Cette magnifique incursion dans le Paris de l'occupation, m'a ouvert les écoutilles sur un très grand talent.
Jean-pierre Gibrat éclate de virtuosité dans cette BD le Vol du Corbeau, pour moi la découverte d'un surprenant magicien du dessin, étonnant aquarelliste.
L'immersion rocambolesque sur les toits de Paris m'a littéralement ébloui. . Gibrat, réalise à la façon d'un Sylvain tesson, une farandole d'escalades, de sots, de glissades, sur 14 pages dont chaque cliché s'ouvre sur une géométrie décomplexée.
La plongée dans le Paris méconnu des canaux, devient ensuite l'autre terrain de jeu du dessinateur converti en photographe pour aller découper la carcasse de l'Himalaya, une péniche typique des bords de la Seine en plans serrés, une visite des bateaux mouches plus évocatrice qu'un blabla pour touriste.
Faut-il réduire cette BD "le Vol du Corbeau" à cette galerie d'aquarelles, à cette multitude de ciels orangés, flamboyants, violets, neigeux, pour ma part, je sais très bien que je retournerai vers ces pages, pour voguer sur cette péniche que l'on quittera à regret dans les dernières pages et revenir au dénouement de l'intrigue.
La péniche est en effet le lieu de rendez vous, des principaux personnages, le refuge du personnage central, Jeanne dénoncée par une lettre anonyme. Derrière cette lettre anonyme le commissaire de police découvre un réseau de résistants, Jeanne cachait des armes, et sa soeur Mathilde est arrêtée.
La subtilité de l'intrigue vient de la personnalité du commissaire, inspiré, retors, il a deviné que le dénouement de la guerre est proche, il joue habilement sa carte, naviguer sur les eaux boueuses de l'occupation allemande, et se préparer à toutes les éventualités.
Des portraits évocateurs où les yeux viennent vous exprimer l'inexprimable, comme l'expression de ce soldat Alsacien revenu détruit du siège de Stalingrad.
Le vol du Corbeau, un survol inoubliable, de Paris quand Ici londres émettait ses messages : " coup de chapeau au basque sans béret"
"de Dunkerque à Perpignan le père Turcot n'est pas fainéant"
"si la blanquette de veau prend le train le dimanche la vache folle ne prend jamais l'ascenseur".....