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EAN : 9782070412310
192 pages
Gallimard (15/03/2000)
3.9/5   115 notes
Résumé :
"Mon père est mort d'une chute de cheval le samedi 21 avril 1973, veille de Pâques, dans l'insoucieuse et très civilisée forêt de Rambouillet. Il avait quarante-cinq ans, j'allais en avoir dix-sept. Nous ne vieillirons pas ensemble."
Longtemps après l'accident, Jérôme Garcin sacrifie lui aussi à cette passion pour le cheval qui coûta la vie à son père, éditeur et critique. Dans un récit où il place l'art équestre à la hauteur d'un exercice de style et établi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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La chute de cheval qui hante la mémoire de Jérome Garcin est celle de son père, Directeur des services littéraires des PUF, mort au galop le 21 avril 1973. Tragédie qui éloigne l'auteur de l'équitation durant 20 ans, mais après son mariage avec la fille du comédien Gérard Philippe, leurs trois enfants lui remettent le pied à l'étrier et depuis lors c'est à cheval qu'il parcourt le Pays d'Auge et qu'il écrit sa passion de l'art équestre et de la Normandie tout en songeant au destin de ses proches … « mes fragiles »

Une autre victime du cheval est Théodore Géricault, mort à 33 ans en 1824 et la chute de ce romantique introduit la seconde bataille d'Hernani qui oppose en 1842 deux écoles, celle du comte Antoine d'Aure qui incarne la tradition, et celle de François Baucher. Bataille arbitrée par un cheval nommé Géricault : « En grand uniforme, le sabre au côté et le bicorne à la main (toujours cette tenace envie de séduire les militaires !), François Baucher fit son entrée en musique et, sans que Géricault manifestât la moindre résistance, se lança sur la piste circulaire dans « un galop coulant » pour offrir au Tout-Paris ébaubi une voluptueuse série de pirouettes appuyers et changements de pied. Au salut final, les d'auristes quittèrent le Cirque en piteux état et, pendant que l'orchestre jouait La Parisienne, Baucher fût ovationné par la foule qui consacrait ainsi la victoire des libéraux et des romantiques sur « les perruques ». Théophile Gautier pleurait de joie. Par superstition et pour I'occasion, il avait revêtu le gilet rose qu'il portait, douze ans plus tôt, à la création d'Hernani. Baucher venait de libérer l'équitation comme Hugo, le vers dramatique. »

Jérôme Garcin évoque les grandes figures qui ont marqué l'histoire de l'équitation et ces pages combleront les cavaliers mais il évoque aussi les écrivains et particulièrement « Le cavalier pressé », Paul Morand, qui monta jusqu'à ses quatre-vingts ans et publia deux ouvrages mémorables, un roman Milady en 1944 et une « anthologie de la littérature équestre » en 1966. « Dans cette magnifique anthologie, inaccessible aux piétons ordinaires, illisible pour qui ne s'est jamais risqué à effectuer, à cheval, des figures de haute école et n'a jamais connu le presque indescriptible bonheur d'y parvenir, Paul Morand néglige les écrivains, fors Montaigne, Corbière et lui-même, avec un extrait de sa chère Milady. Cela prouve que si l'académicien se méfiait de ses pairs, il ne se détestait point. Cela témoigne surtout de la seule ambition qu'avait le fier retraité de Vevey, étranger à la patrie des gens de lettres, celle d'appartenir à la phratrie des écuyers, cette Olympe imaginaire où se donne, sans états d'âme, tous jeux d'orgue sortis, la reprise des dieux. »

Et l'animateur du Masque et la Plume conclut : « J'aime, le soir venu (…) parmi mes vieux livres retrouvés, cette manière de retraite qui prolonge la haute solitude des randonnées à cheval, des excursions entre ciel et terre : ce sont des pèlerinages sans but, sans lieu saint et sans pénitence, où l'on entend pourtant chanter, venues de nulle part, les voix de ceux qu'on a aimés et où l'on voit danser, entre les arbres, les rêves que l'on n'a pas accomplis, sauf celui de galoper, de galoper plus vite que le temps qui passe. »

J'ai beaucoup apprécié ces pages émouvantes et instructives qui donnent envie de poursuivre la promenade littéraire en sa compagnie.

PS : le Voyant
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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C'est pour son auteur et son thème que j'ai choisi ce livre. Son auteur, c'est Jérôme Garcin, l'animateur et le producteur (je crois) du Masque et la Plume, mon émission littéraire préférée. Pas que je me fie complètement à leurs avis, souvent trop parisiens et élitistes pour moi, mais leur ironie fine autant que leurs blagues potaches m'amusent beaucoup. Son thème, c'est l'équitation, que j'ai un peu pratiquée quand j'étais enfant, et beaucoup récemment.

Je n'avais donc pas d'attentes particulières en commençant ma lecture, et ai été enchantée de découvrir un contenu et un style riches et réjouissants. Jérôme Garcin écrit un peu comme il parle, posément, avec bienveillance, toujours le mot juste, dans de belles phrases littéraires mais pas prétentieuses. Il réalise un magnifique pêle-mêle sur son animal fétiche, avec des passages sur l'histoire tragique de sa famille, des explications érudites sur les différentes écoles d'équitation, et le récit de certaines émotions qu'il a ressenties à cheval...

En un mot comme en cent, c'est un bon livre, pour les férus d'équitation ou 'juste' de belles phrases.
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Bien que n'étant pas à l'aise avec les chevaux, je trouve le livre de Jérôme Garcin bouleversant et riche d'informations commentées. Je n'ai pas trouvé le livre ennuyeux, et je ne me suis pas senti exclu de ne pas partager sa passion.
Si pour Jérôme Garcin , ce livre est une nécessité , pour un lecteur lambda ( comme moi-même) peut avec ce livre comprendre comment l'équitation devient partie intégrante d'une vie :
- Quand Jérôme Garcin parle de sa vie, de son père , son frère , sa femme, ses enfants et des chevaux qui l'ont transporté.
- Quand Jérôme Garcin évoque les grands cavaliers
Ce livre a changé ma vision des cavaliers.

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Bien que n'ayant aucune sensibilité particulière pour les chevaux, j'ai apprécié ce livre car savouré la plume de Jérôme Garcin, comme à chaque fois d'ailleurs.
Un beau vocabulaire me faisant parfois recourir au dictionnaire (prétérition, pancrace, prosodie, aller de l'amble…..) et des tas de références littéraires, picturales, cinématographiques, historiques, ayant toutes trait au cheval.
Un court livre, mais tellement riche.
Voilà quelqu'un qui sait écrire !
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Ce n'est pas vraiment un roman mais plutôt une ode à ce noble animal, le cheval.
Sous la plume de Jérôme Garcin, le moindre mot devient une douceur, une poésie à lui tout seul.
La chute de cheval, fait référence à la mort tragique de son père qui mordu d'équitation finit sa courte vie lors d'une promenade à cheval. On ne sait pas si la chute fut la conséquence de sa fin ou pas (malaise, etc)
Chaque chapitre nous conte le monde de l'équitation, mais aussi l'amour que porte l'auteur à cet animal. Bien sûr, il nous parle des grands de ce monde, sans oublier le fabuleux Bartabas dont j'ai lu le roman du même titre et du même auteur que je garde comme une référence suprême.

L'auteur nous évoque également la mort de son jumeau Olivier, dont il a écrit par la suite un livre du même titre.
Il est évident que les néophytes en équitation auront un peu de mal à se sentir à l'aise avec tout le vocabulaire bien approprié, mais ça leur donnera une autre vision du monde du cheval. Loin des centres équestres guindés ou bas de gamme, le cheval reste avant tout un animal fabuleux que je vous invite à découvrir à travers ce livre notamment, car qui mieux que Jérôme Garcin peut nous faire rêver avec son style si particulier et sa grande connaissance de l'équidé.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
En librairie et en bibliothèque, je me promène d'abord dans l'hippothèque, feuillette avec émotion les méthodes d'écuyers de la glorieuse Académie de Naples, des Écuries du Roi, les manuels d'officiers, les cahiers de vétérinaires et tous ces traités illustrés de gravures savantes dont la prose est, avec les aphorismes du XVIIIe siècle, la meilleure leçon de style.

Le dernier de ces maîtres, disparu en 1989, fut Nuno Oliveira. Il n'avait pas le profil étique et métallique à quoi, d'ordinaire, l'on reconnaît les écuyers de Saumur. Les photos de son âge mur montrent plutôt un homme fort, au cou taurin, aux épaules de portefaix et dont la tête de pénitent s'inclinait comme à l'instant de la prière. Il pesait, de toute sa masse immobile, sur des chevaux gracieux chez lesquels il semblait avoir réveilléle désir de légèreté, le plaisir de bondir, le bonheur de s'arrondir, le devoir de politesse. Une statue de marbre glissant sur l'eau d'un lac.
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Pendant l'hiver de 1873 le général L'Hotte rend visite à son maître Baucher, qui agonise chez lui, rue Amelot. Cela fait quinze jours que le fondateur de toute l'équitation moderne, étendu sur son lit, ne mange plus. Le génie est presque aveugle. Ses jambes, blessées vingt ans plus tôt, le font atrocement souffrir. Sa voix est très faible. L’Hotte s'approche de ses lèvres épuisées.

Baucher lui murmure : « Travaillez le bridon avec suite, vous verrez qu'il est plein de bonnes choses. Que la résistance soit en haut, en bas, à droite, à gauche, partout le bridon donne le moyen de la dominer. Le bridon, c'est si beau ! »

A cet instant, Baucher prend la main de son élève, la main de bride, il l'immobilise dans la bonne position, dit : « Rappelez-vous toujours ça », puis il la rapproche de sa poitrine et ajoute : « Jamais ça ! »

Un cavalier paralysé qui va mourir et trouve en lui assez d'énergie pour faire, une dernière fois, l'éloge du bridon est fin prêt à galoper jusqu'au ciel. Ce n'est plus une balade, c'est un emballement. Le dernier.
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Trois accidents successifs vont condamner Géricault. Au printemps de 1822, allant visiter une fabrique de pierres artificielles à Montmartre, il tombe de son cheval qui a fait un écart devant une barrière fermée. Il est blessé à l'épine dorsale. Dumas, qui est romancier, appelle sa maladie « la carie des vertèbres ». Un abcès se forme. Géricault continue, bravant la torture, à monter à cheval. Et puis, au cours d'une excursion en forêt de Fontainebleau, son cabriolet se renverse : altier, opiniâtre, il finit la route en selle mais, gêné par son abcès, veut lui-même l'inciser. Enfin, galopant au Champ-de-Mars, il percute un autre cavalier et il est ramassé et, l'abcès désormais ouvert et purulent. L'homme qu'on transporte dans sa chambre de la Nouvelle Athènes n'est plus que l'ombre portée de lui-même. Au mur sont accrochés des études de chevaux ainsi qu'un Christ au tombeau.
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J'ai passé mon adolescence à me chercher dans le regard de mon père ; je m'observe aujourd'hui dans les yeux de mes enfants, Gabriel, Jeanne et Clément. Ils voltigent sur des haflingers aux croupes caramel et aux crinières sable avec une élasticité d'acrobates, sautent sur des pur-sang des barres plus hautes qu'eux, taquinent, sur l'herbe rase, des balles de polo en bois blanc avec des maillets argentins, galopent à cru, des heures rieuses durant, sur les sentiers bordés de mûriers du pays d'Auge, pansent et nourrissent, au paddock, leurs astucieux shetlands, concourent, randonnent, bivouaquent, sans toujours comprendre qu'on puisse vivre ailleurs et autrement que sur un cheval.

Ce sont les petits héritiers d'un monde d'avant la télévision, où, plutôt que d'en être les spectateurs ébaubis, les filles et les garçons apprenaient, en pleine nature, le courage, la maîtrise de soi et la volupté.
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Milady est le chef-d'œuvre de Paul Morand. Solitaire assoupli par les chancelleries, il l’a rédigé d'une traite, pendant l'été 1935, à Saumur puis à Villeffranche-sur-Mer. Dans cette longue nouvelle, le commandant Gardefort (auquel Nourissier a dû penser, en dessinant, cinquante ans plus tard, la figure blessée de Vachaud d'Arcole) est un ancien écuyer du Cadre noir qui a tout sacrifié à sa passion et à la carrière. À côté de lui, Alceste est un philanthrope. Humiliée de se voir préférer les quadrupèdes aux robes peu variées, sa femme l’a d'ailleurs quitté. Gardefort l’a remplacée par Milady, une jument sans grâce, refusée aux dépôts de remonte, mais qu'il aime à la folie - « Ce n'est pas une liaison, c'est ma raison de vivre » - et qu'il a travaillée, pétrie, adorée, jusqu'à métamorphoser l'animal « terne et mal gauchi » en admirable danseuse aux pieds ailés : « Chaque jour commençait dans l'espièglerie, dans la ruse et se continuait dans la rage, pour se terminer dans une sorte de pâmoison soumise. »
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Vidéo de Jérôme Garcin
Jérôme Garcin vous présente son ouvrage "Écrire et dire : entretiens avec Caroline Broué" aux éditions des Équateurs. Entretien avec Jean-Claude Raspiengeas.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3002979/jerome-garcin-ecrire-et-dire-entretiens-avec-caroline-broue
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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