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3,73

sur 345 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comblé! Voilà du fond et de la forme en 4 nouvelles. Recommandé avec procuration.
Laurent Gaudé est donc ce bon facteur qui sonne à votre porte. Il vous adresse ses missives avec humilité. Accessibles, elles sont pourtant des regards précis parfois sur les recoins de l'histoire. Ce qui fait réviser la frise chronologique du début de notre ère à aujourd'hui.
La fin d'un règne en Ethiopie, la fin du monde dans les tranchées de 14-18, la fin de l'Empire romain et la mort d'un juge anti-terroriste à Palerme. A cette dernière on crierait au chef d'oeuvre sans hésiter.
L'auteur a pour ligne d'horizon la finitude d'un monde et ses nouvelles se concentrent sur les premières fissures.
Laurent Gaudé, un grand nom sans être un béat triste de son prénom.
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Ce livre est un recueil bref et puissant de quatre nouvelles, un hymne à des héros vaincus mais non déchus.
Ils veulent témoigner, transmettre ou sceller des adieux.
Laurent Gaudé nous emmène de nouveau en Italie, aux Pouilles, le fief des Scorta et de Zio Négus que nous rencontrons dans la première nouvelle, à Rome, pour finir en Sicile.

La première nouvelle portant pour titre, le titre du livre, parle de la mort d'un homme et ce qui le reliait à Frédéric II.
C'est l'histoire d'un vieil homme de 92 ans qui vient de mourir. “Si la terre peut cracher, elle le fît sur cet homme qui n'aimait rien tant que le silence des champs d'oliviers.”
Elena a dit : “ le Négus est mort.”Je n'ai dit qu'un mot, celui qu'impose l'annonce de toute disparition, j'ai dit simplement “ j'arrive”. La mort convoque. C'est ainsi. Elle nous écarte pour un temps du rythme du monde et nous met en arrêt. 
Zio Négus a vécu des horreurs en Ethiopie, depuis il garde des histoires en lui et il est relié pour toujours aux pierres, aux arbres et aux vents.
La seconde nouvelle s'appelle LE BÂTARD DU BOUT DU MONDE.
Nous sommes dans le nord de l'Italie, à Rome, pendant la fin de l'empire Romain. Lucius n'a pas de parents, il est citoyen de l'empire. “La pluie ne me fait rien, la terre ne me trahit pas.” Il doit remettre une lettre à Caïus, et lorsque cela a lieu, il est impressionné par ce colosse que les guerres les une après les autres ont sculpté.
Que dit la lettre ? Que dit l'intuition ? Quel est le lien entre ces deux hommes ?
La troisième nouvelle JE FINIRAI À TERRE, est une nouvelle située historiquement pendant la première guerre mondiale, la terre pleure, la terre se défend de ses hommes qui l'a rendue malade. Les hommes deviennent-ils fous ? La terre crée- t-elle des monstres pour tuer les précédents déjà formés ?
La dernière,TOMBEAU POUR PALERME est le récit de la mort d'un juge antiterroriste, une histoire terrible… quand la vie d'un homme n'est plus qu'une angoisse perpétuelle.

Des nouvelles captivantes, théâtrales, tellement humaines. 
J'ai adoré ce livre, quel talent fou. A chaque livre, une ivresse différente. A chaque histoire, une marque pour toujours dans mon esprit.
Gaudé nous montre la fin des hommes sur des terres qu'ils affectionnent. Une terre, un pays, une ville … attachés comme à une mère.
Des hommes ayant combattus ou abusés, des histoires d'hommes que l'on ne pourra défendre et d'un homme qui mène un combat pour tous les autres qui sont morts.
Il nous conte des fins de vie et la façon dont elle passait sur eux, et comment celle-ci s'est arrachée.
Une pépite encore ! 
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Le vieil homme est mort. Il était parti juste pour « voir l'Ethiopie » avec l'expédition italienne de 38 mais a assisté, participé aux massacres d'enfants, de femmes,….d'un peuple. A son retour, « un peu » dérangé, le village ne le rejette pas mais l'ignore …il veut se venger de la Mort.
Sûr de lui, le centurion exécute et remplace son prédécesseur, gardien de la plus avancée des garnisons de l'Empire….qui, il l'ignore encore, se meurt. Ecrasé, les barbares l'enverront en éclaireur, en messager du malheur vers Rome…..mais la Cité ne l'écoute pas.
Pendant la Grande Guerre, la Terre d'Artois n'en peut plus de la folie des hommes, d'être écrasée par les obus, noyée par le sang…..alors, elle crée le Golem pour les punir.
La maffia règne sur la Sicile, un juge a été « explosé » avec ses gardes du corps. Un frère en Justice lui rend hommage et se demande quand viendra son tour et comment il sera abattu.
Jubilatoire. Encore un livre de Laurent Gaudé indispensable……comme les autres.
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Lettre à Laurent Gaudé
Je vous ai découvert grâce au Prix Goncourt des Lycéens que je suis régulièrement. "La mort de roi Tsongor" qui n'était pas à priori dans mes thèmes de prédilection, a su me séduire. J'ai aimé ce côté mystique, la force des personnages et surtout votre façon de raconter de grandes et belles histoires.
Depuis, je n'ai raté aucun de vos romans. Et chaque fois, je suis envoûtée par l'atmosphère énigmatique, la puissance de l'au delà.
Je fus ravie de voir que si peu de temps après la sortie d' "Ouragan", paraissait ce recueil de nouvelles. J'ai retrouvé dans "Les oliviers du Négus" l'Italie des Scorta, la porte des Enfers, un peu du roi Tsongor avec le valeureux Lucius et les forces de la nature d'"Ouragan" avec la Terre vengeresse.
Les hommes se révèlent lors de la conscience de la mort imminente. Alors, ils se posent des questions sur la culpabilité, le devoir.
Vous faites partie des auteurs français qui savent décortiquer l'âme humaine et nous incitent à réfléchir sur nos actes.
Quelques uns pourraient vous trouver morbide. Moi, je pense que votre vision de la mort, par son côté mythologique, a quelque chose de magique et de rassurant.
J'espère vivement pouvoir lire rapidement d'autres romans aussi intenses et mystérieux.
Dans l'attente, je vais tenter de découvrir l'auteur de théâtre que vous êtes aussi et que je ne connais pas.
Je vous remercie sincèrement de savoir transporter mon imagination vers cette contrée mystérieuse de l'âme humaine.
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Quatre récits composent cette ballade aux trois quarts italienne de Laurent Gaudé, un des auteurs français que j'apprécie. Cette phrase, je l'ai écrite après avoir lu trois de ces textes. Maintenant que j'ai lu le quatrième je n'hésite pas à ranger Gaudé au firmament des écrivains français actuels. La mort accompagne les héros des ces histoires, elle leur tient la main, au long des fleuves de ténèbres et de boue, omniprésente annonciatrice des charniers hors du temps. le style de Gaudé est toujours si riche, en hommes et en dieux et en diables. Cet auteur-là est lui-même de glaise et de sang, et comme ça se sent dans ses livres, particulièrement dans ce somptueux carré, que je n'ose qualifier de nouvelles, terme parfois un peu précieux et alambiqué, bien à tort d'ailleurs.

"Les oliviers du Négus", c'est l'Italie sinistrée après l'Éthiopie, une Sicile mortifiée qui semble ignorer le Prince salinas, ce guépard éclairé, bien que nous soyons maintenant dans l'Entre Deux Guerres. le catafalque de la cathédrale de Palerme, le roi des Deux Siciles, Frédéric II, Zio Négus le vétéran d'Abyssinie et le narrateur nous plongent aux arcanes de cette terre, toute de pierre et de lumière, baignée de tant d'obscur. L'écriture, je n'y reviens pas, elle est magnifique.

"Le bâtard du bout du monde" nous ramène plus au Nord, quand Rome commençait à se gangréner et dont ce centurion honnête et rude préfigure l'agonie. Lucius, retour d'une lointaine et froide Calédonie, l'Ecosse, le mur d'Hadrien, presque à lui seul, endosse les malheurs de l'empire romain. Au contact des Barbares, l'homme s'est endurci sur les chemins boueux de Germanie et de Gaule. Lucius a tué, beaucoup, et ce fils de personne, né dans la poussière des quartiers populaires parmi les chiens faméliques et les esclaves, de retour sur l'Aventin, clame son amour pour sa ville, Rome, lascive et putassière. Ses larmes scelleront le sac de Rome. Quarante pages, un Tibre de passion, de terre et de douleur.

"Je finirai à terre" nous transporte dans la France de 1914, qui s'y connaissait en boue et en douleur, dans l'Artois voisin de ma Picardie. La violence ne le cède en rien à Rome et Laurent Gaudé revisite en quelque sorte le mythe du Golem, né, je pense, en Mitteleuropa. Gaston Brache, soldat, comprend que la terre de France, meurtrie et mutilée, a créé un sur-être de glaise et de feuilles, destiné à punir les hommes, ces matricides.

J'ai écrit ici-même à propos de la Mafia qu'aucun roman ne lui rendait, si j'ose dire, justice. Car le sujet est fort. C'est fait. Vingt-quatre pages de "Tombeau pour Palerme", et c'est le plus beau texte que j'aie lu sur l'hydre assassine. Nous accompagnons pendant quelque temps un juge anti-mafia qui tient en personne le sinistre compte à rebours le séparant de sa propre exécution. On comprend que c'est Paolo Borselino qui narre la chronique de sa mort annoncée. Carlo Alberto Dalla Chiesa, Giovanni Falcone y sont nommément cités. D'autres aussi... Dédié par l'auteur "Aux seuls véritables hommes et femmes d'honneur de Sicile", ce récit est splendide de retenue et d'une ampleur inouïe.
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Un recueil de nouvelles misant sur les instants clés, décisifs et significatifs d'hommes confrontés au trépas. Dans une mise en scène sombre et tragique digne d'un décor de théâtre, Laurent Gaudé rythme son récit entre peinture épique, suspension dramatique et cataclysme poétique ; qu'il en aille du centurion maudit , du golem vomissant les débris de la guerre mondiale ou des juges Borsellino et Falcone chargeant tels des taureaux la pieuvre humaine, les yeux du lecteur restent accrochés à la magie du texte.
Lien : http://news-nouvelles-fant.m..
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Le sujet, les histoires : quatre nouvelles autour de la mort, de la façon dont l'humain appréhende la mort, avec un crescendo à la fois dans l'intensité et dans la proximité, aussi bien temporelle concernant les protagonistes que relationnelle concernant le rapport narrateur-lecteur.
Les Oliviers du Négus : le vieux Zio Négus, homme de terre, de collines et d'oliviers, revenu d'Ethiopie où il fut rendu fou par les combats, passionné de Frédéric II, est mort. Un proche vient de l'apprendre, qui est notre narrateur. Nouvelle bercée par les illusions et croyances très en vogue aujourd'hui, une façon de voir la mort très consensuelle set contemporaine, donc.
Le Bâtard du bout du monde : voyage étrange et brutal d'un officier romain ambitieux, impitoyable, qui se voit mourir et commence à pourir avant que d'être mort. Avec son point de vue particulier sur les raisons de sa mort.
Je finirai à terre : le golem, la terre, les croyances de paysans, la violence de la guerre de 1914 et son rapport à la terre... une nouvelle puissante, où on peut saisir d'inombrables métaphores qui semblent ne pas y être, une subtilité rare. Probablement la nouvelle qui m'a le plus sonnée par sa puissance. Longue, lente et imposante comme une saison de la Terre. (celle-là m'a tellement absorbée que je n'en ai rien noté pour les citations !)
Tombeau pour Palerme : retour en réalité contemporaine, avec la nouvelle la plus courte, rédigée à la deuxième personne du singulier, avec des paragraphes courts qui font haleter, sur un sujet terriblement réel, fort (et d'autant plus pour les gens qui ont eu l'occasion de passer sur le lieu de la mort du juge Falcone et de ressentir toutes les émotions que ça suscite. Une image et une sensation gravées en moi). La voix du narrateur est celle du juge Borsellino. le rapport à la mort comme un mal nécessaire mais secondaire. Une nouvelle qui parle à ce que nous avons en nous de plus noble, de puis humain, de plus combatif, de plus absurde aussi peut-être. Violent et magnifique, grandiose et finalement minuscule, la perfection d'un grain de sable idéal sur l'immensité d'une plage. de celle-là j'aurais voulu noter, graver et garder en moi chaque mot, chaque phrase, chaque instant.
 
Mon avis : un choc ! L'écriture est d'une incroyable précision, tout en étant d'une poésie sereine remarquable. Tout, chaque mot, chaque idée, chaque phrase, est un concentré de perfection. Je ne compte pas combien de fois j'ai relu une phrase, un paragraphe, une page. Je crois que je l'ai fait quasi à chaque page, revenir, relire pour laisser résonner les mots, pour savourer leur délicatesse et leur puissance à la fois. Rien en trop, et pourtant aucun oubli, tout est là, essentiel, dense, fermement posé, avec cependant une légèreté grave qui confine presque à la contradiction... Un livre que je ne conseillerai pas à tout le monde, parce que je ne suis pas certaine que tout le monde le sentira vibrer en lui, même si le sujet principal parle à tous, l'angle de vue changeant à chaque nouvelle est radical, puissamment vivant, courageux, frontal, cru, presque brutal. Ce livre parle avec beauté d'humanité, dans ce qu'elle a de plus universel et de plus intime.
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
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Je ne suis pas adepte des nouvelles.Mais voilà, une fois encore, je suis tombée sous le charme de la plume de Mr Laurent Gaudé.Chaque histoire, m'a touchée, transportée dans le temps et l'espace.L'humain dans toute sa complexité apparait dans ces livres.Des âmes les plus charitables aux monstres sanguinaires qui ont hanté toutes les périodes de l'histoire.
Je ne le dit pas trop fort , mais je crois que vous êtes un de mes auteurs préféré.
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Je ne suis pas fan de nouvelles en général ( je trouve souvent les récits trop brefs et je reste sur ma faim ) ...
MAIS quand les récits sont écrits par Monsieur Gaudé ...on ne peut qu'apprécier !!!
Voici donc 4 nouvelles qui ont pour point commun de mettre en scène, dans un climat marqué par la guerre, des personnages à l'approche de la mort.
Chaque récit s'interroge sur la destinée humaine et ce que les hommes laissent derrière eux, une fois décédés.
Le monde de Gaudé est sombre et ce livre en particulier où les êtres sont perdus et condamnés d'avance.
Rien ne semble pouvoir arrêter le processus d'anéantissement causé et déclenché par l'homme à chaque guerre.
Derrière ces quatre nouvelles, l'auteur invective ses semblables. Il leur demande des comptes. Il leur demande de regarder en face ce qu'ils ont fait à la terre (les descriptions de la souffrance de la terre sont saisissantes), à leurs semblables.
Une note d'espoir ? oui certainement ... rappeler aux vivants l'impératif de certains combats au risque de perdre pour cela la vie et respecter la nature, sinon un jour, elle se vengera. Un écrit qui est très d'actualité.
Beaucoup aimé .. Chapeau Monsieur Gaudé d'être parvenu à me faire apprécier les " nouvelles "
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C'est un recueil de nouvelles avec certains thèmes communs : l'Italie, la mort, la folie, des monstres, l'amitié, la guerre.
Dans ce recueil de nouvelles, j'ai retrouvé avec plaisir des caractéristiques de l'écriture de Laurent Gaudé, une dimension épique et aussi presque merveilleuse comme dans les contes. Des intrigues qui nous font voyager dans un temps presque légendaire avec des personnages aux caractères souvent forts et entiers.
Laurent Gaudé est un extraordinaire conteur et donne une lecture vraiment très captivante de ses écrits !
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