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EAN : 9782370553751
128 pages
Le Tripode (14/09/2023)
4.29/5   57 notes
Résumé :
Un récit grave, lumineux, habité par l'amour entre une mère et sa fille. Que faire quand le monde s'écroule et que la vie demeure ? Sabine Garrigues raconte la brutalité de la mort, le manque, la réinvention de soi. Les mots, émancipés des majuscules et de toute ponctuation, disent l'insoutenable absence, mais aussi la beauté d'un monde qui comprend le vide et la douleur : " la mort nourrit la vie / avant je ne le savais pas / maintenant je le sais ".
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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�hronique🌾

Maintenant je sais
Même si évidemment
Rien n'est su
Je sais que certains « avant »
Vont faire mal certains « après »
Pire encore
Et le grand écart se fera
Toujours encore plus éloquent
Entre la beauté et la mort

Maintenant je sais
Même si rien ne va plus se dire
Quand le drame s'invite
Quel mot va bien retenir
Quelle phrase va laisser aller
La douleur le manque et le foudroiement
Il n'est pas de monde où le réel est
Ce sang perdu cette balle traversante
Il n'est pas de place pour cette succession
De larmes et de courses contre la mort
Personne ne devrait avoir à vivre ça
Personne ne devrait enlever une fille à sa mère
Quel est ce monde où ce réel tue le lien serré

Maintenant je sais
Même si rien ne me préparait
Je sais la déflagration le vide
L'errance la tristesse la tension
Le trou dans le coeur d'une mère
Ce journal d'une mère d'une fille morte
Gratte garde marque laboure l'âme
Alors puisque je suis mère combien
Ce texte ô va encore me hanter
Du fond de mon ventre comme
J'ai ce Vertige qui va et vient
Sous les vagues de tristesse
Si ce n'est le beau qu'est-ce qui
Me retient ainsi dans ces pages?

Maintenant je ne sais plus
Puisque Rien n'est su
Même si la date est connue
Rien n'est plus pareil depuis
Ce fameux concert au Bataclan
Un froid se lève les cris reviennent
Comme des mots d'une force inouïe
Attentat-Terrorisme-Tuerie-mort
Je ne connais presque rien
De ces histoires de violences
Je revis un cauchemar
Mais dans le sang d'une autre
J'entends le reflux le souffle la pensée
Et j'admire le beau de sa poésie
Le beau pour s'ancrer le beau pour pallier
Le beau pour surmonter le beau le beau
Le beau pour le passage d'une évidence
À l'autre le beau le beau de la résilience

Maintenant je ne sais pas tout à fait
Si Rien n'est su
Si rien n'est connu
Mais en revanche ce que je sais
C'est que le rouge et le bleu sont mélangés
Qu'il existe de nouvelles extases en vert
Que mon coeur ne va pas se remettre
De ce tissage entre beauté et mort
Parce qu'il aura tout eu en un coup
L'émerveillement et le choc fatal
Mais il est évident que la lecture
De ce Rien n'est su aura mis des couleurs
Au-dedans de mes sens laissant
Un coup de coeur beau beau beau
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Une fenêtre se referme pour étouffer ce bruit qui ressemble à un feu d'artifice.

Et puis tout s'écroule, son fils revient seul de ce concert au Bataclan en ce soir de novembre 2015. Il y était avec sa soeur Suzon.
Suzon désormais figée dans la beauté éternelle de ses 20 ans.

Cette nuit tragique nous la revivons à travers les yeux d'une mère, dans une course effrénée dans les rues de Paris à la recherche d'une information qui sera finalement une confirmation de ce qu'elle avait déjà compris dans le regard de son fils.

Basculer, se souvenir, comprendre, continuer.

C'est un récit bouleversant que nous transmet Sabine Garrigues avec ce texte poétique, d'une beauté brute, dépourvu de fioriture et qui nous touche sans détour car c'est ainsi que les émotions nous atteignent, de façon directe, telle une flèche en plein coeur.

Un texte qui déchire autant qu'il réconforte par cet amour qui subsiste au-delà des frontières de l'existence et par cette force d'apprendre à aimer la vie dans sa réalité.

« la mort nourrit la vie.
avant je ne le savais pas.
maintenant je le sais. »
sabine garrigues
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« rien n'est su
rien n'est connu
rien n'est
mais tout est si évident
tout résonne d'un temps si différent si vivant »
.
Ce court récit est une longue lettre pour conjurer un deuil impossible, le cri de douleur inextinguible d'une mère, une déclaration d'amour infini à une fille au destin fracassé.
Suzon avait 21 ans et la vie devant elle. Dans ce long monologue, Sabine Garrigues s'adresse à elle, morte le 13 septembre 2015 sous les balles des cw terroristes du Bataclan. Comme une incantation, sans ponctuation, sans majuscule, sans aucune fioriture qui viendrait la détourner de l'ampleur de sa douleur, commue pour aller à l'essentiel pour lui dire encore et toujours l'immensité de son amour et la difficulté à survivre.
Le sujet est grave, poignant. Il peut paraitre effrayant et pourtant ce livre est lumineux. On le referme avec en soi une étonnante force de vie et une admiration sans borne pour cette mère au courage incroyable. Je l'ai lu d'une traite, en apnée, m'imprégnant de chaque vers, savourant chaque mot, faisant mienne cette douleur, impressionnée par le combat pour la vie face à cette insoutenable absence.
Un texte dont il est difficile de parler mais qui doit être lu. « la mort nourrit la vie
je ne le savais pas
maintenant je le sais »
Trois vers qui resteront longtemps gravés en moi.
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Un récit poignant sur l'amour d'une mère qui ne cessera jamais pour sa fille, victime des terroristes du Bataclan en 2015. J'ai eu du mal à retenir mes larmes tant les mots choisis pour décrire l'indicible sont beaux et touchants. Un livre qui ne laissera aucune mère insensible. Courage Madame.
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Superbe ouvrage découvert un peu par hasard lors du Festival du Livre de Mouans-Sartoux. La thématique n'a au départ rien de bien joyeux : la perte d'une fille de vingt ans lors des attentats du Bataclan. le long monologue de Sabine Garrigues est certes un cri d'épouvante d'une mère éplorée, mais il est aussi un hymne à la beauté, à la vie, à cette vie qui continue pour elle et son fils, survivant de la tragédie. « La mort nourrit la vie. Avant je ne le savais pas, maintenant, je le sais », écrit-elle en exergue de son ouvrage .
Le récit est poignant, le livre se lit d'une traite. Il se lit avec d'autant plus d'intérêt que l'ensemble, dénué de toute ponctuation et de toute majuscule, ne peut qu'émouvoir le lecteur qui découvre une sorte de poème en vers libre, style qui n'est pas sans rappeler celui de Joseph Pontus dans son roman A la ligne.
Merci au festival du livre de Mouans-Sartoux et aux entretiens menés avec les auteurs pour cette découverte.
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critiques presse (1)
Actualitte
20 octobre 2023
Après la mort de sa fille Suzon au Bataclan, Sabine Garrigues s’est réfugiée dans l’écriture. "Rien n’est su" est son premier recueil de poèmes, d’abord adapté en pièce radiophonique et aujourd’hui publié par les éditions Le Tripode, qui tient sa force d’une plume éminemment belle et vivante.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
il y aura toujours ces corps laissés là
sur le sol de cette salle de concert
Suzon
ce presque double de toi
qui s’est envolée par la cheminée de ce bâtiment
bariolé
emportant cet enfant que tu étais encore un peu
la culpabilité sourde
le poids de la peur que je manifeste dès que tu es
loin de moi
la peur qui m’habite quand tu t’envoles toi aussi
dans d’autres sphères
la vie n’est elle faite que de cela ?
du poids des choses ?
je n’ai rien de mieux à t’offrir
mais ça me semble une quête juste
alors
vogue mon trésor
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il y a cette balle qui traverse ton front
puis ton corps qui monte comme au bûcher
le feu va dégommer toutes tes petites cellules
cette peau douce cette taille si fine cette robe
verte à fleurs qui soulignait ta féminité
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la vie c'est nous
on ne peut pas s'en extraire
et la force peut se puiser dans la mort
alors on se penche sur sa plaie béante
celle qu'on n'a pas encore osé regarder
et c'est elle qu'on va aller lécher
ce sang qui coule de nous
ce lait maternel
que la mort a généré
c'est lui-même qui va nous nourrir au fond
de cette grotte
on reconsidère tout
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tout parce que je sens la force de la vie depuis
que tu as pris le chemin du bûcher j'ai envie
de bouffer chaque seconde
de chercher frénétiquement le secret de ceci
cette force dans la fin
la force quand ça s'arrête tout ça
quand on croit que ça s'arrête
mais que ça ne fait qu'ouvrir une fenêtre
que ça ne fait que commencer
commencer quoi ?

rien n'est su
rien n'est connu
rien n'est
mais tout est évident
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Ce soir je serais allée chercher la vie dans un bar
rentrer avec un homme pris dans un bar pour
qu'il me gicle la vie
aller chercher cette force-là dans l'énergie
du corps inconnu et muet d'un homme
et me laisser choir sur mes draps
non
retrouver au contraire la mémoire
le beau
des repères immuable
c'est ça la rampe
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Video de Sabine Garrigues (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sabine Garrigues
"J'entre ici en perdante. Je sais que les mots ne pourront rien. Je sais qu'ils n'auront aucune action sur mon chagrin, comme le reste de la littérature. Je ne dis pas qu'elle est inutile, je dis qu'elle ne console pas." C'est ainsi que débute Inconsolable, le livre que nous explorons au cours de cet épisode.
À travers un récit porté par une narratrice confrontée à la mort de son père et qui scrute, au quotidien, la douleur, la tristesse, le monde qui n'est plus le même et la vie qui revient malgré tout, son autrice, la philosophe Adèle van Reeth, tente de regarder la mort en face et de mettre des mots sur cette réalité de notre condition d'êtres mortels. C'est un livre qui parle de la perte des êtres chers et qui est en même temps rempli de vie.
Adèle van Reeth nous en parle au fil d'un dialogue, où il est question, entre autres, de la difficulté et de la nécessité d'écrire, de la vie avec la tristesse et d'un chat opiniâtre. Et à l'issue de cette conversation, nos libraires Julien et Marion vous proposent de découvrir quelques livres qui explorent la question du deuil.
Bibliographie :
- Inconsolable, d'Adèle van Reeth (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21563300-inconsolable-adele-van-reeth-gallimard
- La Vie ordinaire, d'Adèle van Reeth (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20047829-la-vie-ordinaire-adele-van-reeth-folio
- le Réel et son double, de Clément Rosset (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/501864-le-reel-et-son-double-essai-sur-l-illusion-e--clement-rosset-folio
- L'Année de la pensée magique, de Joan Didion (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/1177569-l-annee-de-la-pensee-magique-joan-didion-le-livre-de-poche
- Comment j'ai vidé la maison de mes parents, de Lydia Flem (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16192372-comment-j-ai-vide-la-maison-de-mes-parents-une--lydia-flem-points
- Rien n'est su, de Sabine Garrigues (éd. le Tripode) https://www.librairiedialogues.fr/livre/22539851-rien-n-est-su-sabine-garrigues-le-tripode
- Vivre avec nos morts, de Delphine Horvilleur (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21199965-vivre-avec-nos-morts-petit-traite-de-consolati--delphine-horvilleur-le-livre-de-poche
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