Pour toi mon fils, j'oublierai ces années de misère conjugale quand ton père, ivre mort, rentrait du travail pour me battre.
Pour toi mon fils, j'écouterai ta voix qui distillera petit à petit aux jeunes de ton âge ce qu'est notre condition d'ouvriers.
Pour toi mon fils, j'apprendrai à regarder en face notre vérité : travail, misère, maladie, pauvreté.
Pour toi mon fils, j'ouvrirai les livres interdits pour réapprendre à lire et à comprendre.
Pour toi mon fils, je soutiendrai ton idéal politique, le socialisme...
Je ferai tout cela pour toi, mon fils...
Pélagie, mère russe soumise et très croyante, voit sa vie et ses habitudes bouleversées par l'engagement de son fils dans la lutte ouvrière. D'abord effrayée par le comportement de son fils, elle va petit à petit ouvrir les yeux sur sa propre condition sociale, adhérer aux idées de la jeunesse russe et prendre une part active dans les décisions du mouvement.
Même si le livre aborde l'histoire de la montée du militantisme socialiste, c'est avant sur sur le personnage de Pélagie qu'il faut se pencher. C'est bien, elle,
la mère, humble ouvrière sans éducation ni conscience, qui peu à peu sous l'influence de son fils et de ses amis, va se révéler. Son parcours force l'admiration. Par amour, par abnégation, elle franchira toutes les étapes.
Le livre est d'une belle construction. Au fur et à mesure que Pélagie gagne en connaissances et en conscience, on suit l'ascension du mouvement révolutionnaire qui secoua la Russie après 1905. Il faut aussi souligner la qualité des descriptions, celles des paysages et portraits, mais aussi et surtout celle des usines où la laideur est transcrite de manière remarquable.
Un très beau roman, une très belle héroïne que j'ai rapprochée immédiatement d'une autre très belle femme de papier, "Mère courage" de
Bertold Brecht.
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