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EAN : 9782365695527
336 pages
Editions Les Escales (05/11/2020)
4.29/5   14 notes
Résumé :
Pour échapper au morne quotidien de la maison de retraite, chaque soir, Amandine Berthet offre à ses compagnons d’infortune une évasion : tous s’envolent en pensées vers le Brésil et le delta de l’Amazonie. C’est là qu’Amanda, le double imaginaire d’Amandine, a passé son enfance mouvementée. Amandine déploie cette histoire fantastique, raconte la passion destructrice qui animait ses parents, décrit sa nourrice, la vieille indienne Maraja et ses potions qui soignent,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai eu la chance en cette fin de mois de novembre de participer à une lecture commune avec les éditions les Escales. le principe est simple: nous étions plusieurs à lire en même temps le roman de Nicole Giroud Par la fenêtre et à l'issue de cette lecture commune nous aurions la possibilité de « rencontrer » l'auteure – crise sanitaire oblige, cette rencontre serait virtuelle.

Couverture du livre « Par la fenêtre » de Nicole Giroud aux éditions Les Escales
C'est donc avec un double plaisir que j'ai ouvert ce roman à la première de couverte exotique. L'idée d'échanger avec l'auteure du roman était vraiment intéressante, c'est aussi pour cela que j'aime autant les rencontres littéraires ou les salons. Connaître le travail en amont, les sources d'inspiration apporte un regard souvent nouveau sur mes lectures.

Mais avant de vous parler de la rencontre, je vais vous parler du roman et de son intrigue.

Le roman s'ouvre sur une fugue loin d'être ordinaire. Il s'agit d'Amandine, 80 ans, qui vient de fuguer lors d'une sortie organisée par sa maison de retraite en Suisse où son fils l'a installée…malheureuse, seule, Amandine n'a qu'un rêve à l'aube de sa mort : voir la mer. Elle, la vachère, qui n'a connu que la campagne, veut voir la mer avant de mourir. Mais la surveillance dans la maison de retraite est efficace et Amandine doit ruser. Elle finit par s'échapper et croise la route de trois jeunes gens qui vont l'aider dans son ultime désir.

Telle est pourrait être la présentation de ce roman mais ce serait vous mentir car ce roman est double, il offre deux histoires. Celle d'Amandine, vachère solitaire, battue par son mari, mère martyre pour que son fils unique puisse sortir de cette terrible condition. Amandine c'est l'espoir de celle qui sait lire dans une famille d'illettrés, de celle qui obtient son certificat d'étude, l'espoir de celle qui n'aura d'autre issue qu'un mariage malheureux où la peur d'être battue sera la plus forte. Mais c'est aussi l'histoire d'Amanda, son double imaginaire, son double de papier, celle qu'elle convoque lorsque la réalité est trop sordide, trop dure. Amanda, c'est l'exotisme, le voyage, l'ailleurs, c'est le Brésil avec cependant d'autres souffrances, laisser passer dans la fiction les peurs, les craintes mais aussi les espoirs de la réalité. Car Amandine est une merveilleuse conteuse. Amoureuse des mots, elle les fait vivre, leur donne chair. Amandine, c'est la force de l'imagination.

ELLE CONSTRUIT UN MONDE MOTS QUI LA PROTÈGE DU MONDE RÉEL.

Par la fenêtre c'est un sublime roman sur la vieillesse, sur la famille mais aussi sur le pouvoir des mots, de la lecture, sur la force de l'imagination, rempart vital au désespoir de la réalité.

Et ce fut un véritable plaisir d'échanger avec Nicole Giroud qui nous a expliqué les sources d'inspiration des lieux, des personnages, la génèse de son roman. Même virtuelle, la rencontre fut enrichissante et plaisante. Elle a donné encore plus de force à la lecture de ce roman.

En résumé : une lecture chaudement recommandée et une expérience de lecture commune à réitérer !
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Coup de coeur pour ce roman que j'ai trouvé extrêmement émouvant et bien écrit.

En dépit de la plume imagère et poétique de Nicole Giroud, j'ai eu besoin de quelques chapitres avant d'être complètement prise par l'histoire d'Amandine.

Amandine, alias Amanda, est une octogénaire coincée dans une maison de retraite Suisse qui manque de chaleur humaine. Placée par son fils, contre son gré, Amandine tente de s'évader de son quotidien grisâtre en s'imaginant une toute autre vie qu'elle conte aux pensionnaires de l'établissement.

Dans cette vie imaginaire, Amandine devient Amanda Wilkson une femme qui a vécu une foule d'aventures, de tragédies et d'histoires d'amour au coeur d'une plantation de café amazonienne. Amandine entoure son alter égo de personnages qui semblent tout droit tirés de contes. Il y a :

- Euclide, le père, un géant tout aussi terrifiant que séduisant pour lequel l'amour est nécessairement dévorant, possessif et destructeur ;
- Adelita, la mère, une femme à la beauté hypnotique plus attachée à ses livres qu'à sa propre fille ;
- Maraja, la nourrice, une indienne un peu sorcière grâce à laquelle Amanda s'initie à la beauté et aux mystères du monde ;
- ou encore Eugénie, la vieille institutrice stricte mais bienveillante chargée de l'éducation d'Amanda.

On réalise bien vite que cette vie fantasmée est un refuge indispensable pour Amandine. C'est ce qui lui a permis de se réapproprier les différents événements qui ont réellement jalonnés son existence, de les rendre moins douloureux, de s'inventer une vie – non pas heureuse – mais emplie de voyages et d'une magie propre aux terres indigènes.

En réalité, la vie d'Amandine est triste à pleurer : condamnée à être vachère à 12 ans en dépit de ses compétences et de ses rêves d'institutrice ; mariée à 16 ans à un mari pervers et abusif ; et finalement placée sans égard dans une maison de retraite par un fils indifférent auquel elle a pourtant tout donné.

Lorsqu'elle réalise qu'il est temps de se défaire de ses chimères afin d'exister dans le présent pour le temps qu'il lui reste à vivre, Amandine tente le tout pour le tout et entreprend de s'échapper de la maison de retraite pour réaliser son unique rêve, celui de voir la mer.

Impossible de ne pas s'attacher au personnage d'Amandine. On a parfois envie de la secouer et de lui dire de prendre ses jambes à son cou pour fuir le foyer malsain dans lequel elle est piégée. Solution qui semble si simple pour le lecteur et si compliquée pour cette femme qui subit la violence psychologique et physique de son mari, qui n'a personne pour l'aider, aucune perspective d'un ailleurs. Seule cette petite fenêtre dans sa cuisine lui donne une vague impression d'ouverture sur le monde. J'ai trouvé cet aspect de l'histoire très réaliste, ce qui rend « Par la fenêtre » d'autant plus émouvant.

On comprend alors pourquoi Amandine s'invente Amanda et les décors amazoniens si lointains des paysages plats de sa campagne française. le delta boueux qui débouche sur la mer, les oiseaux exotiques, les singes, les odeurs de café sucré et de viande grillée, les plantes médicinales qu'elle va cueillir le matin. Ces parties de l'histoire empruntent au réalisme magique des romans sud-américains.

Jusqu'à la fin du livre, on espère de tout coeur qu'Amandine va pouvoir faire la paix avec ses démons et surtout se libérer : de sa maison de retraite, de ses histoires qui l'empêchent de vivre réellement, de son carcan d'épouse abusée. Un petit road-trip improvisé va, en tout cas, l'y aider, mais je n'en dirai pas plus…

Un roman sur le pouvoir des mots et les dangers du temps qui passe en nous faisant parfois oublier d'exister.

En bref : Je m'attendais initialement à un roman feel-good et j'ai finalement découvert un livre tragique porté par un personnage féminin complexe, le tout délivré par une plume très riche. Une bien belle découverte qui m'a donné envie de lire le premier roman de Nicole Giroud « L'envol du sari » .
Lien : https://thecosmicsam.com
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« Tu verras Maman, tu seras bien. »
Lorsque viendra l'âge des cheveux blancs, d'un corps moins tonique et peut-être d'un esprit moins vif, je n'aimerais pas entendre cette phrase….
C'est, en substance, ce qu'a dit Jean à Amandine, sa mère. Son mari, « le Père », décédé, elle pensait retrouver une certaine forme de liberté, elle qui n'avait pas eu un mariage heureux. Mais il en a été autrement. le tyran, plus âgé qu'elle, avait tout prévu. Elle s'est retrouvée sans rien, obligée d'obéir encore mais cette fois-ci à son fils.
Jean a joué sur les mots, ce n'est pas une maison de retraite, c'est un EMS (établissement médico-social), ça fait plus propre, plus médical, plus adapté, ça éloigne le spectre de la dernière demeure, on est en Suisse romande alors on fait attention à la « présentation ». Chaque pensionnaire est un cas particulier, n'est-ce pas ? Soulignent les responsables. On parle des activités, des visites organisées pour les résidents, de tout ce qui, en fait, n'est qu'une vitrine …. Mais les enfants peuvent partir, faisant comme si…
Tout ce qui, semble-t-il, est mis en place, les déculpabilise, leur permet de quitter ce lieu sans se retourner, de peur de croiser le regard de leur père, de leur mère….

Alors, Jean s'est éloigné. Il a laissé Amandine. Après tout, elle n'était plus seule, elle avait des compagnes, des compagnons, on s'occupait d'elle, elle n'avait plus de soucis… le statut de mari l'a occupé, il est venu moins souvent puis presque plus….

Et elle ? Que faire ? Glisser tout doucement vers la tristesse ? Ou résister ? Amandine a choisi : elle a résisté.
Comme elle l'avait déjà fait dans son couple en s'évadant grâce aux livres qu'une voisine lui prêtaient en cachette. Ses mots sont devenus sa liberté de penser, de parler.

" Il n'est jamais trop tard pour se créer une autre vie ; elle n'a pas besoin d'être heureuse, quand on n'a pas l'habitude c'est difficile d'inventer le bonheur, mais il faut qu'elle fasse rêver, qu'elle dilate l'espace et le temps pour offrir un intervalle de liberté. "

C'est pour cette raison qu'elle a créé son double, Amanda, une autre face d'elle-même, qui aurait vécu en Amazonie avant d'être à l'EMS. Elle a raconté son quotidien à ses congénères, captivés et retrouvant ainsi l'enthousiasme de la vie.
"[….]es yeux deviennent vagues, se ferment ou au contraire fixent la conteuse, les gestes sont suspendus et la parole domine tout. "
Malgré ces parenthèses enchantées où elle scotche son auditoire et qui lui permettent de tenir, Amandine veut sa maison, les bruits de sa campagne, les odeurs…. Et si elle fuyait ? C'est difficile, c'est risqué …. Mais pourquoi pas ?
C'est avec une écriture emplie de délicatesse que Nicole Giroud évoque cette femme. On passe d'Amanda à Amandine. On voudrait « leur » tenir la main, dire qu'il y a encore des raisons d'espérer, de vivre …. On rêve pour elle (s), on espère ….

J'ai trouvé ce roman magnifique. L'auteur évoque la vieillesse, la famille, les choix des enfants avec pudeur, subtilité. Son récit intimiste est bouleversant et l'épilogue fait monter les larmes…. Un texte beau qui parle au coeur….

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Un récit à travers lequel Amandine va nous conter son vécu. Une grand-mère qui excelle dans l'art de raconter des histoires. Elle n'a pas eu la vie qu'elle aurait souhaité et, par le biais de son double imaginaire, Amanda, va nous relater sa vie avec tout ce qu'elle aura eu de difficile tout en la rendant plus belle parfois grâce à une imagination nourrie par ses nombreuses lectures.

Un livre qui nous parle de la vie paysanne d'antan. Une vie de dures labeurs où les gens n'ont pas toujours le choix et où Amandine en paiera jour après jour les conséquences. Les difficultés financières, le retrait d'une scolarité qui l'aura empêché d'exercer le métier d'institutrice, le quotidien aux côtés d'un mari violent et enfin le placement en EMS. Une vie qu'elle aura subie.

Sa fantaisie aura été pour elle sa source de bonheur et d'évasion. le seul moyen qu'elle aura trouvé pour ne pas sombrer mais aussi, par de petites références, raconter un peu de son vécu. Jusqu'à ce qu'elle trouve en elle le courage d'accomplir un de ses rêves avant la fin.

Au départ, j'ai eu du mal à m'y retrouver entre le réel et l'imaginaire puis je me suis habituée à la plume de l'auteure et à sa manière de relater et là je me suis totalement immergée dans le récit. J'ai été très touchée par Amandine et profondément émue par certains passages de son vécu. Un livre beau et vrai que je n'ai pas pu lâcher avant d'en avoir tourné la dernière page.
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Un moment d'évasion d'une rare densité et qualité que j'ai dégusté quasiment  d'une traite tant le personnage central, l'exceptionnelle conteuse Amandine, m'a pris prend dans ses filets, ses descriptions et ses récits polyphoniques.

Un récit commencé en 1998 sur la base de "l'évasion" d'une vieille dame pour enfin atteindre le but qu'elle a toujours eu, celui de voir au moins une fois dans sa vie la mer, elle dont la vision du monde s'est souvent limitée à la seule ferme des Dombes (entre Auvergne et les Alpes) où elle fut confinée avec de surcroît juste un bout de fénêtre, ce qui est probablement l'explication du titre de ce très subtil roman.

 Amandine Berthet est cette fugitive, de la maison de retraite suisse où son fils, pour lequel elle a tant sacrifiée y-compris son intégrité physique afin de lui épargner les coups d'un père inhumain et violent, l'a recluse par facilité. Maison de retraite qui affiche pour les familles de ses pensionnaires un programme alléchant de sorties et de réalisations de bon aloi mais hélas de facade,  heureusement Amandine s'y illustre comme une conteuse hors pair pour nombre de ses congénères et la mer en est souvent  le point de départ ou le cadre.... Elle invente ou recrée au besoin des vies merveilleuses et / ou tristes, poursuivant ainsi ce qui l'a aidé à vivre depuis ses plus jeunes années, sur la seule base de romans et de livres de géographie qu'elle fut obligée de lire en cachette, tant Albert, sa brute de mari désapprouvait ces possibilités d'évasion.... 

Le lecteur, à l'image des pensionnaires de cette maison de retraite va ainsi se retrouver plonger dans une multitude de vies, de personnages mais aussi partager la douleur, les peines et la véritable vie d'Amandine. Si cela peut déconcerter dans les premières pages, Nicole Giroud va très vite nous donner un cadre et cela autour du destin de trois personnages féminins ; Amandine (identité réelle), Amanda et Adelita (identités fictives ou / et rêvées) et de personnages clés qui vont les accompagner entre France, Portugal et Amazonie (Euclides, Maraja la vieille nourrice indienne entre autres). Amandine, passionnée de lecture et la plus diplômée de sa famille de pauvres fermiers, à l'historique sinistre (père violent, mariée / vendue contre quelques vaches, mari brute épaisse) n'a d'autres perspectives pour supporter son sinistre quotidien que d'inventer des identités tourmentées mais aux destins exceptionnels loin de tout. C'est ainsi que vont naître ses propres légendes qui vont constituer à la fin de sa vie  un véritable trouble dissociatif de l'identité... 

Si le roman commence par l'évocation de la fuite d'Amandine, il se termine tout naturellement par une dernière parenthèse, enfin heureuse pour elle avec la rencontre et le voyage, le seul réel, avec le groupe de la jeune équipe de Rocco, Aurélie et Carla, son dernier public mais aussi une certaine famille, enfin trouvée.

A lire d'urgence...
Lien : http://passiondelecteur.over..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Jamais une forêt européenne ne pourrait rendre une symphonie pareille, les Blancs parlent de cacophonie parce qu’ils ne comprennent pas. C’était de la magie, des cris d’oiseaux plus mélodieux et plus bruyants les uns que les autres, et les animaux qui s’appelaient , qui chantaient la joie d’exister. Si longtemps après j’éprouve encore une poignante nostalgie : tous les matins vers neuf heures, c’était le premier matin du monde et la découverte des herbes du paradis.
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Parfois l’attente des autres est plus forte que votre propre désir, vous leur donnez le récit qu’ils ont envie d’entendre, phrase après phrase vous reconstruisez votre vie, leur tristesse prend le pas sur votre envie de vivre, vos mots leur procurent ce dont ils ont besoin, les rassurent, vous écrasent.
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Les pensionnaires n’avaient pas besoin de passion ou d’érotisme, enfin pas tout de suite, ils voulaient entrer dans la douceur de l’air et la tristesse diffuse de ce soir d’avril, entrer dans un ailleurs où ils oublieraient qu’ils étaient vieux et que le printemps n’était plus pour eux.
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Il n’est jamais trop tard pour se créer une autre vie ; elle n’a pas besoin d’être heureuse, quand on a pas l’habitude c’est difficile d’inventer le bonheur, mais il faut qu’elle fasse rêver, qu’elle dilate l’espace et le temps pour offrir un intervalle de liberté.
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Tels sont le pouvoir et la frustration des vrais conteurs : ils font naître chez ceux qui les écoutent des rêves encore plus forts que les leurs, et créent des mondes auxquels ils n’ont pas accès.
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