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Commissaire Ricciardi tome 3 sur 10
EAN : 9782743628345
406 pages
Payot et Rivages (04/06/2014)
3.91/5   70 notes
Résumé :
En ce mois d'août 1931 à Naples, Ricciardi est chargé d'enquêter sur la mort de la duchesse de Camparino, assassinée dans sa somptueuse demeure. Le double sens d'un mot, prononcé par la duchesse, va l'emmener sur une fausse piste... Dans une ambiance estivale, les fêtes populaires où se côtoient danses échevelées et dévotions à la Vierge battent leur plein. Mais les manifestations du fascisme se font également de plus en plus visibles. On retrouve avec plaisir les p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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En ce mois d'août 1931, Naples suffoque sous un soleil de plomb qui ne réussit pas à percer la sombre mélancolie du commissaire Ricciardi. L'homme qui voit les morts souffre du mal d'amour. Pour rien au monde il ne voudrait imposer à une femme ce fardeau qu'il porte depuis l'enfance mais il subit les affres de la jalousie en songeant que celle qu'il aime pourrait se laisser séduire par un autre. Et ses craintes sont fondées, car madame Colombo, lasse de voir Enrica encore célibataire à vingt-quatre ans, a entrepris de lui présenter un jeune homme riche et séduisant. Mais malgré sa mélancolie, Ricciardi va devoir se mettre au travail. La duchesse de Camprino a été assassinée en son palazzo de la piazza Santa Maria La Nova. Au matin, la maison est en émoi et pourtant, à l'heure du crime personne n'a rien vu, rien entendu. Les domestiques étaient couchés. Son mari, le duc, agonisait dans sa chambre qu'il ne quitte plus guère et son beau-fils s'occupait de ses plantes, à l'étage. Dehors, la fête de Santa Maria Regina battait son plein. La duchesse n'était pas appréciée des siens, son jeune âge, sa beauté et sa liaison avec un célèbre journaliste attisaient jalousie et haine.
Toujours accompagné du fidèle Maione, lui aussi confronté aux tourments de la jalousie depuis qu'un perfide marchand de fruits et légumes a complimenté sa Lucia, Ricciardi se lance dans une enquête faussée par les derniers mots de la duchesse que seul lui peut encore entendre. Ses pas vont le mener jusqu'à la police secrète des fascistes, une peste qui s'étend de plus en plus sur la ville et sur tout le pays.

Troisième saison, troisième enquête pour un commissaire Ricciardi toujours aussi ténébreux, solitaire et malheureux en amour. Pourtant, cet opus marque le retour de Livia Lucani, déjà rencontrée en hiver. La jeune femme, belle, sophistiquée, déterminée, est bien décidée à conquérir le policier aux yeux verts qui reste insaisissable. Car il faut bien avouer que l'action sentimentale ne bouge pas d'un pouce. La pauvre Enrica risque bien de finir vieille fille si elle persiste à attendre une initiative de Ricciardi. Heureusement, il y a l'enquête : une morte, plusieurs suspects, de la haine, de la jalousie, de l'amour et un peu de politique.
La plume de Maurizio de Giovanni est très plaisante. C'est toujours un plaisir de lire ses descriptions de Naples qui sont toujours des déclarations d'amour à la belle ville du sud. Bien sûr, la situation de Ricciardi n'évolue pas et, au troisième tome, l'effet de découverte s'est estompé, mais cette série est une valeur sûre, la certitude d'un joli voyage en Italie.
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« A partir de quand, mamma, on n'est plus un enfant ? Quand on est grand et fort, et qu'on peut décider par soi-même . Ou qu'on est capable d'aider, de travailler, ou d'avoir des enfants ? Selon moi, tu sais, mamma, on est adulte quand on voit clair. »

Naples. Années 30. Alors que le fascisme italien se met en place, un crime est perpétré. Une duchesse est assassinée chez elle, par balle. Son époux est mourant dans une pièce voisine. Son beau-fils arrose ses fleurs à l'étage supérieur. Personne n'a rien entendu, pas même les domestiques. Ce soir, il y avait fête dans le quartier et la population était en liesse. le commissaire Ricciardi est dépêché sur place. C'est alors que j'ai fait sa connaissance. Qu'il est bizarre cet homme. Solitaire, renfermé, bourreau de travail, fin limier. C'est un drôle d'être. En fait, il a une particularité qui déteint sur sa vie, il voit les morts et entend leurs dernières paroles ou pensées au moment du dernier soupir ; une malédiction qui obscurcit sa vie et éclaire son travail. Pas facile dès lors d'avoir une vie tranquille quand au détour d'une rue il retrouve les premiers accidentés de la circulation, les débuts de l'automobile à Naples. Et pourtant il ressent au fond de lui de manière de plus en plus douloureuse et physique, cette envie d'amour romantique, une envie forte depuis un an qu'il observe Enrica derrière sa fenêtre. Afin de trouver le coupable de ce meurtre, il sera aidé d'un fidèle compagnon de route, le brigadier Maione. Un homme droit, juste et sensible. Ils forment une excellente équipe. Ils découvrent rapidement que le meurtre est sans doute lié à la vie particulière que menait la duchesse de Camparino. Ancienne infirmière de la première épouse du duc, elle a vite franchit le pas et est passé des soins de la mourante au lit du mari. Mais le duc âgé a très vite compris que la nouvelle duchesse aimait séduire.
J'ai beaucoup apprécié ce roman policier qui parle de la vie des napolitains sous le fascisme. Les personnages sont bien campés. La construction est subtile avec des pensées mélangées au récit impersonnel, parfois c'est même surprenant. L'auteur alterne plusieurs songes de divers personnages dans un même chapitre, sans unité de lieu, cela m'a un peu désarçonné au début. Et puis Maurizio de Giovanni a réussi à mélanger les genres dans ce roman très complet : une touche d'histoire (situation de la presse, vie politique, société napolitaine), un brin de fantastique, une pincée d'enquête policière, une pointe d'humour, le tout saupoudré d'amour, de passion, de trahison, d'amitié. Une bien belle recette à déguster sous la chaleur étouffante du soleil italien, un jour d'été.

« En regardant par la fenêtre la ville encore assoupie, il comparait l'amour à un liquide. Comme de l'eau, mais plus dense, de la fluidité de l'huile, qui envahit chaque espace en prenant la forme du contenant, se faufilant dans les interstices et laissant sa trace sur son parcours. »
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J'ai beaucoup aimé cette troisième enquête du commissaire napolitain, une enquête délicate où les femmes et la jalousie jouent un grand rôle, tant au niveau professionnel que dans la vie privée de Ricciardi. Si vous n'avez jamais lu cette série, attention, je risque de vous dévoiler certains éléments (il vaut mieux les lire dans l'ordre).

La duchesse de Camparino, seconde épouse du vieux duc, a été assassinée : elle trompait depuis longtemps son vieux mari agonisant avec un journaliste et les suspects sont nombreux. le commissaire Ricciardi devra faire appel à toute son intelligence et à son fameux sixième sens pour dénouer tous les liens à la fois retors et finalement si prévisibles de ce crime.

Autour du commissaire, son adjoint Maione, qui se laisse mourir de faim par jalousie envers sa femme (qui est elle aussi jalouse de lui…) et un jeu (délicieusement mené par Maurizio de Giovanni) entre les deux femmes qui prennent de plus en plus de place dans la vie du policier taciturne, Enrica sa voisine d'en face dont il est secrètement amoureux et Livia, la veuve du ténor assassiné dans la première enquête, venue en vacances à Naples et qui ne le laisse pas non plus indifférent. Ricciardi commence à prendre conscience que peut-être, il n'est pas condamné éternellement au malheur et à la souffrance pesante que lui font subir tous les morts de mort violente croisés en chemin. Cette part de vie privée n'enlève rien à l'intérêt de l'enquête policière mais elle est bien palpitante dance ce roman et participe au charme de la série et de son héros.

Ce troisième roman de la série est marqué par le fascisme qui s'immisce davantage dans l'enquête : on découvre la police secrète du régime, un des suspects écrit des discours officiels pour le parti et comme on le devinait déjà dans la saison Hiver, le docteur Modo, le légiste, a intérêt à tenir sa langue s'il veut éviter les ennuis (mais après tout, heureusement que ce personnage résistant existe). Malgré les multiples tensions, l'humour subtil est toujours bien présent et l'évocation de Naples sous la chaleur estivale, un tableau aux couleurs et aux parfums étourdissants. Vivement l'automne pour la suite des aventures de ce commissaire si attachant !
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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C'est la troisième saison des enquêtes du commissaire mais la première pour moi.

A Naples en août 1931, la chaleur est suffocante, le commissaire Ricciardi et le brigadier Maione sont appelés au palazzio où la duchesse de Camparino a été retrouvée morte. Or le commissaire souffre depuis l'enfance d'une malédiction héritée de sa mère, qui lui fait voir et entendre les dernières secondes vécues par les morts. “mon anneau , mon anneau, tu m'as pris mon anneau”. Voilà les dernières paroles de la morte. le médecin légiste confirme que deux bagues lui ont été prises, l'une de son vivant, l'autre après sa mort.
Dans cette demeure vivent, chacun de son côté outre la duchesse, le duc alité et espérant la mort, le fils du duc et de sa première épouse, Ettore universitaire reconnu et passionné de plantes. La seconde duchesse avait d'ailleurs une vie mouvementée, sortant beaucoup, avec son amant le journaliste Capece provoquant le ressentiment des autres Camparino. Ce pallazzo a une particularité dont j'ignore si elle existe dans toutes les résidences aristocratiques : les pièces dans lesquelles vivent les membres de la famille sont fermées par une grille avec une chaîne et un cadenas. Ce qui les sépare des pièces dans lesquelles évoluent les domestiques : le concierge, son épouse et leurs enfants toujours affamés, ainsi que la gouvernante.
A cette enquête s'ajoute une intrigue amoureuse. Ricciardi est en effet partagé entre une jeune fille Enrica qui habite en face de chez lui et une riche et très belle veuve Livia, rencontrée dans une enquête antérieure et qui quitte Rome dans l'intention de le séduire. La vie conjugale de Maione connaît aussi quelques turbulences.

Si l'intrigue est prenante, le plus grand intérêt est dans la description des habitants qu'ils soient riches ou pauvres, des fêtes....Et les problèmes politiques de l'Italie du Duce.
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Troisième saison pour le commissaire Ricciardi qui, en ce mois d'août suffocant de 1931 doit enquêter sur le meurtre d'une femme volage issue – même si ce n'est que par la grâce d'un mariage – de la noblesse napolitaine.

Après un passage au printemps du côté du quartier populaire de la Sanità, Ricciardi retrouve donc la haute société de Naples dans laquelle son absence de diplomatie provoque quelques remous. Pourtant apparaissent toujours en toile de fond, par le biais notamment de cette famille aux enfants gloutons au service de la victime, les relations et tensions sociales de la ville.
Surtout, même si Maurizio de Giovanni entend humaniser un peu plus son personnage à travers l'histoire d'amour – de moins en moins – platonique qui le lie à sa voisine avec laquelle il entretien un dialogue muet à travers sa fenêtre et laisse donc plus de place à la romance, il ouvre un peu plus le champ à l'intrusion du politique dans la vie quotidienne. L'omniprésence des nervis du fascisme se fait plus pesante que dans les volumes précédents et s'incarne à travers un personnage ambigu d'espion au service du régime ; la surveillance de la population et la nécessité de faire attention à ses paroles devient plus prégnante, y compris dans le cercle rapproché de Ricciardi.

Alors, certes, la manière dont l'auteur mène sa barque peut par certains aspects paraître routinière (on pense notamment à la relation entre Maione et sa femme ou à la manière dont de Giovanni se plaît à parsemer son intrigue de fausses pistes) mais il me semble que derrière la façade de cette structure récurrente, Maurizio de Giovanni donne de l'ampleur à son propos. le « Fatto », ce don qui est aussi malédiction que possède Ricciardi de voir les derniers moments des morts prend une place de plus en plus importante, moins d'ailleurs dans la résolution des enquêtes que dans la manière dont il permet d'appréhender la psyché du personnage principal et la violence ou la fatalité du quotidien napolitain. de la même manière ainsi que je l'ai déjà dit plus haut, le tableau de cette Naples des années 1930 ne cesse de se dévoiler à chaque fois un peu plus, révélant un peu plus brutalement la tension des relations sociales et la manière dont le fascisme s'insinue partout dans le quotidien.

Bref, voilà encore un très bon livre qui, derrières ses atours de simple roman d'enquête, brosse un tableau tout en finesse et en profondeur d'une ville et d'une époque.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Le vendredi après-midi, la ville se moque de la chaleur, comme elle se moque du froid, de la pluie ou du vent.
La ville, le vendredi après-midi, a une ambiance qui n'appartient qu'à ce jour-là. C'est l'ambiance de l'attente délicieuse de deux journées dans lesquelles l'emprise du travail se relâche, dans lesquelles chacun peut enfin penser un peu à soi. Des jours pour les rencontres, la messe et le bal... La ville, le vendredi après-midi, comble ses rues par l'attente : c'est tellement mieux d'attendre le samedi tous ensemble, au lieu de rester enfermés à la maison. La via Toledo se remplit de voix et de bruits : le vendeur de pastèques qui promet la fraîcheur de sa marchandise, le marchand de café qui roule son pot géant sur un chariot, le marchand de citrons avec ses fruits qui pendent du décor de feuillage de son éventaire. Et les fouaces aux anchois frais, les fruits de mer, les jolies paysannes tenant d'une main une chèvre en laisse et de l'autre un broc en fer pour y recueillir le lait.
La ville, le vendredi après-midi ne veut pas entendre parler de pauvreté ou de faim.
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Assise dans son fauteuil, occupée à tricoter, Rosa regardait Ricciardi dîner. Ou plutôt, elle le regardait pignocher dans son assiette et s'amuser avec la nourriture...
Sans interrompre le cliquètement de ses aiguilles, elle lui lançait des regards par dessus ses lunettes.
Elle soupira : le bonheur est un oiseau rare, qui se pose parfois, mais rarement là ou on l'attend.
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[...] Quand elle s'asseyait pour broder à la fenêtre de la cuisine, elle lui faisait un petit signe de la mai. Cela pouvait paraître peu de chose, mais pour elle c'était énorme.
[...] Pourquoi, sinon, se trouverait-il chaque soir entre neuf heures et neuf heures et demie à sa fenêtre pour la regarder broder ? Ce n'était qu'une question de temps. Or Enrica Colombo avait un caractère tranquille et déterminé. Et elle savait attendre.
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Portrait du commissaire Ricciardi brossé par un fasciste :

[...] Donc, Ricciardi Luigi Alfredo, commissaire à la brigade mobile depuis presque trois ans. Né à Fortino, province de Salerne, il y a trente et un ans. Orphelin de père et de mère. Vous êtes un étrange sujet, vous savez ? Riche à millions, des hectares et des hectares de terres en métayage, un paquet de rentes. Et pourtant vous travaillez pour trois lires et vous ne vous foulez même pas pour faire carrière. Un homme intéressant, je dirais.
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Plus elle constatait combien il était difficile d'entrer en syntonie avec cet homme mystérieux, plus elle se sentait attirée par lui.
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Videos de Maurizio de Giovanni (32) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maurizio de Giovanni
Rencontre animée par Gérard Meudal
Festival Italissimo
Deux maîtres du roman policier, parmi les plus loués tant en Italie qu'ailleurs : Giancarlo de Cataldo d'une part, Maurizio de Giovanni de l'autre. Magistrat et journaliste, de Cataldo est l'auteur de Romanzo criminale, La Saison des massacres et le co-auteur de Suburra. Scénariste et dramaturge, de Giovanni est l'auteur des séries emmenées par les commissaires Giuseppe Lojacono et Luigi Alfredo Ricciardi. À mi-chemin entre roman et télévision, un voyage plein de suspense à la découverte du giallo, le polar à l'italienne.
Plus d'informations sur le festival
À lire – Giancarlo de Cataldo, Je suis le châtiment, trad. par Anne Echenoz, éd. Métailié, 2023 – Maurizio de Giovanni, Nocturne pour le commissaire Ricciardi, trad. par Odile Rousseau, Payot et Rivages, 2022.
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