Connaître le Mexique, retracer son ambiance sociale et politique, donner à voir la banalité du quotidien, oui mais pas seulement… Car l'art photographique de Manuel Álvarez Bravo dépasse tout cela. C'est un chercheur d'insouciance en même temps qu'il interroge le monde et sa vitalité.
Son travail photographique, très sensoriel et d'une immense poésie, est un aller retour permanent entre corps et esprit, union et séparation, comme ce linge blanc séchant au vent et cette femme qui déjà s'en détourne. S'il capte l'instant quotidien c'est pour en extraire une essence surréaliste, souvent discordante, à double sens, avec humour, ou avec amour, parfois avec désespérance.
Semblant chercher la frontière des choses et des êtres, les photographies d'Álvarez Bravo s'amusent : jeux de la lumière, mystères des espaces intermédiaires, philosophies des paysages humains, essences des contrastes où naissent pièges et refuges, des désirs du regard, des peaux nues, des tissus, des visages, des dos des humains comme s'ils allaient partir ; leur part invisible doucement suggérée pour mieux stimuler l'imaginaire. Entrevoir plus que voir.
Environnements intimes, familiers juxtaposés aux conditions sociales, symbolique pré colombienne côtoyant allégories occidentales, ordre cosmique et désordre terrestre, tout nous devient plus humain et plus proche dès que la photographie devient adéquation entre le photographe et le réel. Car ce que semble vouloir Manuel Álvarez Bravo en photographiant les choses et les êtres, c'est approcher leur totalité. Faire enfin exister la réalité.
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