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Clara, Kenny, Maisie, Howie et Lucie ont été emmenés de force dans un pensionnat dès leur plus jeune âge. Cinq petits indiens arrachés à leurs parents pour intégrer des instituts visant à les dépouiller de leurs racines, de leurs croyances et de leurs langues. Une assimilation forcée, totalement immorale et souvent brutale, qui les dépouille de leur identité pour transformer ces petits « sauvages » en bons petits blancs civilisés. Une fois adultes, après avoir survécu aux mêmes atrocités, leurs chemins vont à nouveau se croiser. Ont-ils pu se reconstruire après avoir partagé le même enfer ?

Après le roman d'Amanda SkenandorePour l'honneur de tous les miens ») et l'excellente bande dessinée de Neyef (« Hoka hey! »), « Cinq petits indiens » est déjà le troisième ouvrage dénonçant l'assimilation forcée des enfants indiens à la fin du dix-neuvième siècle que je lis cette année. Ayant travaillé comme avocate auprès des survivants de ces pensionnats de l'horreur durant plus de vingt ans, Michelle Good s'inspire des nombreux témoignages qu'elle a recueillis au fil des ans pour dénoncer l'enfer de ces pensionnats religieux au Canada en donnant la parole à cinq enfants autochtones ayant survécus à l'horreur. Entre 1880 et 1996, date de la fermeture du dernier pensionnat, 150.000 enfants sont passés dans ces écoles résidentielles et on estime que 4.000 d'entre eux y ont laissé la vie. Plusieurs centaines de tombes d'enfants ont d'ailleurs été découvertes récemment à proximité d'anciens pensionnats, ravivant ce scandale qui éclabousse L'Église et l'État canadien et permettant d'en estimer l'ampleur.

Avec ce roman choral, Michelle Good donne la parole à ceux qui ont réussis à atteindre les seize ans vivant, invitant d'une part à montrer leur incapacité à mener une vie normale en tant qu'adultes, et revenant d'autre part sur les maltraitances et les humiliations qui sont à l'origine de ce traumatisme qui les empêche de se reconstruire. Des sévices physiques et psychiques, allant d'humiliations à des abus sexuels, en passant par la malnutrition, les travaux obligatoires et les châtiments corporels, qui ont non seulement brisé leur enfance, mais qui les ont marqués à vie et continuent d'alimenter leurs cauchemars…

Un roman nécessaire, qui m'a permis de découvrir cette nouvelle collection « Voix autochtones » des éditions Seuil, visant à donner la parole à tous les Peuples Premiers qui en ont été privés pendant si longtemps.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Nombre d'enfants indiens autochtones furent arrachés à leur famille, dès leur plus jeune âge, et intégrés dans des pensionnats, la plupart religieux, ou des écoles résidentielles dans le seul but d'y être « civilisés ». À défaut d'y recevoir une éducation propre, ils y furent souvent exploités et maltraités. Maisie, Lucy, Clara, Kenny et Howie furent de ceux-là... Comment se reconstruire après un tel traumatisme ? Comment survivre dans un monde où ils ont perdu leurs repères ? Si Kenny a réussi à s'enfuir de la Mission, ne supportant plus les sévices que le Père lui infligeait, Lucy, elle, a été tout simplement virée à l'âge de 16 ans, mise dans un car en direction de Vancouver où elle y retrouvera Maisie et Clara, employées toutes les deux au Manitou, un hôtel sordide. Quant à Howie, il connaîtra un destin plus tragique...

Après une enfance volée, brisée, passée loin des leurs et loin de leur foyer, après avoir été battus, humiliés et violés, ces cinq petits indiens, véritables survivants, vont tenter, cahin- caha, de mener une vie plus sereine. Malheureusement, en proie à leur propre démon, nombre d'entre eux tomberont soit dans la drogue, soit dans l'alcool. D'autres s'en sortiront mieux, mais à quel prix ! de leur enfance à leur vie d'adulte, Michelle Good retrace, avec beaucoup d'émotions et d'intelligence, le destin de ces cinq enfants arrachés à leur famille. Elle entremêle, avec finesse, les voix de chacun et tisse ainsi un roman choral tout à la fois bouleversant, poignant et révoltant. Elle-même fille d'une survivante et avocate qui a défendu pendant 15 ans les droits des « survivants » de ces pensionnats, elle s'est, pour ce roman, inspirée d'expériences réellement vécues. Aussi, l'on est d'autant plus touché et indigné par le sort et la vie chaotique de ces cinq petits indiens.

Comme il y est écrit dans la note de l'éditeur, plus de 150000 enfants sont passés par ces pensionnats et en 2015, la Commission de vérité et réconciliation canadienne a estimé qu'au moins 4000 y sont morts.
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Ouvrage reçu lors d'une opération Masse Critique privilégiée, je remercie tout d'abord babelio ainsi que les éditions du Seuil via leur collection Voix autochtones pour l'envoi de ce sublime ouvrage.
Ouvrage splendide par sa couverture d'une part mais aussi par le récit bouleversant que l'auteure nous narre ici (comme quoi les apparences peuvent être trompeuses car malgré la beauté de la couverture, l'histoire ou plutôt les histoires que Michelle Good nous livre ici font froid dans le dos...d'autant plus qu'elles auraient pu être exactes mais qu'elles sont ici romancées).

Maisie, Clara, Lucy, Kenny et Howie, cinq destins brisés à jamais. Tous les cinq ont été emmenés dans un pensionnat nommé la Mission dès leur plus jeune âge, arrachés de force à leurs parents, tout cela parce qu'ils étaient indiens. Afin de les remettre sur "le droit chemin" et de tenter de faire disparaître leurs traditions en les éduquant à l'occidentale par des hommes et des femmes blanc (soit disant un prêtre et une soeur les plus adaptés pour cela), tous les cinq vont subir les mêmes atrocités, ne pouvant que rarement se parler entre garçons et filles. Aussi, vont-ils s'entraider, n'ayant que d'autre solution que de souffrir en silence. Tous espèrent que leurs parents viendront les récupérer un jour mais cela n'arrive jamais (pourtant ce n'est pas faute de la part de ces derniers que d'avoir essayé). Une fois adultes, ils vont se recroiser, après avoir survécu à l'enfer de ce qui se passe dans les murs de la Mission mais comment peut-on vivre après avoir subi cela ? Coups, viols, privations de nourriture et j'en passe...L'on ne peut pas ! On peut tout au moins survivre mais ensemble ou séparément, certains vont réussir à se construire un semblant de vie, même si les cauchemars eux ne s'arrêteront jamais !

Enfance brisée, vie d'adulte détraquée, certains se décident à parler afin, non pas que leur soit rendue leur enfance et leur insouciance (cela est chose impossible) mais au moins que leurs voix soient entendues !

Un roman où s'alternent, selon les chapitres, les récits de chacun d'entre eux et leur façon d'avoir vécu, enduré cela.
Une très belle écriture pour un sujet historique et donc malheureusement vrai sur la triste condition de ces enfants autochtones à qui l'on a tout pris. Certes, il y a eu réparation pécuniaire par la suite mais est-ce suffisant ? Je pense que non !

Un livre qui m'a parfois donné des nausées tant je ne pouvais pas concevoir qu'une telle chose ait pu exister et pourtant...pour ces cinq enfants, ces "cinq petits indiens" et pour tous les autres, je ne peux que vous recommander la lecture de cet ouvrage poignant, dérangeant et pourtant $o combien sublime pour nous dire encore une fois : Plus jamais ça !
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Suite aux retours de Céline( cicou45), Magielivres et Laurence (coquinette1974), j'ai commandé ce livre pour mes élèves lycéens. Mais une fois ce bel objet en main, j'ai égoïstement décidé de le lire en priorité avant de le leur mettre à disposition (bon, en même temps nous avons commandé une bonne soixantaine de livres début mai, ils ne sont pas en manque de nouveautés !). le sujet des enfants autochtones enlevés à leurs familles m'interpelle depuis quelques années, c''est un fléau qui a touché de nombreuses populations y compris dans nos départements d'Outremer.

Ici il s'agit d'enfants des populations autochtones de la région de Vancouver arrachés très jeunes à leur environnement pour être placés à la Mission, un institut où tout sera mis en oeuvre pour leur extirper ce qui constitue leur essence, leur culture, afin d'en faire de bons petits catholiques bien formatés. Tous les moyens sont bons pour les briser, les rendre dociles et corvéables à merci, avant de les relâcher aussi démunis que des agneaux dans la "civilisation" de Vancouver, à l'âge de 16 ans. Ils subissent humiliations et sévices ignobles de la part des prêtres ou des "bonnes" soeurs, qui en profitent pour exploiter une main d'oeuvre gratuite et entièrement soumise, quitte à ce qu'il y ait quelques pertes occasionnellement : une petite trop malade qui finit par crever en travaillant dans le froid, ou un ado qui n'en peut plus d'être battu et victime de la perversité d'un prêtre et n'aura de cesse de s'enfuir...
Ce roman s'inspire très largement de témoignages recueillis auprès des survivants de ces pensionnats (au nombre de 139), par lesquels sont passés environ 150 000 enfants autochtones. On estime que 4000 y ont laissé la vie, des tombes sont encore régulièrement retrouvées. L'auteure, avocate et elle-même issue de la Nation Red Pheasant, s'est battue pour que les survivants soient entendus.

Kenny, Lucie, Maisie, Clara et Howie ont tous les cinq été emmenés de force à La Mission, et ont souffert sous la férule de Soeur Mary et Frère John, deux sadiques profitant de la tâche qui leur est confiée (éradiquer la part indienne des enfants qui leurs sont confiés) pour assouvir leurs pulsions sadiques et pédophiles. Ils se sont croisés enfants, certains étaient amis, et leurs chemins de vie les amèneront à se rencontrer à nouveau une fois adultes et libérés de l'institution. Mais peut-on vraiment se libérer quand on a subi une telle emprise au plus jeune âge ? Ils ne se sont jamais vraiment remis, et selon leur force et leur tempérament, les séquelles se manifesteront différemment. Certains sombreront dans la drogue, d'autres connaîtront la prostitution, n'ayant ni formation ni aucun moyen de s'en sortir. Telle autre prendra le chemin de l'activisme militant, et l'un d'entre eux échouera en prison. Pour un autre encore, il noiera ses démons dans l'alcool et fuira le bonheur de peur qu'il ne se sauve, comme le dit Gainsbourg. Comment vivre sereinement quand les fantômes du passé ne cessent de s'inviter dans le présent ? C'est l'histoire de leur difficile, et parfois impossible reconstruction qui nous est contée, avec de nombreux flashbacks retraçant leur enfance avant et pendant leur séjour à la Mission.

L'existence de ces institutions n'a pas été une découverte pour moi, j'avais vu des reportages sur le sujet, et effectué quelques recherches sur internet. Ce qui m'intéressait vraiment, c'était de comprendre ce qui se passait à la sortie, quand les jeunes devaient s'insérer dans la vie "normale", sans y avoir été le moins du monde préparés. Comment faire quand on ne retrouve plus sa famille, quand on ne possède quasiment rien et qu'on n'a reçu aucune formation digne de ce nom ? Pas facile dans les années 70-90, alors que le monde entier ignorait totalement le sort de ces pauvres gamins. C'est pourquoi tant d'entre eux ne s'en sont pas vraiment sortis. Heureusement, justice commence à leur être rendue, mais c'est trop tard pour beaucoup.
La collection "Voix autochtones", dont fait partie ce roman, "donne la parole à tous les Peuples Premiers qui en ont été privés pendant si longtemps." je cite l'éditeur (Seuil). C'est une initiative que je salue, et je suivrai sans doute les prochaines parutions.
En plus, cette histoire est bien écrite, même si c'est une fiction on ressent bien que de nombreux éléments sont bien réels, et les personnages sont crédibles. Les chapitres alternent entre les points de vue des cinq héros, ce qui donne une dynamique intéressante au récit. Je suis restée assez détachée, sans doute pour me protéger. J'ai voulu garder une distance, sachant que si je m'impliquais trop dans ma lecture je finirai en larmes.

C'est une lecture que je recommande hautement, que ce soit aux adultes comme aux jeunes, que vous ayez déjà connaissance de ces faits révoltants qui ont quand même perdurés jusqu'aux années 90 ! Ou que vous n'en ayez encore jamais entendu parler, il faut ouvrir les yeux sur ce que l'humain est capable de faire subir à des enfants sous couvert d'assimilation !
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Merci aux éditions Seuil et Babelio pour cette masse critique privilégiée qui m'a permis de découvrir la nouvelle collection « Voix autochtones ».
Cinq petits indiens est l'histoire de ces enfants qui de six à seize ans seront enfermés dans des pensionnats autochtones contre le souhait de leurs parents. de nombreux enfants mourront quand aux survivants…
C'est cette histoire que nous allons découvrir grâce à Michelle Good dont la maman a fait partie des survivants. Tout se passe au Canada, si j'avais entendu quelques bribes récemment je n'avais pas mesuré l'ampleur et la durée de ces exactions.
C'est choquant, bouleversant, révoltant .Tant de familles détruites ! Tant de souffrance !
Clara, Kenny, Maisie, Howie, Lucie. Ils étaient dans le même pensionnat, leurs routes se croiseront nouveau une fois adulte. Ils ont partagés les maltraitances les abus sexuels, les humiliations et seront livrés eux-mêmes pour leurs seize ans. Avoir connu une telle détresse les a rendu solidaires, ils s'entraident, se comprennent ayant enduré la même horreur.
Ils seront toujours des enfants blessés, apeurés. La violence, la fuite, la colère, le suicide, les tocs. Des séquelles subsistent, ils sont marqués à vie. Pour beaucoup les liens familiaux sont rompus. Quant aux enfants comment leur donner un foyer, Kendra , la fille de Kenny et Lucie comprendra bien plus tard les raisons de leur défaillances.
Pourtant certains trouveront la force de parler et de faire éclater ce scandale qui éclaboussera L'Église et l'État canadien. Ils seront indemnisés est-ce un prix suffisant pour une enfance volée ?
J'ai suivi avec intérêt ces personnages, j'ai été touchée par leur histoire mais je crois que le moment le plus émouvant fut quand Howie parlant de son enlèvement a dit : « On n'était que des gosses ». Je me suis souvenu de mon fils, sa petite main cramponnée à la mienne pour sa première rentrée scolaire à six ans. Comment peut-on infliger ça à un enfant ? Que dire de plus ?
Une histoire à lire absolument.
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Leurs parents ont été placés en réserves, et eux, les enfants, on les a kidnappés et enlevés à leur famille, c'est la réalité bien noire d'un peuple dont on a tenté d'annihiler la culture parce qu'elle était gênante pour les nouvelles populations canadiennes et américaines. Ce livre raconte la bien révoltante histoire d'enfants que l'on a essayé de vider de leur culture pour y semer la foi chrétienne, apparemment la seule possible. On les a voués au malheur en leur volant leur enfance, en les privant de l'indispensable nourriture, celle du corps comme celle de l'esprit, en leur infligeant de mauvais traitements, en les violant, on les a ensuite abandonnés sans aucune aide quelque part dans la grande ville de Vancouver, livrés à eux même et à la merci d'employeurs peu scrupuleux. Certains se sont battus pour survivre et pour tracer leur chemin, pour tenter une difficile reconstruction, d'autres se sont échoués.

C'est ainsi que l'ont fait connaissance de Kenny, Lucy, Maisy, Howie, Clara, cinq petits indiens qui ne peuvent laisser le lecteur indifférent. A travers ces personnages, j'ai pu prendre connaissance d'éléments de culture crie, peuple pacifique, respectueux de la nature, pratiquant un culte des ancêtres qu'ils perçoivent à travers les rêves, aspect important de leur pratique religieuse et bien opposé à ce que l'on a tenté de leur inculquer.

Chacun des personnages fait l'objet de plusieurs chapitre qui leur sont dédiés et dans lesquels ont observera une évolution différente selon la personne. Un roman qui révolte quand on observe les difficultés et les épreuves que chacun rencontre sur sa route et qui apaise quand on se retrouve au contact de belles personnes capables d'agir pour offrir une paix intérieure aux êtres humains que l'ont suit tout au long du roman ainsi qu'à a lectrice que je suis.

On n'a aucun mal à imaginer les mauvais traitements subis par les protagonistes, toutefois l'autrice a vraiment su suggérer les faits sans s'étendre. La fin est plus qu'apaisante, on y ressent beaucoup de douceur liée à la culture crie, une culture qu'aucun individu, quelles que soient ses tentatives, n'est parvenue à éradiquer.

Un magnifique roman à lire absolument.
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Je remercie chaleureusement Babelio et Masse Critique pour l'envoi de ce roman choral bouleversant, qui nous révèle le destin de cinq «  survivants » : Kenny, Lucy, Clara, Howie et Maisie, , tous arrachés à leur famille à l'âge de cinq ou six ans et envoyés , sans issue ni échappatoire pour eux dans des pensionnats catholiques pour autochtones, dont le but ultime est de «  Tuer l'Indien dans l'enfant . »
.
Michelle. G, l'autrice , appartenant à la nation Red Pheasant , a travaillé comme avocate auprès des survivants de ces pensionnats durant plus de Vingt ans : lorsqu'ils seront libérés, au seuil de l'âge adulte, une partie d'eux - mêmes est déjà morte là- bas, sous la coupe de monstres comme Soeur Marie , et le prêtre—— deux infâmes personnages ——-ils découvriront un monde auquel ils n'avaient pas été préparés, où ils ont été abandonnés.

Dénutris, terrifiés, battus comme plâtre, violés, humiliés, le crâne rasé, violences sous toutes les formes, ils ont connu l'enfer, abîmés, ils ne parviendront pas toujours, à se relever, quelque chose s'étant irrémédiablement brisé en eux.


Nous suivons leurs destins entremêlés: Comment apprendre à survivre et revivre dans un monde qui les rejette, sans aucun repère, ni réponse adéquate ?Après ces terribles sévices ?

Ils sont livrés à eux - mêmes, tentant de s'adapter dans les pires quartiers de la ville de Vancouver, entre prostitution, alcool, drogue et petits boulots …

Maisie, pourtant forte se prostitue, se drogue afin d'exorciser son passé douloureux.

Parviendra t- elle à exorciser son passé lancinant ? .

Lucy la discrète , s'adapte tant bien que mal, vit de petits boulots, grâce à Maisie , elle retrouve Kenny dont elle aura un enfant, une fille Kendra, elle s'épanouira dans la maternité.

Kenny, noiera souvent ses souffrances dans l'alcool , ne cessera de fuir encore et encore malgré l'attachement à Lucy et Kendra , tentant de fuir les traumatismes infligés par son violeur.

Honnie fera de la prison après avoir rossé son tortionnaire et Clara, rebelle, combattante toujours, deviendra militante active de l'American Indian Movement..

Cinq vies fracassées, des êtres brisés aux aventures multiples se reconstruisant ou pas..

L'auteure, d'une plume puissante, fluide, habitée, précise, sans pathos décrit la descente aux enfers de chacun, leur profond désir de justice et de reconnaissance, malgré tout, une souffrance, une résilience , une force qui leur permettra d'apprendre et de devenir plus fort , sans aucune raison d'avoir honte de leur tristesse, du temps perdu, une note d'espoir auprès de Lucy, Howie et Clara.

Un témoignage poignant, pur, sincère, dur, suscitant la compassion mais aussi l'admiration devant tant de force et de courage !

Entre lutte pour survivre et revivre , combats spectaculaires, victoire et espoir enfin, en l'avenir.

Un très beau roman fort , bouleversant ,que je découvre, émue , dérangée, troublée , à la très jolie couverture colorée: 

«  Les Voix Autochtones » , au Seuil. A relire .






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Fin des années 1960, dans la région de Vancouver. Nombreux sont les enfants des indiens autochtones qui ont été arrachés à leurs parents des l'âge de six ans pour les élever dans des écoles tenues par des religieux. Des instituts qui s'apparentent plus à des maisons de correction, avec ses travaux obligatoires, ses châtiments corporels, la faim, où la culture indienne - les langues en particulier - est interdite, les contacts avec les parents ou la famille réduits au minimum. C'est dans une de ces Missions religieuses que Lucy, Kenny, Clara, Howie, Maisie vont passer leur enfance, loin de leurs racines. Certains réussissent à s'evader d'autres sont envoyés dès leur seize ans à Vancouver sans autre assistance qu'un petit pécule, d'autres se noient dans la drogue pour oublier des sévices sexuels d'un prêtre ou les brimades d'une religieuse aigrie ou frustrée.
Cinq petits indiens permet de suivre sur une vingtaine d'années les destins de quatre d'entre eux et de Mariah, une guérisseuse. Certains continuent de fuir, incapables d'accorder leur confiance, d'autres se réfugient dans l'agressivité avant de s'engager dans le militantisme et trouver sa voie dans la défense des droits des minorités autochtones, d'autres construisent une famille malgré tout.

Michelle Good réussit avec Cinq petits indiens à évoquer le destin de jeunes enfants, contraints de quitter leur famille, sur décision de l'État, et illustre les dégâts psychiques, sexuels, économiques que cette politique inhumaine a entraîné.
Sous la forme d'un roman, Cinq petits indiens abordent des sujets devenus dans les annes 1990, éminemment d'actualité avec l'emergence des groupes de défense des indiens du Canada, qui demandent des comptes et i terrogent et remettent ene cause cette politique afin de comprendre et se reconstruire.
Cinq petits indiens est un roman humain et sans pathos.
Je remercie Babelio et les éditions du Seuil - Voix autochtones pour cette masse critique privilégiée.
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"Et pour tous les enfants terrifiés qui ont été enlevés"

Michelle Good, grâce à son roman, donne la parole à tous les peuples premiers. Leur voix a été lacérée, leur culture massacrée, leur enfance humiliée, leurs croyances piétinées, au nom d'une seule façon de penser, d'une seule façon d'être. Les Blancs sont venus avec leur arrogance, ils ont pris les terres, les lacs, les fourrures..., en échange ils ont semé la mort. Ils ont fait comme si les autochtones n'étaient que des sauvages à éduquer, à dresser, pour en faire leurs esclaves, les alcooliser pour mieux les éteindre.

Ils ont arraché les enfants à leurs parents pour être dressés en petits Blancs à la peau brune dans des pensionnats religieux, à la croix tenue par une chaîne de fer, aux grains de chapelets comme autant de cailloux dans le coeur.
Petits blancs à la peau brune dont les ogres de prêtres abusaient et dont les sorcières de soeurs battaient les corps affamés, leur infligeaient des punitions barbares, au nom d'une foi aveugle et sourde à l'amour.
Leurs belles chevelures tondues, leurs chants étouffés, leur ciel encagé, leurs couleurs éteintes, beaucoup de ces enfants sont morts dans des souffrances inhumaines. Leurs tombes ont fleuri, loin des leurs et de leurs rituels. Juste parce qu'ils étaient des enfants Indiens, de culture différente.

Une culture qui avait su s'adapter à cette terre depuis tant de millénaires. Des peuples qui savaient vivre en harmonie avec la nature, qui pouvaient tant enseigner aux nouveaux arrivants.
Mais ces conquérants avaient le coeur sec et des rêves de pierre.
Les enfants qui sortaient vivants de ces prisons catholiques ne pouvaient plus que survivre, sans repères dans la société où on les recrachait, incapables de retrouver leurs racines, la richesse de leur passé ancestral. Des enfants sans identité.

Michelle Good est une autrice crie, ayant travaillé comme avocate auprès des survivants de ces pensionnats de l'horreur, son expérience enrichit ce roman. Dans le roman Jeu blanc de Richard Wagamese cette réalité m'avait déjà bouleversée au-delà des mots. Les romans de Joseph Boyden sont aussi très précieux pour ne pas oublier tous ceux qui ont voulu "tuer l'Indien dans l'enfant", qui ont tué l'enfant, l'avenir.

De nos jours encore, 24 février 2023, on arrache des enfants à leur famille, à leur culture, à leur avenir, à leur liberté, pour les assimiler à une parole unique, mensongère, guerrière, dominatrice, sans âme.

Je remercie Babelio, l'auteure Michelle Good, et la maison d'Édition du Seuil - Voix autochtones - pour ce roman qui nous éclaire sur le douloureux parcours de ces enfants Indiens, à jamais meurtris.
La couverture et le marque-page apportent de la couleur et de l'espoir à la noirceur ce ce roman.

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A l'instar du Mille Femmes Blanches de Jim Fergus où il était question d'anéantir toute civilisation indienne en la diluant dans un mode de vie WASP, Cinq Petits Indiens nous raconte ces pensionnats canadiens où étaient placés de force les enfants amérindiens dans le but de les « humaniser » en les coupant de leurs racines, de leur culture et de leur langue d'origine, bref le système canadien avait eu cette brillante idée (non) de tuer l'Indien dans l'oeuf afin d'assimiler les enfants des Premières Nations.
Pensionnats (ou écoles résidentielles pour le dire précisément) qui eurent tranquillement pignon sur rue pendant plus d'un siècle et demi, le dernier ayant fermé ses portes en 1996, et dans lesquels en un peu plus de 150 ans, environ 6000 papooses perdirent la vie entre torture, maltraitance et absence de soins.

Dans son roman, Michelle Good nous retrace le parcours chaotique de cinq petits mômes sortis de ce Pandémonium et, devenus adultes, connaissant finalement un autre genre d'enfer : celui du traumatisme et de l'incapacité à se construire et mener une vie normale. Ils s'y attellent fort pourtant, tous autant qu'ils sont, certain·es avec plus de fortune que d'autres mais guérir d'une telle enfance semble souvent impossible, la résilience compliquée à atteindre et les échecs du chemin tortueux sur lequel on les a placés de force sont nombreux.
Un sujet grave donc, dont malheureusement la plume de Michelle Good ne rend pas justice.
Si malgré quelques erreurs chronologiques – dont on peut s'étonner qu'elles aient passé le comité de lecture – ce livre se lit bien, à aucun moment je n'ai été autrement remuée par ces cinq protagonistes et leur histoire (un comble quand on connait la thématique). Malheureusement c'est plat, scolaire presque, et le propos s'en trouve tristement affadit. Michelle Good se targue de nous raconter le génocide culturel des amérindiens canadiens, dommage qu'elle qu'elle n'ait pas affuté sa plume en conséquence.

Pourtant l'intention du roman était bonne, excellente même, mais un style plus incisif et rentre-dedans qui aurait hurlé l'horreur et l'injustice de ce que le gouvernement canadien a fait subir à ses enfants autochtones aurait été plus que bienvenu pour dépeindre l'ignominie d'un tel sujet.
Une abjection de l'Histoire qui ne se laissera pas oublier, ces Cinq Petits Indiens, eux, si.
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