Le Livre des îles noires – Vies de Fletcher

Voyage initiatique au Vanuatu ( autrefois Nouvelles Hébrides) dans le Pacifique Sud
A travers le destin de R.J.Fletcher , Brillant personnage qui séjourna aux Nouvelles Hébrides entre 1912 et 1923.A l ‘époque le pays est un condominium, une colonie dirigée et administrée par la France et la Grande Bretagne.Fletcher est un personnage haut en couleur , intelligent , passionné de psychanalyse, ouvert sur les autres à savoir les canaques (orthographe d'époque pour désigner les Mélanésiens), ce qui n'est pas forcément bien vu des colons propriétaires de plantations lucratives, qu'il décrit assez férocement , à juste titre .
Car il s ‘agit bien du colonialisme dur .Le statut des canaques travailleurs est épouvantable, bien loin de leur vie traditionnelle.Fletcher fera un peu tous les métiers, échouera avec un e régularité constante, épousera une canaque , aura un fils qu'il laissera avec sa mère et partira sans le sou vers la Grande Bretagne.Et la, énorme surprise, il est devenu un écrivain célèbre et mystérieux en écrivant « Isles of Illusion »qui raconte l'envers du décor dans les soi disant paradis des colonies.En fait, il s'agit de lettres écrites à un ami et qu .il avait complètement oublié
PierreFurlan a rencontré sa petite fille pour reconstituer le parcours extraordinaire de cet aventurier qui sera encore plus connu grâce à Jacques Prevert , au point de devenir le symbole même de l'aventurier du Pacifique
C'est un livre tout à fait original qui démolit tous les clichés sur les Tropiques et leurs cocotiers et nous rappelle notre histoire pas bien glorieuse.Pierre Furlan à la bonne idée de nous raconter la transformation des Nouvelles Hébrides en Vanuatu,pays aujourd'hui indépendant,voisin de la Nouvelle Calédonie
Un livre qui se lit très facilement.J'ai appris plein de choses et je me suis fait plaisir.Exotique, intelligent,passionnant

Dans ce roman, Pierre Furlan retrace la vie de R.J. Fletcher, aventurier anglais qui s'exila pour les Nouvelles-Hébrides peu avant la première guerre mondiale pour échapper au conformisme étriqué de son pays natal et profiter des opportunités d'enrichissement liées à l'exploitation agricole des îles alors gouvernées par un condominium franco-anglais. Sa correspondance avec son ami Bohun Lynch rencontré à Oxford, traduite et citée par l'auteur, montre un esprit intelligent et curieux qui finit par prendre conscience des abus du colonialisme avec notamment l'emploi forcé de la main d'oeuvre indigène et l'appropriation des terres, mais également un caractère velléitaire et narcissique : il ne réussira dans aucun de ses projets. Fletcher quitte l'île d'Epi en 1923 affaibli par la malaria et sans le sou, laissant un fils métis qu'il ne reverra jamais.
Un siècle plus tard, Pierre Furland se rend aux Nouvelles-Hébrides, devenues le Vanuatu depuis son indépendance en 1980, sur les traces de Fletcher et de son fils métis, accompagné de sa petite-fille Mad qui n'a jamais eu connaissance de cet aïeul anglais. C'est également un voyage dans le passé car Mad et son mari Russ, un australien, ont dû quitter l'île d'Epi après l'indépendance et refaire leur vie en Australie avec leurs enfants, en raison de leur origine, elle étant métisse et lui étranger.
Ce roman, s'inspirant de la correspondance de Fletcher, met en miroir les Nouvelles-Hébrides et le Vanuatu par la magie de la fiction et des personnages.
Deux époques et deux mentalités se font face : celle du colonialisme dans les îles mélanésiennes et la période actuelle avec la question du métissage dont les répercussions se font encore ressentir de nos jours. Fletcher représente le désir d'émancipation et de liberté qui poussèrent tant d'européens à quitter leur pays natal et la famille de Mad, cette génération partagée entre modernité et tradition. A la question de Mad, lui demandant pourquoi il s'intéressait tant à un aventurier anglais qui avait profité du système d'exploitation des indigènes pendant onze ans pour finalement refuser de s'installer et reconnaître son fils, il répondit « qu'il y avait derrière ces vignettes autre chose que ce qu'elle croyait, que Fletcher n'avait pas été un raté pour rien. »

Alors que tout le prédestinait à une brillante carrière d'universitaire à Oxford, Robert James Fletcher décide de tout plaquer pour s'aventurer à la découverte du Pacifique et « échoue » en 1915 sur l'île d'Epi aux Nouvelles-Hébrides (actuel Vanuatu). Contraint de travailler dans une plantation, l'écriture était alors son seul exutoire. Son quotidien, ses états d'âme jusqu'à sa propre chute psychique, toutes les étapes de son « introspection biaisée » sont minutieusement consignées dans ses lettres adressées à son ami Bohun Lynch. Stupéfait de leurs contenus trépidants, ce dernier ne tarda pas à les publier anonymement, faisant de R. J. Fletcher un proéminent écrivain de voyage… à son insu et bien malgré lui ! Un roman « vrai » atypique : une savoureuse aventure littéraire !

Un roman captivant qui, à travers la vie d'un aventurier du début du 20°siècle, Fletcher vous plonge dans la vie coloniale des Nouvelles Hébrides' aujourd'hui Vanuatu ,dans le Pacifique Sud.
Un livre étonnant car le personnage principal a réellement existé et nous parle par les extraits de ses lettres judicieusement insérées dans le texte.Tout cela est bien loin des clichés coloniaux à la fois dans la description de la population blanche et riche que dans des canaques des plantations et des tribus.Un rare témoignage facile à lire, une vraie découverte que je vous conseille avec enthousiasme.