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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Fin avril 1945, la seconde guerre mondiale s'achève, les armées russes avancent vers Berlin, la population civile subit les bombardements des orgues de Staline, les bâtiments tombent les uns après les autres. Les derniers nazis exécutent tout homme valide en âge de combattre qui déserterait ou se rendrait. Des cadavres de pendus sont laissés en évidence pour pousser la population à obéir aux derniers ordres des dirigeants nazis.
L'ex-commissaire Oppenheimer est réfugié dans une cave sous une brasserie désaffectée, avec son épouse Lisa. Les journées sont longues, l'attente de la libération finale est grande, mais il faut sortir chaque jour pour aller récupérer de l'eau à la pompe publique. Les risques sont grands. L'angoisse monte, les informations sont parcellaires, mais rapidement il apparaît que les premières troupes russes sont entrées dans Berlin.
Ed le mastard, le truand qui protège Richard Oppenheimer, lui envoie un nouveau compagnon dans son abri en sous-sol : un étrange employé des postes, qui conserve précieusement une valise avec lui. Or, Ed demande justement à Oppenheimer de veiller sur cette valise, qui semble contenir quelque chose de précieux.
Les troupes soviétiques arrivent, alors que les loups noirs, les derniers extrémistes nazis, tentent de mener une guérilla dans les ruines. La violence se déchaîne. Les russes poussés par leur propagande se vengent du peuple allemand en multipliant les viols. En l'absence d'Oppenheimer, sommé de s'expliquer devant un officier russe, Lisa est elle aussi violée.
Le mystérieux visiteur finit par être tué et Oppenheimer doit cacher la valise. Une valise que les troupes d'occupation recherchent elles aussi. Tout comme une bande de déserteurs russes, parias sans morale, et d'une extrême violence.

Derniers jours à Berlin est d'abord et avant tout un récit très documenté sur la chute de Berlin et la vie de la population civile durant les semaines qui ont suivi. En se plaçant au niveau des habitants, et non des dirigeants, le récit gagne en profondeur dans cette époque troublée. La violence des troupes russes à leur arrivée dans la capitale nazie est connue, tout comme les scènes de viols qui se sont multipliées. Le rationnement, les internements expéditifs, le rôle du gouverneur militaire russe dans une transition adoucie, le sont moins. Staline cherchait de toute évidence à imposer l'ordre soviétique avant l'arrivée des alliés occidentaux.
Pour l'anecdote, Gilbers a choisi d'utiliser comme repère temporel les dates de capitulation de l'Allemagne et du Japon ; chaque journée matérialisant ainsi l'attente de ces deux avènements.

Gilbers utilise l'argument d'une enquête, un peu poussive, autour de la valise et de son contenu explosif, pour donner l'image la plus exacte possible de ce tournant de l'histoire. le rideau de fer n'est pas encore tombé sur l'Europe, mais c'est tout comme.
Les amateurs d'histoire y trouveront leur compte. Ceux qui attendent un polar « classique » pourront passer leur chemin, ils vont s'ennuyer.
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Troisième opus de la survie de l'ex commissaire Richard Oppenheimer, temoin de l'agonie du régime nazi dans Berlin martyrisée.
Gilbers reconstitue minutieusement et magistralement le quotidien de cette ville dans les tourments de la guerre finissante, une véritable leçon d'histoire distillée au long d'une enquête policière qui dérive sur l'espionnage par la découverte de la lutte souterraine entre les grandes puissances alliées, prémices de la future guerre froide et de l'équilibre politique de l'Europe.
Tout cela dans un roman fin, nerveux, avec des personnages bien campés, présents dans les tomes précédents et faisant ainsi le liant et l'unité de la série.
Par contre il est préférable de la lire dans l'ordre (Germania, Les fils d'Odin) pour pleinement en apprécier la dramaturgie, les intrigues policières étant greffées sur des trames historiques et de destins personnels riches et complexes.
Encore une fois Gilbers se place comme un grand auteur du polar historique lié à la seconde guerre mondiale à l'instar du regretté P Kerr.
Et cerise sur le gâteau, la trilogie s'est transformée en série, avec le commissaire Oppenheimer dans l'immédiate après guerre. A découvrir.
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Troisième et dernier tome de la trilogie de Harald Gilbers qui égal en intensité ses deux premiers ouvrages.
La force de ce récit tient dans ce que l'auteur se réfère toujours à des faits réels documentés grace à divers parutions ou journaux intimes retrouvés au fil du temps.
Nos suivons les derniers jours d'une guerre opposant l'Allemagne au reste du monde, même si quelques pays ont été aux côtés du Reïch, ils ne pesaient plus lourd face au bloc américano-russo-anglais.
Nous voyons se dessiner le découpage de la capitale allemande par les vainqueurs et les prémices d'une autre guerre, celle-là froide.
Nous faisons la connaissance de personnages hétéroclytes, la population berlinoise en proie aux peurs, aux meurtres, aux délations et au viols; au libérateurs, pas toujours très réguliers tant auprès des berlinois que dans les affaires, à l'armée Rouge qui profite de son nouveau statut de libérateur pour imposer ses regles et ses lois.
Une énième trilogie à Berlin sans doute, surement , mais qui égale les autres et parfois les surpassent par ce ton particuler et ses descriptions.
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La nouvelle identité d'Oppenheimer a fait long feu. Pour échapper à l'enrôlement forcé dans le Volkssturm (milice formée de tous ceux qui pouvaient tenir une arme, des enfants aux vieillards, pour épauler la Wehrmacht dans la défense du sol nazi, et ce, certainement pas sur la base du volontariat), il a dû disparaître à nouveau.
Il se terre, grâce aux bons soins d'un malfrat qu'il connaît depuis ses années d'exercice dans la Kripo, Ed le Mastard.
Et un nouveau danger plane: les russes sont arrivés dans Berlin. Avec un cortège de viols, de vols et de violence, avec son lot de déserteurs, l'armée russe occupe chaque rue d'un Berlin exsangue. 
Oppenheimer n'est plus commissaire depuis longtemps mais son esprit d'enquêteur n'en reste pas moins très vif. Et quand le responsable du viol de son épouse, Lisa, est compromis dans le meurtre d'un mystérieux scientifique détenteur d'une valise non moins mystérieuse mais objet de toutes les convoitises, Opppenheimer ne voit que des avantages à se lancer dans une enquête qui s'avère dangereuse et compliquée.

Dans les fils d'Odin, l'auteur nous parlait des recherches scientifiques médicales amorcées par les médecins des camps de concentration, au prix d'atroces expérimentations perpétrées sur les prisonniers et dont le résultat a souvent été conservé et exploité bien après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, quand ce ne sont pas les médecins eux-mêmes qui ont été "sauvés" de la justice internationale pour servir les intérêts particuliers de certaines firmes internationales, voire de certains États (suivez mon regard!).
Cette note historique apportait un certain cynisme au roman, cynisme qui est à nouveau à l'honneur, tout aussi discrètement, dans Derniers jours à Berlin.
Mais ici, nous parlons des armes nucléaires. Des physiciens et autres scientifiques ont été capturés pour voler vers d'autres cieux plus cléments et les autres vont vendre leurs savoirs pour un passeport vers la liberté.
L'arme nucléaire, technique convoitée par les russes tout autant que les américains, appâtés par la propagande nazie qui claironnait leurs succès en la matière, l'arme nucléaire est au coeur de l'intrigue.
Et elle se donne au plus offrant, ou le plus malin! 
Mais tout comme pour Les fils d'Odin, le sujet n'est que tardivement mis en avant et n'est pas exploité au maximum de son potentiel. C'est dommage mais encore une fois, cela ne m'a pas trop déçue car nous sommes tellement captivés par le quotidien de nos personnages que cela en devient presque accessoire.
Avec ce roman, l'auteur pose les bases de ce que sera la guerre froide. En effet, les alliés et les russes n'offrent pas un front uni face aux nazis et les berlinois vont être aux premières loges de ces enjeux internationaux. L'arrivée des russes n'est pas vécue comme celle des américains & consorts lors du débarquement en France. N'oublions pas que l'URSS et l'Allemagne avaient signé un Pacte de non-agression en 1939, allègrement rompu avec l'opération Barbarossa, et que l'avancée en terre nazie est l'occasion d'une vengeance sanglante pour le non respect des accords signés. 

Pourtant le quotidien des berlinois s'améliore sous le commandement de Nikolaï Berzarine, préoccupé par le ravitaillement des civils, de la remise en état des réseaux d'électricité et d'eau, et l'instauration de l'interdiction absolue de violer et de piller. Oppenheimer peut enfin mettre son épouse à l'abri. Ses amis, dont Hilde, sauvée de sa prison, peuvent reprendre une existence certes précaire mais délivrée des bombardements et des combats. 
Pourtant le danger rôde toujours... 

Le contexte historique est richement documenté, un Berlin presque totalement en ruines est diablement bien décrit, les interactions internationales sont finement glissées entre les fils de l'intrigue, et les personnages que nous suivons depuis le début sont toujours aussi attachants et courageux. 
Lisa symbolise le courage de toutes ces femmes violées qui ne baissent pas les bras et s'arment de toutes leurs forces pour redonner de la couleur à la vie.
Rita, elle, est de ces opportunistes optimistes qui n'hésitent pas à passer d'un bouillonnant russe à un charmant américain.
Et Hilde, à l'énergie inépuisable, reprend le flambeau de ses combats, infatigable et ne s'en laissant pas compter!
Même Ed le mafieux et ses acolytes sont rendus sympathiques parmi ces jeunes effeuillées de leur nouveau bar. 

Mention ironique spéciale pour tous ces nazillons de la première heure qui, à l'heure de l'occupation soviétique, rasent moustache hitlérienne et deviennent tout à coup gentils et généreux envers leur prochain, pour obtenir le précieux sésame qui leur fermera la porte des goulags russes au mieux, d'un procès ou d'une exécution expéditive au pire!

Encore un moment de lecture excellent! Rythmée par deux décomptes, celui de la capitulation des troupes berlinoises et celui de la fin de la guerre dans le Pacifique.
La plume d'Harald Gilbers est addictive, très visuelle en ce qui concerne la description des lieux, très équilibrée entre les sentiments omniprésents de peur, les moments d'action et les anecdotes purement historiques. 

Je suis curieuse de savoir comment Richard Oppenheimer, dont la judéité n'est plus au centre de sa peur dans les Derniers jours à Berlin, va se réapproprier son identité et son existence. Aura-t-il échangé le noir nazisme pour le rouge communisme dans l'ère soviétique? Impatiente de lire la suite!
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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Berlin est une capitale au bord du gouffre que rien ne va pouvoir retenir d'y sombrer.
L'ex-commissaire de la Kripo Richard Oppenheimer, entré en clandestinité, la sillonne en tous sens, zigzagant entre les trous d'obus, les conduites d'eau et de gaz éventrées et les amoncellements de décombres … Les événements se déroulent entre le 20 avril, à peine quelques jours avant le suicide d'Hitler dans son bunker et la capitulation sans conditions des 8 et 6 mai et le 7 août, au lendemain de l'explosion de la bombe atomique sur Hiroshima.
Avec sa femme Lisa, il a trouvé refuge dans les sous-sols d'une brasserie en ruine. Plus rien de fonctionne : ni l'électricité, ni l'eau, ni les transports dans les ruines accumulées d'une ville entièrement détruite par les bombardements. Mais le plus grave est à venir : les troupes soviétiques sont en marche et les combats gagnent rue par rue.
Même après la fin des combats, la survie devient de plus en plus aléatoire : déserteurs, nazis cherchant à échapper à leur destin, mafieux en tous genres … Richard Oppenheimer rend des services à Ed le Mastard, un truand qui lui a trouvé une planque dans une fabrique de bière.
Alors qu'il a quitté son terrier, des irréguliers russes se sont introduits dans leur refuge et Lisa, son épouse, a été, comme des milliers de femmes allemandes, violée. Reprenant ses réflexes de policier, Richard va traquer son violeur. Cependant, il est lui-même manipulé entre deux camps pour retrouver une mystérieuse valise de grand prix.
Membres des services secrets des deux grandes puissances, prégnance d'une armée en pays conquis, problèmes de ravitaillement, personnages attachants, nuancés parfois : le colonel Aksakov est un soldat honnête et le commandant de la place de Berlin se préoccupe de l'approvisionnement de la population. Mais le « système » totalitaire soviétique ne vaut pas mieux que celui des nazis.
Derniers jours à Berlin est le troisième opus de la trilogie commencée avec « Germania » et poursuivie avec "Les fils d'Odin", très bien documentée, très réaliste, rendant minutieusement l'atmosphère de ces temps d'apocalypse. Oppenheimer ne perd rien de son talent de fin limier malgré sa soif de vengeance. On retrouve avec soulagement son amie l'aristocrate médecin anti-nazie Hilde, si efficace, mais toujours incarcérée pour le meurtre de son mari dans l'épisode précédent … Pour moi, je l'imagine sous les traits de Simone Renant, la photographe du célèbre film de H.G. Clouzot « Quai des orfèvres ».
Mais au juste, l'auteur va-t-il se limiter à trois épisodes et ne nous livrera-t-il pas la suite de la saga de Richard et Lisa dans la remontée des enfers de l'Allemagne d'après la guerre ? C'est ce que j'espère.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Nous revoilà avec l'ex-commissaire Oppenheimer qui, avec son épouse Lisa, essaie de survivre à l'arrivée des troupes soviétiques dans un Berlin ravagé, éventré, à terre.

Nous sommes quelques jours de la reddition du IIIe Reich, dans les ruines fumantes berlinoises, et tout le monde se terre ; principalement les femmes qui sont les premières victimes des soldats lambda de l'armée Rouge qui pillent, volent, tabassent et violent sans arrêt. Oppenheimer arrive à se cacher dans la cave d'une ancienne réserve à bière, appartenant à un malfrat pour lequel il bosse de temps en temps.
Pourtant, malgré les précautions, Lisa va se retrouver face à ces bourreaux et se fait violer dans la cave.
Dès lors, alors que Hilde, l'amie contestataire d'Oppenheimer est libérée de prison par les russes, reprend son domaine et loge des camarades, des amis etc., l'ex-commissaire travaille dans une boîte de « performances nues » et traque l'homme qui a violé sa femme.
Il va croiser un officier du NKVD, Aksakov qui, lui-même, mène une enquête sur une bande de déserteurs russes qui veulent prendre le contrôle de Berlin.
Dans ce Berlin-là, où les alliés ne sont pas encore arrivés, mais où on comprend bien que le partage va se faire dans le sang et les larmes, certains pays ont posé leurs pions afin de réduire Berlin et l'Allemagne à un territoire sans intérêt, alors que les russes ont une autre ambition… faire un côté ouest - tampon avec l'U.R.S.S. afin de ne pas être attaqué par les américains (notamment).

Dans ce contexte de fin de guerre sur le sol européen, chacun essaie de sauver sa peau, de trouver des témoins pour éviter la prison pour avoir été membre du parti, participant aux massacres de l'est, ou simple soldat. Tout le monde règle ses comptes et les vainqueurs comptent les points.

Harald Gilbers nous plonge dans le Berlin en proie à la folie de la vengeance, de la faim, de la vengeance, de la haine et du règne sans partage des vainqueurs qui se livrent, entre eux, à une guerre de pouvoirs.

Le personnage d'Oppenheimer ne sort pas indemne de la guerre, et nous montre cette période de folie absolue dans un Berlin fantomatique où tout le monde (vaincus et vainqueurs) se croise, se toise, se débrouille, se vend ou paie le prix pour les dignitaires nazis.

Encore un tome excellent de la saga de Harald Gilbers qui offre une vision sans complaisance de la « victoire » des alliés et des russes.
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Dernier tome de la trilogie et derniers jours de la guerre … le roman débute en avril 1945 et les soldats russes s'approchent de Berlin à toute vitesse. Toujours aussi bien documenté et très réaliste, l'auteur nous emmène dans une ville détruite, en proie aux pillages et à la violence. le marché noir fait recette et les habitants meurent de faim et de froid.
Il n'y a pratiquement plus de transports en commun ni d'électricité et les russes arrivent, ajoutant encore des violences : pillages et viols des berlinoises … La moitié des Berlinoises auraient été violées pendant cette invasion … dont Lisa, la femme du commissaire Oppenheimer.
Ce dernier veut venger sa femme mais se retrouve embarqué malgré lui dans un vol de secrets scientifiques … Intrigue bien ficelée, tous les acteurs sont impliqués et forment un maillage bien dangereux !
Un troisième volet toujours aussi plaisant !
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Berlin
Vendredi 20 Avril 1945
12 jours avant la capitulation des troupes berlinoises
Ainsi débute ce roman mêlant Histoire et polar.
Alors que les Russes sont aux portes de Berlin, le commissaire Oppenheimer et sa femme Lisa se terrent dans la cave d'une ancienne brasserie.
L'auteur nous relate la vie de ces berlinois alors que le Reich est en déroute, dans une ville détruite par les bombardements. Manque de nourriture, d'électricité, d'eau courante, s'ajoutent aux menaces des nazis envers quiconque accepterait de se rendre.
Oppenheimer et sa femme accueillent alors un étrange personnage dans leur abri. Un homme muni d'une valise dont il refuse de se séparer.
Quand les russes envahissent Berlin, l'armée Rouge porte alors son nom de façon probante. Meurtres, exécutions, viols, pillages deviennent le quotidien des berlinois. le commissaire Oppenheimer, interrogé par des officiers russes suite au meurtre de leur « locataire », rentre dans ce qui sert, à lui et sa femme, d'abri. Il retrouve Lisa violentée et violée. Bien décidé à se venger des agresseurs de son épouse, le commissaire va se lancer dans une quête ou s'entremêlent politique, stratégie, espionnage avec au centre une valise qui pourrait bien changer les choses.
Ce roman est très documenté ce qui le rend vraiment très intéressant. J'aime beaucoup les romans se passant pendant cette période de l'Histoire et pourtant je n'adhère généralement pas aux polars historiques. Quand j'ai reçu ce roman, je l'ai mis immédiatement en haut de la pile. C'est un roman très riche en enseignements sur cette période et en particulier sur ce front russe et la prise de Berlin. On a plutôt l'habitude de lire des romans mettant en scène les camps de concentration, d'extermination, la Résistance française. Il est plus rare de lire des romans se passant de l'autre côté.
Alors bien sûr, l'auteur étant Allemand, les berlinois apparaissent ici comme les opprimés face aux Russes, même si on sait que l'Armée Rouge a commis beaucoup de délits lors de cette invasion. Les Alliés sont perçus comme des armées « laissant faire ». Les rôles des gentils et des méchants sont clairement inversés.
De la même façon, les habitants de Berlin passent pour des victimes involontaires de l'armée d'Hitler, forcés à obéir, puis sorte de dommages collatéraux lors de la déroute. On ne trouvera quasiment aucune phrase sur le sort des juifs allemands, le texte se concentrant plus volontiers sur les prisonniers ou persécutés politiques du régime.
C'est un point de vue, pas forcément le mien. C'est ce qui m'a le plus dérangée dans ce roman. Il est clair que cela sera perçu différemment selon les origines des lecteurs ou le pays dans lequel il sera traduit et publié.
Reste la trame polar du roman qui se confond avec un scénario d'espionnage. Un scénario parfois un peu compliqué, un peu alambiqué, mais qui se révèle intéressant.
Les personnages sont quant à eux nombreux mais bien campés, ajoutant en crédibilité à cette histoire de vengeance et de valise que tout le monde semble vouloir récupérer : Allemands comme Russes.
Enfin, en ce qui concerne le style et hormis la qualité documentaire, c'est plus factuel que stylisé, ni ennuyeux, ni original et tient plus de l'ambiance espionnage que de celle d'un polar musclé ou psychologique.
En bref, un roman très riche en détails historiques et un scénario multiple qui plaira aux amateurs d'Histoire, de polars comme de romans d'espionnage.
Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Derniers jours à Berlin, fin avril 1945 la population berlinoise vit les derniers jours de la seconde Guerre mondiale. Les bombardements aériens anglo-américains ont laissé la place à ceux de l'artillerie soviétique. Les menaces de la répression nazie s'estompent alors que se profile l'ogre russe précédé de sa sinistre réputation, viols et tueries. Comme dans les deux premiers opus de la série ( voir ICI ) Harald Gilbers insiste sur les souffrances du peuple allemand.

Richard Oppenheimer et sa femme Lisa vivent enterrés dans les sous-sols d'une ancienne brasserie que leur a ouverte Ed le Mastard un caïd de la pègre berlinoise. Hilde est en prison et assiste à l'avancée de l'Armée rouge depuis sa cellule de Moabit face au Reichstag. Richard et Lisa doivent cohabiter avec Dieter, un inconnu constamment rivé à sa valise. Rien d'étonnant, chaque berlinois tient à garder en permanence avec lui ses biens les plus précieux mais dans ce cas une telle attention est suspecte. Que peut bien contenir cette valise ? Et puis, Dieter est tué par un soldat de la Wehrmacht qui lui vole ses habits civils. Il ne fait pas bon porter une tenue militaire alors que l'Armée rouge a commencé à occuper Berlin et ce qui devait arriver se produit, le refuge sous-terrain de Richard est investi par les soldats soviétiques. Il est temps de cacher la valise de Dieter …

Ce troisième roman de la série Oppenheimer est sans doute le plus historique avec en titre de chaque chapitre le compte à rebours qui mène enfin vers la capitulation des dernières troupes allemandes réduites à une poignée de fanatiques face à une horde soviétique. La capitulation entre en vigueur le mardi 8 mai 1945, à partir de onze heures du soir et une minute. L'ancien flic de la Kripo voit alors s'installer un embryon d'administration sous l'autorité russe, le retour sporadique de l'électricité, un ravitaillement en vivres encore insuffisant, toutes les armes sont confisqués. Les soviétiques ne se privent pas non plus de démanteler ce qui pourrait être utile avant de remonter le tout en URSS. le temps presse, les soviétiques sont encore seuls à Berlin mais déjà se négocie la partition de la ville et son occupation par les autres vainqueurs, américains, anglais et français. Les ruines du troisième Reich recèlent de véritables trésors industriels.

Ed le Mastard a bien compris que la vie nocturne allait reprendre, il ouvre un cabaret et il compte bien sur l'aide d'Oppenheimer ! L'auteur entame un nouveau compte à rebours à compter du 9 mai, 116 jours avant l'arrêt des combats dans l'Océan Pacifique. La fin de la Seconde Guerre mondiale se profile. Cette période charnière est bien mise en évidence par l'auteur, le quotidien des berlinois est encore catastrophique mais une perspective nouvelle s'offre à eux même si leur esprit est envahi par un sentiment de culpabilité.

Et la valise de Dieter ? Oppenheimer prend conscience qu'elle intéresse beaucoup de monde. le colonel Vladimir Aksakov du NKVD voudrait bien la récupérer. Ed le Mastard avait même eu un acheteur, il charge Oppenheimer de le retrouver. Celui qu'on appelait Herr Kommissar reprend du service, juché sur sa bicyclette il enquête. Mais ses recherches cachent surtout sa volonté de vengeance contre ceux qui ont brisé la vie de son épouse Lisa.

Passionnant comme un polar sur fond de guerre des gangs. Instructif comme une leçon d'Histoire qui confronte Oppenheimer à l'espionnage prémices d'un nouveau conflit, la guerre froide.

Harald GILBERSDerniers jours à Berlin , titre original « Endzeit », Allemagne 2017, traduit de l'allemand par Joël Falcoz pour les Éditions Calmann - Lévy en avril 2018, ISBN 9782702163559. Réédition en poche en mars 2019, Éditions 10-18, ISBN 9782264073808.
Lien : http://mille-et-une-feuilles..
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Lorsque vous éprouvez de l'empathie pour le personnage principal d'un roman, votre intérêt pour le sujet est décuplé et vous passez sûrement un très bon moment de lecture.
C'est de nouveau le cas avec ce troisième volet des aventures de l'ex-commissaire Oppenheimer qui avait le malheur d'officier dans l'Allemagne nazie alors qu'il était juif. Après l'excellent « Germania » et le non moins captivant « les fils d'Odin, » il nous offre ces « Derniers jours à Berlin » qui se déroulent dans les jours précédents la chute de Berlin, puis pendant l'occupation de la capitale par les Russes. Terrés dans le sous-sol d'une brasserie servant de réserve au truand Ed le Mastard et qui lui a aimablement autorisé à occuper, Oppenheimer et sa femme Lisa accueillent un colocataire porteur d'une mystérieuse valise qui ne le quitte jamais.
C'est le départ des désagréments pour l'ex-policier qui va assister au meurtre du personnage mais être absent au moment du viol de Lisa par le chef d'une équipe de déserteurs russes. de péripéties en rebondissements, Oppenheimer va suivre plusieurs pistes. Celle des services de renseignements russes puis américains qui veulent récupérer la fameuse valise, celle d'Ed le Mastard qui veut se venger d'autres truands, celle de Grigoriev, qui a violé sa femme, avec l'intention de le tuer. Tout cela dans un Berlin en ruines, aux habitants affamés qui subissent la domination d'une administration soviétique où les instances militaires dominantes acceptent la plupart des exactions, vols, viols, assassinats, beuveries, pillages etc…
On apprend beaucoup sur cet immédiat après-guerre dans un pays qui subira l'occupation et l'éclatement du pays.
Nous pouvons déjà imaginer que le prochain opus d'Harald Gilbers se passera dans cette époque du gâteau partagé par les alliés du front de l'Ouest (Français, Anglais, Américain) et de l'Est avec les Soviétiques. Il nous tarde de suivre les nouvelles tribulations de Richard Oppenheimer.
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