante. La douceur d'une pierre polie par les vagues qu'on caresse entre ses doigts, même si c'est au prix parfois de la rugosité d'un rocher contre la plante des pieds contre laquelle on s'écorche et on se met à saigner. le silence et la quiétude de la nature mais aussi le silence étouffant d'une cellule de prison des baumettes, parmi les cris des détenus. On a beau parfois vouloir s'isoler, l'amitié, l'amour des autres nous rattrape, avec ses joies et ses malheurs et on pourrait s'en mordre les doigts.
Dans quelques jours, je partirai pour la Provence, me balader près de la montagne Sainte Victoire, parmi les champs de lavande et de coquelicots, attendant le temps du chant des grillons, profitant des marchés nocturnes, de l'accent du Sud et d'un rythme plus lent et régénérant. Je ne sais pas si je croiserai au hasard d'un petit chemin un homme qui ressemblera à René Frégni. Mais il est certain que je penserai à lui lors de mes balades, respirant, m'inondant de cette nature, de cette beauté simple qui le bouleverse comme moi.
Ce billet est aussi pour vous dont les critiques sur les romans de René Frégni ont éveillé ma curiosité et m'ont permis d'avoir la chance de découvrir un écrivain qui m'a offert ces émotions comme je les aime. Un écrivain que j'ai envie de découvrir plus encore. Et de faire partager aussi (j'en parlerai sûrement à ma soeur… Elle a de la chance, ma soeur, je ne suis pas trop rancunière). C'est un billet pour vous remercier chaque jour d'élargir mon horizon, d'enrichir mes émotions, de faire entrer un peu de magie, de beauté et de lumière dans mon quotidien. Et ça, ça n'a pas de prix.
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"J'ai commencé à écrire comme on rencontre une femme, n'importe où, brusquement, sans réfléchir. On la prend dans ses mains et on lui fait l'amour. On la déshabille parce qu'elle a une magnifique robe rouge. On ouvre la robe et on voit toute la beauté de la vie. Chaque mot est une robe rouge palpitante de vie."

René Frégni est un poète, mais il ne l'a pas toujours été.
Il a connu un parcours de vie tumultueux et doit à sa rencontre avec la littérature et l'écriture de ne pas avoir sombré du côté obscur.

Les vivants au prix des morts est le premier livre que je lis de cet auteur que j'ai découvert grâce à Babelio et à quelques-uns de mes amis qui en sont fans.
D'entrée de jeu je comprends pourquoi : l'écriture est vivante, intense, vibrante, violente parfois, toujours remplie de chaleur, d'humanité et de poésie.
Une écriture envoûtante qui me happe et fait que je ne lâche plus ce texte dans lequel la vie palpite à chaque page.

Peu importe l'histoire, ce roman est beau, tout simplement.
Et, finalement, n'est-ce pas le plus important, le plus nécessaire, le plus indispensable dans notre monde si laid ?

C'est rugueux comme un beau tissu épais.
C'est puissant comme un plat bien épicé.
C'est âpre comme un bon vin corsé.
Ça regorge de vie et ça me donne envie de lire d'autres ouvrages de René Frégni.
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Où il est dangereux de côtoyer les gangsters, même les plus élégants et chaleureux.
La violence n'est jamais loin ...

Un service rendu à un ancien tôlard en cavale et voici un écrivain « champêtre » mêlé à un imbroglio de meurtres, de trafics et de complicité mal à propos. de quoi voir voler en éclats le confort d'une vie sédentaire paisible, heureuse en couple, et se rendre malade de trouille face aux conséquences possibles. Et fatalement, il y en aura...

Avec une petite histoire de rien du tout, René Fregni nous tient rênes serrées par une écriture impeccable capable de raconter les événements avec efficacité en les confrontant à une acuité sensorielle dans l'observation de la nature et des choses qui l'entourent.

On est un peu égaré entre romanesque et autofiction quand on s'informe un peu de la biographie de l'auteur. Tout cela sent le vécu, la violence des bas-fonds marseillais, la prison et le banditisme. Mais il est incontestable que l'auteur a le talent des mots.

Un écrivain que j'ai apprécié découvrir.
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