AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Commissaire Ricciardi tome 1 sur 10
EAN : 9782743622558
267 pages
Payot et Rivages (24/08/2011)
3.76/5   136 notes
Résumé :
Nous sommes à Naples en 1931. En cette fin du mois de mars, un vent glacial souffle sur la ville et une nouvelle choquante frappe les esprits : le grand ténor Arnaldo Vezzi, voix sublime, artiste de renommée mondiale, et ami du Duce a été retrouvé sans vie dans sa loge du Théâtre royal San Carlo, juste avant le début d’une représentation du Paillasse de Leoncavallo. Sa gorge a été tranchée avec un fragment acéré de son miroir qui a volé en éclats.

Un... >Voir plus
Que lire après L'hiver du commissaire RicciardiVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 136 notes
5
9 avis
4
23 avis
3
3 avis
2
2 avis
1
0 avis
Naples, mars 1931, an 9 du fascisme italien. Un vent glacial souffle sur la ville, dernière offensive de l'hiver avant la douceur du printemps. Loin de ces considérations météorologiques, le théâtre San Carlo est en effervescence. le célèbrissime ténor Arnaldo Vezzi est dans les murs pour y jouer deux pièces. Adulé des foules et grand ami de Mussolini, l'homme est moins apprécié de ses collègues qui lui reprochent ses caprices et son arrogance. Aussi, les suspects sont-ils nombreux lorsque le chanteur est retrouvé assassiné dans sa loge. En charge de l'enquête, le commissaire Luigi Alfredo Ricciardi découvre le ténor baignant dans son sang, la gorge tranchée par un éclat de miroir, les murs rouges d'éclaboussures et le manteau et l'écharpe de l'artiste curieusement immaculés. Une larme coule sur sa joue et de sa bouche sort un air de Cavalleria rusticana. Mais cela, seul Ricciardi peut le voir et l'entendre. Depuis sa tendre enfance, le commissaire voit les morts. Un don, mais aussi un poids, qui l'a rendu triste, solitaire et a fait de cet aristocrate un policier doué mais trop étrange pour être aimé de ses collaborateurs.

Malgré le froid et la mort du ténor, Maurizio de Giovanni nous convie à une belle promenade dans la ville de Naples. On parcourt avec son commissaire les rues populaires comme les quartiers résidentiels, on déguste une sfogliatella chez Gambrinus, on entre dans les coulisses du magnifique théâtre San Carlo. Mais la balade est loin d'être bucolique. Au vent glacial s'ajoutent l'ambiance maussade induite par le fascisme et les morts que voit Ricciardi. Un policier taciturne mais attachant. Si ses supérieurs ne l'apprécient pas, il peut compter sur la vieille Rosa pour s'occuper de lui à la maison et sur son adjoint Maione qui l'accompagne dans son travail. Sans cesse confronté à la souffrance et aux morts violentes, Ricciardi se console aussi en observant Enrica, sa jeune voisine, dont la vue lui apporte paix et sérénité.
Quant Vezzi, l'ami personnel du Duce, il s'avère extrêmement antipathique malgré sa voix enchanteresse. Seul le monde lyrique pleure sa disparition, son entourage étant unanime pour dénoncer son comportement déplorable envers les femmes, le personnel et les membres de la troupe. Pour enquêter au théâtre, le commissaire demande de l'aide à un passionné d'opéra qui lui dévoile les secrets de ce monde qu'il ne connaît pas.
Un whodunit classique a priori mais qui dégage un charme particulier, sans doute grâce à la personnalité de Ricciardi et à la belle ville de Naples. Premier tome d'une série, cet hiver se prolonge au printemps et on a hâte de retrouver l'univers créé par Maurizio de Giovanni.
Commenter  J’apprécie          490
Rares sont les personnages de romans policiers campés avec autant de profondeur.
Maurizio de Giovanni nous ferre avec son commissaire Ricciardi particulièrement touchant, et tisse une toile autour de son héro dont on ne s'échappera même pas à la dernière page tant l'envie est forte de prolonger la lecture avec d'autres enquêtes.

Premier opus de la série, mais le troisième dans le désordre de mes lectures (ayant fait l'heureuse rencontre du commissaire Ricciardi dans l'excellent tome printanier), celui-ci est peut être légèrement plus vert dans son entame.

Il n'en reste pas moins que ces enquêtes situées dans le Naples des années 30 vous happent tant par le style que par l'histoire et par ses personnages.
Une série de courts romans qui tient pour moi le haut du pavé de la littérature de bon mauvais genre.




Commenter  J’apprécie          431
C'est encore l'hiver en cette fin mars à Naples, "et l'enfant mort se tenait debout , immobile, au carrefour entre Santa Teresa et le musée. Il regardait les deux garçons qui, assis par terre, faisaient le tour d'Italie avec des billes. Il les regardait et répétait: «  Je descends? Je peux descendre? »"

Ce sont les premières phrases de ce roman, et d'emblée, on est saisi.
L'enfant mort ne parle plus, , mais Luigi Alfredo Ricciardi a, depuis l'enfance, un don qui est pour lui une malédiction et le plonge dans une douleur constante. Il "voit " où qu'il soit, les derniers instants de ceux qui ont eu une mort violente. Pour rendre la justice à certains de ces morts, assassinés, après des études de droit, il est rentré dans la police .

Nous sommes en 1931, l'ère fasciste a 9 ans. Dans son bureau, deux portraits, obligatoires, le roi Victor- Emmanuel III et Benito:
"Qu'ils sont beaux, ironisa en lui-même Ricciardi , avec un demi-sourire. le petit roi sans forces, le grand commandant sans faiblesses. Les deux hommes qui avaient décidé d'éliminer le crime par décret. Il se souvenait toujours des paroles du directeur de la police, un lèche-cul tiré à quatre épingles, qui avait fait de la complaisance absolue envers les puissants le but de son existence: les suicides n'existent pas, les homicides n'existent pas, les vols et les blessures n'existent pas, à moinsqu'ils ne soint inévitables ou nécessaires. Ne rien dire au monde, ne rien dire surtout à la presse: la ville fasciste est propre et saine, elle ne connait pas d'horreurs."

Mais, hélas pour cette vision de l'ordre, il va être difficile de décréter que le célèbre ténor Arnaldo Vezzi , un ami du Duce, s'est malencontreusement tranché la carotide en se rasant dans sa loge, avant d'aller interpréter le personnage de Canio dans l'opéra Paillasse sur la scène du théâtre royal San Carlo..
Lors de sa première vision du cadavre, Ricciardi fait certains constats , de vraies larmes ont coulé sur ses joues maquillées, il y a du sang partout sauf sur un manteau et un coussin. Et.. grâce à son don particulier de vision des derniers instants de la victime, , le commissaire Ricciardi entend chanter «  Io sangsue voglio , all'ira m'abbandono, in odio tutti l'amor moi fini."
Le traducteur précise en note que c'est extrait de Cavalleria rusticana , l'air d'Alfio. Donné en première partie du spectacle, avant Paillasse. C'est le ténor lui-même qui avait décidé de cela..

Alors qui a tué Arnaldo Vezzi? Roman policier classique, quand et où on sait, il nous reste qui , comment et pourquoi . La succession des interrogatoires va très vite montrer que la mort de cet homme est peut être une vraie perte pour l'art lyrique, mais pour le genre humain, pas vraiment! Tout le monde se rejoint sur ce point.. En tout cas, pour moi, suspense jusqu'au bout, l'histoire policière est bien menée.
Mais plus que cet aspect , c'est le contexte historique qui est intéressant, tous les détails sur ces opéras ( Ricciardi qui n'aime pas l'opéra se fait aider par un vicaire , grand connaisseur et très sympathique personnage) , des costumes aux textes eux-mêmes.
Et puis, surtout, les personnages, et essentiellement bien sûr ce Ricciardi solitaire, qui porte la souffrance des autres, sur lequel veille quand même Rosa placée très jeune dans sa famille, ce rebelle aux menaces de la hiérarchie, celui qui ne retrouve un peu de calme qu'en regardant le soir par la fenêtre la jeune fille d'en face , Enrica. Ce qu'il ne sait pas par contre, c'est que…
C'est que vivement qu'arrivent le printemps et l'été du Commissaire Ricciardi!

Merci à MaitéBsAs qui m'a intriguée avec son commentaire et m'a permis de découvrir cet auteur italien.
Lien : http://www.youtube.com/watch..
Commenter  J’apprécie          280
Un ténor est mort à l'opéra de Naples.
Un roman vraiment policier, un crime à résoudre, un commissaire taciturne et perspicace qui réfléchi...Non ce n'est pas du Simenon...
Une touche de surnaturel en plus, avec ce commissaire Ricciardi capable de "voir" les derniers instants des victimes.

Pas de tueur en série sadique, de victimes dépecées, de bains de sang ; un roman policier "à l'ancienne", de construction classique et astucieuse, exposant par petites touches les rudes contextes politiques, sociaux et sociétaux de cette sombre époque de l'omnipotent régime fasciste italien des années 30, et sur un décor napolitain parfait pour cela sans exagérations.

Les caractéristiques et caractères des personnages, leurs motivations, sont fouillés, complexes et détaillés, rendant ce court roman attachant et profond.
Toute l'humanité, l'empathie, de ce personnage détonnant et torturé qu'est Ricciardi se découvre au fil de la lecture et explose à la conclusion de cette enquête passionnante.

Bref j'ai bien apprécié le fond et la forme, l'enquête et le contexte, et risque fortement de devenir addict à la série...(...1000 caractères pour aboutir à une conclusion qui se suffit à elle-même...pas économique...)
Commenter  J’apprécie          300
Le cadre : la ville de Naples en 1931. Naples, ville divisée entre quartiers aisés et quartiers populaires, pauvres, très pauvres, dont le enfants jouent pieds nus dans le caniveau avec un ballon de chiffons en plein hiver. 1931, l'an 9 du fascisme en Italie.

Une enquête dans le milieu de l'opéra, au théâtre San Carlo où l'on joue successivement Cavalleria rusticana et Paillasse, deux oeuvres assez courtes où la jalousie mord le coeur des personnages et où la réalité se confond avec la fiction. Vous comprendrez tout de cet univers grâce à Dom Pierino. La victime, le ténor Arnaldo Vezzi, à la voix d'or et au caractère de cochon, tout le monde ou presque aurait aimé la voir morte.

Et puis surtout le personnage principal, l'enquêteur, le commissaire Ricciardi, entouré de fantômes, hypersensible aux derniers instants des victimes de mort violente qui le hantent jusqu'à ce qu'il ait résolu l'énigme, n'a trouvé d'autre moyen de calmer un peu ses voix que d'entrer dans la police alors qu'il pourrait mener une existence dorée. Il promène ses yeux verts et sa mélancolie dans tous les quartiers de Naples en compagnie de son fidèle brigadier Maione, le seul qui ose travailler avec lui. Et bien sûr, en ces temps troublés, Ricciardi ne se laisse influencer par personne, ignore les menaces voilées liées au pouvoir, il reste honnête et humain de bout en bout. Il y a bien un petit « défaut » dans la cuirasse du solitaire : une fenêtre ouverte sur la nuit et sur une petite main gauche qui brode en face de chez lui.

Le premier tome de cette série est déjà un grand coup de coeur, surtout pour le commissaire Ricciardi, et je la continuerais rien que pour savoir si un jour il va traverser la rue, mais je suis curieuse aussi de continuer à découvrir Naples avec lui et surtout observer l'évolution de l'époque qui, je l'imagine, ne risque pas de s'améliorer.

A très bientôt, Commissaire Ricciardi !
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
Commenter  J’apprécie          300


critiques presse (1)
Lexpress
27 juillet 2020
Ceux qui sont déjà allés à Naples reconnaîtront, sous la plume de Maurizio De Giovanni, ce qui en fait le charme vénéneux. La Via Toledo qui la traverse de part en part, le café Gambrinus, la belle Ischia au loin, la chartreuse San Martino sur les hauteurs, l'ambiance du lungomare (le bord de mer) le dimanche après-midi quand la moitié de la ville y déambule.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
La vérité n'est pas toujours celle qu'on l'imagine. Et même, elle ne l'est presque jamais. Elle est un peu comme la lumière étrange de ces lampadaires, tu vois, Livia ; elle éclaire un coup à droite, un coup à gauche. Jamais tout ensemble. Alors on doit deviner ce qu'on ne voit pas. On doit le deviner à une parole dite ou non dite, à une trace, à une empreinte. A un signe minuscule, parfois.
Commenter  J’apprécie          140
Ses pensées n'allèrent pas à Arnaldo, il lui semblait ne l'avoir jamais connu. Au travers de la fumée de sa cigarette, elle revit deux yeux verts, fébriles. La fierté, le désespoir étaient inscrits dans ces yeux, la solitude et le besoin d'amour imprimés au fond du cœur. ainsi que la douleur, une immense douleur. Pourquoi ne m'as tu pas laissé l'apaiser ? En aspirant une dernière bouffée, elle regarda à nouveau la mer déchaînée. A travers l'écume qui éclaboussait la rue, elle vit une silhouette se déplacer face au vent. Elle la reconnut. Et son cœur se mit à battre la chamade.
Commenter  J’apprécie          90
A l'hôpital dans la chambre mortuaire, ils trouvèrent le docteur Modo en blouse blanche. Le médecin resta visiblement frappé par la beauté sculpturale de Livia, à qui il présenta ses condoléances.
"Merci docteur. J'aimerais pouvoir vous dire que j'éprouve une inconsolable douleur. Mais je n'éprouve qu'un sourd regret ; de la mélancolie. Peut-être la nostalgie d'un temps révolu. Mais aucune douleur.
- Je suis désolé, madame. Tout à fait désolé. Il n'y a rien de plus triste que de partir sans causer de douleur."
Commenter  J’apprécie          90
Outre l'attention qu'il portait naturellement à son prochain, la pratique sacerdotale avait développé en lui une aptitude particulière à reconnaître les sentiments qui se cachaient derrière les expressions, au-delà des paroles dictées par les circonstances; le petit prêtre avait appris à tenir deux conversations simultanément, l'une avec la bouche et l'autre avec les yeux. En offrant son aide à qui en avait besoin et ne trouvait pas la force de la demander.
Les yeux verts du commissaire, ces merveilleux yeux verts : une fenêtre ouverte sur une tempête.
Commenter  J’apprécie          30
La vérité n'est pas toujours telle qu'on l'imagine. Et même, elle ne l'est presque jamais. Elle est un peu comme la lumière étrange de ces lampadaires, tu vois, Livia : elle éclaire un coup à droite, un coup à gauche. Jamais tout ensemble. Alors on doit deviner ce qu'on ne voit pas. On doit le deviner à une parole dite ou non dite, à une trace, à une empreinte. À un signe minuscule, parfois.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Maurizio de Giovanni (32) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maurizio de Giovanni
Rencontre animée par Gérard Meudal
Festival Italissimo
Deux maîtres du roman policier, parmi les plus loués tant en Italie qu'ailleurs : Giancarlo de Cataldo d'une part, Maurizio de Giovanni de l'autre. Magistrat et journaliste, de Cataldo est l'auteur de Romanzo criminale, La Saison des massacres et le co-auteur de Suburra. Scénariste et dramaturge, de Giovanni est l'auteur des séries emmenées par les commissaires Giuseppe Lojacono et Luigi Alfredo Ricciardi. À mi-chemin entre roman et télévision, un voyage plein de suspense à la découverte du giallo, le polar à l'italienne.
Plus d'informations sur le festival
À lire – Giancarlo de Cataldo, Je suis le châtiment, trad. par Anne Echenoz, éd. Métailié, 2023 – Maurizio de Giovanni, Nocturne pour le commissaire Ricciardi, trad. par Odile Rousseau, Payot et Rivages, 2022.
+ Lire la suite
autres livres classés : romans policiers et polarsVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (301) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
827 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..