L'inspecteur Lojacono, originaire de Sicile, injustement accusé de collusion avec la mafia, a été muté à Naples afin de l'éloigner et d'éviter ainsi le scandale. Résultat, sa femme l'a quitté, sa fille ne veut plus lui parler et ses amis lui ont tourné le dos. Dans son nouveau commissariat, où on l'a affecté au service des plaintes avec le brigadier Luciano Giuffrè, il tue le temps en jouant sur son portable.
Un vieil homme mystérieux arrive à Naples dans laquelle il erre à la recherche d'un jeune homme à scooter. Il semble tout à fait inoffensif et d'ailleurs personne ne remarque sa présence. Peu après, Mirko est retrouvé mort dans la cour de son immeuble d'une balle dans la nuque; à proximité, la police retrouve un tas de mouchoirs en papier usagés. Lojacono, seul au commissariat le soir du meurtre, est le premier sur les lieux où, peu après, il rencontre la substitut du procureur. La jeune femme, impressionnée par ses remarques pertinentes, l'associe à l'enquête, au grand dam du commissaire di Vincenzo, qui a une dent contre lui.
Quelques jours plus tard, une jeune fille de quatorze ans est retrouvée morte à proximité de son domicile: même modus operandi, même tas de mouchoirs en papier usagés. Puis un troisième meurtre selon le même processus. Les trois adolescents, d'âges et de milieux sociaux, n'ont apparemment aucun lien entre eux. Après analyse, il s'avère que les mouchoirs sont imbibés de liquide lacrymal, ce qui vaut à l'assassin le surnom de "crocodile", non parce qu'il pleure au moment de tuer ses victimes, mais parce que, tel un prédateur, il observe longuement les habitudes de sa proie, tapi dans l'ombre, patient et obstiné, préparant son attaque sans plus aucune préoccupation pour autre chose. D'autant que le tueur est discret, pratiquement invisible, ne laissant comme seuls maigres indices les fameux mouchoirs en papier.
Lojacono arrivera-t-il à le démasquer à temps et à interrompre cette terrible série de meurtres ne prenant pour cible que des adolescents?
Grâce aux chapitres dans lesquels l'auteur nous fait pénétrer dans l'intimité des personnages, on s'attache aux futures victimes. Et tout au long du récit, on se demande quand et comment la police, notamment l'inspecteur Lojacono, va réussir à démasquer le tueur et stopper la série de meurtres. Les nerfs tendus à l'extrême, on le suit dans ses investigations, la tension devenant encore plus palpable quand on voit qu'il s'approche de la vérité. Mais il s'en approche seulement jusqu'au dénouement final qui, je dois dire, m'a choquée!!
Tout dans ce roman est attachant: ses personnages dignes de films de série noire; sa ville sombre et à la fois lumineuse, ses recoins tristes et miséreux. de Giovanni nous fait découvrir un visage de l'Italie du sud que l'on ne connaît pas forcément: il nous fait pénétrer dans des cuisines exiguës et enfumées, mais aussi dans des salons spacieux et froids comme des tombes. Il nous fait côtoyer des gens riches et désoeuvrés, des travailleurs harassés par le poids d'une vie dans laquelle ils traînent sans plus d'illusion sur un possible bonheur...Une écriture fine et acerbe à la fois. Une plongée déstabilisante dans les tréfonds de l'âme humaine. Addictif !!
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