Look Back

Très émouvante cette ode à l'amitié et à la persévérance dans l'exercice d'une passion. Ce one shot (terme que je découvre à cette occasion et qui veut dire « album de bande dessinée non intégré à une série et qui constitue une histoire complète ») a été publié en 2021 sur le site Shônen Jump+ avant d'être édité en version reliée quelques semaines plus tard au Japon. On peut donc dire qu'il nous arrive assez vite en France aussi, et tant mieux, car c'est exquis.
La relation très forte entre Fujino et Kyômoto se termine hélas, tragiquement, mais quelle finesse dans le traitement du scénario et dans le trait du crayon. C'est court (et, comme déjà commenté ici par un autre lecteur, un peu cher) mais quelle intensité et quelle densité dans ce « regard en arrière ». Attention, la lecture exige un peu de concentration, car le moindre détail se révèle important.
J'ai adoré, tout simplement.

Look Back est un one-shot qui se concentre sur le parcours de deux adolescentes qui sont dessinatrices de mangas à 13 ans dans le même collège.

L'une d'elle est plutôt introvertie et ne sort pas du tout de chez elle. Elle semble suivre ses cours par correspondance.

On va se concentrer surtout sur la personnalité de Fujino qui m'a semblé tout de suite assez prétentieuse pour un talent qui ne me semble pas du tout sauté aux yeux surtout comparé à sa camarade Kyômoto. Pourtant, lors de leur rencontre, Kyômoto va s'abaisser à elle.

Il est alors question de travailler et de progresser ensemble comme une espèce d'ode au travail collaboratif. Pour autant, à un moment donné, leurs aspirations seront différentes et il faudra se séparer sur des chemins de vie différent. Un événement dramatique assez improbable viendra cependant tout remettre en cause.

La fin est assez étrange dans son alternativité. On ressort quand même avec une impression de tristesse alors que c'était plutôt surfait jusqu'alors. C'est un titre qui aurait gagné en épaisseur en étant sans doute un plus long pour laisser une place au développement.

Je ne suis pas vraiment convaincu par cette lecture inaboutie dont les défauts m'ont apparu assez manifestes.

Quand j'ai commencé "Look Back", j'ai vraiment cru que j'allais adorer. J'aimais beaucoup l'idée d'une réflexion sur le processus de création d'un manga, d'une histoire sur l'association d'un(e) scénariste et d'un dessinateur(trice), d'autant plus qu'il s'agissait d'enfants passionnées.

Sauf que non...
L'impression de lire une histoire inaboutie, dont les personnages n'ont pas été assez développés pour que je m'attache à eux. Cette amitié qui démarrait pourtant avec un vrai potentiel dramatique ne m'a pas convaincue. Trop superficiel parce que trop court ?

Les dessins des personnages ne sont pas terribles contrairement aux décors. Un clin d'oeil aux talents inégaux des dessinatrices de l'histoire ? D'ailleurs, j'ai souvent confondu les deux jeunes filles, physiquement semblables, et qui ne déploient pas un large éventail d'expressions.
Néanmoins certaines planches m'ont touchée par leur composition.

En un mot comme en cent : insuffisant.

Depuis sa sortie phénomène l'an passé, Look Back a fait couler beaucoup d'encre. Beaucoup ont crié au génie, trouvant en Tatsuki Fujimoto un mangaka majeur de notre époque. Après ma déception sur Fire Punch, sa première oeuvre publiée chez nous qui est outrancière et n'importe nawak au niveau du scénario dans les derniers tomes, je ne peux aller dans leur sens. Pourtant, je ne peux mentir non plus, Look Back m'a pris aux tripes ! 

Lors de sa sortie en prépublication, ce oneshot de 140 pages a de suite remué les lecteurs de par le monde grâce à sa mise à disposition en japonais mais aussi en anglais sur la plateforme de l'éditeur. Il était donc évident qu'il arriverait chez nous, ce que Kazé nous fait le plaisir de faire assez rapidement qui plus est. Si l'oeuvre m'a fait forte impression, je ne dirais pas la même chose de l'objet que je trouve fort cher pour ce qu'il est. Est-ce dû au service presse que nous avons reçu ? Mais j'ai été frappé par un volume où il n'y a ni plus ni moins que l'oeuvre de Fujimoto et c'est tout sans la moindre page la précédent et dans un format un peu cheap. Au vu des plus de 7€ pour 140 pages, je trouve ça un peu limite...

Heureusement, l'oeuvre rattrape tout ! le sujet n'a rien d'extraordinaire, nous suivons un petite fille passionnée de dessins, qui par goût de la compétition et envie de recevoir des compliments va s'y mettre à fond, nouant une belle amitié avec une hikikomori qu'elle parviendra à faire sortir de chez elle. Mais un jour, un drame viendra mettre un coup à leur relation. C'est le traitement de cette histoire qui fait tout.

J'ai été soufflée par la richesse des émotions qu'on ressent dans les planches. Qu'on aime ou non (comme moi) le trait de l'auteur, on ne peut quand même que saluer la beauté de sa narration muette dont il use et abuse, peut-être un peu, qui vient rythmer cette histoire qui se dessine sur plusieurs années. Le poids du temps qui passe, l'émotion de cette relation qui s'approfondit, tout ça l'auteur n'a pas eu besoin de mots pour le dire, son dessin a suffi et c'est magique ! On est assis à ce bureau avec l'héroïne, sorte de double de l'auteur dont elle porte presque le nom, que ce soit à l'école, chez elle ou plus tard dans son appartement. Et de dos, on sent tout le poids de ce qui l'agite.

Avec cette héroïne, il y aura d'abord la passion pour le dessin, puis le poids du regard des autres, s'en suivra le bonheur d'avoir trouvé quelqu'un qui la comprend et partage sa passion, l'envie de faire toujours plus ses preuves et l'orgueil qui viendra peut-être un peu trop la faucher. On a déjà eu des mangas sur des artistes, des mangakas : Bakuman, Blue Period, BL Metamorphose, Trait pour Trait. Mais ici l'auteur propose autre chose. Il revient durement sur lui-même, si c'est bien lui sous ces traits, et sa relation aux oeuvres et aux amis et assistants. L'autre jeune fille qu'elle rencontre et avec qui elle va partager sa passion, elle ne va pas bien la traiter. Et si c'est plus suggéré que dit, la force du drame qui va se nouer dans les dernières pages exprime bien les remords de l'héroïne - auteur ici. 

Car au-delà de la puissance émotionnelle contenue dans les planches depuis les débuts, c'est cette fin qui va transcender l'oeuvre et la faire rester dans les mémoires, la faisant passer d'oeuvre un peu banale à oeuvre mémorable car déchirante. J'ai vraiment été émue pour l'émotion de l'héroïne qu'elle nous transmet sans mot à travers ces quelques pages. C'est puissant. Alors ce n'est pas le seul artiste à m'avoir fait ressentir cela, mais il entre tout de même dans ce carré restreint. Ainsi même si je ne crierai pas au génie, je ne peux que dire qu'il m'a énormément touchée.

Look Back est une oeuvre dont on a eu raison de parler aussi puissamment. Certes, souvent les échos manquaient un peu d'arguments et de fond, faisant passer l'auteur pour le génie qu'il n'est pas et ne semble pas vouloir être, préférant être juste un auteur faisant son job, point. Mais, Look Back est indéniablement une oeuvre qui marque par sa puissance narrative et graphique, celle d'un auteur qui a quelque chose d'important à dire pour lui et qui a envi de nous toucher. Il y réussit merveilleusement.
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"Look Back" est un oneshot de Tatsuki Fujimoto proposé par Kazé. Il semble avoir fait pas mal de bruit et remporté un franc succès, s'il est sympathique à lire, je ne vois pas du tout pourquoi en faire autant. Tatsuki Fujimoto est aussi le mangaka de "Fire Punch" qui s'est révélé pour ma part de plus en plus décevant au fil des tomes, et surtout un royal n'importe quoi et de "Chainsaw Man", dont j'ai peiné à finir le tome 1 puis abandonné, ce qui est très rare au niveau des mangas. Ici, on m'avait assuré qu'il n'y avait pas ce coté absurde, et comme c'est un oneshot, ça m'a donné envie d'essayer, lui laisser une chance.
Déjà, certains plans sont superbes, surtout quand elles sont en train de dessiner, et certaines autres planches qui ont un impact particulier, mais pas suffisant de mon côté.
Le graphisme, sinon, est correct, mais rien de spécial, et ne m'emporte pas particulièrement.
L'idée que depuis la primaire, elles dessinent n'est pas mal, car quelque part elles sont autant ennemies, ou plutôt rivales, qu'unies dans la passion du dessin. Fujino n'est apparemment pas mauvaise dans son domaine, mais quand Kyômoto se met à aussi dessiner, on voit une sacrée différence sur le dessin, sauf qu'elle est accès sur les décors. Alors autant j'aime les plans de Kyômoto, mais je n'ai pas du tout accroché ni aux dessins ni aux scénarios de Fujino, ce qui ne m'aide absolument pas à croire en elle.
Ensuite, on ne les connaît pas assez, de mon côté je n'avais aucun attachement à elles, autant dire que les émotions ne sont pas passées des masses, ce qui personnellement est quand même un sacré souci. Kyômoto est un peu la jeune femme invisible, en bref on ne la voit jamais en cours, mais comment elle en est arrivée là même si on a des petits éléments, on n'a pas assez, et comment ça passe ?
Il y a également pas mal d'ironie, surtout de la part de la façon de faire et des réactions de Fujino, quelque chose d'assez humain mais également énervant.

Seulement si vous voulez en savoir plus, sinon passez à la conclusion. Les deux jeunes femmes vont finir par se rencontrer, continuer à se pousser, formée une équipe ensemble, là aussi il y a de bonnes idées, même si encore une fois Fujino n'est pas trop quelqu'un qui m'inspire confiance.
D'ailleurs Fujimoto va plusieurs fois vous ébranler et vous surprendre, cela, il faut lui laisser, mais cela peut aussi avoir un goût amer.

Ainsi si je trouve les idées très intéressantes, certains plans superbes, le reste n'est pas du tout convainquant, en tout cas de mon côté et manque de quelque chose. L'exploitation passe à côté. Avec également un sentiment d'essayer de trop en faire par moment, et en tout cas de ne pas arriver à me toucher autant qu'il le devrait avec ce type d'histoire.
On notera aussi qu'il n'est pas bien épais, mais le prix n'est pas ajusté en conséquence.