AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,25

sur 290 notes
5
61 avis
4
37 avis
3
8 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Clara, Kenny, Maisie, Howie et Lucie ont été emmenés de force dans un pensionnat dès leur plus jeune âge. Cinq petits indiens arrachés à leurs parents pour intégrer des instituts visant à les dépouiller de leurs racines, de leurs croyances et de leurs langues. Une assimilation forcée, totalement immorale et souvent brutale, qui les dépouille de leur identité pour transformer ces petits « sauvages » en bons petits blancs civilisés. Une fois adultes, après avoir survécu aux mêmes atrocités, leurs chemins vont à nouveau se croiser. Ont-ils pu se reconstruire après avoir partagé le même enfer ?

Après le roman d'Amanda SkenandorePour l'honneur de tous les miens ») et l'excellente bande dessinée de Neyef (« Hoka hey! »), « Cinq petits indiens » est déjà le troisième ouvrage dénonçant l'assimilation forcée des enfants indiens à la fin du dix-neuvième siècle que je lis cette année. Ayant travaillé comme avocate auprès des survivants de ces pensionnats de l'horreur durant plus de vingt ans, Michelle Good s'inspire des nombreux témoignages qu'elle a recueillis au fil des ans pour dénoncer l'enfer de ces pensionnats religieux au Canada en donnant la parole à cinq enfants autochtones ayant survécus à l'horreur. Entre 1880 et 1996, date de la fermeture du dernier pensionnat, 150.000 enfants sont passés dans ces écoles résidentielles et on estime que 4.000 d'entre eux y ont laissé la vie. Plusieurs centaines de tombes d'enfants ont d'ailleurs été découvertes récemment à proximité d'anciens pensionnats, ravivant ce scandale qui éclabousse L'Église et l'État canadien et permettant d'en estimer l'ampleur.

Avec ce roman choral, Michelle Good donne la parole à ceux qui ont réussis à atteindre les seize ans vivant, invitant d'une part à montrer leur incapacité à mener une vie normale en tant qu'adultes, et revenant d'autre part sur les maltraitances et les humiliations qui sont à l'origine de ce traumatisme qui les empêche de se reconstruire. Des sévices physiques et psychiques, allant d'humiliations à des abus sexuels, en passant par la malnutrition, les travaux obligatoires et les châtiments corporels, qui ont non seulement brisé leur enfance, mais qui les ont marqués à vie et continuent d'alimenter leurs cauchemars…

Un roman nécessaire, qui m'a permis de découvrir cette nouvelle collection « Voix autochtones » des éditions Seuil, visant à donner la parole à tous les Peuples Premiers qui en ont été privés pendant si longtemps.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
Commenter  J’apprécie          9910
Nombre d'enfants indiens autochtones furent arrachés à leur famille, dès leur plus jeune âge, et intégrés dans des pensionnats, la plupart religieux, ou des écoles résidentielles dans le seul but d'y être « civilisés ». À défaut d'y recevoir une éducation propre, ils y furent souvent exploités et maltraités. Maisie, Lucy, Clara, Kenny et Howie furent de ceux-là... Comment se reconstruire après un tel traumatisme ? Comment survivre dans un monde où ils ont perdu leurs repères ? Si Kenny a réussi à s'enfuir de la Mission, ne supportant plus les sévices que le Père lui infligeait, Lucy, elle, a été tout simplement virée à l'âge de 16 ans, mise dans un car en direction de Vancouver où elle y retrouvera Maisie et Clara, employées toutes les deux au Manitou, un hôtel sordide. Quant à Howie, il connaîtra un destin plus tragique...

Après une enfance volée, brisée, passée loin des leurs et loin de leur foyer, après avoir été battus, humiliés et violés, ces cinq petits indiens, véritables survivants, vont tenter, cahin- caha, de mener une vie plus sereine. Malheureusement, en proie à leur propre démon, nombre d'entre eux tomberont soit dans la drogue, soit dans l'alcool. D'autres s'en sortiront mieux, mais à quel prix ! de leur enfance à leur vie d'adulte, Michelle Good retrace, avec beaucoup d'émotions et d'intelligence, le destin de ces cinq enfants arrachés à leur famille. Elle entremêle, avec finesse, les voix de chacun et tisse ainsi un roman choral tout à la fois bouleversant, poignant et révoltant. Elle-même fille d'une survivante et avocate qui a défendu pendant 15 ans les droits des « survivants » de ces pensionnats, elle s'est, pour ce roman, inspirée d'expériences réellement vécues. Aussi, l'on est d'autant plus touché et indigné par le sort et la vie chaotique de ces cinq petits indiens.

Comme il y est écrit dans la note de l'éditeur, plus de 150000 enfants sont passés par ces pensionnats et en 2015, la Commission de vérité et réconciliation canadienne a estimé qu'au moins 4000 y sont morts.
Commenter  J’apprécie          778
Ouvrage reçu lors d'une opération Masse Critique privilégiée, je remercie tout d'abord babelio ainsi que les éditions du Seuil via leur collection Voix autochtones pour l'envoi de ce sublime ouvrage.
Ouvrage splendide par sa couverture d'une part mais aussi par le récit bouleversant que l'auteure nous narre ici (comme quoi les apparences peuvent être trompeuses car malgré la beauté de la couverture, l'histoire ou plutôt les histoires que Michelle Good nous livre ici font froid dans le dos...d'autant plus qu'elles auraient pu être exactes mais qu'elles sont ici romancées).

Maisie, Clara, Lucy, Kenny et Howie, cinq destins brisés à jamais. Tous les cinq ont été emmenés dans un pensionnat nommé la Mission dès leur plus jeune âge, arrachés de force à leurs parents, tout cela parce qu'ils étaient indiens. Afin de les remettre sur "le droit chemin" et de tenter de faire disparaître leurs traditions en les éduquant à l'occidentale par des hommes et des femmes blanc (soit disant un prêtre et une soeur les plus adaptés pour cela), tous les cinq vont subir les mêmes atrocités, ne pouvant que rarement se parler entre garçons et filles. Aussi, vont-ils s'entraider, n'ayant que d'autre solution que de souffrir en silence. Tous espèrent que leurs parents viendront les récupérer un jour mais cela n'arrive jamais (pourtant ce n'est pas faute de la part de ces derniers que d'avoir essayé). Une fois adultes, ils vont se recroiser, après avoir survécu à l'enfer de ce qui se passe dans les murs de la Mission mais comment peut-on vivre après avoir subi cela ? Coups, viols, privations de nourriture et j'en passe...L'on ne peut pas ! On peut tout au moins survivre mais ensemble ou séparément, certains vont réussir à se construire un semblant de vie, même si les cauchemars eux ne s'arrêteront jamais !

Enfance brisée, vie d'adulte détraquée, certains se décident à parler afin, non pas que leur soit rendue leur enfance et leur insouciance (cela est chose impossible) mais au moins que leurs voix soient entendues !

Un roman où s'alternent, selon les chapitres, les récits de chacun d'entre eux et leur façon d'avoir vécu, enduré cela.
Une très belle écriture pour un sujet historique et donc malheureusement vrai sur la triste condition de ces enfants autochtones à qui l'on a tout pris. Certes, il y a eu réparation pécuniaire par la suite mais est-ce suffisant ? Je pense que non !

Un livre qui m'a parfois donné des nausées tant je ne pouvais pas concevoir qu'une telle chose ait pu exister et pourtant...pour ces cinq enfants, ces "cinq petits indiens" et pour tous les autres, je ne peux que vous recommander la lecture de cet ouvrage poignant, dérangeant et pourtant $o combien sublime pour nous dire encore une fois : Plus jamais ça !
Commenter  J’apprécie          682
Je remercie chaleureusement Babelio et Masse Critique pour l'envoi de ce roman choral bouleversant, qui nous révèle le destin de cinq «  survivants » : Kenny, Lucy, Clara, Howie et Maisie, , tous arrachés à leur famille à l'âge de cinq ou six ans et envoyés , sans issue ni échappatoire pour eux dans des pensionnats catholiques pour autochtones, dont le but ultime est de «  Tuer l'Indien dans l'enfant . »
.
Michelle. G, l'autrice , appartenant à la nation Red Pheasant , a travaillé comme avocate auprès des survivants de ces pensionnats durant plus de Vingt ans : lorsqu'ils seront libérés, au seuil de l'âge adulte, une partie d'eux - mêmes est déjà morte là- bas, sous la coupe de monstres comme Soeur Marie , et le prêtre—— deux infâmes personnages ——-ils découvriront un monde auquel ils n'avaient pas été préparés, où ils ont été abandonnés.

Dénutris, terrifiés, battus comme plâtre, violés, humiliés, le crâne rasé, violences sous toutes les formes, ils ont connu l'enfer, abîmés, ils ne parviendront pas toujours, à se relever, quelque chose s'étant irrémédiablement brisé en eux.


Nous suivons leurs destins entremêlés: Comment apprendre à survivre et revivre dans un monde qui les rejette, sans aucun repère, ni réponse adéquate ?Après ces terribles sévices ?

Ils sont livrés à eux - mêmes, tentant de s'adapter dans les pires quartiers de la ville de Vancouver, entre prostitution, alcool, drogue et petits boulots …

Maisie, pourtant forte se prostitue, se drogue afin d'exorciser son passé douloureux.

Parviendra t- elle à exorciser son passé lancinant ? .

Lucy la discrète , s'adapte tant bien que mal, vit de petits boulots, grâce à Maisie , elle retrouve Kenny dont elle aura un enfant, une fille Kendra, elle s'épanouira dans la maternité.

Kenny, noiera souvent ses souffrances dans l'alcool , ne cessera de fuir encore et encore malgré l'attachement à Lucy et Kendra , tentant de fuir les traumatismes infligés par son violeur.

Honnie fera de la prison après avoir rossé son tortionnaire et Clara, rebelle, combattante toujours, deviendra militante active de l'American Indian Movement..

Cinq vies fracassées, des êtres brisés aux aventures multiples se reconstruisant ou pas..

L'auteure, d'une plume puissante, fluide, habitée, précise, sans pathos décrit la descente aux enfers de chacun, leur profond désir de justice et de reconnaissance, malgré tout, une souffrance, une résilience , une force qui leur permettra d'apprendre et de devenir plus fort , sans aucune raison d'avoir honte de leur tristesse, du temps perdu, une note d'espoir auprès de Lucy, Howie et Clara.

Un témoignage poignant, pur, sincère, dur, suscitant la compassion mais aussi l'admiration devant tant de force et de courage !

Entre lutte pour survivre et revivre , combats spectaculaires, victoire et espoir enfin, en l'avenir.

Un très beau roman fort , bouleversant ,que je découvre, émue , dérangée, troublée , à la très jolie couverture colorée: 

«  Les Voix Autochtones » , au Seuil. A relire .






Commenter  J’apprécie          482
"Et pour tous les enfants terrifiés qui ont été enlevés"

Michelle Good, grâce à son roman, donne la parole à tous les peuples premiers. Leur voix a été lacérée, leur culture massacrée, leur enfance humiliée, leurs croyances piétinées, au nom d'une seule façon de penser, d'une seule façon d'être. Les Blancs sont venus avec leur arrogance, ils ont pris les terres, les lacs, les fourrures..., en échange ils ont semé la mort. Ils ont fait comme si les autochtones n'étaient que des sauvages à éduquer, à dresser, pour en faire leurs esclaves, les alcooliser pour mieux les éteindre.

Ils ont arraché les enfants à leurs parents pour être dressés en petits Blancs à la peau brune dans des pensionnats religieux, à la croix tenue par une chaîne de fer, aux grains de chapelets comme autant de cailloux dans le coeur.
Petits blancs à la peau brune dont les ogres de prêtres abusaient et dont les sorcières de soeurs battaient les corps affamés, leur infligeaient des punitions barbares, au nom d'une foi aveugle et sourde à l'amour.
Leurs belles chevelures tondues, leurs chants étouffés, leur ciel encagé, leurs couleurs éteintes, beaucoup de ces enfants sont morts dans des souffrances inhumaines. Leurs tombes ont fleuri, loin des leurs et de leurs rituels. Juste parce qu'ils étaient des enfants Indiens, de culture différente.

Une culture qui avait su s'adapter à cette terre depuis tant de millénaires. Des peuples qui savaient vivre en harmonie avec la nature, qui pouvaient tant enseigner aux nouveaux arrivants.
Mais ces conquérants avaient le coeur sec et des rêves de pierre.
Les enfants qui sortaient vivants de ces prisons catholiques ne pouvaient plus que survivre, sans repères dans la société où on les recrachait, incapables de retrouver leurs racines, la richesse de leur passé ancestral. Des enfants sans identité.

Michelle Good est une autrice crie, ayant travaillé comme avocate auprès des survivants de ces pensionnats de l'horreur, son expérience enrichit ce roman. Dans le roman Jeu blanc de Richard Wagamese cette réalité m'avait déjà bouleversée au-delà des mots. Les romans de Joseph Boyden sont aussi très précieux pour ne pas oublier tous ceux qui ont voulu "tuer l'Indien dans l'enfant", qui ont tué l'enfant, l'avenir.

De nos jours encore, 24 février 2023, on arrache des enfants à leur famille, à leur culture, à leur avenir, à leur liberté, pour les assimiler à une parole unique, mensongère, guerrière, dominatrice, sans âme.

Je remercie Babelio, l'auteure Michelle Good, et la maison d'Édition du Seuil - Voix autochtones - pour ce roman qui nous éclaire sur le douloureux parcours de ces enfants Indiens, à jamais meurtris.
La couverture et le marque-page apportent de la couleur et de l'espoir à la noirceur ce ce roman.

Commenter  J’apprécie          402
Michelle Good est une avocate crie de la nation Red Pheasant qui a travaillé pendant plus de 20 ans auprès des survivants des " écoles résidentielles " de la Colombie-Britannique.
Elle nous livre un roman choral sur la vie de 5 petits indiens parmi ces nombreux enfants qui ont été arrachés à leurs familles en bas âge pour être placés dans des Missions catholiques autochtones pour être " assimilés " et" civilisés" et, " tuer l'indien " en eux ! Ils ont été séparés de leur famille, de leur langue, de leur culture pour être rendus à la société à l'âge de 16 ans, démunis sur tous les plans, en proie aux cauchemars dus aux sévices, aux viols, aux punitions atroces qui leur ont été imposés....
Au travers de ces témoignages semi- fictionnels : il y a
* Kenny qui fuit, même celle qu'il aime, sa fille ..sa vie...
*Lucy qui arrive à devenir infirmière et élève leur fille Kendra * Maisie qui se prostitue et, aide la tendre Lucy, *Clara, la rebelle qui rencontrera la paix auprès de la guérisseuse Mariah pour finalement s'engager dans l'American Indian Movement en venant en aide aux indiens et *Howie qui a été dénoncé à 6 ans par un prêtre, arraché à sa mère, à sa tante Mae, puis s'est évadé en bateau avec l'oncle Charlie pour finalement se faire violer par le père John dans la Mission !
Mais, en 2015 la CVR ( commission de vérité et de réconciliation ) avait déja recensé des centaines de morts au Canada et, en 2021 de nombreuses tombes ont encore été retrouvées au Saskatchewan !
Michelle Good nous présente un roman-témoignage sur la politique criminelle de la Colombie-Britannique qui a voulu assimiler de façon inhumaine les amérindiens ( installés depuis 6000 à 8000 ans ) les endoctriner, les réduire ! Sept générations d'enfants autochtones ont été privés de leur identité en portant atteinte à leur respect de soi et à leur capacité à s'occuper des tâches quotidiennes de la vie..des enfants brisés en proie à leurs cauchemars qui ont subi l'innommable....
Merci à Déborah, à l'équipe de Babelio et aux éditions du Seuil pour cette Masse Critique Privilégiée 2023..
L.C thématique de février 2023 : un animal sur la couverture...
Commenter  J’apprécie          210
Ils sont tous des survivants. Lucy, Clara, Kenny, Howie ont tous vécus dans l'enfer d'une école résidentielle au Canada. C'est à Arrowhead Bay, un des nombreux pensionnats religieux, que ces enfants enlevés à leur famille ont subi des sévices, des violences et des humiliations pendant des années. Mais ils y ont aussi appris l'amitié, la solidarité et la force des combats. Chacun avec ses blessures a tenté de vivre l'après. Chacun avec plus ou moins de courage, d'ardeur et parfois l'énergie du désespoir, s'est efforcé d'avancer…

J'avoue avant toute chose avoir été attirée par la couverture de ce roman. Toute en couleur, aux illustrations douces et enfantines, l'esthétique de ce livre dénote avec ce qu'il contient. Cinq petits indiens de Michelle Good dénonce les conditions de vie et de survie des autochtones au Canada. C'est une histoire poignante, révoltante, qui met en lumière des âmes qu'on a cherché à broyer.

Ces pensionnats ont existé du XVIIème siècle jusqu'à la fin des années 1990. Les enfants étaient enlevés à leur famille, arrachés à leur terre, leur village, leur croyance. le but était simple : tuer l'indien en eux et en faire des Blancs à la peau brune.

Michelle Good choisit de nous raconter les histoires de ses personnages à tour de rôle. Les liens se tissent et les années sombres sont évoqués avec pudeur. C'est bien écrit et le fait de les suivre après le pensionnat met l'accent sur leur grande force et le courage qu'ils mobilisent pour se reconstruire.

Cinq petits indiens est un roman nécessaire. Il donne la parole à ceux qui l'ont perdu, dénonçant l'horreur de ceux qui croyaient détenir le savoir, et le pouvoir. Rien ne leur rendra leur enfance, mais pour beaucoup, mettre des mots sur les violences qu'ils ont subi ont permis de faire fuir les cauchemars et de se relever…
Commenter  J’apprécie          200
Je remercie Babelio ainsi que les éditions du Seuil et leur toute nouvelle collection Voix autochtones pour l'envoi de ce livre.
Nous sommes au Canada, nous suivons Kenny, Lucy, Maisie, Clara et Howie, cinq destins brisés à jamais. Un roman choral où s'alternent, selon les chapitres, leur récit et la façon de l'avoir vécu, subi, enduré.
Les enfants autochtones étaient enlevés, arrachés à leurs familles pour recevoir une éducation dite civilisée dans des pensionnats tenus par l'Église catholique, cette éducation consistait à leur faire perdre leur langue, leur culture, leur famille, car impossible à celle-ci d'entrer en contact avec leurs enfants - Howie retrouve les doubles des lettres que sa mère à envoyer – Il s'avère qu'une fois les enfants dans le pensionnat ils reçoivent peu d'instruction mais beaucoup de sanctions, de violence physique entre les coups, les viols et la privation de nourriture.
Et puis à l'âge de seize ans ces enfants sont renvoyés du pensionnat, livrés à eux-même, sans repère, sans nouvelle de leur famille.
A travers le portrait de ces cinq jeunes, l'auteure qui a travaillé pendant plus de vingt ans comme avocate auprès des survivants de ses pensionnats, nous livre un témoignage sincère, sans pathos sur la vie de ces enfants mais aussi ceux de leurs parents, et comment arriver à se reconstruire, les répercussions qui cela engendre la vie durant.
C'est sombre mais des personnages comme Véra, George et Mariah apportent de la luminosité ainsi que l'amitié entre les pensionnaires grande et profonde, ils, elles se protègent mutuellement ce qui leurs permet de « vivre » pour ne pas dire survivre.
Sur le même thème j'avais lu Maikan de Michel Jean
Un livre nécessaire, à recommander pour ne pas oublier et faire connaître ce pan de l'histoire
Commenter  J’apprécie          190
« Les enfants indiens devraient être retirés le plus possible de l'influence de leurs parents, et la seule manière d'y arriver est de les placer dans des écoles industrielles où ils vont acquérir les habitudes et les pratiques des Blancs », affirmait le premier ministre John A. Macdonald en 1883.
L'histoire des colonisations est pleine de ces pensionnats pour enfants autochtones, arrachés à leurs familles pour être decultures par des religieux qui voulaient imposer leurs croyances. Aux États-Unis, au Canada, en Australie ou en Guyane des gouvernements ont choisi de déraciner des enfants, de les séparer de leurs parents pour briser leur identité et les assimiler au colon blanc.

Michelle Good est une autrice crie appartenant à la nation Red Pheasant. Elle a travaillé comme avocate auprès des survivants des pensionnats autochtones et a choisi de raconter leur histoire dans un roman.
Les cinq enfants, liés par leur séjour dans le même pensionnat, ont tous subi d'effroyables sévices : maltraitance, malnutrition et violences sexuelles.
On estime que près de 150 000 enfants – dont au moins 4 000 y seraient morts – ont été éduqués de force dans 139 écoles tenues par des religieux de 1831 à 1996. La découverte de centaines de cadavres autour de ces pensionnats a scandalisé les canadiens qui qualifient ces enlèvements de génocide culturel.

Les survivants présentés par l'auteure évoquent successivement, dans des chapitres en alternance et en utilisant des points de vue narratifs différents, par une bascule de la 3eme à la 1ère personne, leur passé, le présent et l'avenir. Pour certains de ces survivants, il n'y a pas d'avenir possible et le suicide est la seule issue. Après avoir décrit des conditions de vie abominables, chacun se remémore la sortie du pensionnat, le désarroi pour ces adolescents qui n'ont absolument pas été préparés à un métier. Livrés à eux-mêmes, ils sont en plus victimes de prédateurs ou incités à l'alcoolisme et à la drogue.
Pour d'autres, forts de leur capacité de résilience, il est toutefois difficile de se reconstruire. Les blessures sont toujours vives et chacun devra s'accommoder de la réalité en trouvant des dérivatifs.

Ainsi Kenny, le rebelle du pensionnat, celui qui cherchait toujours à s'évader, continue à fuir sans jamais pouvoir s'installer quelque part alors même qu'il a fondé une famille. D'autres trouveront une certaine paix dans la maternité ou dans la vengeance, ou réclameront justice.

Sur un sujet tragique mais intéressant, l'auteure a choisi de ne pas plonger dans le misérabilisme ou dans l'effroi. Elle se tient à distance de ses personnages, alors même qu'elle est impliquée à titre personnel puisque sa mère a connu ces pensionnats. Il manque cependant un peu de chair à ces hommes et ces femmes.
Commenter  J’apprécie          172
Cinq petits indiens, Kenny, Lucy, Maisie, Clara et Howie, qui ont vécu, plus ou moins longtemps, dans un pensionnat canadien réservé aux autochtones, pensionnats qui avaient pour but une assimilation forcée des pratiques et habitudes canadiennes, contre leurs propres pratiques et habitudes. Assimilation prétexte d'autres diverses violences, toutes plus sordides et traumatiques les unes que les autres. Qu'ils aient fui le pensionnat, seul ou en famille, qu'ils y soient restés jusqu'à leur âge légal de départ pour être ensuite jetés en pâture en plein Vancouver, avec le minimum en poche, ces cinq petits indiens, à l'âge adulte, seront tous marqués au fer par cette expérience et trouveront, chacun, un échappatoire, plus ou moins tragique, à leur passé traumatique.

Une facture narrative et stylistique certes assez classique, par alternance des voix de nos cinq personnages, parfois à la troisième, parfois à la première personne, et alternance entre passé et présent, mais une force d'évocation qui décrit, sans prise de gants, par leur intermédiaire, tout ce qu'ont vécu les enfants des Premières Nations au Canada, à partir du dernier quart du XIXème siècle, au même titre qu'aux États-Unis. Histoire sombre du Canada justement réactivée en 2021 avec la découverte de plus 200 corps d'enfants autochtones sur les terres d'un ancien pensionnat en Colombie-Britannique.

Je remercie les éditions du Seuil et NetGalley de m'avoir permis cette découverte. Cette nouvelle collection, "Voix autochtones", est décidément très prometteuse.
Commenter  J’apprécie          170



Lecteurs (892) Voir plus



Quiz Voir plus

Les indiens d'Amérique du Nord

Publié pour la première fois en 1970 aux États-Unis, ce livre de Dee Brown retrace les étapes de la Conquête de l'Ouest et les massacres des indiens entre 1860 et 1890 :

Enterre mon corps Wounded Knee
Enterre mon cœur à Wounded Knee
Enterre mon âme à Wounded Knee
Enterre mon esprit à Wounded Knee
Enterre mon scalp à Wounded Knee

10 questions
190 lecteurs ont répondu
Thèmes : conquete de l'ouest , far-west , western , ute , navajos , Nez Percé (Indiens) , comanche , Apache (Indiens) , Cheyennes (Indiens) , Sioux (Indiens) , indiens d'amérique , littérature américaineCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..