L'auteur a sans doute voulu faire preuve d'originalité en faisant raconter cette histoire par une voix off, extérieure au roman, qui tutoie le personnage principal. Je ne sais pas ce que cela donne en version originale, mais en français, l'emploi systématique du passé simple rend le récit, lourd, peu naturel : cela m'a franchement agacé.
Et le fond ne compense malheureusement pas la forme. On a du mal à cerner les deux personnages principaux. Sonny est un jeune qui vit dans un milieu défavorisé. Son esprit est-il limité ? Peut-être. Il n'aime ni l'école, ni la boucherie où l'on tente d'en faire un apprenti. Il passe son temps à errer, à voler, à boire. Et rencontre
Vera, dont on sait moins encore : belle « bourgeoise » bien plus âgée, qui vit seule, pour autant que l'on puisse parler de vivre tant elle semble indifférente à tout. On apprend qu'elle a voulu se suicider. Sonny devient obsédé par
Vera, l'admire, veut devenir son chevalier servant, en tombe amoureux. Classique et normal. Mais que pousse donc
Vera à accepter sa présence, à la souhaiter même jusqu'à l'initier à l'amour physique. (Pourquoi faut-il donc toujours passer par la case « sexe ?)
A la fin du récit, le côté humain apparaît plus clairement. Mais ce n'est que dans les toutes dernières lignes que l'on comprend mieux
Vera. C'est un peu tard pour en faire un bon roman. Selon moi évidemment. J'ai trouvé les personnages potentiellement intéressants mais trop peu approfondis.