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3,29

sur 137 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Une improbable histoire d'amour, si on peut appeler ça comme ça, entre un jeune garçon de seize ans, commis de boucherie à ses heures libres, des milieux défavorisés de Dublin et une femme de vingt ans son aînée, des quartiers chics ( Montpelier Parade, titre aussi de la v.o.), dans un style déroutant, racontée à la deuxième personne du singulier. Irish Harlequin ? pas vraiment.
Lui, c'est Sonny, elle, Vera. Deux êtres qui vont se retrouver dans le désarroi de la solitude.
Lui vient d'une famille dysfonctionnelle, très pauvre. Bien qu'ayant de l'affection pour ses parents, il ne pense qu'à se tirer, de la famille et du pays.
Elle, on n'en sait rien, ni Sonny, ni nous..... la belle femme mystérieuse....à part qu'elle a probablement du fric, vu où elle habite, et de sérieux problèmes.....
À part ces deux on va rencontrer une galerie de personnages dans la proximité de Sonny, tous plus ou moins dans la misère, misère matérielle ou affective. Misère mais aussi des moments de grâce, comme la complicité touchante de Sonny avec son père , de Sonny avec Sharon, une autre ado, aussi perdue que lui, Sonny lisant un livre de Bohumil Hrabal en cachette dans une maison où les livres ne sont que bon pour les poshs, Sonny incrédule ne sachant comment maintenir un dialogue avec une adulte d'un milieu différent, Sonny attiré par la National Gallery par curiosité, Sonny achetant son premier livre......Sonny, un ado amoureux.
Plus que le fond de l'histoire, c'est ce qui découle de cette rencontre, les sensations, les sons, le détail des gestes, des paysages, les dialogues courts mais percutants, les pensées volages de Sonny qui atténuent la gravité de la réalité ....qui font le sel de ce récit.

Un roman de grande solitude dans un Dublin peu accueillant. J'ai aimé la forme, bien qu'un peu lassant vers la fin, -comme si l'auteur dirigeait Sonny sur un set de film, probablement inspiré du fait qu'il est acteur et scénariste à la ville -, moins le fond qui fait ressentir l'influence hollywoodienne mixé à du Ken Loach, pas vraiment l'optimum. L'auteur est un acteur et scénariste américain, d'origine irlandaise, né à Dublin.
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Tu regardas par la fenêtre. Il pleuvait dehors, dors. Pourtant tu n'avais pas sommeil, la nuit se faisait noire, la pluie froide. Elle dégoulinait le long de la vitre, laissant des traces à travers le reflet du clair de la lune. Tu enfilas un vieux sweat, odeur de sueur et de cigarettes. Ta veste. Tu sortis, sous la pluie, sous la nuit, les cheveux trempés en quelques secondes, les os à essorer. Pas d'étoiles ce soir, des nuages lourds et noirs. Un brin de lumière aux détours de cette rue, réverbères fatigués, tu t'y dirigeas, comme un zombi perdu dans ce coin obscurci. Tu entras, lumières tamisées, t'attendis à un vacarme, avant de comprendre que la tempête emmena le calme. Un pub au milieu de la nuit, au milieu de la pluie. Assis au comptoir, on te servit une pinte, sans même te regarder, l'habitude des gens, des vies, des nuits. Une envie, le regard par terre, poussière de cendres et de sciure, tes pieds s'engagea vers le fond du bar, à droite du comptoir, la porte des toilettes, celle de gauche, MESSIEURS écrit en gros, et des bites en train d'éjaculer dessinées au feutre. Pisser à gros jets, plaisirs saccadés.

Tu retournas t'asseoir sur ce haut tabouret de bois, marqué par des années de culs et de cigarettes écrasées. A point nommé, la bière coula le long de ton gosier. Elle te fut salvatrice, cette ambre dorée car t'apporta ce sentiment d'humanité. D'appartenir à un clan, au milieu des tiens. Dans le silence de la nuit, où un vent apporta le fumet de la tourbe irlandaise. Ta vie ainsi résumée, un verre et tu sortis un bouquin. Des poèmes de T.S. Eliot pour repenser à elle, cette femme plus âgée au sourire encore plus engagée :

L'aube point, et un nouveau jour
S'apprête à la chaleur et au silence. le vent de l'aube
Ondule et glisse sur la mer. Je suis ici
Ou là, ou bien ailleurs. En mon commencement.

Le commencement fut ce jour où tu croisas, tout timide, ce premier regard, les yeux qui plongèrent dans les yeux. le jour où tu caressas ses jambes où tu embrassas son ventre, ses mains se glissant autour du tien. le silence régnait dans la pénombre du jour, de la chambre illuminée juste par deux chandelles. Tu écoutais son souffle, tu sentais son coeur, tu respirais son désir. Un désir impatient comme attendu depuis tant d'années, malgré ton jeune âge, car au fond de toi, tu étais vieux, bien plus vieux que ton visage laissait paraître, les rides de la vie incrustées à l'intérieur de toi.

Le ciel commença à peine à se lever, des rayons de lumière à l'horizon. Toujours au comptoir, pas un regard pour le pauvre type en face de toi. Ah non, c'est un miroir, normal. La pluie martelait encore le macadam, dans une cadence plus légère, voyait la danse improvisée des quelques personnes ivres cherchant leur chemin du retour. Tu as oublié depuis combien de temps tu fus assis là, combien de fûts le tavernier a dû changer en cette soirée, plongé dans les poèmes d'Eliot que tu découvris cette nuit :

Le matin s'ouvre à la conscience
D'un relent de bière éventée
Qui monte, vague, de la rue
Jonchée de sciure martelée
Par tous les pieds boueux qui gagnent
Les zincs de l'aube.

Elle était blonde ou brune, cette pinte à la douce amertume, cette femme au prénom en a. Depuis que tu as échangé son regard au bord d'une route, évidence ou hasard, tu n'as cessé de penser à elle, de l'imaginer même quand tu étais seul dans ton lit, tu la caressais de ton imagination, l'enveloppait de ton âme. Elle te proposait un verre de vin, une pinte, tu sortais deux verres de whisky, finir ivre dans son lit, ivre de désir et de son parfum. Vous vous soûliez tous les deux, peut-être pour oublier vos histoires de solitude, c'était peut-être ça l'histoire d'amour que tu attendais. Tant pis pour la gueule de bois du lendemain. Tant pis si elle se retourna et ne te montra plus que son dos aux longs cheveux noirs.

Un violent rayon de soleil vint percuter l'ombre du pub, à travers les carreaux sales de Dublin. L'heure. Quelle heure, d'ailleurs ? le tic-tac de l'horloge s'est tu depuis des heures, masqué par la musique sortie des deux enceintes en face de toi. Cette nuit tu as eu le droit à ta play-list favorite, musique enchaînée à la guitare déchaînée. With or without you, la bande à Bono me plongea ainsi un peu plus dans la dépression solitaire du type devant son premier verre. Sinead O'Connor, crane rasé, Nothing compares 2 U, oui, nothhing, nothing, rien... pas même la seconde pinte qui m'accompagna tristement. le folklore irlandais continua ses complaintes, Mark Lanegan presque irlandais et une nouvelle pinte. The gravedigger's song. Des têtes déjà croisées au bout d'un comptoir, à la lumière du jour ou des néons. Separate Ways, la guitare de Gary Moore entra en scène et je bus dans son regard jusqu'à me noyer d'amour et de chagrin. Triste fin.


Bon, les amis, je vous laisse, une bière m'attend, c'est la Saint Patrick, putain.
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Sonny, seize ans, est un jeune Irlandais d'origine modeste. Son père, maçon, gagne à peine de quoi nourrir la famille, et d'autant moins qu'il aime « investir » dans les paris en tous genres. Et quand le besoin s'en fait sentir, Sonny lui donne un coup de main. C'est justement lors d'un chantier qu'il rencontre Vera, une femme vivant dans les quartiers chics de Dublin, belle, mystérieuse et bien plus âgée. Pour lui, le coup de foudre est immédiat. Pour elle, l'approche sera plus lente...

Voilà un roman bien déstabilisant. Déstabilisant d'abord par l'emploi de la deuxième personne du singulier tout au long du récit, un procédé qui m'a complètement empêché de tomber en empathie avec le héros. Oui, même si le titre porte le nom de Vera, il aurait très bien pu prendre celui de Sonny.
Déstabilisant ensuite car ce roman suinte de mal-être, de misère, d'avenir sombre.
Enfin déstabilisant car les non-dits sont pléthore. La famille de Sonny est un mystère : pourquoi ce mutisme entre son père et sa mère, pourquoi des frères si absents vis à vis de lui. Et la vie de Vera un gouffre insondable d'ignorance.

Je n'ai pas trouvé cette histoire d'amour intense et sublime, comme dit sur la quatrième de couverture. Ou alors seulement du côté de Sonny qui découvre un autre monde en la personne de Vera, un rêve accessible dans lequel il peut enfin se révéler et se relever. Mais la personnalité éthérée de Vera ne permet pas de lui associer ces adjectifs, elle subit plutôt l'engouement du jeune homme. Ceci dit, outre l'histoire d'amour, je qualifierai aussi ce roman de roman social. le monde implacable de Sonny où tout semble déjà écrit, où l'avenir est tout tracé est une vraie peinture des milieux défavorisés.

Voilà, je vous ai livré mon ressenti bien mitigé sur cette lecture. Je vous laisse libre de vous forger le vôtre :0))
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Je n 'ai pas grand chose à dire au sujet de se livre
Comme il fait 276 pages je l'ai terminé mais bon.
Cette histoire d'un adolescent de milieu défavorisé amoureux d'une femme bourgeoise beaucoup plus agée traîne en longueur.
Les scènes de sexe reviennent bien trop souvent et n'apporte aucun intérêt au roman.

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Un lolita inversé (un jeune ado et une femme mûre)intime, ptrès bien écrit,tragique. Plusieurs thèmes entremélés, l'écart de classes sociales, les pertes de repères de l'adolescence, l'euthanasie est elle amour? Bref un excellent moment
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Cette histoire d'amour ne pouvait être qu'une histoire d'amour qui finit mal. C'est une histoire entre un gamin de 16 ans apprenti boucher et une femme mûre bourgeoise et dépressive. Mais c'est une vraie histoire d'amour car Sonny est un garçon sensible et généreux, fou d'admiration et prêt à tout donner à cette femme qui a tant perdu.
C'est sombre et triste et très émouvant.
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Sonny, 16 ans, travaille dans une boucherie après l'école. Il économise. Il souhaite quitter ce à quoi il est destiné.
Vera, trentenaire, bourgeoise pour qui la vie ne parle plus.

Une plongée dans le Dublin pauvre, gris et triste avec Sonny. Une plongée dans la dépression avec Véra.

Ce roman, c'est la rencontre de ces deux personnages. C'est intense et puissant. Les émotions découlent sur nous sans retenue. La lenteur de la narration rend plus palpable l'amour et la force de l'émoi décrit dans le texte. Chaque phrase, chaque mot se déroule devant nous avec une certaine langueur. J'ai aimé ce temps de lecture hors du temps.

Le récit est écrit à la deuxième du singulier. J'avoue que cette construction m'a quelque peu dérouté au début. Cela rend une atmosphère assez étrange et en tant que lectrice, je me suis sentie en retrait.

Une lecture atypique qui m'a sortie de ma zone de confort et que j'ai beaucoup aimé découvrir.
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Une histoire d'amour inoubliable, d'après le Guardian ? Plutôt excessif !
A Dublin, à une époque proche de nous, Sonny, 16 ans, d'un père alcoolique et taiseux et d'une mère vieillie, ménagère pleine d'amertume et de rancoeur, est le petit dernier d'une grande fratrie masculine. Pour fuir la misère de leur vie, Sonny travaille le soir après le lycée dans une boucherie où il donne un coup de main pour quelques pièces qu'il économise ou dépense en cigarettes. Un jour, il croise Vera, qui vit dans une superbe maison dans un quartier chic. Bien qu'elle soit plus âgée que lui, Sonny tombe éperdument amoureux de la belle mais dépressive Vera.
Dès le début du roman, l'emploi du tu et du passé simple m'ont gênée. J'ai toujours beaucoup d'empathie avec les personnages de romans, mais là je n'ai vraiment pas réussi à m'attacher aux personnages, je me suis sentie très loin d'eux, de leur histoire, ils ne m'ont pas touchée.
J'ai même failli lâcher plusieurs fois tellement c'était ennuyeux, et puis mon engagement à parler de ce livre dans le cadre des MRL2017 m'a convaincue de continuer, ce que je ne regrette pas car l'histoire commence à s'illuminer dans la 2ième partie. J'ai donc fini ma lecture assez rapidement avec, du coup, une impression finalement plutôt positive.

Lien : http://www.levoyagedelola.com/
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Premier roman de l'irlandais Karl GERAY, Vera annonce d'emblée (bandeau rouge oblige) que le lecteur s'engage dans une histoire d'amour inoubliable. Pas sûr en ce qui me concerne.
Sonny a 16 ans, il vit chez ses parents, la mère voutée, grincheuse et résignée, le père absent qui se rue chez les bookmakers dès qu'il touche sa paye. Des frères sans prénom qui partagent la même maison. Au collège, Sonny se montre rebelle, insolent et bagarreur. Il travaille le soir chez un boucher (le seul personnage sympathique) pour gagner quelque monnaie. Son avenir est loin d'être rose.
Un jour, il croise Vera, que l'on devine plus âgée que lui, belle, distante, énigmatique, distinguée, elle vit dans les beaux quartiers ; elle traine un mal de vivre permanent.
Rien ne les destine à se revoir et pourtant… Sonny rêve d'être « le héros qui la sauverait » et, contre toute attente, Vera lui accorde de l'attention, elle l'écoute, lui fait partager ses lectures. Il entre dans sa vie.
Ces deux-là vont finir par s'aimer en dépit des mises en garde de la mère de Sonny.
On devine une violence sociale oppressante que Sonny oublie avec Vera.
Le style est agréable, sans plus. J'ai été gênée par l'emploi de la deuxième personne et ne suis pas vraiment entrée dans le roman, j'aurai aimé être émue ; il a manqué une étincelle, ce petit quelque chose de magique qui contribue à rendre un récit inoubliable.
A la décharge de Karl Geary, je crois avoir vainement cherché à retrouver les émotions ressenties à la lecture d'un autre roman d'un auteur irlandais qui savait alterner rire et larmes « les cendres d'Angela » mais c'est une autre histoire….



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