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Vieil auditeur de France Inter (quoiqu'un peu moins assidu ces dernières années), je ne découvre pas Jérôme Garcin ici… Néanmoins, je découvre une plume que je n'imaginais pas à l'écoute du « Masque et le plume ». Une belle plume : précise, un peu précieuse … d'une préciosité qui sied parfaitement au XVIII ème siècle dont le malheureux rédacteur fut une victime.

Marie-Jean Hérault de Séchelles, c'est de lui dont il s'agit écrit à son amour du fond de sa prison. Nous sommes en 1794 et la Terreur bat son plein. Il sera condamné, il le sait, pour « complicité avec les ennemis de la République » ; et guillotiné …
Marie-Jean Hérault de Séchelles dont le nom n'est sans doute connu que des spécialistes de la Révolution Française, qui fut exécuté ce 05 avril 1794 en compagnie de Danton, Desmoulins, Fabre d'Eglantine

Indépendamment du témoignage historique soigneusement documenté, il s'agit de décrire la folle ascension d'un jeune homme prêt à tout pour conquérir pouvoir et femmes.
Prêt à tout pour accéder au pouvoir au point se mettre, dans un premier temps sous la protection de Marie Antoinette.
Prêt à tout, jusqu' à s'adjoindre les conseils d'une « comédienne » pour acquérir les ficelles du paraître et de la rhétorique, afin de briller dans les salons et auprès des femmes.
En plus d'être jeune et beau …
Et dont la chute sera aussi spectaculaire que l'ascension.
Une belle lecture due à la prose de Jérôme Garcin et malgré l'ambiance sordide d'un texte du genre « dernier jour d'un condamné » qui n'engendre pas la gaieté.
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Superbe !
Dans un pur style du XVIIIe siècle, un roman historique qui retrace la vie de Marie-Jean Hérault de Séchelles, conventionnel et membre du comité de salut public.
Ecrit sous forme de confessions, le roman nous permet d'être proche de Hérault.
Comme écrit Manceron, toutes les fées se sont penchées sur le berceau de Hérault de Séchelles : beau, intelligent, riche, nommé avocat au Châtelet de Paris à l'âge de dix-huit ans !
Personnage plein de contradictions, empli d'une langueur romantique, il m'a émue et ce livre m'a donné envie d'en savoir plus sur cet homme qui disait avant son arrestation :
"De sinistres présages me menacent, je veux me hâter de vivre, et lorsqu'ils l'arracheront de la vie, ils croiront tuer un homme de trente-deux ans : eh bien ! J'en aurais quatre-vingts, car je veux vivre en un jour pour dix années."
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En 1794, au plus fort de la Terreur, Marie-Jean Hérault de Séchelles attend son exécution demandée par Saint-Just. Il écrit à la femme qu'il aime peut-être le seul écrit sincère de son existence. C'est l'occasion de revenir sur sa vie et son parcours politique. Personnage pas vraiment sympathique mais complexe et que sa lucidité rend néanmoins attachant. "J'avais les défauts d'un homme qui s'est préféré" écrit-il. Il a au départ toutes les qualités pour réussir en politique. Riche, grand, beau, orateur, cynique et hypocrite que les scrupules n'étouffent pas. Il plait aux femmes, à Marie Antoinette notamment qu'il trahira comme il trahira sa famille et ses amis. Membre du Comité de Salut Public, Il cautionne les débuts de la Terreur, les massacres de Septembre, les noyades de Carrier à Nantes par lâcheté et incompréhension. Il a cette phrase terrible "Nous serons humains quand nous serons assurés d'être vainqueurs"
Encore un personnage secondaire, sorti de l'oubli par Jérôme Garcin, mort jeune (mais 35 ans sous la Terreur, c'est déjà presque vieux) dans une langue au style soutenu, travaillé dans le style du XVIIIème siècle. Des passages magnifiques : Mme de Sainte-Aramanthe à cheval, lettre de sa fille, témoignage extraordinaire d'amour filial.
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N°688– Octobre 2013.
C'ÉTAIT TOUS LES JOURS TEMPÊTEJérôme GARCIN – Gallimard.

Qui est ce Marie-Jean Hérault de Séchelles[1759-1794] qui va mourir à 35 ans, sous le couperet de la Révolution et qui le sait ? Quoiqu'il en soit, il écrit depuis sa prison parisienne une lettre enflammée à sa dernière maîtresse, Mme de Sainte-Armaranthe, pour lui redire son amour passionné. Il s'y confesse et ce qu'il dit le décrit comme un jouisseur passant du lit des soubrettes à celui des dames de la Cour (Et peut-être de la Reine?) en n'oubliant pas la cellule des moniales et les nombreuses chambres où officient les prostituées. Selon ses dires, Mme de Sainte-Armaranthe aurait eu le pouvoir de corriger chez lui« Une orgueilleuse frivolité où passait, dans le mépris des autres, le dégoût de [lui]». Désormais sans avenir, il s'accroche à son passé « comme [à son] dernier trésor ».

La Révolution qu'il a pourtant servie avec zèle, par ambition et par opportunisme, va l'exécuter, mais il poursuivait un but qui maintenant lui échappe. II faut croire que l'imminence du supplice favorise le repentir puisqu'il lui avoue une de ses tromperies, nombreuses sans doute, s'accuse d'être orgueilleux, hypocrite et machiavélique avoue la certitude qu'il mourrait jeune et insatisfait, lui qui voulait surtout réussir, et vite ! Ainsi il fit de bonne heure ce qu'il fallait pour être célèbre et se révéla, sous l'ancien régime, perfide voire manoeuvrier, flagorneur et prétentieux à l'occasion, et dut beaucoup de sa bonne fortune aux femmes. Avocat Général au Parlement à à peine 30 ans (ce qui ne l'empêcha pas de participer à la prise de la Bastille ni de s'insurger contre les conséquences de la nuit du 4 août sur son patrimoine personnel), il fut un homme d'influence, de pouvoir sinon de lettres mais il fut surtout un homme d'alcôves ce qui n'était pas la moindre de ses contradictions. Il devint en effet député républicain de Paris et même président de l'Assemblée, rédacteur de la Déclaration des Droits de l'homme, vota la mort de roi et même celle de Marie-Antoinette qui fut sa protectrice. Il avait en effet cette étonnante faculté de vouloir faire du mal à ceux qui lui voulaient du bien ! Lui dont la noblesse remontait à 1390 fut, sous le Révolution qu'il servit avec cynisme et dans l'horreur, le bourreau de l'aristocratie à laquelle pourtant il appartenait, trahissant ainsi sa caste et ses origines au nom de son ambition. Il fut peut-être plein d'illusions révolutionnaires [« Et pourtant, malgré mes postures et mes impostures, mes petits calculs et mes grandes prétentions, mes infimes courages et mes vraies lâchetés, mes enfantillages, mes contradictions, mes foucades, j'y ai cru à cette Révolution, cette folie, cette effrayante et magnifique machine conçue par des mains anonymes pour fabriquer du progrès »] mais reste le complice des assassinats perpétrés par la Terreur. Pourtant ce talentueux jeune homme, trop brillant sans doute pour les temps si troublés de la Terreur, trop arriviste et probablement trop oublieux de ses origines finit par être suspect et sûrement davantage jalousé. Il n'allait pas tarder à tomber dans le piège tendu avec, au bout du chemin l'inquiétante ombre de la guillotine. Lui qui avait baigné dans la culture classique, qui avait été l'élève des oratoriens oublia peut-être un des préceptes qui lui fut enseigné selon lequel « La roche Tarpéienne est proche du Capitole ».

Dans une ultime correspondance toujours adressée à Mme de Sainte-Amaranthe, Marie-Jean Hérault s'estime victime d'une injustice, fait l'amère constatation de l'ingratitude humaine autant que de sa lâcheté. La proximité de la mort réveille en lui des souvenirs amoureux et poétiques à l'endroit de sa maîtresse [« Ce sont des pelures de l'amour » écrit-il, parlant des crocus qu'elle avait cueillis et qui avaient séché entre les pages de son livre]. Sentant venir la mort et le couperet, il devient fataliste un peu comme si, mourir jeune était soudain devenu une chose acceptable. Il ne recevra évidemment aucune réponse à sa longue lettre mais elle parviendra à sa destinataire sans qu'il le sache. Cette dernière, sans pouvoir lui répondre puisqu'il est déjà mort, en écrivant à sa fille, fait écho à cet amour que son amant vient de lui déclarer autant qu'elle répond à la missive qu'Émilie fit jadis parvenir à Hérault. Ces deux correspondances croisées illustrent sans doute cet amour partagé puisque dans cette confession où il se décrit pour elle sans complaisance est ressentie par cette femme « comme un ultime gage d'amour » qu'elle gardera « dans le tiroir central de (son) bonheur-du-jour en marqueterie, celui où (elle) range tous (ses) regrets et qui sent l'orange ».

Jérôme Garcin nous offre aussi des évocations équestres à la fois techniques et esthétiques, explore avec ce livre où la fiction rejoint l'histoire une vie qui aurait pu être brillante mais qui fut brutalement interrompue. Marie-Jean Hérault de Séchelles ne fut pas le seul, en cette période troublée, à renier ses origines et à contribuer de bonne foi ou pour sauver sa vie au changement de la société, pour autant, je ne sais pas pourquoi, j'ai du mal à éprouver de la sympathie pour lui. J'imagine que s'il avait vécu, il aurait sans doute repris sa vie de Don Juan, aurait oublié Mme de Sainte-Amaranthe, aurait joué un rôle politique où le cynisme l'eût disputé à l'arrivisme. Mais son destin s'est arrêté brutalement, le sort (ou Dieu, selon qu'on y croit ou pas) lui a été contraire, son parcours a pris une autre voie, s'est heurtée à l'échafaud de la Terreur. Reste l'histoire de cette passion amoureuse qui peut nous émouvoir ou nous révolter. Elle illustre la condition humaine qui fait de nous les usufruitiers de notre propre vie.

Depuis quelques temps j'explore et découvre avec plaisir l'oeuvre de Jérôme Garcin. C'est toujours agréable de lire un de ses romans qui allient le bien écrire, la poésie à des touches d'humour subtil. C'est pour moi un bon moment de lecture.





© Hervé GAUTIER - Octobre 2013 - http://hervegautier.e-monsite.com
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Tout le souffle historique de la révolution. Toute la lucidité d'un héritier de Machiavel et de Gracian. Marie-Jean Hérault de Séchelles se jette dans les flots de l'Histoire et y trouve sa perte. Jérôme Garcin prête sa plume à cette confession. Des pages magnifiques pour un roman court, intense, brillant.
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La charmante biographie d'un acteur important de la Révolution, Hérault de Séchelles, qui présente sur plus sur l'amour et la volupté que sur la Terreur et ses massacres. Ces confessions d'un noble élégant et sensuel mettent le désir au coeur, le désir de plaire aux autres mais d'abord à soi-même. La politique apparaît comme un théâtre, où il faut être beau parleur et bien présenter plutôt qu'avoir un talent réel. Et pour échapper à ses bassesses, le Narrateur se réfugie dans l'amour des femmes et dans la possession des cheveux.
Les grandes figures de la Révolution - Danton, Saint-Just, Robespierre, la guillotine elle-même - ne sont qu'évanescents. Cette oeuvre est donc moins un roman historique qu'une déclaration d'amour portée par une jolie langue évoquant le charme du XVIIIème siècle.
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Dans un style rappelant le XVIIIème siècle mais sans tourner à la démonstration, Jérôme Garcin, très inspiré nous dresse l'autoportrait d'un ambitieux cynique. Marie-Jean Hérault de Séchelle a le sentiment qu'il va mourir jeune ; aussi s'emploie-t-il à réussir avant l'ultime échéance : cours de théâtre et de diction pour entrer en politique, écrivain parce que cela lui apporte une notoriété chez ces dames qui se succèdent dans son lit, renoncements à soutenir les gens de sa caste... le problème, c'est que ce récit ne se déroule pas aujourd'hui où le pire danger serait de se retrouver dans les pages de "Voici", mais pendant la Révolution française et la Terreur. Et notre citoyen a un trou dans sa carapace : il est amoureux pour la première fois...
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Pour moi Jérôme Garcin c'est le Masque et la Plume, autant dire une voix que je connais bien et dont j'apprécie la bienveillance, l'intelligence et l'humour.
Aussi ma curiosité a été piquée en croisant ce livre au titre mystérieux sur l'étal d'un bouquiniste. Et je ne regrette pas ma curiosité !

Ce livre est une plongée dans la Révolution française au côté d'un personnage Marie-Jean Hérault de Séchelles qui me semble oublié des manuels d'histoire. Un personnage à qui Jérôme Garcin rend justice. L'écriture prend des tournures du siècle des Lumières et nous transporte jusque sur l'échafaud. C'est très beau, la violence de la Révolution nous est transmise par la plume d'un condamné qui en attendant la guillotine retrace son parcours sans complaisance sur la personne qu'il a été pour la femme qu'il a aimé.
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Il est bon de se rappeler que Jérôme Garcin, animateur du célèbre "Masque et la Plume" depuis 30 ans, est au départ journaliste et écrivain. Avec ce roman, l'auteur s'applique à imaginer les confessions d'un personnage oublié de la Révolution, Marie-Jean Hérault de Séchelles, rédacteur entre autres de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Influencé tant par les Confessions de Rousseau que par les Liaisons dangereuses, Garcin retrace avec une certaine ironie, la carrière de cet ambitieux, noble juriste qui a épousé la cause révolutionnaire plus par volonté de plaire, arrivisme et opportunisme que par profonde adhésion. Ce court roman nous fait traverser, avec vivacité et esprit, la période tempétueuse de la Révolution sous le regard caustique d'un maître de la rhétorique, soudain conscient de sa chute inexorable, vaincu par les prémices des sentiments et l'aveuglement face aux faux semblants, tiraillé entre les vents orageux et versatiles de l'histoire, incapable de faire concorder conviction et art du paraître. Comme souvent chez Garcin, la figure équestre reviendra en fil rouge, apportant une stabilité temporaire face au tumulte des idéaux et des ambitions humaines.
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Un chef oeuvre!
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