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sur 3632 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Karine Giebel s'est encore lâchée… c'est qu'elle n'y va pas avec le dos de la cuillère, on le sait, et on s'engage en ouvrant une oeuvre provenant de son cru, que ça va être very hard !!! Ben là même si on le sait, on ne s'attend pas à de telles monstruosités de la part du genre humain !
Tama, qui a perdu sa maman, est recueillie par une tante, son père s'étant remarié. Puis ce père la vend, pensant qu'en France, elle aura une vie meilleure… Tama se retrouve au service d'une « bonne famille » qui la nourrit des restes du repas, la loge dans une buanderie, lui interdit de sortir et va lui faire subir des traitements dignes de tortionnaires nazis. Puis elle arrive chez Mejda qui la frappe, la torture, la fait employer dans une famille, où elle travaille le jour, et l'emmène faire le ménage la nuit dans une entreprise, privée de sommeil, de nourriture, sans doute rejetée par son père après les mensonges de Medja qui communique avec lui… Medja qui lui inflige des souffrances physiques et morales.


Mais Tama ne se laisse pas abattre comme ça ! elle parvient seule à apprendre à lire, se passionne pour la lecture, se cultive, va connaître quelques périodes de répit… plutôt brèves...


Dans ce roman, intervient un personnage mystérieux qui ne possède de l'ange, que le prénom : Gabriel, individu tourmenté, recueillant chez lui une inconnue blessée, entre la vie et la mort, dont il ne sait que faire … s'en débarrasser ou la soigner et l'abriter… ?
On découvre peu à peu ce personnage énigmatique...


Un roman effroyable qui m'a marquée à vie ! que j'ai parfois refusé d'ouvrir quand je savais que j'avais impérativement besoin de repos pour pouvoir passer une nuit sereine, un livre que l'on a des difficultés à refermer. Un livre qui vous amène à crier vengeance et à souhaiter un sort bien gratiné aux individus lâches qui se permettent de tourmenter en toute impunité, ou presque…


Un livre qui vous amène à vous poser des questions sur la nature humaine, et à vous demander si à quelques pas de chez vous, il n'y a pas une « Tama » qui souffre. Ces faits existent, mais sont cachés. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi, dans le roman, certaines personnes ne dénoncent pas la situation de Tama.

Des thrillers j'en ai lus de toutes sortes, mais là, je dois avouer que je sors perturbée de celui-ci, j'ai aimé, et j'en ai un peu honte, j'en ai parlé autour de moi en signalant bien que toute âme sensible doit s'abstenir.
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"-Mejda a un chien ? a-t-elle demandé.
- Non, ai-je répondu
-Mais... ces couvertures, ça sert à quoi ?
J'ai gardé le silence et je sais qu'elle a lu la réponse dans mes yeux."

Plutôt que de me lancer tête la première dans cette chronique, je suis en train de remuer le marc de mon café en pensant à d'autres choses. Aux esclaves, par exemple. Peut-être que je me trompe, mais j'ai l'impression que même les esclaves de l'antiquité ou les esclaves sur les plantations de coton avaient au moins un semblant d'identité, un semblant de communauté, et peut-être aussi une vision de la liberté de l'autre côté du Jordan/Ohio pour maintenir leur foi.
Car l'esclavage, même si c'est difficile à admettre, était alors une réalité que personne n'a essayé de dissimuler. Une réalité à abolir. C'est fait depuis 1865.
Alors, quoi penser de l'esclavage moderne, de ces horreurs qui "n'existent pas", parce qu'ils se passent à huis-clos ? Où peuvent s'échapper ces esclaves-là, n'ayant aucun Jordan à traverser ? Combien ils sont, et où, ces gens sans identité, ces travailleurs sans salaire, qui servent occasionnellement de défouloir, quand leur "maître" est de la mauvaise humeur ?
Comment ils se sont retrouvés là, et pourquoi ?

Quand une crève vous terrasse, vous avez mal partout, et votre cerveau refuse de lire une ligne de plus sur l'histoire de la linguistique comparée, voici "Giebel-time" !
"Toutes blessent, la dernière tue". Un thriller au thème actuel, mais avant tout, un Thriller avec un grand T. Goutte à goutte, minute par minute... jusqu'au bout. Après quelques premières pages en compagnie de Tama, vous cessez de vous apitoyer sur vous-même et sur votre gorge qui gratte. Et en être humain normalement constitué qui adore les histoires sur le malheur des autres, vous devenez de plus en plus fasciné par tant de cruauté.

Tama la Marocaine. Vendue à huit ans par son père, elle ne va jamais aller à l'école en France, comme elle a cru au début. Pendant huit ans encore, elle sera ballottée d'un "maître" à l'autre, et subir le pire. Elle va rencontrer Mejda, sa Némésis, mais aussi Marguerite, qui va lui montrer que la bonté existe. Et Izri, son ange noir... son amour.
Voyez-vous, je n'aurais jamais pensé d'être à fond dans une histoire d'amour, surtout dans un thriller aussi atroce... Je ne sais pas comment elle a fait, la Giebel, mais elle m'a encore eue ! Ses personnages ont tous une sorte de subtilité; leurs raisons pour agir comme ils agissent. Même Mejda, peut-on vraiment lui en vouloir, après ce qu'elle a vécu ? Connaissez-vous "Killing Strangers", la chanson de Manson ? Eh bien, ce livre me fait penser un peu à ça...

Tama, Izri, Tayri et Gabriel. Les destins qui se croisent, les gens qui cherchent tous une sorte d'absolution.
Et votre estomac se serre quand vous arrivez au happy-end, et il vous reste encore trente pages à lire...
Karine Giebel, reine cruelle de thriller, je te hais !
Mais pour les même raisons que je te hais, je vais continuer à te lire. Alors à bientôt, le temps que je me remette de celui-là.
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On l'appelle Tama. Ce n'est pas son nom.

C'est celui que cette femme lui a donné lorsqu'elle l'a achetée à son père, à 8 ans, en lui promettant qu'elle aurait une vie meilleure qu'au Maroc.

Mais après tout, son nom, on s'en moque, car de vie meilleure il n'en est pas question.

De travaux en labeurs, de brimades en tortures physiques et psychologiques, de famille maudite en famille sadique, elle ne connaîtra que l'enfer.

L'enfer de l'esclavage purement et simplement.

Parfois, une éclaircie lui fait entrevoir que la nature humaine peut aussi être bienfaitrice, mais bien trop rarement.

Elle pourtant, elle garde espoir. Et elle tombe aussi amoureuse, d'un amour qui ne l'a sauvera sans doute pas...

Gabriel vit en reclus, tourmenté par son passé et rongé par la vengeance.

Lorsqu'une jeune inconnue bien mal en point et amnésique s'invite chez lui et le menace, il a vite fait de tourner la situation à son avantage... et elle pourrait bien en souffrir, si elle ne meurt pas de ses propres blessures... et si elle retrouve la mémoire...

A mon avis :
Deux récits se déroulent en même temps dans ce roman de Karine Giébel ; celui de Tama, cette jeune esclave moderne et celui de Gabriel, cet homme torturé et isolé.

On ne voit pas bien en quoi ils sont reliés à première vue... puis les idées se mettent en place. Et comme d'habitude avec KG, de petits détails que l'on prend pour des indices nous éloignent de la vérité, nos idées simplistes ne se vérifient pas, on est donc forcément surpris.

Une première partie (un tout petit peu longue à mon goût) installe les protagonistes et leurs histoires, difficiles, terrifiantes, abominables... que Karine Giébel sait parfaitement décrire et nous faire vivre de l'intérieur.

Puis le roman prend du muscle. Et là c'est la tension psychologique qui nous dévore, on est happé par le suspense, la brutalité des situations, la crasse, la douleur, l'horreur.

Et au milieu de ce chemin pavé de sang, coulent des histoires d'amour qui remettent du baume au coeur du lecteur... avant de repartir en enfer. Un jeu subtil de sentiments biens dosés.

Encore une fois avec cet auteur, un roman bien écrit, facile à lire mais parfois dur et qui laisse des traces profondes dans nos cerveaux innocents...

Il faudrait s'arrêter pour marquer quelques pauses dans la lecture et souffler un peu, mais on ne le fait pas, on tourne encore une page, puis une autre et on vit avec eux cette histoire terrible d'un grand réalisme, jusqu'à la dernière page... déjà.


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Il est des livres qui nous mettent KO tout net.

Karine Giebel est à sa façon discrète et toujours loin des haut-parleurs, une auteure engagée.

Dans chacun de ses polars on retrouve une thématique de société qui fait polémique, elle dénonce ici la servitude domestique.

Avec toute la retenue et la dignité que sa colère, émanant à chaque ligne le permettent, Karine Giebel donne une voix aux invisibles, dont le sort reflète un monde sans pitié, que l'on refuse souvent de voir.

D'une plume incisive, l'auteure française livre un polar foudroyant qui explore les mécanismes de la violence et les traumatismes de la chair.

La reine du polar n'a rien perdu de son talent pour décrire les bas-fonds des âmes humaines et des personnages épais, charnus, vivants, bons ou mauvais, qui flirtent chacun avec leur part animale et la violence en héritage, évoluent dans une ambiance belliqueuse que l'on ne peut retrouver que chez les plus grands du genre.

Le rythme est volontairement lent pour faire ressortir la notion du temps qui ne s'écoule pas dans la souffrance, nous transposant dans la peau du personnage.

C'est noir, noir, ultra noir ! Tout est noir dans ce polar.
A chaque déferlement de violence on est au bord de la nausée, la respiration se coupe, l'estomac se contracte, les larmes nous viennent aux yeux.

Un livre coup de poing duquel on en ressort avec l'âme éclatée.


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Tama est une esclave. Achetée au Maroc après la mort de sa mère, elle est au service de bourreaux qui ignorent la pitié et l'exploitent nuit et jour. Mais Tama a un secret : en cachette elle a appris à lire, ce qui lui permet de s'évader en rêve. Jusqu'à une rencontre qui pourra la sauver ?
Gabriel vit seul dans un hameau isolé. Il n'en sort que pour pour faire ses courses et aller assassiner les personnes qu'on lui désigne. Quel est son but ? Un jour, une jeune femme blessée et amnésique trouve refuge dans sa grange. Pour sa sécurité, Gabriel devrait la tuer, mais il ne peut s'y résoudre et la soigne.

Deux histoires s'entrecroisent dans ce long roman. On sent bien qu'elles vont finir par se rejoindre, mais peut-être pas tout à fait comme on pourrait s'y attendre...
Deux histoire d'une violence extrême : pas une once d'humanité ou de retenue chez les bourreaux. Ceux par qui le salut peut venir, marqués par des passés violents, hésitent entre la compassion, l'amour et les coups. Seules les esclaves, et un petit enfant, apportent une lueur d'espoir...
Le style utilisé, des phrases et des chapitre courts et un texte haché, l'alternance entre les deux narrations, Tama et Gabriel, donne au roman beaucoup de rythme. On pourrait être rebuté par tant de violences, mais finalement c'est le désir de découvrir le dénouement qui l'emporte. Une lecture presque addictive.
Un roman noir, très noir, et haletant !
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Si vous aimez le style de Karine Giebel, vous ne serez pas déçue par ce livre. Toujours aussi noir, toujours aussi dur. Là on part avec Tama qui est esclave chez les Charandon. Ils passent leur temps à la torturer physiquement et psychologiquement. Elle va subir les pires humiliations mais elle s'accroche à des petites choses (une rencontre, la lecture…). Les personnages sont forts, puissants. Ce pavé ne doit pas vous faire peur par son nombre de pages, vous ne verrez pas passer les 786 pages (pocket) mais c'est plutôt le contenu qui risque de vous maintenir éveillé toute la nuit. Ce qu'elle vit est inhumain et dire que malheureusement ces pratiques existent toujours… ça donne des frissons
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L'effet Giebel ..... ou comment se manger une brique de 732 pages en deux jours.

A chaque Giebel que je lis, je me dis : cette fois, je vais prendre du recul, je ne me ferai pas avoir !

Deux cents pages plus loin ....
- Mamaaaan ! J'ai faim !
- ........
- Mamaaan ! Y a quoi pour dîner !
- ..........

Les pages défilent, c'est la même recette à chaque fois: le sujet est dérangeant, la violence est omniprésente. Les méchants ont parfois un coeur d'artichaut et les faux gentils sont de véritables ordures. Quant aux dialogues, ils font mouche à chaque fois.

Addictif. Nerveusement épuisant.....

- Chérie ? Tu viens te coucher ?
- .....
- Allez ! Viens !
- Nan ... je peux pas ...j'ai Giebel.
- Mais tu l'acheveras après ton bouquin !
- ME TOUCHE PAS JE TE DIS SINON JE T'EXPLOSE CONTRE LA TETE DE LIT !
(Stop Belette ! Tu peux pas dire ça ..t'es dans la vraie vie là, pas dans le bouquin!).

Au petit-déjeuner le lendemain matin, je termine ma lecture et je sais que la violence dans ce livre n'est pas gratuite, qu'elle ne sert pas uniquement à tenir le lecteur en haleine et à faire vendre. Karine Giebel, c'est aussi l'art de prendre un thème de société que tout le monde fait semblant d'ignorer (dans ce cas l'esclavage domestique moderne) et de faire en sorte que jamais jamais jamais plus vous n'oublierez que ça existe !

- Chérie ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu pleures ?
- LA FERME ! ....... C'est l'effet Giebel ... Tu peux pas comprendre !

Là, debout devant ma bibliothèque, je soupire ... Lequel prendre après ça ?
Un le Guilcher peut-être ? J'ai entendu dire que c'était drôle ;)
C'est la famille qui va être contente !
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On l'appelle Tama, elle vit près de Paris, dans une grande et belle maison. Elle s'occupe des trois plus jeunes enfants, elle est aussi chargée du ménage, de la lessive, du repassage, de la cuisine, elle fait aussi de la couture, le matin elle se lève vers cinq heures pour préparer le petit déjeuner de toute la famille. Elle couche dans la buanderie, battue, insultée et Mr Chalandon son patron aimerait bien qu'elle s'occupe aussi de lui. Il l'a achetée, elle lui appartient, comme les meubles. Son père s'est débarrassé d'elle comme on se débarrasse des ordures.

Gabriel a choisi de s'installer ici, où plus personne ne veut vivre, un petit hameau composé de quatre maisons dont il est le seul habitant. Son travail ? Tuer, assassiner, refroidir, descendre, éliminer, liquider. Il n'éprouve ni remords ni regrets, juste le sentiment du devoir accompli. Il vit avec un fantôme .

Il y a des romans noirs, mais celui-là il est plus noir que noir. Une descente en enfer, des scènes difficiles à vivre, le calvaire d'une jeune fille de seize ans qui a déjà vécu mille vies, mille souffrances, mille brimades, mille humiliations. L'histoire d'une petite fille victime innocente de l'esclavage moderne, quand l'homme se transforme en bête immonde.

Une écriture d'une force incroyable, un récit qui nous entraîne à la frontière de l'insoutenable, les pages défilent,parfois irrespirables le lecteur est littéralement aspiré dans cet univers glauque et violent. Au milieu, une histoire d'amour, de folle passion qui semble entrouvrir une fenêtre avec du ciel bleu, mais l'amour peut-il survivre en enfer ?

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Voilà le genre de roman dont le premier chapitre blesse, et les autres pages tuent à petit feu. 730 pages de souffrances et d'émotions. Un pavé qu'on prend en pleine figure.

Le sujet est bien différent, mais comment ne pas faire un parallèle avec Meurtres pour rédemption, sans aucun doute le livre le plus connu de Karine Giébel ? Deux briques littéraires, deux récits ultra-violents et à fleur de peau. Ceux qui ont tant aimé ce précédent roman devraient être tout aussi marqués par celui-ci.

Beaucoup d'éléments font que cette lecture restera nécessairement imprimée au fer rouge dans la mémoire des lecteurs. Par son sujet, déjà, l'esclavage moderne. Une thématique forte qui lui tient à coeur, on le sent chez Giébel. le lecteur, qui a gardé sa part d'humanité, ne pourra qu'être révolté par l'histoire qu'il va lire. Définitivement oui, le thriller peut être un bon moyen pour décrire le monde et les horreurs qui se passent par chez nous.

Je vous mets au défi de ne pas vous attacher à certains personnages. Lorsque Karine Giébel construit ses êtres de papier, elle les modèle avec la meilleure matière qui soit : l'émotion. Forte, de préférence. Exacerbée et excessive, c'est sa marque de fabrique.

Son autre signature très personnelle, c'est son écriture, unique. Reconnaissable entre mille, dès les premiers mots, dès les premiers chocs. Karine Giébel a une plume qui gifle, qui vous étouffe, qui vous rudoie, mais qui vous fait aussi prendre de subites et inattendues bouffées d'oxygène. Sensoriel.

L'enfer est pavé de mauvaises intentions, et il ne déçoit que rarement… L'écrivaine ne fait pas dans la demi-mesure, elle crie ses mots, ses douleurs et sa passion pour ses protagonistes. Elle pose ses tripes sur la table pour nous faire vivre au plus près la rudesse de leurs conditions.

L'être humain est capable du pire, et c'est donc bien quand il fait le mal qu'il ne déçoit jamais. La réalité sordide que raconte l'auteure ne peut laisser de marbre, tant sa violence est inouïe. Physiquement et psychologiquement. Les scènes de torture défilent, laissant le lecteur exsangue. A titre personnel, c'est le petit bémol que j'ai ressenti (le même sentiment, d'ailleurs, que j'avais éprouvé durant la lecture de l'excellent Meurtres pour rédemption) : j'aurais préféré quelques scènes de violence en moins (je suis trop émotif, sans doute, d'autre lecteurs ont trouvé que l'équilibre était parfait).

C'est la patte Giébel, cette manière excessive de faire parler la brutalité des sentiments. Toute la palette… Parce qu'il y a aussi de l'amour dans ce roman, quelques scènes aveuglantes, éclaboussant de lumière cette noirceur, par intermittence. La passion est aussi inhérente aux histoires de l'écrivaine, toujours.

Toutes blessent, la dernière tue est un roman qui marquera sans aucun doute la bibliographie de Karine Giébel. Par ses personnages marquants et ambivalents, elle frappe là où ça fait mal avec ce récit surprenant. Quand Giébel prend à son compte un fait de société, elle le fait à sa manière propre.

L'enfer est juste à côté de chez vous, bonne visite…
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Une sortie en poche chez Pocket, une proposition Masse Critique (que je remercie au passage) et me voilà à lire mon premier thriller de Karine Giebel. Un thriller terrifiant qui a pulvérisé mon compteur de tolérance à l'abject.

Tama, orpheline de mère et bouche inutile à nourrir de père, tu n'es que l'esclave des Charandon. Petite Marocaine, achetée à huit ans, même ton prénom t'a été ravi.
Une buanderie pour dormir, les restes des repas de cette admirable famille pour survivre et la cruauté, les insultes, les sévices psychologiques et physiques pour toutes marques d'affection.
Karine Giebel qui te met en lumière pour dénoncer ton esclavage sait parfaitement broyer le coeur du lecteur avec une écriture hachée, martelée, des faits implacables, intolérables, puisés dans la noirceur la plus totale de l'être humain. Elle te donne souvent la parole pour exposer ton calvaire, tes rebellions au risque de ta vie, tes souffrances, tes espoirs, stupides espoirs.
Ton unique évasion se fera par l'esprit, lorsque les douleurs du corps sont trop intenses ; quelques souvenirs, des sensations lointaines de tendresse maternelle, la chaleur de ton pays. Tu puises aussi ta force dans la lecture, toi qui as eu le courage d'apprendre seule la magie des mots.

L'auteure nous mène aussi aux côtés de Gabriel, retiré dans un coin complètement désert des Cévennes. Que fuit-il ? Quel regret semble le ronger et faire planer la mort dans son regard glacial ? Et pas uniquement dans son regard mais aussi dans son sillage…
Quelle chance aura la jeune femme blessée et amnésique qui a trouvé refuge dans son hangar ?

Les ficelles du thriller, Karine Giebel les manie avec dextérité et intelligence, c'est indéniable. Elle malmène son lecteur, le tient en haleine, jongle avec ingéniosité entre les personnages pour nous mener fébrilement vers la sortie. Elle nous fait passer la peur, cette peur collante, poisseuse, cruellement présente, tapie pendant de brèves périodes mais toujours prête à ressurgir. Plus on avance, et plus le rythme de lecture s'accélère, c'est là l'un des intérêts que l'on recherche dans ce genre de livre non ? Je pense que c'est également la marque de qualité d'un thriller.
Cependant c'est une plongée tellement douloureuse, dans les insoutenables tortures morales et physiques, que c'est souvent les mâchoires crispées que j'ai continué cette lecture. C'est glacial, comme le froid d'hiver des Cévennes où se terre Gabriel. C'est une chute vertigineuse dans le sadisme, la perfidie, le mensonge, la violence, la folie et la cruauté. L'enfer, ici, maintenant, à nos portes.
Même les lueurs font mal, un mot gentil qui emplit Tama de gratitude, l'attachement du petit Vadim, le tricot de Marguerite et l'amour d'Izri. Mon coeur balance, se brise.
Est-ce possible que tous ces personnages fassent partie de la même espèce humaine ? Ceux qui, à l'image de Tama, résistent envers et contre tous en puisant leurs forces dans l'amour et la bienveillance et ceux qui utilisent des êtres comme jouets de leur violence ?
L'auteure fait surgir l'esclavage moderne, bien présent et bien caché derrière des familles respectables, mais, avec les yeux de cette jeune marocaine, elle montre d'autres facettes de servitudes, sous-jacentes.

C'est dur, extrêmement dur, un véritable paroxysme de la violence. Garder foi en l'humain après ce thriller demande une bonne dose d'optimisme, ce qui me fait plutôt défaut.
Je reconnais le talentueux travail de l'auteure et les purs amateurs de thrillers trouveront ici l'éveil de frissons, de peur, de colère, de fébrilité, tout l'assortiment de sensations extrêmes que Karine Giebel véhicule avec brio dans cette dénonciation dramatique. Mais ma sensibilité se heurte de plus en plus à toute cette injustice noyée dans la violence alors je ne pense pas m'aventurer plus avant dans l'univers des thrillers d'une trop grande noirceur.
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