Même en Louisiane, les rapports entre hommes et femmes ne sont pas simples. Et même là-bas, c'est les gosses qui trinquent, qui se trouvent partager entre les choix de sa M'man et les dérives de son P'pa. Peut-être que là-bas, les gosses grandissent un peu trop vite, et qu'ils devraient passer plus de temps à jouer aux billes, plutôt qu'à marcher le long de la route, dans le froid humide d'une journée de novembre, pour aller à l'école, pour s'enfuir chez Grand-Ma, pour visiter la voyante du coin venu prodiguer contre 3 pièces les bons conseils à P'pa pour que sa femme revienne…
Voilà pour la première nouvelle que l'on retrouve dans une autre édition sous le titre
Ti-Bonhomme ! (cf my chronicle from Louisiane, là-bas)
Seconde nouvelle proposée ici : le ciel est gris.
Toujours avec le point de vue, d'un gamin, légèrement plus vieux, la dizaine d'années avec une rage de dents pas possible. Toujours cette même nostalgie de l'enfance. Je me souviens encore quand moi gamin, ma M'man m'emmenait chez le dentiste. La peur me faisait suer comme si mon âme s'était déplacée dans le bayou. le bruit de la roulette ou de la fraise provoquait des crampes à l'estomac. Je ne voulais pas l'affronter, je voulais rester p'tit, sans souci sans bobo. Je ne connaissais pas encore le Sud, sa chaleur, sa moiteur en été, son ciel gris et ce froid d'
une longue journée de novembre. Et cette même tristesse qui ressort de la vie d'une famille noire dans ce Sud profond. Qui aurait pu penser qu'aller voir un simple dentiste devient une expédition si humaine. Affronter le froid et la grêle, la faim et la misère, la ségrégation et le regard des autres, des noirs, des blancs. Mais y découvrir aussi l'espoir, celui de voir au coin d'une rue, un sourire, une précieuse aide qui réchauffe le coeur en cette journée grise de novembre. Il pleut, il grêle, et malgré tout, il y a de la lumière, de l'émotion, de l'humain.
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