Le contexte : les Etats-Unis et les inégalités raciales multidimensionnelles touchant notamment les populations afro-américaines pauvres : emplois, revenus, logements, incarcération, tirs de la police… Si la main gauche de l'Etat rétrécit il n'en va pas de même de sa main droite.
Le lieu : un quartier noir de Philadelphie (6th Street – nom fictif), où l'auteure va suivre pendant six ans le quotidien de sept jeunes ainsi que d'autres personnes (vendeurs, femmes…). Un quotidien marqué par l'intériorisation de manières de penser, d'agir faisant d'eux des fugitifs… dans leur propre quartier. Un jeu de cache-cache permanent avec les autorités.
Les résultats : ils s'inscrivent dans la longue histoire de la mise en place d'institutions visant à produire et reproduire des hiérarchies immanquablement sociales et raciales.
La présence de la police et des institutions pénales font d'elles des piliers de socialisation pour les jeunes « dirty » (qui sont passés par les institutions pénales) ; l'école est reléguée au second plan. le stigmate pénal devient la norme et pèse sur les habitants du quartier. Les « cleans » (les jeunes qui n'ont pas eu affaire à la police) se trouvent dans une position instable : éviter les contacts avec les « dirty » et avec les autorités pénales pour ne pas finir derrière les barreaux, en maison de transition... Cette situation pèse sur la vie et les relations sociales : les personnes que l'on fréquente peuvent nous donner si la police les fait craquer.
En réaction à cela, se développe dans le quartier une économie informelle : vente d'urine propre, filer de l'argent aux gardiens de prison ou de maisons de correction pour faire passer drogue, médicaments, laisser sortir les enfants.
Les derniers mots : comme toute démarche ethnographique, le travail d'
Alice Goffman a appelé nombre de commentaires positifs comme négatifs (insuffisante contextualisation, manque de recul, doute sur les données, sur la véracité de certains faits…). On peut se demander pourquoi l'appendice méthodologique n'est pas un chapitre à part entière tant l'auto-analyse de l'auteure emporte le lecteur et pose de grandes questions.
Pourquoi ce livre n'a-t-il pas encore été traduit ?