Il y a des livres qu'on est heureux de posséder…
En tant que bibliophile, d'abord… ensuite en tant qu'amateur de beaux textes… Pour ma part, «
Ténèbres » de
Raymond Geiger fait partie de ceux là.
D'abord parce qu'il s'agit d'un tirage limité à 575 exemplaires (N° 374, pour mon exemplaire) trouvé dans une caisse achetée en salle des ventes ; le rêve de tout bibliophile…
Et puis, le texte…
Publié en 1925, nous sommes avant la Shoah… En Russie et les juifs sont persécutés…
«
Ténèbres » évoque en quatre-vingt-dix pages le destin d'une vieille femme, veuve –
son mari a été arrêté et exécuté – qui tente d'empêcher son plus jeune fils de se rendre à la manifestation contre le pouvoir en place. Il ne lui reste que lui. Ses deux autres enfants ont succombé à la maladie…
Elle finira par émigrer à Paris, en France pays de tolérance ou l'intégration s'avérera également impossible…
Un texte court, mais d'une densité incomparable. Tout d'abord, l'épisode russe fait penser à Gorki ; la misère, la neige, le combat… Ensuite, à Paris, on pense à l'isolement illuminé du héros de « Faim » de
Knut Hamsun.
Bref, un texte fort, dramatique, lyrique même, par moments. Un livre de ceux qui ne vous font pas regretter de l'avoir ouvert.