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Citations sur Lundi mélancolie : Le jour où les enfants disparaissent (43)

Il tenta de crier mais ne réussit qu’à produire le bourdonnement qui lui restait coincé dans la bouche et à l’arrière de la gorge .il se leva, tanguant, avec le mauvais gout dans la bouche qui ne s’en allait jamais, et sauta sur place, encore et encore, jusqu’à voir rouge, jusqu’à ce que la tête lui tourne, que les murs penchent vers lui et qu’il retombe par terre. Il se cogna la tête sur le plancher.
Plancher. Elle l’entendrait. Surement.
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(…)c’était un bourdonnement qui se répercutait dans sa tête et qui faisait comme l’une de ces cornes de brume qu’on entend sur un ferry-boat en mer, au moment du départ en vacances avec papa et maman, qui résonne au loin, et fait frissonner d’effroi, même si on ne sait pas pourquoi, et on a envie d’être protégé par des bras forts, parce que le monde est immense et profond, et plein de surprises qui donnent l’impression d’avoir le cœur trop gros pour sa poitrine.
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Elle sentit qu’on lui saisissait la main, puis que sa mère et elle refaisaient au pas de course le trajet qu’elle venait d’emprunter, le long de la rue où elles habitaient, jusqu’à la confiserie où les enfants traînaient devant la porte, et au-delà, devant l’homme au visage grêlé et au sourire absent, avant de sortir de l’ombre à l’angle et de se retrouver éblouies. Leurs pas claquaient sur le pavé, un point de côté lui perçait les côtes, et elle franchissait les fentes sans marquer d’arrêts.
Tout du long elle entendit, couvrant le martèlement de son cœur et le sifflement asthmatique de sa respiration, sa mère appeler :
— Joanna ? Joanna ? Où es-tu, Joanna ?
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La porte s’ouvrit et sa mère apparut, qui venait de rentrer du bureau et portait encore son manteau. Son regard embrassa Rosie puis tomba sur l’espace vacant à côté d’elle.
— Où est Joanna ?
Les mots restèrent en suspens dans les airs, entre elles. Rosie vit les traits de sa mère se figer.
— Rosie ? Où est Joanna ?
Elle entendit sa propre voix répondre :
— Elle était là ! C’est pas ma faute. J’ai cru qu’elle était rentrée toute seule.
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Elle s’efforça de marcher normalement, mais rien à faire. Son corps lui refusait le calme. Elle détala soudain de façon désordonnée, le cœur battant dans la poitrine, un vilain goût dans la bouche.
— Espèce d’idiote, répétait-elle sans fin. Je vais la tuer. Quand je la retrouve, je la…
Elle se sentait mal assurée sur ses jambes. Elle s’imagina en train de rattraper Joanna par ses épaules osseuses et de la secouer jusqu’à ce que sa tête en branle.
Arrivée. Une porte d’entrée bleue et une haie que l’on n’avait plus taillée depuis le départ de son père. Elle s’arrêta, prise d’une sensation légèrement nauséeuse, celle qu’elle avait quand elle allait avoir des ennuis pour une raison ou pour une autre. Elle actionna fort le heurtoir car la sonnette ne marchait plus. Patienta. Faites qu’elle soit là, faites qu’elle soit là, faites qu’elle soit là. La porte s’ouvrit et sa mère apparut, qui venait de rentrer du bureau et portait encore son manteau. Son regard embrassa Rosie puis tomba sur l’espace vacant à côté d’elle.
— Où est Joanna ?
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Avec un soupir théâtral, Rosie reposa son sachet de bonbons et s’approcha de l’entrée pour regarder dehors. Des voitures passèrent devant elle. Une femme portant un sari, toute de rose et d’or vêtue, qui sentait bon, et ensuite trois garçons du collège qui se trouvaient plus loin dans la rue et chahutaient.
— Joanna ! Joanna, où es-tu ?
En entendant sa voix, haut perchée et furieuse, elle songea : on dirait maman de mauvais poil.
Hayley était à ses côtés, en train de mâchonner bruyamment son chewing-gum.
— Et alors, elle est passée où ?…
Une bulle rose surgit de sa bouche, qu’elle aspira de nouveau.
— Elle sait, pourtant, qu’elle est censée rester avec moi.
Rosie courut jusqu’à l’angle de la rue, là où elle avait aperçu Joanna la dernière fois et regarda autour d’elle, les yeux plissés. Elle la héla de nouveau, quand bien même sa voix était couverte par le bruit d’un camion. Peut-être avait-elle traversé la rue, avait-elle vu une amie sur le trottoir d’en face. C’était pourtant peu probable. Joanna était une petite fille obéissante. « Docile », disait d’elle leur mère.
Hayley surgit à ses côtés :
— Tu ne la trouves pas ?
— Elle est sans doute rentrée sans moi, répliqua Rosie qui feignait la nonchalance même si la panique se percevait dans sa voix.
— Bon ben, à plus, alors.
— À plus.
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Elle jeta un coup d’œil vers la porte et, l’espace d’un instant, elle crut distinguer quelque chose – une masse indistincte, une illusion d’optique, quelque chose d’anormal, comme un miroitement dans l’air chaud. La seconde d’après, cela avait disparu. Le seuil était vide. Il n’y avait personne.
Elle râla haut et fort, tandis qu’elle entendit un crissement de pneus.
— Faut toujours que j’attende ma petite sœur.
— Ma pauvre, compatit Hayley.
— Un vrai bébé. Ça m’énerve !
Elle dit cela pour la forme, parce qu’il lui semblait que c’était quelque chose qu’elle se devait de dire. Il fallait avoir l’air de regarder ses petits frères et sœurs de haut et lever les yeux au ciel avec un sourire de dédain.
— J’imagine, renchérit Hayley.
— Où est-elle ?
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Où était Joanna ? Elle patienta, regardant les autres personnes circuler autour d’elle – un groupe de jeunes turbulents, une femme avec un foulard sur la tête et un grand sac, un homme avec une canne – et sa sœur, enfin, qui émergeait de la lumière aveuglante avant de se fondre dans l’ombre, silhouette maigrichonne au sac trop grand pour elle, aux genoux noueux et aux socquettes blanches sales. Ses cheveux lui collaient au front.
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Aujourd’hui, on était lundi : c’était le lundi qu’il lui manquait le plus, quand elle se réveillait au seuil d’une nouvelle semaine tout en sachant qu’il était reparti.
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Il était 16 heures et le ciel était d’un bleu mat : le trottoir réverbérait la lumière et éblouissait la fillette. Elle tourna au coin en direction du magasin, et se retrouva soudain à l’ombre où elle ralentit son allure : le danger était passé. Les pavés laissaient place au goudron. Elle passa devant l’homme au visage grêlé assis sur le pas de la porte avec une boîte en fer-blanc posée à côté de lui. Il n’avait pas de lacets à ses chaussures. Elle s’efforça de ne pas le regarder. Elle n’aimait pas sa façon de sourire sans réellement sourire, comme son père parfois, quand il lui disait au revoir le dimanche.
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