La première production de Borduas témoigne de son apprentissage avec le peintre québécois Ozias Leduc (1864- 1955) et de sa formation à l’École des beaux-arts de Montréal pendant les années 1920. Il rêve de suivre les traces de Leduc et de devenir, comme lui, un décorateur d’églises. Pour cette raison, il n’est pas question de prendre trop de distance avec ce que les églises du temps au Québec peuvent absorber. C’est lors de son premier passage à Paris, où il étudie aux Ateliers d’art sacré, que Borduas commence à explorer l’oeuvre de Paul Cézanne (1939-1906), de Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) et de Paul Gauguin (1848-1903). Sa peinture figurative de la fin des années 1930 et du début des années 1940 reflète ces premières influences.
Aucun autre mouvement artistique canadien ne témoigne d’une telle cohérence entre théorie et pratique. Borduas sera en 1948 l’auteur principal de Refus global, un manifeste qui s’en prend au climat politique paroissial du Québec sous Duplessis. Suivant sa publication, Borduas perdra son poste d’enseignant à Montréal et, quelques années plus tard, s’exilera à New York, puis à Paris, où il décédera. Apportant de l’eau au moulin de la Révolution tranquille des années 1960, ses idées auront une influence durable sur la culture visuelle canadienne et le contexte sociopolitique québécois.
Théoricien rebelle, Paul-Émile Borduas (1905-1960) aspire à une liberté d’expression aux antipodes du nationalisme caractérisant le Québec du milieu du vingtième siècle. Alors qu’il étudie à Paris en 1938, Borduas est marqué par les idées de l’écrivain surréaliste André Breton sur la « peinture automatique » et celles de Léonard de Vinci voulant qu’un artiste puisse créer sans idées préconçues. De retour à Montréal, il transforme de façon « automatique » ses pensées sur le mouvement, le rythme, les volumes et la lumière en dessins et en peintures.