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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Maurice Genevoix entre au Panthéon des grands hommes!
"La Sologne! C'est le pays de mon enfance. Ce pays m'envoûta par mille liens lents à tisser".


Sa forêt perdue est mythique, sans âge, et abrite un cerf majestueux.
"Une futaie sans fin de grands charmes, comme une armée de géants."


La forêt perdue? Pourquoi?
Parce qu'on ne peut repousser chemin et remonter le cours du temps?
"C'est une forêt... où se perdent les chevaliers poursuivant des cerfs blancs."


Deux chasseurs (Un piqueux, La Brisée et Bonavent, le fils du seigneur Abdon) convoitent ce cerf magique, qui est l'âme de la forêt...


Florie, la fille de Bonavent, est aussi fascinée par cette forêt. Elle rencontra le grand cerf et "s'immobilisa, interdite, comme "féée."
(Faé/féé:soumise à un grand charme.)


Et, il y a Wautru, (un simple d'esprit, un sorcier ou un lutin?) à "la face couleur de brique, maigre, camuse et barbue." Il peut s'interposer devant un enfant qui pêche un poisson, ou La Brisée qui tue un sanglier, mais aussi pour protéger les hommes...


N'entrez pas dans cette forêt perdue! Vous risqueriez de rester pour toujours sous son charme...
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La forêt perdue compte au nombre des rares livres qui vous accordent la paix de l'âme. Ce livre d'une grande puissance poétique est un conte, une épopée, un récit légendaire servi par une langue d'une admirable splendeur. L'écriture est pleine de vitalité et riche sans jamais être lourde. Beaucoup de phrases sibyllines sonnent comme les paroles d'un oracle. le récit est maîtrisé de bout en bout sans exubérance, dans toute la simplicité et, semble-t-il, dans l'évidence de la nature.

Une langue rustique qui adopte le parler de la vénerie et épouse le langage secret de la vie de la forêt. C'est une série de tableaux impressionnistes regroupés dans une unité parfaitement calibrée. C'est une oeuvre maîtresse, le sommet de l'art de Maurice Genevoix, comme le dit si bien la quatrième de couverture. Et tout tient dans moins de cent cinquante pages. S'y déploie magistralement le talent, porté à son suprême de degré, des grands conteurs : mettre entre vos mains une graine dont votre regard se chargera de tirer un bouquet qui fera flamboyer votre âme.

Maurice Genevoix y charme l'oreille tout autant que l'oeil en usant de termes d'un français ancien proche des sources, qui émerveillent et font chatoyer les sens, qui sont comme les échos lointains d'un patrimoine et d'une histoire vaguement familiers auxquels je me sens irrésistiblement attaché, un lien atavique reparaissant à la conscience.

Il m'emporte corps et âme, dans cette forêt légendaire. Tout fait mouche, tout vibre de l'énergie de la vie avec un rendu juste qui prodigue non pas un engourdissement de fatigue, de lassitude, d'exaspération ni de frustration comme le font d'autres livres : il verse la paix dans l'âme. Ces cent et quelques pages composées de quatorze chapitres se savourent, se dégustent inlassablement et dans un contentement pour moi sans égal jusqu'ici, avec la solennité humble et la tonalité cristalline propres au génie de Maurice Genevoix.
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La Forêt Perdue (1967) comme la Dernière Harde (1938) sont les deux grands romans sur la chasse au cerf de Maurice Genevoix. Cependant je trouve que La Forêt Perdue est bien autre chose, d'ailleurs on n'y raconte qu'une seule véritable scène de chasse et de mise à mort, celle d'un gigantesque sanglier. le titre fait penser à un conte, et c'en est un, un conte où la nature tient le premier rôle et où chacun trouvera sa propre morale.

Quelque part dans un passé reculé, qui ressemble au moyen-âge, le seigneur Abdon vit dans un domaine en lisière d'une immense forêt. Il prise la chasse, mais ne chasse plus qu'avec des faucons. Son fils veuf Bonavent et son piqueux La Brisée n'aiment rien tant que la chasse à courre, ils chassent infatigablement tous les jours avec la meute, délaissant la jeune Florie, fille de Bonavent en compagnie de son grand-père.

Après une rencontre avec un splendide grand cerf, Bonavent et La Brisée n'ont de cesse que de le retrouver et de le chasser jusqu'au coeur de la forêt. Ils chassent alors avec acharnement, tous les jours, alignent les trophées et les cadavres, toujours plus loin dans la forêt avec l'espoir de forcer le cerf insaisissable.

C'est cette poursuite sans fin, cette quête violente proche de l'obsession qui est au centre de ce roman entre allégorie et légende où la forêt devient un être mythique, sacré. C'est un monde à elle seule, qui se défend des agresseurs, avec ses équilibres, ses règles que l'homme ne doit pas venir perturber. le cerf mystérieux, maître et défenseur des lieux devient une figure divine, soutenu par un étrange personnage Waudru. Ce dernier, presque ermite est à la fois le porte-parole et l'esprit de la forêt où il est totalement en harmonie avec tout ce qui peuple l'endroit. C'est lui qui tentera de mettre en garde les chasseurs contre leur obstination à percer le coeur de la forêt. Car cette forêt matricielle extraordinaire est bien un lieu d'initiation où l'on peut se perdre corps et âme ou bien renaître un peu plus sage.

Un texte magnifique, dans une langue riche, dense et souple à la fois, qui nous emmène au coeur d'une forêt intemporelle, source de vie et de légendes.
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Aboutissement total de l'écriture de Maurice Genevoix, immense écrivain de la nature et aussi des hommes et des bêtes. Cette forêt légendaire décrite telle une oeuvre d'art par un artiste de la langue française nous emporte en son sein avec ses mystères, ses richesses, tout ce peuple qui l'habite et ces hommes qui poursuivent ce grand cerf mythique sont nos semblables. Simplement Maurice Genevoix leur confère une dimension épique pour les mener vers des sommets que le commun des mortels ne saurait atteindre.
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Maurice Genevoix à écrit deux grands romans de chasse au cerf, "La Dernière Harde" publiée en 1938, et "La Forêt perdue" qui date de 1967. Un prolongement mais tellement éloigné.
Point commun entre les deux romans, l'animal occupe une place singulière, "Cerf Rouge" de la première oeuvre, "Grand Cerf" de la seconde.
De "La Dernière Harde" à "La Forêt perdue", on passe d'une surabondance naturelle à une épure merveilleuse qui se borne à l'essentiel.
Dans son premier roman, Maurice Genevoix nous procure une présentation complète du cerf, tout au long de sa vie à travers trois époques : ses enfances, la captivité, la force de l'âge.
Dans son second roman, d'emblée, le "Grand Cerf" nous est présenté dans sa force et sa plénitude, affronté aux représentants de trois générations : le vieux seigneur Abdon ; son fils Bonavent ; sa petite-fille Florie, la seule à connaître une initiation complète.
Cependant les deux romans se répondent par des motifs communs. C'est par le regard que se fait la rencontre du chasseur et du cerf, d'abord ombre ou couleur d'une simple silhouette, puis masse impressionnante, parfois gigantesque, qui se met en mouvement, seule ou aux côtés de compagnons.
" La Forêt perdue " tient tout à la fois de l'épopée, de la légende sans oublier son côté mystique. La quête d'une figure divine, l'animal sacré, le cerf.
A lire absolument pour retrouver la paix intérieure..
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Onirisme cynégétique,

Il y a peu, j'ai intitulé ma critique de " la dernière Harde" Esthétisme cynégétique.
La reprise partielle du titre de cette critique se veut comme un clin d'oeil. Autant " La dernière harde" fait le récit de la beauté magnifiée des animaux et des hommes au sein de la forêt, autant " La forêt perdue" y ajoute une part de rêves, de légendes. La forêt perdue a été écrit 30 ans après la dernière harde, et pourtant. Un écho résonne au coeur des pages et se réverbère tout au long du récit. le cerf, pivot central du roman, incarne par un charisme absolu le roi de la forêt. Les deux principaux protagonistes sont une résurgence bicéphale du Piqueux. Il y a cette course effrénée au sein de la forêt mystérieuse, idéalement incarnée par Waudru, sympathique personnage évanescent, qui confère au récit sa part d'onirisme. On l'imagine très bien au détour d'un hallier, le corps noueux, les jambes torses, les oreilles moussues proférant ses mises en gardes. Il y a Florie, incarnation du printemps et de la vie jaillissante qui s'épanouira en femme vertueuse, compréhensive de la nature, à l'opposé des mâles dominateurs aveuglés par leurs désirs.
Maurice Genevoix nous met en garde à la première ligne de la première page : " L'histoire que voici, je l'ai rêvée à partir d'un mot."
Et ce mot se dédouble, se déroule, se métamorphose en phrases d'une beauté subjuguante. Ce livre est un poème. Une histoire d'amour entre les mots et le lecteur. le rythme est haletant, entreprenant, on suit les protagonistes avec enthousiasme dans les futaies, au travers des ronciers. On saigne avec eux, on retient son souffle, on est saisi par l'apparition soudaine de Waudru.
Impossible pour moi de faire une critique sans avoir le sentiment de trahir l'auteur. J'avais pris une claque il y a 15 ans avec " Zone érogène" de Djian. La deuxième vient d'arriver et cela fait 15 ans que je tends l'autre joue. Ce livre m'accompagnera encore longtemps, je pense le relire, ce que je n'ai jamais fait quant à présent pour aucun livre. Une merveille, un must, un vade-mecum, une bulle d'oxygène, un songe forestier toujours à portée de main...
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"La forêt perdue" prolonge merveilleusement "La dernière harde" pourtant si éloignée dans le temps. Ce conte en constitue la suite spirituelle. Elle lui est indispensable, à mon avis.
Maurice Genevoix atteind ici le sommet de son art. J'avais écrit un commentaire dithyrambique à propos de "La dernière harde". Je n'ai plus de mots pour "La forêt perdue".
A lire avec un petit Larousse à portée de main. Et encore .... tout n'y figure pas. le lexique de la vénerie est parfois écrit dans sa forme archaïque ! Par exemple, Genevoix désigne une gélinotte par le mot "geline" (du latin "gallina" - une poule ...) un mot en ancien français.
Si vous aimez la belle langue française, ne passez pas à côté de ce récit !
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