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EAN : 9782955678244
180 pages
Editions Libre (12/06/2018)
3.97/5   58 notes
Résumé :
Au vu de la situation, la grande majorité des mouvements sociaux et écologistes échouent lamentablement. La plupart de ces mouvements se targuent de respecter scrupuleusement les principes de la non-violence, qu'ils considèrent comme la seule méthode de lutte acceptable. Et pourtant, ainsi que Peter Gelderloos l'expose brillamment dans ce livre, cette adhérence dogmatique au concept de la non-violence est injustifiée et injustifiable. Il s'agit d'une des principales... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Comment le non-violence protège l'État en quelques étapes : elle est inefficace, raciste, étatiste, patriarcale, tactiquement et stratégiquement inférieure, et un leurre. Allez, zblam, dans ta face. Parce que bon, les contre-arguments, pas que je les ai réellement cherchés, sont difficiles à trouver. du coup, en quelques 200 pages, tu prends tes clics et tes clacs de petite manifestante blanche de gauche, super satisfaite quand elle tient tête à un CRS (avant de bien gentiment rentrer chez elle bouquiner et boire du thé).
Observer attentivement et analyser le contexte actuel, en France notamment, ne peut que forcer la réflexion sur la violence : qu'est-elle réellement, qui la met en place, à quel niveau se joue-t-elle ? Lorsque les violences policières fleurissent et sont continuellement légitimées et niées par le gouvernement, lorsqu'une partie conséquente de la population se voit nier des droits les plus élémentaires, lorsque les termes « prise d'orages » sont rabattus à tort et à travers pour ôter toute substance politique à des actions finalement assez gentilles, lorsque les droits sociaux sont en danger continuel, lorsque la planète est dans un état alarmant, lorsque… lorsque finalement, c'est vraiment la merde ce qui se passe et que le·s gouvernement·s n'écoute·nt pas et ne regarde·nt pas – dans le meilleur des cas –, elle est où la violence – et la non-violence ?
Culte de la non-violence, culte de la bienséance et de la bien-pensance : le pacifisme est un absolu non négociable, difficile à critiquer dans les soirées mondaines ou en salle des profs. Et pourtant. Comme tout culte, il a sa grande part d'hypocrisie. La non-violence comme principe immuable et non-questionnable est un privilège : celui de fermer les yeux, d'être tranquille, de laisser faire. Celui de se dire « au centre », de ne pas s'intéresser, d'accepter, de collaborer silencieusement. de condamner en s'alliant aux plus forts.
Gelderloos n'appelle pas ici la violence mais à la réflexion. Il commence avec une petite dose de vocabulaire, histoire de clarifier la pensée, pour ensuite préconiser la diversité des tactiques, en dégommant quelques mythes au passage. Par A+B, ça fait du bien à l'intellect et à l'engagement politique (qui justement, pour ma part, se confond grandement avec l'intellect : pour le meilleur ou pour le pire ?).
Et le prochain qui me cite Gandhi, je le dégomme.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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Puisque notre pays traverse une période difficile où les manifestations sont propices à la violence et que cette violence est non seulement admise par beaucoup mais même justifiée, il est intéressant de se pencher sur les écrits qui tentent d'apporter une légitimation éthique et politique à la violence en question. En furetant un peu dans la littérature relative à ce sujet, un nom ressort fréquemment, celui de Peter Gelderloos, dont le principal ouvrage paraît être : « Comment la non-violence protège l'État ». Pour qui serait enclin à soutenir les débordements de violences et cherche une base théorique à ce soutien ou pour qui s'interroge, avec davantage de distance, sur les raisons susceptibles de justifier de telles violences – c'est plutôt ma disposition d'esprit –, ce livre a priori devrait se révéler tout à fait précieux.
Pourtant, autant le dire d'emblée : le propos de Gelderloos est très loin d'emporter la conviction. Passons vite sur la forme. L'« exposé brillant » annoncé en quatrième de couverture n'est pas au rendez-vous. le texte est plutôt fastidieux, avec des répétitions à n'en plus finir. Grosso modo, tout tourne autour d'une seule idée : en regard de certains combats politiques et sociaux, l'action non-violente est vouée à l'échec et fait le jeu du pouvoir en place ; et cette idée est reprise à foison en faisant varier les exemples pour l'illustrer.
Voilà pour la forme. le fond n'est pas plus convaincant ; bien au contraire. La thèse de l'inanité de la non-violence et corollairement celle de la nécessite de la violence au coeur de l'action est loin d'être servie par un appareil argumentatif suffisant. Plusieurs problèmes majeurs fragilisent en réalité le développement de l'auteur.
1) Lorsque Gelderloos examine un certain nombre de cas pour lesquels la violence s'est avérée utile, il mélange quantité de situations qui n'ont strictement rien à voir. Il traite ainsi dans un même ensemble de la résistance au nazisme, des luttes anticoloniales… et de l'attitude à observer dans les manifs anticapitalistes. Comme si ces sujets avaient à voir les uns les autres ; comme si la légitimité (et pour cause !) de la résistance armée des Juifs face à l'oppresseur nazie nous éclairait de quelque manière que ce soit sur l'attitude à observer pendant une manifestation du 1er mai !
2) Jamais l'auteur n'analyse le lien précis entre la décision de violence et la cause à défendre. Quand un résistant juif prend pour cible un SS qui investit – par exemple – un ghetto à liquider, clairement il défend sa peau. C'est sa vie qui en jeu. On sait d'ailleurs ce qu'il est advenu dans la très grande majorité des cas… Quand dans une manif, disons « contre le système existant » des dizaines de boutiques sont saccagées, du mobilier urbain incendié, des flics caillassés, le lien entre cette production de violence et la cause défendue est beaucoup moins évident ; et donc beaucoup moins légitime. de la même manière, si l'enjeu fondamental est d'instaurer des systèmes économiques alternatifs, on ne voit pas bien pourquoi l'étape de la violence intermédiaire serait nécessaire : sans même parler du recours démocratique à l'élection – évidemment honnie par nos ultras de tout poil –, l'essor de tels systèmes alternatifs sur des bases communautaires autocentrées paraît constituer une réponse plus logique et plus juste.
3) Dans le même ordre d'idée, on ne sait pas non plus si l'auteur envisage une gradation de la violence. Jusqu'où peut-on aller face à tel ou tel problème social ou sociétal ? Cela pourrait s'apparenter à de la casuistique, mais c'est indispensable pour juger de la pertinence et de la valeur éthique de l'action violente proposée : casser, et quoi casser, s'attaquer aux individus, jusqu'à quel point, tuer, etc. C'est aussi ce manque qui fait dire que les rapprochements évoqués en 1 sont trop faciles.
4) Et puis le livre est farci de raccourcis d'analyses et d'anathèmes qui laissent pantois. Par exemple : « La non-violence est raciste » (titre d'un chapitre) ; « Ceux qui renoncent à leur humanité (sic !) en intégrant les forces de l'ordre doivent être combattus par tous les moyens nécessaires » (p. 205) ; ou alors, parlant de la situation de l'Espagne, en 2004, revenue sur sa décision d'engagement en Irak derrière les États-Unis : « Tandis que des millions de pacifistes, en défilant dans la rue comme des moutons, n'avaient pas affaibli d'un iota l'occupation brutale de l'Irak, quelques douzaines de terroristes prêts à massacrer des non-combattants provoquèrent le retrait de plus d'un millier de soldats » (p. 57). Les victimes du terrorisme apprécieront…
Bref, si dans le feu de l'action, vous vous laissez tenter par la violence, ne comptez pas sur la pensée de Gelderloos pour vous offrir le socle de légitimité qui vous aidera à justifier une telle tentation. Sauf à faire fi de toute lucidité.
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Il me tardait de lire cet ouvrage après l'excellente critique d'EnerstLONDON (comme à son habitude).

Anarchiste militant, Gelderloos propose un texte caustique et pertinent attaquant frontalement la vacuité de la non-violence en tant que doctrine, à toute échelle.

Dans un effort argumentatif Historique, Politique, Philosophique et Sociologique, l'ouvrage explore les différentes facettes de ce qu'implique la non-violence. L'occasion d'exposer les limites de ce mode de pensée tant pratiques (par les "victoires" illusoires) que théoriques (inconsistance).
On voyage ainsi à travers le monde et le temps en focalisant l'analyse sur les différents fondement de la doctrine qui, à la violence Raciste, Etatiste ou encore Patriarcale, oppose sans sourciller le Graal moral que représente la non-violence : à savoir la soumission passive.
S'en suit une démonstration des limites stratégiques que représentent l'ablation de la violence du spectre tactique qui nous amène a considérer la doctrine de non-violence comme un leurre, une déformation purement "occidentale" de la perception de la "violence", terme qui sera d'ailleurs explicité afin d'en montrer la sémantique à géométrie (très) variable.
Finalement Gelderloos aborde les possibilités d'un activisme révolutionnaire en montrant que la non-violence et la violence sont loin d'être incompatibles lorsque bien comprises.

Volontairement pamphlétaire, Gelderloos - à l'instar d'un David GRAEBER - nous invite à questionner la société sous le prisme de l'Anarchisme, permettant une analyse intransigeante de la domination sous toutes ses formes, n'hésitant pas à démystifier certaines figures comme Ghandi ou Martin Luther King en rouvrant les cahiers de l'Histoire.

Un texte mordant.

Édit (19/10/2019) : cf. commentaire ci-dessous, plusieurs éléments historiques avancés par Gelderloos comme arguments en faveurs de sa thèse sont contredits par les faits et nécessitent un approfondissement.
Si cela ne contredit en rien la thèse globale de l’ouvrage, je n’apprecie aucunement qu’un auteur torde les faits sciemment pour favoriser son point de vue. Les falsifications de Gelderloos le décrédibilisent en tant qu’Anarchiste.
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Considérant que la non-violence se fonde sur une falsification méthodique des histoires des luttes sociales du passé, Peter Gelderloos propose une critique de cette emprise morale et plaide pour la diversité des tactiques, choisies selon les situations particulières, pour un « activisme révolutionnaire ou offensif ».
(...)
En raison de son intransigeance, cet ouvrage ne fera certainement pas consensus. Cette parution tombe cependant on ne peut mieux et sa lecture nous semble indispensable aujourd'hui. Ceux que le titre ou les premières pages choqueront, devraient tout de même persévérer, à moins qu'ils ne préfèrent se satisfaire de dogmes ?

Article très complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Ce livre n'est pas une ode ni un appel à la violence.
Pour l'auteur la violence est un moyen de lutte, un moyen de se libérer
de la violence exercée par l'Etat à travers le capitalisme, le patriarcat
le suprémacisme blanc. Si la violence n'est pas souhaitable, elle est nécessaire
à toute révolution. L'auteur démonte le mythe des grandes victoires prétendument
acquises par la non-violence et montre que de Luther King à Ghandi, les apôtres
de la non-violence étaient bien conscient que la violence pouvait être nécessaire
et que la non-violence n'a pas été seule artisane de ces victoires.
IL est plus difficile de s'engager sur la voie de la violence alors que la non-violence
ne fait prendre aucun risque et fait se sentir moralement supérieur. C'est par sa passivité
et son inefficacité que la non-violence protège l'Etat.
La liberté d'expression chère au pacifistes n'est concédée par l'Etat que tant qu'elle demeure
inoffensive et qu'elle ne menace pas le système sinon elle est réprimée
et retirée( ce que rappellera peut-être des événements ayant eu lieu en France récemment)
L'auteur ne se cache pas de développer des thèses anarchistes, il les revendique.
La redondance de certains argumentaires m'a parfois gêné mais ils répondent à des arguments
pacifistes in fine peu nombreux.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Dit simplement, la non-violence assure le monopole de la violence à l’État. Les États – les bureaucraties centrales qui protègent le capitalisme, perpétuent le patriarcat, la suprématie blanche, et organisent l’expansion impérialiste – survivent en s’arrogeant le rôle d’unique mandataire légitime de l’usage de la force sur le territoire. Toute lutte contre l’oppression passe par un conflit avec l’État. Les pacifistes font le jeu de l’État en étouffant toute opposition dans l’œuf. l’État, de son côté, décourage la lutte radicale au sein de l’opposition et encourage la passivité.
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Dit simplement, la non-violence assure le monopole de la violence à l'État. Les États - les bureaucraties centrales qui protègent le capitalisme, perpétuent le patriarcat, la suprématie blanche, et organisent l'expansion impérialiste - survivent en s'arrogeant le rôle d'unique mandataire légitime de l'usage de la force sur leur territoire. Toute lutte contre l'oppression passe par un conflit avec l'État. Les pacifistes font le jeu de l'État en étouffant toute opposition dans l'oeuf. L'État, de son côté, décourage la lutte radicale au sein de l'opposition et encourage la passivité. (p. 91)
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Nous plaidons pour la diversité des tactiques, par quoi nous entendons des combinaisons de tactiques efficaces élaborées à partir de l'ensemble des tactiques existantes en mesure de nous libérer des différents systèmes d'oppression : le suprémacisme blanc, le patriarcat, le capitalisme et l'État. Nous pensons que les tactiques doivent être choisies en fonction des situations particulières et non pas d'un code moral universel immuable. (p. 41)
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Autoriser une manifestation non violente est toujours bon pour l'image de l'État. Bon gré mal gré, les dissidents non violents jouent le rôle d'une opposition loyale qui se donne en spectacle, créant l'illusion de ce que le gouvernement est plutôt démocratique et non pas autoritaire. Les pacifistes aident l'État à avoir l'air inoffensif en lui permettant de donner l'impression qu'il tolère une critique (qui ne le menace pas réellement). (p. 101)
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La non-violence, dans le contexte actuel, est intrinsèquement une posture de privilégié [...]. [Elle] ignore la violence omniprésente du fonctionnement normal de la civilisation industrielle. [Elle] ignore le fait que cette violence est inévitable, qu'elle est constitutive de la structure de la hiérarchie sociale actuelle, et qu'elle touche avant tout les non-Blancs. (p. 65)
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How Nonviolence Protects the State, Peter Gelderloos Interview
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