Comment de cette flamme oublier l’ardeur ? Vous partez et je sombre. Vous, hors de ma vue, je ne suis plus qu’ombre. Pourrai-je jamais survivre à pareille affliction ? Vous étiez ma joie, vous voici mon chagrin. Je ne puis supporter ce deuil qui alourdit mon sein. Comment à cette atroce douleur pouvez-vous m’abandonner ? Ah dieu ! Me revoici muette au début du chemin, ignorante de son issue et implorant sa fin. De l’amour ne connaîtrai-je que mensonge et trahison ? Quel divin baume calmera la plaie de ce cœur ? Car aimer je ne puis, je n’en ai plus l’envie. La solitude restera ma fidèle compagne, fatalité ou déplorable destin. Des ombres je fais partie, de la lumière suis exilée, errante dans le royaume des désenchantés !
Ah, Eumène, vous me touchez en plein cœur et par vos paroles je suis bouleversée ! M’aimez-vous ainsi que vous le prétendez ? Me voyez-vous enfin, telle que je suis, plus fragile que forte, ployée sous le poids de ce fardeau que je porte ? Personne avant vous ne le vit, de ma beauté s’ombrageait mais de mon cœur se moquait. Comme je souffrais alors, de n’être point aimée ! Quel étrange sentiment ces mots en moi font naître, je ne sais ce qu’ils sont et troublée ne veut point paraître.
L’amour n’a pas de loi. Il se présente, je l’embrasse. Homme ou femme, peu importe, tant que le cœur me transporte. Je suis ainsi faite, j’aime sans choisir. Je vous vis et vous aimai, même si éprise j’étais déjà. Je ne puis vous expliquer, ni me faire pardonner. Car vous m’aimez et me haïssez, n’est-ce pas ?
C’est le début de l’amour que d’en éprouver les tourments. Il n’est sinon que mirage de nos sentiments. Des enfers je revins, pour qu’à la vie renaissent ceux qui l’oublient. C’est là et mon feu et mon destin.
Bande-annonce du livre “Percevale - I. Les spectres du temps“