Nos plus belles histoires d'amour, tome 63

Sitôt sorti, sitôt lu ; il faut dire que j'avais achevé ma lecture précédente la veille et que ce 63e opus d'histoires vintage se termine vite.

Comme toujours, on a affaire à un très bel objet, avec du vernis sélectif et de veilles couvertures vintage, en couleur, du magazine Nous Deux illustrant chaque nouvelle, en face d'une page de garde avec un petit résumé. Et ce, même pour les deux histoires qui n'ont rien d'oldies.

Si, habituellement, l'on sent plus ou moins l'âge des histoires sélectionnées, cette fois, il faut l'avouer franchement, les deux premières accusent le leur et PUENT. LE. CRINGE. Au moins le bouquin m'aura-t-il permis d'expliquer ce concept à ma mère, mais à la lecture, on tire une drôle de tronche, et ça commence avec « Au fil de l'eau », dont la très jeune héroïne fraîchement sortie de l'école se retrouve livrée en pâture par sa mère à leur vieux libidineux de propriétaire, subit son harcèlement sexuel durant toute l'histoire, se jette dans la rivière pour mettre fin à tout ça deux pages avant la fin, avant d'être sauvée par un beau jeune homme qu'elle épouse. En soi, ça n'est pas très différent de la trame des contes de fées, sauf que là, ça ne réussit qu'à être glauque.
Et on enchaîne avec « Juste quelques mois de bonheur », dont l'héroïne renonce à l'amour pour prendre soin de sa mère handicapée, refusant de s'occuper en plus du gamin malade de son galant. Sauf que sa mère finit par mourir, youpi, la demoiselle est enfin libre de retrouver son mec. Oui, c'est littéralement écrit comme ça dans le texte, et en encore plus malaisant...

... du lourd, hein ? Pour un recueil nommé « Nos plus BELLES *histoires d'amour* », ça se pose là...

Bon, heureusement, derrière, on retrouve dans « Vous avez un message » la plume de Karine Géhin, cette fois sans son acolyte habituel William Tinchant, ce qui ne l'empêche pas de nous servir une excellente histoire, pleine de malice et de complicité, indéniablement la meilleure du livre, celle qui sauve carrément les meubles et fait qu'on le gardera.

Si « L'amour aux fourneaux » manque clairement de passion et de romantisme, le sujet de la charge mentale est plutôt bien traité... d'un point de vue masculin au début des années 80. Si certains aspects ont donc un peu vieilli, la résolution de l'histoire paraît étonnamment moderne.

A l'inverse, si « A l'heure du choix » ne date que de 2018, on jurerait le truc beaucoup plus vieux tant l'héroïne se montre naïve à hésiter entre ses deux prétendants, étant donné qu'on voit direct que l'un des deux n'est pas honnête. La construction de l'histoire demeure néanmoins intéressante.

Enfin, « Un étrange scénario » montre là encore son âge, avec une romance certes convenue et dont on sent venir le dénouement à des kilomètres, mais qui se lit. Ceci dit, ledit dénouement laisse un goût amer, parce qu'un mensonge pareil pardonné si facilement n'augure rien de bon pour la suite !

Malgré la nouvelle de Karine Géhin qui sort du lot, dans l'ensemble, on est tout de même pas très loin du pire de certains des Harlequin vintage lus en début d'année dernière, et ce n'est pas un compliment. Non, vraiment, pour une fois, même pour le côté rétro, ça n'en vaut franchement pas la peine.