Il n'y a pas d'action inexplicable, il n'y a que des actions inexpliquées, il n'y a pas de mystères, mais seulement, si l'on peut dire, des problèmes et des énigmes.
Il existe une banalité quotidienne du mal que les journaux et la télévision, toujours portés à ce qu'il y a de plus spectaculaire, nous font oublier ou ignorer. Le cas, exceptionnel à tous égards, de l'assassin, ne doit nous cacher le fait que l'outil principal du mal n'est pas le couteau mais la parole.
La vie moderne offre à l'individu, même à celui qui ne dispose ni d'un grand pouvoir ni de grandes richesses, une capacité de nuisance inconnue dans le passé.
Mais qui aurait le mauvais esprit de calculer tout le mal social que peut occasionner une décision de licenciement ? Tellement il est entendu de nos jours qu'une entreprise ne fait que du bien puisqu'elle existe et fait des profits... Les dirigeants ne veulent aucun mal à ceux dont ils font le désespoir, de même que les cambrioleurs ne veulent aucun mal à ceux dont ils font la détresse. Mais justement, n'est-ce pas cela aussi, la méchanceté, cette terrible incapacité à sortir du cercle de son moi (ou de celui de son petit nous, ce qui revient au même), l'incapacité a comprendre l'autre dans la totalité de l'existence et de l'ordre symbolique qui fait de la personne humaine bien autre chose qu'un individu ? Le cambrioleur et le dirigeant d'entreprise ne veulent briser aucune existence, ils ne veulent que renforcer la leur. On comprend à présent la pertinence de cette idée de Platon, que le premier mal, c'est l'ignorance.
Il existe une banalité quotidienne du mal que les journaux et la télévision, toujours portés à ce qu'il y a de plus spectaculaire, nous font oublier ou ignorer. Le cas, exceptionnel à tous égards, de l'assassin, ne doit nous cacher le fait que l'outil principal du mal n'est pas le couteau mais la parole.
Vendredi 10 décembre
Théâtre Princesse Grace
Monaco
Conversation « Peut-on renouer avec la nature ? »
Présentée par Robert Maggiori
Avec
Christian Godin, philosophe
Caroline Lejeune, politiste
Grégory Quenet, historien
La notion de «nature» a de telles arborescences de sens que les controverses naissent dès qu'on tente de la définir, et, en même temps, elle apparaît fixée par mille chevilles à l'histoire de la pensée, et inéliminable. La «nature» serait «tout ce qui est né» et «est là», l'ensemble des phénomènes, l'essence de quelque chose, mais on dit «naturel» ce qui n'est pas artificiel – sinon ce qui n'est pas «spirituel», quand en théologie le «naturel» est synonyme de «rationnel» – et on fait enfin référence à «sa nature propre» pour désigner quelque chose comme un instinct irrépressible. On parle de «nature humaine», mais on fait retour à la nature», et l'on s'y promène. On l'a tenue pour l'ensemble des ressources dont l'homme se voulait « maître et possesseur» – et de fait l'homme et ses techniques l'ont exploitée sans limites, jusqu'à la défigurer, en briser les équilibres, la détruire, en compromettre l'avenir. Dès lors ont été ravivés les mythes d'un retour romantique au «naturel», à une nature originelle et immaculée. Dès lors, surtout, est née la conscience d'un nécessaire dépassement de l'anthropocentrisme, s'est ouvert l'horizon d'une écologie intégrale dans laquelle l'homme assume la responsabilité de bâtir une relation de respect, de soin, de protection de la nature inerte et du vivant, de tous les vivants, humains et non-humains. Comment penser une telle relation aujourd'hui ?
#philomonaco
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