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Citations sur Poésies, tome 3 : Poète à New York - Chant funèbre pour I. S... (16)

PETITE VALSE VIENNOISE

À Vienne il y a dix jeunes filles,
une épaule où sanglote la mort
et une forêt de colombes empaillées.
Il y a un fragment de matin
au musée du givre.
Il y a un salon à mille fenêtres.
Ay, ay, ay, ay !
Prends cette valse la bouche fermée.
 
Cette valse, cette valse, cette valse,
de oui, de mort et de cognac
dont la traîne plonge dans la mer.
 
Je t’aime, je t’aime, je t’aime,
avec le fauteuil et le livre mort,
dans le couloir mélancolique,
au grenier sombre de l’iris,
dans notre couche sur la lune
et dans la danse que rêve la tortue.
Ay, ay, ay, ay !
Prend cette valse aux reins cambrés.
 
À Vienne il y a quatre miroirs
où jouent ta bouche et tes échos.
Il y a une mort pour piano
qui peint de bleu les jeunes gars.
Il y a des mendiants sur les toits.
Il y a de fraîches guirlandes de larmes.
Ay, ay, ay, ay !
Prends cette valse qui se meurt dans mes bras.
 
Parce que je t'aime, je t'aime, amour,
dans le grenier où s'amusent les enfants,
qui rêvent de vieux lustres de Hongrie
tandis que bruisse le tiède après-midi,
et que, sous l'obscur silence de ton front,
ils voient défiler des brebis
et des iris enneigés.
Ay, ay, ay, ay !
Prends cette valse de « l'éternel amour. »
 
À Vienne je danserai avec toi
et je mettrai un déguisement
avec une tête de fleuve.
Vois mes rives de jacinthes !
Je laisserai ma bouche entre tes jambes,
mon âme dans les lis et les photographies;
et dans l'obscur sillage de ta marche,
je veux, mon amour, mon amour, laisser,
violon et sépulcre, les rubans de la valse.

(En souvenir de Léonard Cohen qui, dans sa chanson, TAKE THIS WALTZ, a mis ce poème en musique)
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PEQUEÑO VALS VIENES

En Viena hay diez muchachas,
un hombro donde solloza la muerte
y un bosque de palomas disecadas.
Hay un fragmento de la mañana
en el museo de la escarcha.
Hay un salón con mil ventanas.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals con la boca cerrada.

Este vals, este vals, este vals,
de sí, de muerte y de coñac
que moja su cola en el mar.

Te quiero, te quiero, te quiero,
con la butaca y el libro muerto,
por el melancólico pasillo,
en el oscuro desván del lirio,
en nuestra cama de la luna
y en la danza que sueña la tortuga.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals de quebrada cintura.

En Viena hay cuatro espejos
donde juegan tu boca y los ecos.
Hay una muerte para piano
que pinta de azul a los muchachos.
Hay mendigos por los tejados.
Hay frescas guirnaldas de llanto.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals que se muere en mis brazos.

Porque te quiero, te quiero, amor mío,
en el desván donde juegan los niños,
soñando viejas luces de Hungría
por los rumores de la tarde tibia,
viendo ovejas y lirios de nieve
por el silencio oscuro de tu frente.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals del "Te quiero siempre".

En Viena bailaré contigo
con un disfraz que tenga
cabeza de río.
¡Mira qué orilla tengo de jacintos!
Dejaré mi boca entre tus piernas,
mi alma en fotografías y azucenas,
y en las ondas oscuras de tu andar
quiero, amor mío, amor mío, dejar,
violín y sepulcro, las cintas del vals.
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Ville qui ne dort pas

Dans le ciel, personne ne dort. Personne, personne.
Personne ne dort.
Les créatures de la lune reniflent et rôdent autour de leurs cabanes.
Les iguanes vivants viendront mordre les hommes qui ne rêvent pas,
et celui qui se précipite l'esprit brisé rencontrera au
coin de la rue
l'incroyable alligator silencieux sous la tendre protestation des
étoiles.

Personne ne dort sur terre. Personne, personne.
Personne ne dort.
Dans un cimetière lointain, il y a un cadavre
qui gémit depuis trois ans à
cause d'une campagne sèche sur ses genoux ;
et ce garçon qu'ils ont enterré ce matin a tellement pleuré
qu'il a fallu appeler les chiens pour le faire taire.

La vie n'est pas un rêve. Prudent! Prudent! Prudent!
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LUNE ET PANORAMA DES INSECTES


Un petit gant corrosif m'arrête. Il suffit!
Dans mon mouchoir j'ai entendu le crac
de la première veine qui se brise.
Prends soin de tes pieds, mon amour ! de tes mains!
puisqu'il me faut livrer mon visage,
mon visage, mon visage! ah! mon visage mangé!

Ce feu chaste pour mon désir,
cette confusion par souci d'équilibre,
cette innocente douleur de poudre dans les yeux,
allègeront l'angoisse d'un autre cœur
dévoré par les nébuleuses.

Point ne nous sauvent les gens des magasins de
chaussures
ni les paysages qui deviennent musique au contact des
clés oxydées.
Mensonge que l'air. Seul existe
au grenier un petit berceau
qui se rappelle toutes choses.
Et la lune.
Mais non, pas la lune.
Les insectes,
les insectes seuls,
crépitants, mordants, frémissants, groupés,
et la lune
avec un gant de fumée, assise à la porte de ses
éboulements.
La lune!
New York, 4 janvier 1930.

p.106-107
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SONNETS


Spectre d'argent aux franges qui frémissent,
la brise de la nuit en soupirant
rouvre ma vieille plaie de sa main grise
et s'éloigne : je reste pantelant.

Douleur d'amour d'où rejaillit la vie,
puits éternel de lumière et de sang,
retraite où Philomèle muette et triste
trouve son nid, ses bois et son tourment.

Ah, quelle douce rumeur dans ma tête !
Je m'étendrai près de la fleur naïve
où flottera sans âme ta beauté,

et là, tandis que blondira l'eau vive,
mon sang se répandra par la jonchaie
humide et odorante de la rive.

p.186
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CASIDA DES PLEURS
(...)
Il y a très peu d'anges qui chantent,
il y a très peu de chiens qui aboient,
mille violons tiennent dans la paume de ma main.

Mais les pleurs sont un chien immense,
mais les pleurs sont un ange immense,
les pleurs sont un violon immense,
les larmes bâillonnent le vent,
et l'on n'entend rien d'autre que les pleurs.
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"Voilà qui a beaucoup de duende"
(Théorie et jeu du "duende", conférence, 1930)
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A MERCEDES ENVOLEE (Sonnets)
Violon de froide lumière figée
tu fuis déjà vers les rocs de l'azur,
voix sans gosier, voix doucement obscure
chantant partout sans jamais résonner.

Ton souvenir est de neige écroulée
dans la gloire sans fin des blancheurs pures.
Ton profil est sans trêve une brûlure
ton coeur une colombe déliée.

Elle chante dans l'air, libre de chaîne,
la matinale et tendre mélodie,
douleur de lys et comble de lumière.

Nous cependant, ici-bas, jour et nuit,
nous te ferons aux croisées de la peine
une guirlande de mélancolie.
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Chant funèbre pour Ignatio Sanchez Mejias
LE SANG REPANDU

Je ne veux pas le voir !

Dis à la lune de venir,
Je ne veux pas voir le sang
d’Ignacio sur le sable,
Je ne veux pas le voir !

La lune grande ouverte,
Cheval de nuages calmes,
et grise plaza du songe
avec des saules aux barrières.

Je ne veux pas le voir !
Mon souvenir se brûle.
Prévenez les jasmins
à la blancheur petite !

Et son sang vient en chantant (…)
Oh, mur blanc d’Espagne !
Oh, noir taureau de douleur !
Oh, sang dur d’Ignatio !
Oh, rossignol de ses veines !
Non,
Je ne veux pas le voir !
Il n’est pas de calice qui le contienne,
Pas d’hirondelles qui le boivent,
ni givre de lumière qui le refroidisse,
ni chant, ni délice de lis,
ni cristal qui le recouvre d’argent.
Non.
Je ne veux pas le voir !
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LUNE ET PANORAMA DES INSECTES
(poème d'amour)

La lune sur la mer se joue,
dans la voile gémit le vent
qui soulève si doucement
Les vagues d'argent et d'azur.
Espronceda.


Mon cœur aurait la forme d'un soulier
si chaque village avait une sirène.
Mais la nuit est interminable quand elle s'appuie sur les
malades
et il y a des bateaux qui veulent qu'on les regarde pour
pouvoir sombrer tranquilles.

Si l'air souffle doucement
mon cœur a la forme d'une petite fille.
Si l'air refuse de sortir des cannaies
mon cœur a la forme d'une millénaire bouse de taureau.

Voguer, voguer, voguer, voguer,
vers le bataillons aux pointes inégales,
vers un paysage de guets pulvérisés.
Nuit égale de la neige, des systèmes suspendus.
Et la lune.

La lune!
Mais non, pas la lune.
Le renard des tavernes,
la coq japonais qui s'est mangé les yeux,
les herbes mastiquées….

p.104
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CASIDA DE LA MAIN IMPOSSIBLE
Je ne veux rien qu'une main,
qu'une main blessée, s'il se peut.
Je ne veux rien qu'une main,
même si mille nuits je n'avais pas de lit.

Elle serait un lis pâle de chaux,
elle serait une colombe amarrée à mon coeur,
elle serait le gardien qui la nuit de ma mort
interdirait absolument à la lune d'entrer.
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