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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Naples, mars 1931, an 9 du fascisme italien. Un vent glacial souffle sur la ville, dernière offensive de l'hiver avant la douceur du printemps. Loin de ces considérations météorologiques, le théâtre San Carlo est en effervescence. le célèbrissime ténor Arnaldo Vezzi est dans les murs pour y jouer deux pièces. Adulé des foules et grand ami de Mussolini, l'homme est moins apprécié de ses collègues qui lui reprochent ses caprices et son arrogance. Aussi, les suspects sont-ils nombreux lorsque le chanteur est retrouvé assassiné dans sa loge. En charge de l'enquête, le commissaire Luigi Alfredo Ricciardi découvre le ténor baignant dans son sang, la gorge tranchée par un éclat de miroir, les murs rouges d'éclaboussures et le manteau et l'écharpe de l'artiste curieusement immaculés. Une larme coule sur sa joue et de sa bouche sort un air de Cavalleria rusticana. Mais cela, seul Ricciardi peut le voir et l'entendre. Depuis sa tendre enfance, le commissaire voit les morts. Un don, mais aussi un poids, qui l'a rendu triste, solitaire et a fait de cet aristocrate un policier doué mais trop étrange pour être aimé de ses collaborateurs.

Malgré le froid et la mort du ténor, Maurizio de Giovanni nous convie à une belle promenade dans la ville de Naples. On parcourt avec son commissaire les rues populaires comme les quartiers résidentiels, on déguste une sfogliatella chez Gambrinus, on entre dans les coulisses du magnifique théâtre San Carlo. Mais la balade est loin d'être bucolique. Au vent glacial s'ajoutent l'ambiance maussade induite par le fascisme et les morts que voit Ricciardi. Un policier taciturne mais attachant. Si ses supérieurs ne l'apprécient pas, il peut compter sur la vieille Rosa pour s'occuper de lui à la maison et sur son adjoint Maione qui l'accompagne dans son travail. Sans cesse confronté à la souffrance et aux morts violentes, Ricciardi se console aussi en observant Enrica, sa jeune voisine, dont la vue lui apporte paix et sérénité.
Quant Vezzi, l'ami personnel du Duce, il s'avère extrêmement antipathique malgré sa voix enchanteresse. Seul le monde lyrique pleure sa disparition, son entourage étant unanime pour dénoncer son comportement déplorable envers les femmes, le personnel et les membres de la troupe. Pour enquêter au théâtre, le commissaire demande de l'aide à un passionné d'opéra qui lui dévoile les secrets de ce monde qu'il ne connaît pas.
Un whodunit classique a priori mais qui dégage un charme particulier, sans doute grâce à la personnalité de Ricciardi et à la belle ville de Naples. Premier tome d'une série, cet hiver se prolonge au printemps et on a hâte de retrouver l'univers créé par Maurizio de Giovanni.
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Le cadre : la ville de Naples en 1931. Naples, ville divisée entre quartiers aisés et quartiers populaires, pauvres, très pauvres, dont le enfants jouent pieds nus dans le caniveau avec un ballon de chiffons en plein hiver. 1931, l'an 9 du fascisme en Italie.

Une enquête dans le milieu de l'opéra, au théâtre San Carlo où l'on joue successivement Cavalleria rusticana et Paillasse, deux oeuvres assez courtes où la jalousie mord le coeur des personnages et où la réalité se confond avec la fiction. Vous comprendrez tout de cet univers grâce à Dom Pierino. La victime, le ténor Arnaldo Vezzi, à la voix d'or et au caractère de cochon, tout le monde ou presque aurait aimé la voir morte.

Et puis surtout le personnage principal, l'enquêteur, le commissaire Ricciardi, entouré de fantômes, hypersensible aux derniers instants des victimes de mort violente qui le hantent jusqu'à ce qu'il ait résolu l'énigme, n'a trouvé d'autre moyen de calmer un peu ses voix que d'entrer dans la police alors qu'il pourrait mener une existence dorée. Il promène ses yeux verts et sa mélancolie dans tous les quartiers de Naples en compagnie de son fidèle brigadier Maione, le seul qui ose travailler avec lui. Et bien sûr, en ces temps troublés, Ricciardi ne se laisse influencer par personne, ignore les menaces voilées liées au pouvoir, il reste honnête et humain de bout en bout. Il y a bien un petit « défaut » dans la cuirasse du solitaire : une fenêtre ouverte sur la nuit et sur une petite main gauche qui brode en face de chez lui.

Le premier tome de cette série est déjà un grand coup de coeur, surtout pour le commissaire Ricciardi, et je la continuerais rien que pour savoir si un jour il va traverser la rue, mais je suis curieuse aussi de continuer à découvrir Naples avec lui et surtout observer l'évolution de l'époque qui, je l'imagine, ne risque pas de s'améliorer.

A très bientôt, Commissaire Ricciardi !
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Aujourd'hui non pas 1 mais 4 avis lectures et 4 coups de coeur ❤

Une écriture magistrale d'une beauté incroyable, d'une poésie qui tire les lames, un retard avisé sur l'Italie fasciste des années 30, une galerie de personnages aussi attachants que justes et surtout une qualité égale pour les 4 tomes.

Un polar historique qui nous fait découvrir une Naples scindée entre l'élite, de gré ou de force acquise au régime du Duce, vivant dans l'opulence mais aussi dans la crainte des disgrâces et de la délation et la rue, pleine de couleurs et de chantd, mais aussi de misères, de faim, de combines.

A ce tableau, politique et social participent des personnages pour lesquels on sent une vraie tendresse de la part de leur créateur. Des portraits fins qui s'enrichissent au fil des romans, une profondeur anthropologique sans lourdeur.
Les histoires d'amour ne sont jamais guimauves ni caricaturales (ce qui ne veut pas dire qu'elles soient toujours vraisemblable, pour notre plus grand bonheur), les enjeux politiques sont très présents, l'arrière plan historique bien documenté.

L'essentiel repose sur les épaules du fameux commissaire Ricciardi et son don, ou sa malédiction ( no spoil !), son amitié avec son brigadier et un médecin antifasciste, son amour pour sa jeune voisine.

Les enquêtes sont souvent très noires, exposant la laideur de l'âme humaine mais ces romans sont, paradoxalement, une réelle bouffée d'humanité et de culture.

4 tomes à lire dans l'ordre car si chacun traite d'une affaire spécifique, les histoires des personnages s'étayent d'un livre à l'autre : L'hiver nous entraîne dans le milieu de l'opéra, le printemps, chez les prolétaires et les usuriers, l'automne, dans l'aristocratie corrompue et l'hiver chez les indigents et la charité.

Mention spéciale pour Bambinella le travesti au grand coeur, pour Filomena une femme trop belle pour être heureuse et pour le doctor Modo!

Bref, je recommande +++ parce que c'est beau, ça fait du bien et qu'on en sort meilleur!

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Après une série avec un autre enquêteur, je découvre enfin le commissaire Ricciardi. Naples dans les années 30, voilà qui a tout pour me plaire. L'Italie en cette année 1931 est plongée depuis neuf années (déjà) dans la période fasciste, mais ce n'est pas ce dont il s'agit ici, tout en faisant peser une ambiance sombre sur l'hiver napolitain. Soirée de première au théâtre San Carlo, pendant laquelle le célèbre ténor Arnaldo Vezzi est retrouvé mort dans sa loge. le commissaire Ricciardi ne connaît pas l'opéra, il devra se faire aider par un fan de grands airs pour se faire une idée de ce qui s'est passé dans les murs du théâtre.
Les deux gros atouts de ce roman sont la personnalité du policier, et l'atmosphère napolitaine, les deux sont une parfaite réussite, et leur combinaison crée une addiction immédiate à la série. Sans oublier une superbe écriture. J'ai hâte de retrouver le Commissaire Ricciardi au printemps !
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Etrange policier
que ce Ricciardi ! Sa malédiction personnelle lui permet de voir les fantômes de personnes victimes de mort violente , en leurs derniers instants , ce qui fait de lui un enquêteur redoutable
mais aussi un homme hanté par la douleur et le mal . Solitaire , marginal et implacable , il va
devoir , dans une ville de Naples malmenée par un vent glacial , trouver qui a égorgé dans sa loge
le ténor vedette Arnaldo Vezzi . Pas simple , car celui-ci ,aussi talentueux qu'imbuvable ,a suscité
d'innombrables rancunes. Mais Mussolini l'adorait , alors la pression s'accumule sur l'enquêteur.
Un roman entre policier et fantastique , où l'auteur porte un grand soin au jeu des sentiments et
bâtit un personnage principal fascinant.
C'était mon premier de Giovanni et j'ai beaucoup aimé ,surtout le personnage du commissaire ,
mais aussi l'ambiance douce amère qui l'environne.
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Une découverte de cet auteur italien et un plaisir de lecture. Au point de souhaiter m'imprégner de l'univers de cet enquêteur à la personnalité qui tranche avec ses semblables héros de polars… si les titres de cette série sont ou redeviennent disponibles.

Maurizio de Giovanni nous entraîne dans la Naples des années 1930 avec un protagoniste rebelle, solitaire, au regard vert insoutenable et somme toute sympathique à la recherche d'une vérité qui n'est peut-être pas celle qui semble évidente. Qui a le don d'imaginer comment la victime a vécu les derniers instants de son assassinat. Un policier qui sait faire la part des choses entre la justice et la politique à l'ère fasciste dans une enquête classique bien ficelée, au rythme qui nous tient en haleine jusqu'à la finale non prévisible. Confronté à une panoplie de personnages tous susceptibles d'avoir eu une bonne raison pour poser le geste létal.

Vivement les trois autres saisons !


Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

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Un célèbre ténor, particulièrement odieux et détesté de tous, sauf du Duce, est retrouvé mort dans sa loge, la carotide tranchée par un éclat de son miroir. Pour résoudre cette affaire le commissaire Ricciardi vas devoir se plonger dans l'univers du théâtre lyrique, un microcosme ayant ses codes bien à lui, où passions réelles et imaginaires se confondent. Un polar remarquable, méridional à souhait, à l'exact opposé des froides déductions d'une Agatha Christie ou d'un Georges Simenon. On suit les nombreux personnages qui gravitent autour de l'enquête, en entrant dans leur intimité et découvrant progressivement les liens qui se tissent entre eux. On aime, on souffre, on pleure, on jure, une explosion de sentiments, une lutte constante entre le bien et le mal en plein coeur de l'hiver venteux de la Naples mussolinienne. Vivement le suivant…
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Un roman noir, un grand roman noir.
Comme il en existe peu.
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Hiver 1931, Naples. Mussolini est au pouvoir et a décidé que le crime n'aurait plus droit de cité en Italie en vertu d'une justice implacable. Ce qui en fera sourire plus d'un, notamment le commissaire Ricciardi descendant d'une grande famille napolitaine.

En cet hiver 1931 pesant sur la joyeuse Naples, le théâtre royal de San Carlo est en effervescence car la première de « Cavalleria Rusticana et Paillasse » avec le célèbre ténor Arnaldo Vezzi, à la notoriété internationale et ami du Duce, sera donnée en soirée. Un soir banal en soi pour le théâtre royal. Las, au cours de la représentation Arnaldo Vezzi est retrouvé mort dans sa loge, la gorge tranchée avec un morceau du miroir brisé. Suicide ? Accident ? Ou meurtre ? La police conclut rapidement à un meurtre, le commissaire Ricciardi est chargé de l'enquête. Qui en voulait au ténor au point de le tuer ? Les langues se délient brossant un portrait peu élogieux du grand homme décrit comme étant arrogant, odieux avec tout le monde, capricieux et méprisant. Il aurait également la main baladeuse et répugnerait à de nombreuses couturières et habilleuses.

Un détail intrigue le commissaire : au milieu de la scène du crime éclaboussée de sang, trônent le manteau et l'écharpe du ténor immaculés. Comment est-ce possible ? de plus, Ricciardi, qui a un don particulier, celui d'entendre les voix des morts lors de leurs derniers instants, entend Arnaldo Vezzi chanter un air de Cavalleria Rusticana et voit une larme couler le long de sa joue. le commissaire est le seul à voir et entendre cela, son don est pesant et empreint de solitude. Il fait du policier un homme particulier et distant avec autrui. Ce qui ne le rend pas populaire auprès de ses supérieurs. Il a des amis fidèles : Rosa sa gouvernante qu'il appelle Tata et son adjoint Maione.

Maurizio de Giovanni invite le lecteur à suivre le commissaire dans ses pérégrinations napolitaine, dans cette ville magnifique et criarde à la fois. Les saveurs et les senteurs de Naples sont présentes tout au long du roman : la découverte de la sfogliatella, gâteau typique de la Campanie, fait saliver les papilles.

La balade dans les rues et quartiers de Naples est loin d'être merveilleuse, la misère est à chaque coin de rue, les morts réclamant compassion et justice appellent Ricciardi. le tremblement de terre de l'année précédente a fait des dégâts et mis en branle une restructuration de la ville. Deux mots hantent le commissaire « la faim et l'amour ». Ces deux mots sont les socles du crime, dans la majorité des cas. La faim due à la pauvreté, l'amour provoquant brûlantes passion et jalousie. Ricciardi, pourtant, a priori, insensible à l'amour, tient ces deux fils au cours de son enquête. Sans divulgâcher quoi que ce soit, son intuition le conduira à résoudre le crime.

Je n'avais jamais lu de roman de Maurizio de Giovanni et ne connaissais pas son héros atypique. La lecture de « L'hiver du commissaire Ricciardi » a comblé cette lacune. Il a écrit plusieurs séries autour de son personnage, celle des saisons dont « L'hiver… » est le premier tome et celle des fêtes scandant l'année calendaire.

Ricciardo est un personnage attachant, cachant derrière sa placidité une douleur intime, celle de voir et d'entendre les morts. Il éprouve, également, un sentiment amoureux envers la jeune fille de la maison d'en face, qu'il regarde, le soir, coudre ou lire. On comprend rapidement que la jeune fille est loin d'être dupe et qu'elle apprécie l'intérêt de son voisin. Un peu de douceur dans le monde sombre du commissaire est la fragile lumière dans le vie de ce dernier.

« L'hiver du commissaire Ricciardi » est un roman bien construit et tient en haleine, sans effets spéciaux extravagants, le lecteur qui suit le déroulé de l'enquête et attrape au vol les indices parsemés ici et là dans le texte. Sans compter que le décor qu'est la ville de Naples m'a rappelé une semaine de vacances passée là-bas. Les ruelles, les bruits, les odeurs, les cris des marchands, les innombrables églises et chapelles, les architectures sublimes et lépreuse, le tout donnant l'impression d'avoir quitté l'Europe pour être aux portes de l'Inde ou de l'Afrique.

Roman traduit de l'italien par Odile Rousseau
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