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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce livre, je le disais précédemment, est un pavé de près de 500 pages. Mais lorsque l'on arrive à la fin, on a l'impression d'en avoir lu plus de 1000, tellement il est riche, dense, complexe. Et quand on essaye de faire un bilan des thèmes abordés, force est de constater que ce livre aborde pratiquement tous les thèmes de la vie. Ce livre est, transposée dans un univers de fantasy, une allégorie de la vie, de ses difficultés, de ses pièges, de ses joies.

De quoi parlons-nous ? Dans la société qui nous est présentée, les différents groupes sociaux sont organisées selon un ordonnancement strict, que personne ne remet en question. Une aristocratie de mages accapare le pouvoir, qui se transmet de génération en génération. Des nécromants, qui traînent une sinistre réputation, semblent avoir trouvé un modus vivendi avec les mages. Et puis le peuple, qui aspire uniquement a être heureux – mais peut-il l'être dans cette situation ? -.

Prune, c'est le révélateur. Elle-même est mise en mouvement par l'amour, en tout cas c'est ce qu'elle pense. Mais quelles sont ses véritables motivations ? Si l'on voulait faire les malins, on pourrait se demander de quoi Prune est le nom…

En réalité, et on avait déjà vu cela dans la saga le sang des 7 rois, aucun personnage n'est totalement bon. Ils sont tous humains, c'est à dire faillibles, cassés – à un titre ou un autre -, et leurs motivations n'ont pas cette pureté que les romans de cape et d'épée portent au pinacle. Barnabéüs suit Prune parce qu'il rêve secrètement – même s'il n'oserait même pas se l'avouer – qu'elle s'intéresse à lui, la jolie jeune fille qui accorderait ses faveurs au vieillard. Prune pense qu'elle ne peut pas vivre sans Arlanis, son promis, et que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue sans lui… mais finit par transiger avec ses convictions. Telle autre à le goût du pouvoir ; tel marchand n'hésite pas à être égrillard…

Et puis, dans le fond de l'histoire, se pose une question majeure, énorme, lourde, écrasante. Jusqu'où serions-nous prêts, chacun, à aller, pour du pouvoir, de l'argent, l'immortalité ?

Il est évidemment facile, du fond de son fauteuil, alors que nous n'avons ni le pouvoir, ni l'argent, ni l'immortalité, d'affirmer de façon péremptoire que, nous, jamais ! Jamais nous n'accepterions de sacrifier d'autres vies pour la nôtre. Sauf que… emportés par le poids d'un système, écrasés par des coutumes et des habitudes… qui sait ? Qui peut dire ?

Ce livre est une ode à la vie, imparfaite, précaire, injuste. D'ailleurs, quand il décrit les relations entre Prune et Barnabéüs, pendant leur voyage, qui les amène à une promiscuité qui n'est simple à gérer ni pour l'un ni pour l'autre, ses remarques sont très justes (p. 186).

« Prune doutait finalement que Barnabéüs ait profité du spectacle de son corps se contorsionnant dans les grottes, mais d'y penser l'avait mise de mauvaise humeur. Selon les moments, elle ne savait si elle devait le considérer tel un homme ordinaire, un vieillard lubrique ou un grand-père protecteur. Sans doute était-il un peu tout cela à la fois, juste un humain empêtré dans ses contradictions, lesquelles renvoyaient Prune à ses propres failles ».

Ce livre est aussi un appel à la curiosité. Ne vous laissez pas dicter ce que vous devez penser, croire. Allez voir. Vérifiez. Soyez libres. Et, sachant que Monsieur Goddyn est enseignant, je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est ce qu'il essaye de transmettre à ses élèves, en plus de l'écrire dans ses livres… Là aussi, une citation (p. 209) :

« – Êtes-vous certain que la porte est verrouillée ?

Barnabéüs la regarda, surpris, puis il actionna le mécanisme. le pêne glissa et elle s'ouvrit. »

Ce n'est pas parce que vous pensez que votre adversaire a fermé la porte que c'est le cas. Ne vous laissez pas aller à penser compliqué là où les choses peuvent être simples… Bref, une saine lecture, non ?
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Après le Sang des 7 rois, saga en sept tomes déjà parue chez les éditions L'Atalante, Régis Goddyn poursuit l'aventure de la fantasy avec L'Ensorceleur des choses menues !

À la rencontre des mages et ensorceleurs
Deux personnages improbables se rencontrent dès les premières lignes. D'un côté, Barnabéüs, ensorceleur des choses menues, vient de prendre sa retraite, réfléchit beaucoup à l'approche de la fin et compte débuter la rédaction de ses mémoires. Lui qui n'est jamais parti de Kiomar-Balatok a toujours rêvé, ambitionné de découvrir autre chose que son quotidien assez misérable. Or, Prune, une jeune femme assez mal vue, lui réclame de l'aider à partir pour Agraam-Dilith, la cité blanche, la cité où se rendent les mages pour transmettre leur pouvoir à leur descendance, afin de retrouver celui qui lui était promis en mariage. En effet, s'il y a bien une règle qui tient Kiomar-Balatok et ses alentours, c'est celle qui prévaut à la réglementation des sorts et des aspects magiques. Les mages sont rares, descendants des premiers fondateurs de la ville, et ne peuvent transmettre leurs connaissances (et leur fonds de commerce) qu'à un seul de leurs enfants, l'aîné le plus souvent. Barnabéüs, lui-même, a pâti de cette tradition, car sa mère lui a préféré son frère cadet et lui a dû se résoudre à quitter le domicile familial afin de s'établir à son compte, ne vivant que de l'usage de quelques sorts menus. Ces ensorceleurs menus sont des petits artisans de la magie, réparant une porte, orientant une source d'eau pour quelques semaines ou créant de petites sources de chaleur. Leur quête prend très vite une tournure étrange, car ceux qu'ils rencontrent sur la route de la cité légendaire sont le plus souvent menaçants et le voyage-même entre les cités voisines semblent être particulièrement mal vu quand on n'est pas marchand de profession.

Un « buddy roman » de fantasy
L'Ensorceleur des choses menues est clairement un roman initiatique. Étonnamment, cela n'est pas forcément (ou en tout cas pas seulement) la jeune femme qui est là pour apprendre : Barnabéüs est le véritable héros de ce récit. Au fond, cet ensorceleur des choses menues n'est qu'un menuisier et il va accéder à des connaissances dont il n'a pas du tout idée au début de son voyage. Pour ne pas créer uniquement un long voyage fait de soubresauts pensés pour faire apprendre aux personnages un élément après l'autre, l'auteur opte pour un style assez descriptif, mais porté par un humour ténu et bienvenu, grâce à quelques situations avant tout cocasses. Ici un ensorceleur est forcé d'utiliser ses sorts de menuisier pour créer un radeau, là les deux personnages, dont l'âge les sépare largement, se font surprendre dans des positions incongrue. La dynamique des deux personnages principaux évolue beaucoup au cours du roman (attention aux soubresauts de l'intrigue qui met à mal leur dualité) et relève presque des dynamiques propres aux « buddy movies » : ces deux « potes » de circonstances, très différents l'un de l'autre, mais réunit dans des situations cocasses et dans un but commun. Et en l'occurrence, ce « duo de choc » vaut le détour ! Ils ont évidemment des débuts compliqués, mais ils finissent par s'entendre pour au moins faire un bout de chemin ensemble. Pour continuer sur le style littéraire, pour ceux qui ont déjà lu le Sang des 7 Rois, il est possible de déceler à nouveau certains passages assez longuets dans les descriptions, à cause d'une narration légèrement ampoulée par moment. Ces passages sont alourdis par le fait que l'auteur explique sûrement trop les réactions de ses personnages et les situations en elles-mêmes, peut-être est-ce par peur que son propos sous-entendu ne soit pas assez lisible, mais cela aurait pu être allégé. Cela n'enlève pas à l'ensemble du récit qu'une fois lancé, l'intrigue se laisse découvrir avec envie, il faut se laisser porter par l'esprit de ces deux personnages.

Un foisonnement thématique
Dès les premiers mots, Régis Goddyn place directement son récit dans une orientation très paternelle. Ces premiers mots sont particulièrement touchants et on peut tout à fait imaginer que cela renvoie à quelque chose de très personnel. Pour autant, on ne s'arrête pas à cela : les thématiques sont très variées, elles foisonnent vraiment mais elles fonctionnent par spirales (elles reviennent régulièrement, presque alternativement selon un ordre précis) : la trame principale est le combat à la fois conjoint et personnel des deux héros contre une autorité qui leur dicte une certaine conduite, mais c'est aussi l'occasion de parler sexisme, patriarcat, xénophobie, répartition des pouvoirs et surtout « transmission intergénérationnelle ». Cette variété va même jusqu'à mettre en scène un aspect inattendu : une certaine tension sexuelle entre ce grison qui n'a jamais digéré l'abandon de sa famille et de tous ses avantages et cette jeunette qui a déjà tout compris de ses atours ; même cet aspect revient régulièrement et finit par trouver sa propre conclusion. En tout cas, une fois compris l'enjeu principal et saisi l'intrigue véritable, l'intrigue centrale se joue sur la transmission du pouvoir à travers les âges : à quel prix peut-on conserver son pouvoir politique et économique au sein de sa dynastie ? le constat est diablement intéressant et bien transcrit dans ce monde de fantasy par des sacrifices imposés à ceux qui veulent garder le pouvoir, sacrifices qui servent de métaphores aux horreurs acceptées par nous-mêmes dans notre monde capitaliste libéral. Là où les choix finaux sont un peu plus gênants, c'est que d'un point de vue social, l'impression progressive qui s'impose est de voir s'affronter une haute bourgeoisie et une petite bourgeoisie et le « peuple » est clairement oublié et mis de côté, car il ne comprendrait rien. Certains passages à la toute fin du roman laisse en suspens des sous-entendus bien peu démocratiques sans les désamorcer par un avis en contrepoint. Ce sentiment m'avait déjà titillé au cours de la lecture de la Voie Verne.

Régis Goddyn a donc écrit une fantasy assez fraîche et plus accessible que sa précédente série le Sang des 7 Rois. Quelques aspects peuvent être gênants, mais cela permet malgré cela de développer une réflexion intéressante.

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Regys Goddyn, auteur Nantais de 55 ans, est d'abord passé par pas mal d'étapes de l'éducation: instit, prof, prof des écoles, et puis hop sortie d'une heptalogie (7 tomes) - le sang des sept rois - dont le 1er tome date de 2013. Fini les bancs d.écoles, welcome dans le monde de la SFFF. Il participe aussi à une BD, et nous voilà déjà en 2019 avec la sortie de l'Ensorceleur des choses menues aux éditions Atalante. Superbe couverture (à mon goût en tout cas) avec ce titre mystérieux et envoûtant et cette non moins mystérieuse création graphique de Leoncio Harmr, artiste basé à Bordeaux.

Ce livre présente une très jolie plume (j'ai failli écrire Prune qui est l'une des deux protagoniste ahah). J'ai beaucoup aimé le côté introspectif des personnages, le ressenti féminin face au regard masculin, le ressenti masculin d'un vieil homme face à son propre regard. Tout se mêle de façon que j'ai trouvée très attendrissante. Et puis c'est assez rafraichissant de suivre 2 héros qui n'en n'ont rien, l'Ensorceleur des choses menues étant une sorte d'artisan du quotidien, s'aidant de quelques sorts basiques.

Le monde imaginé par l'auteur met du temps à se dessiner. C'est sûrement parce que nos deux protagonistes (Barnabeus et Prune) n'en connaissent eux même quasiment rien au début de leur périple. Et c'est à travers leur voyage initiatique (1ère phase du récit) que tout se met en place. Au fil de ce périple, on se prend alors de tendresse pour ce vieillard - Barnabeus - qui accomplit plus le temps de son voyage, que dans celui du déroulé de sa vie.

Vient alors la seconde phase dont je ne relèverai rien, si seulement qu'ici j'ai trouvé quelques éléments pas toujours faciles à suivre ou à comprendre ! Bon après, c'est peut-être moi qui, trop fatigué de mes journées avec mes deux enfants en bas âge, ne comprend plus tout comme il faut🤣

En cas, le tout se suit agréablement et l'intrigue prend pas mal d'ampleur et des tournures vraiment intéressantes. Ce qui donne un bon 7,5 pour cette fantaisie "sans épées ni chevaux", mais remplie de magie.
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Cette histoire se lit effectivement au rythme de Barnabeus, ensorceleur des choses menues à la retraite.
Il part à l'aventure pour aider Prune à retrouver son fiancé et découvre la vérité sur son monde.
Le voyage, les découvertes, les batailles se font au rythme de Barnabeus mais on reste pris par l'histoire tout au long des pages. La fin est surprenante.
Une belle lecture.
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Barnabéüs est ensorceleur des choses menues, une sorte d'artisan des tracas du quotidien, dont les quelques sorts et le sens du commerce lui permettent, contre espèces sonnantes et trébuchantes, de vivre décemment. Il compte profiter d'une retraite bien méritée lorsque Prune, jeune fille en quête de réponses, vient bouleverser son quotidien. Il l'accompagne dans une quête qui les conduira aux confins du royaume, et même au-delà.

La magie est omniprésente et les sorts se monnaient âprement entre ensorceleurs. D'entrée on comprend que cette société cache un secret et peu à peu la sordide organisation de ce monde nous est révélée. La deuxième partie du roman m'a captivé. J'attendais peut-être un peu plus de maturité et de sagesse de la part d'un vieillard comme Barnabéüs par rapport à la gamine qu'est Prune. Mais sinon que de très bonnes idées dans ce roman.


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Pour résumer en quelques mots, l'ensorceleur des choses menues est un texte atypique au rythme lent qui ne conviendra malheureusement pas à tout le monde. J'ai moi-même trouvé des passages assez longs. C'est avec le recul et après avoir tourné la dernière page que je comprends leur intérêt mais sur le moment, ça n'a pas toujours été facile et j'ai d'ailleurs mis cinq jours à le terminer. Même s'il fait presque cinq cent pages, je lis rarement aussi lentement. Pourtant, je suis contente d'avoir découvert ce roman qui a beaucoup à offrir pourvu qu'on prenne la peine de lui laisser sa chance. Je reste toujours surprise de l'engagement social qui traverse le texte, un engagement qui n'a rien d'utopique (ce qui change agréablement). Régis Goddyn est un auteur plein de subtilité et d'intelligence qui, à travers une plume maîtrisée, donne vie à des personnages d'une rare humanité, avec ce qu'elle a de plus honteux. Sans conteste, ce texte vaut la peine qu'on lui consacre du temps mais il faut s'y pencher avec le bon état d'esprit.
Lien : https://ombrebones.wordpress..
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