C'était bon. Il y avait encore des couvertures dans le coin, et une paillasse, et il pouvait imaginer que la petite pièce avait gardé l'odeur de son père, et que personne ne le battait ni le traitait d'infirme ou d'idiot; et ainsi , après avoir nourri le feu afin qu'il brûle jusqu'au matin, il s'endormit plutôt heureux.
Le silence se fit. Odd se retourna. Les braises jetaient une lueur, suffisante pour qu'il pût distinguer l'intérieur de la hutte, suffisante pour lui confirmer qu'il n'y avait pas trois personnes avec lui. Il n'y avait que lui, le renard, l'ours, l'aigle...
Quels qu'ils soient, pensa Odd, ils n'ont pas l'ai de manger les gens.
Il s'assit le dos contre le mur. Ni l'ours, ni l'aigle ne lui prêtèrent attention. Le renard lui jeta un regard rapide de ses yeux verts.
- Vous parliez, fit remarquer Odd.
Les animaux le regardèrent, puis se regardèrent entre eux. Ils ne dirent pas réellement : "Qui ? Nous ?", mais c'était bien ce qu'exprimaient leur attitude, leur posture.
- quelqu'un parlait, insista Odd, et ce n'était pas moi. Il n'y a personne d'autre ici. Conclusion : c'était vous. Et ce n'est pas la peine de vous disputer.
- Nous ne nous disputions pas, rétorqua l'ours, car nous ne savons pas parler.
Puis il ajouta :
- Oups !
Le renard et l'aigle lui lancèrent un regard furibond : il mit une patte devant ses yeux et prit un air penaud.
Il s’assit le dos contre le mur. Ni l’ours ni l’aigle ne lui prêtèrent attention. Le renard lui jeta un regard rapide de ses yeux verts.
— Vous parliez, fit remarquer Odd.
Les animaux le regardèrent, puis se regardèrent entre eux. Ils ne dirent pas réellement : « Qui ? Nous ? », mais c’était bien ce qu’exprimaient leur attitude, leur posture.
— Quelqu’un parlait, insista Odd, et ce n’était pas moi. Il n’y a personne d’autre ici. Conclusion : c’était vous. Et ce n’est pas la peine de vous disputer.
— Nous ne nous disputions pas, rétorqua l’ours, car nous ne savons pas parler.
Puis il ajouta :
— Oups !
Le renard et l’aigle lui lancèrent un regard furibond ; il mit une patte devant ses yeux et prit un air penaud.
Odd soupira.
Le sage sait tenir sa langue. Seul l'idiot dit tout ce qu'il sait.
_ Pourquoi est-ce que je ne reviendrais pas ?
_ Ils risquent de te manger, lui révéla l'ours.
Odd cligna des yeux.
_ Ah bon... Ils mangent les gens, ces géants de glace ?
Il y eut un silence. Le renard dit "A l'occasion" en même temps que l'ours disait "Presque jamais".
Le renard toussota.
Ce fut ce sourire qui le sauva. Si Odd n'avait pas souri, le géant l'aurait simplement ramassé et écrabouillé, ou l'aurait éclaté contre le rocher, ou lui aurait arraché la tête d'un coup de dents et aurait gardé le reste comme casse-croûte pour plus tard.
De l'écarlate retomba doucement autour d'eux, et tout fut souligné de vert et de bleu, et le monde fut couleur framboise, et couleur de feuille, et couleur d'or, et couleur de feu, et couleur de myrtille, et couleur de vin.
C'est ainsi que s'achèvent toutes les histoires de dieux et de géants de glace : Thor finit toujours par tuer des géants.
Donc, Asgard. Domaine des puissants. Au centre d'une plaine, cerné d'une muraille imprenable bâtie pour nous par un géant de glace. Et c'est grâce à moi, je le précise, que ce mur ne nous coûta pas le tarif astronomique demandé par le géant.
L'animal poussa une nouvelle plainte, une lamentation profondément mélancolique. Il avait l'air malheureux, mais pas agressif.