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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà p lus de vingt ans que Sylvie Germain publie des romans et que la critique se montre unanimement admirative de son talent. Avant la lecture de ce livre, je ne la connaissais que de nom. On a beaucoup parlé de son dernier ouvrage "Magnus" .

Je suis ravie de l'avoir découverte avec" le livre des nuits", son premier roman. En effet, dans une interview assez récente pour Evène, elle dit ceci en parlant du "Livre des nuits" : « je pense que dans ce livre il y avait en germe et en concentré toutes mes obsessions et ce qui s'est développé après ».

L'histoire :

Le personnage central du roman est Victor-Flandrin PENIEL, né de l'union d'un père et de sa fille. Ses parents sont morts alors qu'il était enfant et sa grand-mère, une femme âgée mais courageuse, l'a élevé.

Il est issu d'une famille « de l'eau douce » qui a vécu et travaillé sur une péniche. Les mauvais tours du destin et la guerre de 1870 ont contraint la famille a quitter la péniche alors qu'il était tout jeune.

A la mort de la grand-mère, il est tout juste adolescent. Au terme d'une sorte de parcours initiatique à travers les champs et les forêts, il s'installe dans une ferme et se passionne pour le travail de la terre. Il y restera toute sa vie malgré les épreuves qui le marquent dans sa chair et dans son âme. Les femmes de sa vie meurent les unes après les autres. Sa nombreuse descendance est frappée par la folie, la maladie et les guerres : celle de 14-18, puis celle de 39-45. Mais Nuit-d'or-gueule-de loup (c'est son surnom) reprend toujours le dessus grâce à sa soif de vivre, insatiable.

Mon avis :

J'ai résumé le livre pour vous donner une idée de l'histoire, mais il me semble qu'elle n'est pas essentielle. Ce qui importe, ce sont les mots merveilleux de Sylvie Germain et surtout les messages qu'elle veut nous faire passer.

L'écriture est très poétique, comme le sont les titres des six chapitres : Nuit de l'eau, Nuit de la terre, Nuit des roses, Nuit du sang, Nuit des cendres, Nuit nuit la nuit.

Il existe également, dans ce livre une dimension fantastique : des yeux qui pleurent des perles de verre, des tempes qui transpirent du sang quand un malheur va arriver, une ombre blonde qui suit Victor Flandrin partout ou il va, et ces mystérieuses malédictions qui s'abattent sur la famille…

La première partie du livre m'a demandé un effort car l'atmosphère est assez noire, comme le laisse entrevoir le titre. En outre, il n'est pas toujours aisé pour nous adultes, d'entrer dans l'univers du conte. Mais peu à peu, je me suis intéressée au destin de cette famille et surtout j'ai accepté la vision pessimiste de Sylvie germain sur notre monde, une vision dérangeante mais malheureusement juste. Il faut bien admettre que la cruauté des hommes et leur folie sont sans limites.

Sylvie Germain met l'accent sur le thème de l'histoire qui se répète sans cesse : les trois guerres qui marquent cruellement cette famille, comme bien d'autres d'ailleurs, en sont la preuve. le dernier chapitre, évoquant la guerre 39-45 et l'holocauste est absolument terrible. On referme le livre bouleversé.

Il existe une suite, « Nuit-d'Ambre », que je lirai assurément.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Entre 1870 et 1945, l'auteure nous livre une histoire de famille qui démarre sur l'eau des canaux où les mariniers transportent du charbon et se poursuit sur la terre dans une ferme isolée. Victor Flandrin Péniel en est le pilier central au travers de ses nombreux mariages et enfants. La réalité triste, souvent endeuillée, marquée par les trois guerres successives qui interviennent sur le destin de la famille est accompagnée de fantastique qui transforme la narration en conte. le style et l'écriture de Sylvie Germain qui se révèlent dans ce premier roman s'affineront dans ses prochains livres pour le plus grand plaisir des lecteurs.
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Je ne m'attendais pas à cette atmosphère particulière : un homme qui vit seul avec sa tribu au fond d'un village, entre la défaite de Sedan et la fin de la seconde guerre mondiale.

Ses quatre femmes lui donneront jumeaux et jumelles, presque tous au prénom double.

Le silence règne à la ferme, les femmes meurent en poussant des cris, seules paroles. Les larmes aussi sont retenues.

J'ai aimé que la péniche du grand-père s'appelle A la Grâce de Dieu, que celle du père soit nommé La Colère de Dieu, et que la maison du fils auraient dû se nommer A l'aplomb de Dieu.

J'ai aimé Vitalie, la grand-mère, dont les larmes blanches ont un goût de coing et de vanille.

J'ai aimé les étoiles dans les yeux du fils, une pour chaque enfant qu'il aura.

Mais quand il fait alliance avec un loup, j'ai trouvé l'homme reclus moins intéressant.

J'ai aimé le vocabulaire si particulier du récit : les re-tirer / -affleurer / -découvrir. Mon préféré étant déjeter, très présent dans le texte.

Un premier roman, qui date de 1985, de nombreuses fois primés, et qui offre une plongée dans les nuits du début du XXe siècle.

Une citation :

Après avoir été un batelier rejeté par les fleuves, il n'était plus à présent qu'un paysan rejeté par la terre, un amant et un père rejeté par l'amour, – un vivant rejeté par la vie sans cependant être accueilli par la mort. Il était de nulle part. C'ets pourquoi il n'avait nulle ha^te des e relever de ce seuil où il dormait assis. (p.223)

L'image que je retiendrai :

Celle de la fille Margot, la Maumariée, aux treize jupons blancs, chacun correspondant aux treize années qui lui reste à vivre sa journée de mariage éternellement.
Lien : https://alexmotamots.fr/le-l..
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Pff... Comment résumer ce livre superbement écrit? Il a reçu le prix du livre insolite... et ça lui va comme un gant. Il s'agit d'un mélange entre roman historique et conte fantastique.

Les héros, de générations en générations, traversent les tragédies de l'histoire et se font happer par elles. On passe ainsi de la guerre franco-allemande de 1970 à celle de 1914 puis celle de 1940. La violence de l'homme est décrite par des images symboliques parfois difficiles à comprendre mais dont les impressions restent là ancrée dans l'esprit du lecteur.

En fermant le livre, je me suis sentie envahie par le fatalisme. J'ai eu un véritable besoin de me changer les idées pour chasser toute la noirceur des images qui me trainaient en tête. Mais malgré ça, je considère ce livre comme un véritable chef d'oeuvre.
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Syvie Germain a écrit un conte magnifique, prenant, et incroyablement noir. Une saga familiale marquée par 3 guerres, celle de 1870, puis la Première et Seconde Guerre Mondiale, et qui m'a autant éblouie par le style de l'auteur que déprimée par sa kyrielle de décès, de folies et de vies gâchées.
Vraiment, j'ai aimé ce livre, mais je ne lirai pas la suite (Nuit d'Ambre), ça fait trop mal.









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Le livre des nuits retrace l'histoire d'une famille prise dans les affres de l'histoire et des guerres. Pas n'importe quelle histoire, mais l' épopée "mythologique" et mystique des parcours de vie des générations successives dont l'héritage mnésique se transmet inexorablement des parents aux enfants, aux petits-enfants et aux arrières petits- enfants. Ce récit regorge de signes de toutes sortes : ils sont présents dans le temps qu'il fait, dans la couleur du ciel, la forme des arbres, l'opulence des roses et la violence des hommes. Ce sont souvent des "tares", des singularités physiques, comme un reflet d'or dans un oeil, un dos bossu. Les corps sont marqués, déformés, marque d'une grâce personnelle qui est aussi une lourde responsabilité, ou d'une grâce divine : ces grâces que le patriarche se refuse à reconnaître tant la vie semble cruelle et insensée. Le malheur s'acharne, les dons se retournent contre leurs détenteurs et les pythies sont condamnées par la folie des hommes. Le sang est très présent tout au long du roman, tantôt symbole de compassion, tantôt de folie exterminatrice lorsqu'il coule dans l'horreur des tranchées.
Il faut accepter, pour adhérer à ce roman halluciné et poétique, de s'abandonner à l'invraisemblance apparente des faits relatés sous forme d'épopée et faire confiance à l'auteur. Il faut accepter aussi de ne pas tout comprendre sur l'instant : les images s'éclairent au fur et à mesure. Tout fait sens. Toujours.
Un beau roman.
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Un roman puissant écrit par un de nos grands écrivains contemporains : le germe de ses romans à venir, celui-ci ne possède pas encore l'épure de ceux qui suivront, mais l'écriture et la trame narrative sont magnétiques, enchanteresses pour dire la malédiction qui pèse sur les hommes, le Mal omniprésent, universel, qui sévit dans tous les siècles et dans toutes les générations. Et qui m'incline à faire un parallèle avec Confiteor, de Jaume Cabré.
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Nous sommes ici en présence d'un roman exceptionnel: le style, la force des situations, la montée en puissance et la répétition des drames, font que nous sommes accrochés à cette lecture, qui confirme la position aux plus hauts niveaux de l'auteure parmi les romanciers contemporains.
On peut toutefois être gênés par l'apport d'une dose de surnaturel, qui affaiblit le réalisme cru des situations. Gênés aussi par le fait qu'une bonne partie de la lignée de l'abondante famille Péniel - qui s'étend sur plusieurs décennies dans ce roman - est issue d'une relation incestueuse. Ce sont des choix de l'auteure, que nous respectons, mais nous pourrions imaginer le même récit sans ses deux caractéristiques encombrantes (?).
Cela ne remet pas en cause l'intérêt de ces lectures: Magnus, Jours de colère, et ce "Livre des nuits" qui les a précédés sont trois livres qui nous ont déroutés et comblés.
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Le Livre du Mois Août 2022
Univers si particulier de Sylvie Germain, si envoûtant...
A la lecture de ce livre, nous sommes immergés dans le monde de la famille Péniel.
Victor-Flandrin, le dernier fils de Théodore-Faustin connaîtra un destin singulier. Bien jeune à la mort de son père, il vivra et survivra, bravant l'âpreté de la vie. Cette vie qu'il aura longue et fructueuse, côtoyant la mort dévastatrice et cette guerre toujours sous-jacente.
Magnifique roman oscillant entre réel et fantastique. On le quitte à regret.
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J'ai été touché par l'étrange histoire de Victor-Flandrin Péniel, fils de batelier, quittant la péniche pour partir à la découverte du vaste monde et dont les amours tragiques sont ici relatées. Ce récit, tout emprunt de réalisme magique, s'inscrit dans une tradition ancrée dans les brumes et le crachin du Nord.
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