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sur 345 notes
Avec les oliviers du Négus, Laurent Gaudé traite à nouveau de sujets qui lui tiennent à coeur tels que l'Italie, L'Afrique, la mort ou l'antiquité.
Les oliviers du Négus font illusion aux oliviers de Càlena, dans la région des Pouilles. Zio Négus, un vieil homme, est mort. Revenu fou d'Ethiopie et passionné de Frédéric II, sa mort suscite alors une forte émotion chez notre narrateur qui nous conte ses exploits, sa folie, ses espoirs, ses conquêtes et sa mort.
Le bâtard du bout du monde, ainsi qu'il se nomme, est un centurion mourant, à l'agonie et dont la mort ronge son corps à petits feux. Officier romain, c'est vers cette ville qu'il se dirige, dont il pressent la chute, pour y vivre ses derniers jours.
La guerre bat son plein, les obus éclatent de toute part. C'est dans ce contexte qu'un vieillard raconte à un jeune soldat l'histoire du golem que la terre a façonné et qui tue les hommes responsables des massacres et du mauvais sort qu'ils lui réservent.
Le juge Borsellino pleure la mort de son frère jumeau. Parce qu'ils ont combattu tous les deux la mafia, que ce dernier est mort dans un attentat, il sait que le même traitement lui est réservé, que ses jours sont comptés. Il regarde alors la mort qui se dessine devant lui.

Quand Gaudé fait du Gaudé, c'est la magie qui opère dès les premières pages. Parce qu'il a une manière si particulière de nous raconter les choses que l'on est sous l'emprise de sa plume si poétique, sensuelle et captivante. Traitant de sujets forts, alternant présent et passé, de Rome à aujourd'hui, ces quatre nouvelles au souffle épique montrent à nouveau toute l'étendue du talent de Laurent Gaudé. L'atmosphère y est parfois étouffante ou suspendue. C'est tragique, théâtral et tellement humain.

Les oliviers du Négus... tout un symbole...
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Un beau recueil de nouvelles, mais je m'y attendais Laurent Gaudé est une valeur sûre, un écrivain contemporain de grand talent. Une fois de plus il a été fidèle à lui même. Il sait écrire et le prouve encore avec cette oeuvre. J'ai été plus sensible à la quatrième et dernière nouvelle, "Tombeau pour Palerme" qui rend un hommage appuyé aux juges anti-mafia Falcone et Borsellino, tous les deux lâchement assassinés dans l'exercice de leurs fonctions.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Comblé! Voilà du fond et de la forme en 4 nouvelles. Recommandé avec procuration.
Laurent Gaudé est donc ce bon facteur qui sonne à votre porte. Il vous adresse ses missives avec humilité. Accessibles, elles sont pourtant des regards précis parfois sur les recoins de l'histoire. Ce qui fait réviser la frise chronologique du début de notre ère à aujourd'hui.
La fin d'un règne en Ethiopie, la fin du monde dans les tranchées de 14-18, la fin de l'Empire romain et la mort d'un juge anti-terroriste à Palerme. A cette dernière on crierait au chef d'oeuvre sans hésiter.
L'auteur a pour ligne d'horizon la finitude d'un monde et ses nouvelles se concentrent sur les premières fissures.
Laurent Gaudé, un grand nom sans être un béat triste de son prénom.
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Dignes défaites.

Il s'agit d'un recueil de nouvelles autour d'êtres vaincus mais dignes dans la défaite.

J'ai découvert Laurent Gaudé à l'adolescence avec "le soleil des Scorta" que j'avais beaucoup aimé. Je renoue avec cet auteur par le biais de ces nouvelles.

Les Oliviers du Négus: Très belle nouvelle sur la mort d'une figure importante d'un village italien. Figure honnie mais paradoxalement aussi respectée, le narrateur se remémore sa vie.

Le Bâtard du bout du monde: un légionnaire romain se voit confier la charge de la forteresse la plus éloignée de Rome. Ma nouvelle préférée du recueil. Elle est magnifique. Deux destinées se confondent. La déchéance du narrateur précède celle de Rome. Toutefois les deux resteront digne face à la chute.

Je finirais à terre: 1ère Guerre mondiale, face aux outrages qu'elle subit, la terre se venge des hommes. La nouvelle que j'aime le moins. Je l'ai trouvée trop verbeuse et pas assez dans la suggestion.

Tombeau pour Palerme: Un juge anti-mafia compte les jours qu'il lui restent à vivre. Une belle nouvelle, un adieu déchirant mais digne à la vie.

En bref, ces quatre nouvelles ont été agréables à lire. Je lirais à nouveau Laurent Gaudé.
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Ce livre est un recueil bref et puissant de quatre nouvelles, un hymne à des héros vaincus mais non déchus.
Ils veulent témoigner, transmettre ou sceller des adieux.
Laurent Gaudé nous emmène de nouveau en Italie, aux Pouilles, le fief des Scorta et de Zio Négus que nous rencontrons dans la première nouvelle, à Rome, pour finir en Sicile.

La première nouvelle portant pour titre, le titre du livre, parle de la mort d'un homme et ce qui le reliait à Frédéric II.
C'est l'histoire d'un vieil homme de 92 ans qui vient de mourir. “Si la terre peut cracher, elle le fît sur cet homme qui n'aimait rien tant que le silence des champs d'oliviers.”
Elena a dit : “ le Négus est mort.”Je n'ai dit qu'un mot, celui qu'impose l'annonce de toute disparition, j'ai dit simplement “ j'arrive”. La mort convoque. C'est ainsi. Elle nous écarte pour un temps du rythme du monde et nous met en arrêt. 
Zio Négus a vécu des horreurs en Ethiopie, depuis il garde des histoires en lui et il est relié pour toujours aux pierres, aux arbres et aux vents.
La seconde nouvelle s'appelle LE BÂTARD DU BOUT DU MONDE.
Nous sommes dans le nord de l'Italie, à Rome, pendant la fin de l'empire Romain. Lucius n'a pas de parents, il est citoyen de l'empire. “La pluie ne me fait rien, la terre ne me trahit pas.” Il doit remettre une lettre à Caïus, et lorsque cela a lieu, il est impressionné par ce colosse que les guerres les une après les autres ont sculpté.
Que dit la lettre ? Que dit l'intuition ? Quel est le lien entre ces deux hommes ?
La troisième nouvelle JE FINIRAI À TERRE, est une nouvelle située historiquement pendant la première guerre mondiale, la terre pleure, la terre se défend de ses hommes qui l'a rendue malade. Les hommes deviennent-ils fous ? La terre crée- t-elle des monstres pour tuer les précédents déjà formés ?
La dernière,TOMBEAU POUR PALERME est le récit de la mort d'un juge antiterroriste, une histoire terrible… quand la vie d'un homme n'est plus qu'une angoisse perpétuelle.

Des nouvelles captivantes, théâtrales, tellement humaines. 
J'ai adoré ce livre, quel talent fou. A chaque livre, une ivresse différente. A chaque histoire, une marque pour toujours dans mon esprit.
Gaudé nous montre la fin des hommes sur des terres qu'ils affectionnent. Une terre, un pays, une ville … attachés comme à une mère.
Des hommes ayant combattus ou abusés, des histoires d'hommes que l'on ne pourra défendre et d'un homme qui mène un combat pour tous les autres qui sont morts.
Il nous conte des fins de vie et la façon dont elle passait sur eux, et comment celle-ci s'est arrachée.
Une pépite encore ! 
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Quatre histoires courtes mais haletantes. Un style très rythmé, limite saccadé. Quatre personnages qui se savent condamnés.

Un vétéran italien se bat contre ses souvenirs. Des souvenirs de la campagne d'Ethiopie. Il sait qu'ils ne le quitteront pas. Il s'accroche à la transmission de la mémoire. Celle de la lutte mémorable (mais désespérée) de Frédéric II contre les armées de la mort.

Un officier de l'armée impériale romaine part en conquérant défendre les confins de l'Empire. Il revient rapidement à Rome. Affaibli par la gangrène, il est incapable d'annoncer la terrible nouvelle. Sur ses talons, suivent des hordes barbares menaçant l'Empire.

Un poilu ne sait comment réagir. Il comprend que la Terre a décidé de ne plus se laisser faire impunément. Elle veut se venger des hommes qui lui cause tant de mal pendant qu'ils se massacrent. Elle enfante un golem qui hante les terres d'Artois, massacrant tout sur son passage.

Un juge sicilien a vu mourir son frère jumeau. Assassiné par la mafia qu'ils ont combattu ensemble. Il a la conviction d'être le prochain sur la liste. Il raconte sa propre mort, inéluctable. Ses questionnements. Pourrait-il l'éviter ?

Que veut nous dire Laurent Gaudé ? Que la mort est inéluctable. Que la vraie liberté c'est de l'accepter. Que les hommes ont une tendance morbide à provoquer la mort de leurs semblables. Que c'est absurde. Que nous nous devons de prendre soin de notre Terre.

Et tant d'autres choses qu'il dit si bien, avec cette poésie qui vous transporte.

Vous ne lâcherez pas ce livre avant la fin.
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Le vieil homme est mort. Il était parti juste pour « voir l'Ethiopie » avec l'expédition italienne de 38 mais a assisté, participé aux massacres d'enfants, de femmes,….d'un peuple. A son retour, « un peu » dérangé, le village ne le rejette pas mais l'ignore …il veut se venger de la Mort.
Sûr de lui, le centurion exécute et remplace son prédécesseur, gardien de la plus avancée des garnisons de l'Empire….qui, il l'ignore encore, se meurt. Ecrasé, les barbares l'enverront en éclaireur, en messager du malheur vers Rome…..mais la Cité ne l'écoute pas.
Pendant la Grande Guerre, la Terre d'Artois n'en peut plus de la folie des hommes, d'être écrasée par les obus, noyée par le sang…..alors, elle crée le Golem pour les punir.
La maffia règne sur la Sicile, un juge a été « explosé » avec ses gardes du corps. Un frère en Justice lui rend hommage et se demande quand viendra son tour et comment il sera abattu.
Jubilatoire. Encore un livre de Laurent Gaudé indispensable……comme les autres.
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Lettre à Laurent Gaudé
Je vous ai découvert grâce au Prix Goncourt des Lycéens que je suis régulièrement. "La mort de roi Tsongor" qui n'était pas à priori dans mes thèmes de prédilection, a su me séduire. J'ai aimé ce côté mystique, la force des personnages et surtout votre façon de raconter de grandes et belles histoires.
Depuis, je n'ai raté aucun de vos romans. Et chaque fois, je suis envoûtée par l'atmosphère énigmatique, la puissance de l'au delà.
Je fus ravie de voir que si peu de temps après la sortie d' "Ouragan", paraissait ce recueil de nouvelles. J'ai retrouvé dans "Les oliviers du Négus" l'Italie des Scorta, la porte des Enfers, un peu du roi Tsongor avec le valeureux Lucius et les forces de la nature d'"Ouragan" avec la Terre vengeresse.
Les hommes se révèlent lors de la conscience de la mort imminente. Alors, ils se posent des questions sur la culpabilité, le devoir.
Vous faites partie des auteurs français qui savent décortiquer l'âme humaine et nous incitent à réfléchir sur nos actes.
Quelques uns pourraient vous trouver morbide. Moi, je pense que votre vision de la mort, par son côté mythologique, a quelque chose de magique et de rassurant.
J'espère vivement pouvoir lire rapidement d'autres romans aussi intenses et mystérieux.
Dans l'attente, je vais tenter de découvrir l'auteur de théâtre que vous êtes aussi et que je ne connais pas.
Je vous remercie sincèrement de savoir transporter mon imagination vers cette contrée mystérieuse de l'âme humaine.
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De très beaux textes sur des hommes qui vont mourir 4 lieux différents : l' Italie avec un vieux combattant Zio Négus parti en Ethiopie pour une guerre absurde sur ordre d Mussolini et qui meurt avec ses illusions perdues, le sentiment d'avoir été contraint à participe à des actions inutiles , d'avoir été à la mauvaise place au mauvais moment . Un fin plein d'amertume, une vie imposée , sans gloire . En même temps un bel hommage à tous ces soldats perdus dans d'inutiles combats
Un centurion qui va dans le dernier fort de l ‘Empire Romain avant le domaine des Barbares pour exécuter un ordre stupide . ll sera héroïque et pathétique . Ramené gravement blessé il sera amené vers Rome par les Barbares conquérants , symbole vivant de la fin de l ‘Empire .
La Grande Guerre et ses tranchées racontée par un vieil homme qui raconte au jeune soldat la vengeance de cette terre humiliée par les obus incessants qui la perforent et se venge en créant le Golem créature mystérieuse faite de boue et qui va se venger de ces hommes qui continuent de la détruire méthodiquement
La Maffia , le juge Borsellino qui sait qu' il va mourir , qui sait comment et avec qui ( ses gardes du corps ) tout simplement parce que son prédécesseur a suivi la même voie
Chronique d'une Mort annoncée .Il sait qu ‘il pourrait de retirer , éviter la lutte et la fin tragique inévitable
Il ne le fera pas

4 grandes nouvelles très différentes . Des thèmes communs : la mort , l ‘engagement politique volontaire ou subi, le choix ( pas toujours possible ) de se battre ou de fuir, la fin des empires ou des guerres , l ‘absurdité du monde , et toujours ce besoin , quand la fin est toute proche, de donner un sens à sa vie
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La guerre, la violence et l'incompréhension qu'elle provoque, voici le thème commun aux quatre nouvelles qui composent ce recueil. Dans “Les Oliviers du Négus”, un narrateur apprend avec surprise et tristesse la mort de Zio Négus: il se rappelle alors cet idéaliste italien épris d'exotisme et de liberté, qui déchanta en découvrant non seulement que la campagne d'Ethiopie où l'envoie Mussolini n'est qu'une boucherie, mais aussi que l'Italie où il revient ne lui réserve que des trahisons. Dans “Le bâtard du bout du monde”, nous voici au fin fond de l'Empire Romain, dans cette zone du bout du monde aux frontières des royaumes barbares où personne ne veut aller, où les hommes s'enlisent et s'abrutissent en constatant que Rome les oublie délibérément alors que les barbares sont là, tout prêt, et que l'Empire ne les impressionne déjà plus. Dans “Je finirai à terre”, un paysan prévient les soldats que leur guerre, à force de creuser la terre de ses tranchées, à force de la perforer de ses obus, à force de la gaver des cadavres entassés dans les fosses communes, finira par l'énerver, la terre, et qu'elle a pris la forme qu'il fallait pour se venger. Enfin, dans “Le Tombeau de Palerme”, un juge sicilien qui lutte contre la mafia attend que ses ennemis viennent lui régler son compte.

Ces nouvelles m'ont beaucoup plu. D'abord, parce qu'elles sont assez longues, et qu'elles permettent donc toute une palette de nuances. Tantôt l'on voyage dans les époques, de Frédéric II à nos jours, au travers de lieux centenaires qui gardent l'empreinte des grands hommes qui y sont passés. Tantôt on revit des périodes méconnues, comme cette Antiquité romaine, loin de sa grandeur, ici boueuse, effacée, presque déjà morte. Souvent, on a la sensation que le moment fatidique est là, tout prêt, et qu'il ne nous reste pas beaucoup de temps, que nous sommes témoins d'un moment, d'un événement privilégié et unique.
Tout comme cette lecture audio, qui était une découverte pour moi. Si au départ il est un peu difficile de s'habituer à cette passivité, on se laisse assez vite prendre à la voix douce de Laurent Gaudé qui lit lui-même son texte et qui nous le raconte, lentement, pour nous laisser nous en imprégner. Dès la deuxième nouvelle, déjà, l'attente se fait sentir: savoir qui est ce soldat romain, ce qu'il va faire dans cette garnison à la frontière. On est soumis à ce que la voix veut bien nous révéler, sans possibilité d'avancer plus vite comme on le fait parfois lorsqu'on lit. Expérience d'autant plus troublante dans “Je finirai à terre”, lorsqu'on entend le gollem créé par la terre courir la campagne puis marcher au premier étage, et qu'on l'entendrait presque marcher derrière les paroles du conteur. de quoi vous plonger au coeur de l'action avec une troublante impression de confidence au coin du feu.
Une expérience de lecture fascinante sur un texte d'une grande qualité.
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