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EAN : 9782940329922
200 pages
Atrabile (19/01/2012)
3/5   18 notes
Résumé :
Kurt Koller retourne dans le village de son enfance en vue d'écrire un article sur l'étalement urbain galopant. Durant son voyage, il va se souvenir, d'une expérience marquante vécue alors qu'il n’a que 14 ans. Il est alors éperdument amoureux de Patrizia. Tous deux habitent un petit village, au fin fond de la Suisse. Par amour, il la suit dans le groupe biblique du Pasteur Obrist, qui sait fidéliser ses ouailles grâce à des méthodes douteuses. Kurt s'éloigne alors ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
On le sait depuis longtemps, toutes les raisons sont bonnes pour se convertir à une nouvelle religion, excepté celle de la croyance pure et absolue –qui n'existe visiblement pas. Qu'on soit en période de doute, qu'on se questionne sur le sens que l'on veut donner à sa vie, ou simplement que l'on cherche à plaire à une fidèle, comme c'est le cas pour Kurt Koller, l'adhésion à la foi semble rester le plus pratique des cache-misères. Kurt n'a que 14 ans lorsqu'il assiste à sa première réunion du groupe biblique, animée par le pasteur Obrist. Dans le village, on dit qu'il a dû quitter sa précédente paroisse pour avoir abusé de la crédulité des enfants en plaçant des bougies dans une forêt et en leur faisant croire qu'il s'agissait de manifestations divines. Pour cette raison, son enseignement religieux n'a pas bonne réputation et c'est à contre coeur que les parents de Kurt le laissent assister à ses réunions. S'ils savaient que leur fils ne s'y rendait qu'afin de se rapprocher de Patrizia et de satisfaire un émoi amoureux bien de son âge, peut-être s'inquièteraient-ils moins ? Mais Kurt finit bien vite par se prendre sérieusement au jeu de la conversion religieuse, cherchant à travers Dieu le moyen le plus simple pour atteindre sa dulcinée.


Dans le petit village suisse où officie le pasteur Obrist, les nouvelles se répandent vite et la mère de Kurt tient à le mettre en garde des risques de l'endoctrinement. L'occasion de lancer un débat sur les prétentions de chacun à connaître la vérité : la mère de Kurt, en affirmant que le pasteur Obrist prêche des paroles qui sont fausses, ne commet-elle pas elle aussi cet acte odieux de prétendre avoir raison envers et contre tous ? Kurt, petit à petit, s'éloigne de sa famille, ce que Matthias Gnehm nous fait comprendre en faisant s'égrener à grands blocs les pages d'un calendrier. La solitude du personnage au sein de sa famille disparaît derrière les ellipses, finissant essentiellement à relever du concept à la charge du lecteur.


En réalité, ce n'est pas la conversion de Kurt Koller en elle-même qui bouleversera son existence, mais la proximité qu'elle installera entre lui et Patrizia, permettant des révélations qui précipiteront le petit garçon dans la maturité. Découvertes qui transforment un Kurt Koller naïf et à peine pubère en un jeune garçon prêt à entrer dans le monde un peu glauque des frustrations adultes. On peut dès lors s'amuser des multiples sens attribuables au titre de la conversion, mais le jeu lassera rapidement. La conversion n'a rien de divin et résulte d'une opération transgénérationnelle : il s'agit pour les anciens de faire dégouliner leurs déceptions, leurs croyances et leurs névroses sur les plus jeunes, afin de leur préparer une existence tout aussi compliquée que la leur.


L'histoire, intéressante dans ses grandes lignes, ne parvient malheureusement pas à retenir l'attention tout au long des centaines de pages qui la constituent. Beaucoup de dessins muets s'enchaînent, qui ne permettent pas particulièrement de s'imprégner de l'ambiance cloîtrée d'un village suisse voué aux commérages, et les rares conversations ne renouvellent pas une réflexion sur les conséquences négatives de l'endoctrinement religieux des enfants. Nous devons le reconnaître : le personnage a dépassé le créateur, et le vilipendé pasteur Obrist s'avère finalement beaucoup plus convaincant que Matthias Gnehm lui-même.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Une consoeur critique a imaginé pour ranger son blog une sous-rubrique facétieuse : "BD-qu'elle-est-bien-pour-se-suicider". Sans hésiter, je place "La Conversion" de Matthias Gnehm sur cette étagère, tant l'atmosphère peinte par celui-ci renverse les clichés sur la Suisse, ses chalets mignons et ses paturages verdoyants. En Suisse, le mélodrame-BD de M. Gnehm se déroule et s'achève - mal, comme les histoires d'amour en général... ou de religion.

Cette étiquette macabre est, bien sûr, pour plaisanter, là où on discerne plutôt l'effort pour faire de la BD avec d'autres ingrédients que les bons sentiments, après des lustres de pralines franco-belges.

"C'était dans le village qui, autrefois, il y a vingt-cinq ans, était considéré par beaucoup comme le plus laid de tout le pays. (...) Seul celui qui avait grandi ici pouvait voir des choses qui demeuraient invisibles au reste du monde. (...) Quand il n'y avait pas de brouillard. Car lorsqu'il y avait du brouillard, il était alors si épais et si persistant, que les autochtones se retiraient dans leurs mondes intérieurs. Et certains se rendaient alors dans cette église étonnamment élégante construite dans les années trente."

Le propos n'est pas ici contre ou pour la religion : c'est tellement facile de dénoncer le fanatisme de son voisin ! Plus subtilement, M. Gnehm montre le lien étroit entre le sentiment amoureux et la religion. Kurt, l'ado. au centre de cette intrigue mi-sentimentale, mi-religieuse, sorte de Roméo prépubère, va se détacher des opinions athées maternelles pour se rapprocher des convictions religieuses bizarres de Patrizia, dont il est tombé amoureux. Seule la folie de cette dernière mettra un terme à la "conversion" de Kurt.

Le rapprochement du désir, de la folie et de la religion n'est, certes, pas franchement nouveau en littérature, mais il est assez bien amené dans cette BD, peu moralisatrice. D'ailleurs, comme c'est le truc de base des sociétés mercantiles de stimuler le désir du citoyen lambda, si l'observation n'est pas franchement nouvelle, il n'est pas non plus démodé ou inutile de rappeler que la foi ou les convictions éthiques - non seulement l'érotisme -, ont un caractère "oedipien" ou incestueux.

Ed. Atrabile, 2011.

NB : Et toujours cette présentation chic et puritaine des éds. Atrabile (sans pagination), que je n'aime pas.

Lien : http://fanzine.hautetfort.co..
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C'est lors d'un voyage en train, alors qu'il prépare un article sur l'étalement urbain, que Kurt Koller se remémore un moment précis de son enfance, alors qu'il avait 14 ans. Pour plaire à une jeune fille, il intègre un groupe biblique. A un moment où l'on se cherche, ou l'on cherche à appartenir à un clan pour mieux se définir, Kurt, lui, s'embrigade dans un groupe chapeauté par un pasteur, dont la réputation laisse à désirer.
Les parents de l'adolescent s'inquiètent, et le voient s'éloigner, le mettent en garde, mais les faits s'enchainent inéluctablement, vers une fin tragique.
Tout au long de ce gros roman graphique, les planches crayonnées, sont empreintes d'une certaine tension. Les personnages évoluent dans un environnement clos, et ce ne sont pas la vues aériennes (qui font habilement le lien entre Kurt adulte et son métier, et Kurt dans son environnement d'adolescent) qui donnent de l'air, bien au contraire. Ces planches aériennes montrent dans quelle aire bien déterminée les choses se sont passées.
J'ai trouvé ce roman graphique, percutant, et particulièrement réussi. Il met en lumière les mécanismes qui poussent certaines personnes à l'aveuglement, en se laissant influencer. A découvrir.
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Le dessin, graphique et sobre, plonge le lecteur dans un environnement réaliste, incolore, insipide, clos et suffocant, à la limite de l'ennui et du glauque.
Et c'est là que réside la force de ce roman graphique... dans cette capacité à nous amener dans un univers si peu lointain, et dans le temps, et dans l'espace, et même dans les mentalités... pour nous raconter l'histoire d'un adolescent qui se joint à un groupuscule religieux et se convertit à leur foi, pour l'amour de la belle Patrizia ; et ce, envers et contre sa famille et son éducation.
Si la tension que l'on ressent tout le long du livre finit par nous mettre mal à l'aise, la fin, où tout s'accélère, surprenante, débouche enfin sur le ciel.
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Le récit à la mine de plomb de l'embrigadement progressif d'un enfant dans une secte par amour pour l'une de ses fidèles. Où le naïf côtoie l'oppressant avec brio.
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critiques presse (3)
BDSelection
11 mai 2012
La conversion est un magnifique roman graphique, cohérent de bout en bout, qui laisse finalement sans voix.
Lire la critique sur le site : BDSelection
BoDoi
07 février 2012
Avec un dessin crayonné d’une grande sobriété, alternant les gros plans expressifs et les paysages déprimants, le Suisse Matthias Gnehm (architecte de formation) produit une oeuvre originale et poignante, qu’on sent inspirée de sombres moments vécus.
Lire la critique sur le site : BoDoi
ActuaBD
17 janvier 2012
« La Conversion » relate un court moment de la vie d’un jeune homme qui, par amour et par naïveté adolescente, va entrer dans une secte. Signé Matthias Gnehm, cet album de 300 pages à la mine de plomb est incroyablement oppressant et totalement brillant.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- Les histoires sont des inventions humaines. Et quand un conteur affirme que son histoire est vraie, alors je commence à devenir critique. Et quand il m’explique encore que son histoire est la seule vérité possible, alors il perd toute crédibilité.
- Mais alors tout ce que tu me racontes là, n’est-ce pas aussi juste une histoire ?
- Si.
- Pourquoi devrais-je alors te croire toi, plutôt que le pasteur Obrist ?
- Parce que le pasteur Obrist, avec son histoire, va jusqu’à affirmer que je crois mal, que je pense mal, que je vis mal, si je ne crois pas en son histoire.
- Mais ton histoire l’affirme aussi, tu dis aussi que le pasteur Obrist se trompe !
- Oui, mais je ne fais pas de prosélytisme avec mon histoire, mon histoire est de la simple autodéfense. Car les histoires d’Obrist t’ont conduit à te couper de la famille. Et je ne peux pas te regarder t’éloigner de moi sans rien faire.
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C’était dans le village qui, autrefois, il y a 25 ans, était considéré par beaucoup comme le plus laid de tout le pays. Pourtant, de cet endroit, ils ne voyaient que l’extérieur, le visage… ou, certes, la grimace. Ils ne voyaient que sa tour d’habitation aberrante construite dans les années septante. Son triste assemblage de maisons individuelles. Les autoroutes qui s’y croisaient. Ils demeuraient bien évidemment aveugles à tout le reste. Seul celui qui avait grandi ici pouvait voir des choses qui demeuraient invisibles au reste du monde.
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- Je... Je vais essayer d'arranger les choses.
- Tu veux me... Tu veux m'enlever ma foi.
- Je voudrais simplement que tu n'affirmes pas que ta croyance est la seule vérité.
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Tu veux venir à l’étang avec moi ? J’y ai vu des escargots d’eau douce.
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C’est clair, plus on se rase, plus la barbe repousse. Je me rase toujours la barbe deux fois par jour.
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