Citations sur Glen Affric (187)
Ses questions sont rapidement élucidées : une cour, bien plus petite que celle du collège. Un sol de béton, trois bancs, des murs surmontés de barbelés, l’ombre des miradors. Pas un arbre, pas un gramme de terre, pas un brin d’herbe. Tout juste un carré de ciel maussade.
Et une bonne trentaine d’ennemis potentiels.
(page 129)
Cisco aimait à dire que les innocents qui entrent en prison en ressortent coupables. Que ceux qui le sont déjà en ressortent plus violents qu’ils ne l’étaient auparavant.
Depuis l’an dernier, Hadrien est interne dans un lycée qu’il a intégré avec un an d’avance. Il y subit à peu près un sort identique à celui de son ami. Avant, ils fréquentaient tous deux le collège Albert-Camus et pouvaient s’entraider, même s’ils n’étaient pas dans la même classe. L’un était le cerveau, l’autre les muscles.
Désormais ils sont seuls.
Face aux autres.
Différents des autres.
Des proies, forcément.
- Tu y crois, toi, à Dieu ?
- Non.
- Moi non plus. Mais je crois à Nessie. Parce qu’il faut croire aux monstres.
- Ah oui ?
- Oui. L’homme il pense qu’il connaît tout.
- C’est-à-dire ?
- Il croit qu’il sait tout sur les animaux, sur la nature, les plantes et tout ça. Mais moi, je dis que c’est faux. Et que l’homme, c’est rien qu’un prétentieux.
(pages 707-708)
Il ne sait pas grand-chose mais il sait la mort. Il l'a vue de près le jour où Joseph s'est pendu dans la grange.
C'est laid et définitif, voilà ce qu'il sait.
Mais il se demande parfois si ce n'est pas aussi un chemin vers la liberté.
-Je suis sûre que tout ira bien.
Jorge ouvre la fenêtre et devine le jardin dans l'obscurité. Cet endroit où il aimait tant jouer lorsqu'il n'était qu'un petit garçon et que la vie s'annonçait comme une longue ligne droite jalonnée d'espoirs et de lumières.
-Non, maman, tout n'ira pas bien murmure-t-il. Une fois les fondations fissurées, la maison finit toujours par s'écrouler.
-Qu'est-ce que tu dis, mon fils ?
-Rien, maman. Ç’est sans importance. (p.246)
— Je voulais pas te faire d’ennuis, tu sais.
— Je sais, mon fils. Je sais que ce sont eux les coupables.
— Oui.
— Mais c’est toi qui es puni. Parce que tu as commis une faute.
— Pourquoi ils m’en veulent, tu crois ?
— Ce sont des faibles. Ils profitent de ta différence.
— Et pourquoi que je suis différent ?
— À cause de ce que tu as vécu lorsque tu étais un petit enfant.
Léonard reste perplexe un instant.
— J’aimerais bien être comme les autres. Comme ça, t’aurais pas de problèmes à cause de moi.
Hum… Tu vas passer devant le tribunal pour enfants qui décidera de ta peine.
D’accord, monsieur. Mais j’ai déjà de la peine, vous savez.
Cisco aimait à dire que les innocents qui entrent en prison, ressortent coupables. Que ce qui le sont déjà ressortent plus violents qu’il ne l’était auparavant.
Quand tu me serrais dans tes bras, la crainte s'évanouissait.
Quand tu me pardonnais, c'est le monde entier qui me graciait.
Quand tu caressais mon visage, j'étais le plus beau sur la Terre, le plus beau de l'Univers.
Tout ce que je n'ai pas pu te donner, tout ce que je n'ai pas pu te dire. Toute la peine que je t'ai infligée, sans jamais le vouloir. Toutes les nuits sans sommeil, les journées sans soleil et les soirs sans chaleur.
Toutes ces larmes et tous ces silences.
Tout ce que tu as fait pour moi, tout ce que je n'ai pas fait pour toi.
Tu me manques tellement, maman...