AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,1

sur 231 notes
5
10 avis
4
14 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
De cet écrivain russe, j'ai lu , il y a fort longtemps , avec passion et moult émotion la trilogie autobiographique, "Enfance", "Mes apprentissages",
et "Mes Universités", mais j'avoue bien honteusement n'avoir jamais parcouru ce grand classique...réédité magnifiquement par les éditions,
"Le Temps des cerises"....¨Pélagie, femme et mère d'ouvrier, illettrée,écrasée par une vie laborieuse et les coups d'un mari alcoolique , de son vivant...va apprendre au contact de son fils et de ses camarades la réalité du monde ouvrier et de l'engagement politique...

L'évolution extraordinaire, exemplaire d'une mère qui par amour pour son fils, va avoir l'élan de comprendre ses idéaux, ses révoltes...

Un témoignage des plus prenants sur le peuple russe quelques années avant la Révolution d'Octobre, ce roman met en scène le portait unique d'une figure maternelle, qui va s'éveiller intellectuellement, humainement....
Elle va apprendre à lire à 40 ans... et s'investir de toutes ses forces pour soutenir, participer à son niveau aux actions de son fils, dont elle admire l'intelligence et le courage !

Avec cette figure féminine emblématique, c'est un très beau texte que Gorki nous offre, où des camarades-ouvriers se mettent à lire, réfléchir, pour ne pas répéter la fatalité vécue par leurs parents ni les injustices criantes vécues
par les classes laborieuses, traitées depuis toujours comme "quantités négligeables" !!

Je ne peux résister à transcrire un extrait de l'excellente préface de François Eychart : "La Mère offre un des plus beaux portraits de femme de la littérature mondiale. (...)
Gorki, lui, a osé faire de Pélagie Vlassova le sujet d'une oeuvre dont le retentissement fut considérable parce qu'il s'agit d'une femme des plus ordinaires qui prend toute son amplitude en devenant une militante du combat pour la révolution.

On s'étonne que le courant féministe n'ait pas cru devoir revenir sur ce roman. (...)
Car c'est à une sorte d'insurrection que le roman de Gorki convie son lecteur, insurrection contre ce qui courbe les humbles, les maintient dans leur faiblesse, les désarme d'avance contre leur malheur. Au fur et à mesure qu'elle
se libère la mère s'affirme, devient de plus en plus elle-même. Elle dévoile ses qualités en devenant un élément actif du mouvement révolutionnaire.
C'était là, bien sûr, un scandale pour l'opinion de l'époque qui, même dans sa partie progressiste, n'acceptait une telle audace que pour des femmes instruites, appartenant aux milieux éclairés et aisés. La participation d'une
femme du peuple au mouvement socialiste restait un interdit" (p. 7-8)
Commenter  J’apprécie          690
Avec son roman La mère, Maxim Gorki nous offre le portrait d'une femme du peuple ordinaire mais qui, par son amour pour son fils, se révèlera un des personnages les plus intrigants et poignants de la littérature russe. du moins, c'est mon opinion. Pélagie Vlassov est la veuve d'un mari tyrannique (alcoolique et violent). Son fils Paul deviendra-t-il comme son père ? Mais non. Il se détourne de cette voix. Et pas seulement, il effectue un 180 degrés. Il se met à lire (quoi ? la pauvre mère illettrée ne saurait le dire), puis à fréquenter des gens, même à recevoir chez lui ces « camarades », comme Nicolas Vessovchikov. L'action se déroule en 1906, alors on voit venir la suite… le communisme ou le socialisme, comme vous voudrez bien le nommer.

Fort heureusement, l'auteur nous épargne de longs passages descriptifs où d'autres auraient décrit en long et en large ces philosophies des débats politiques à n'en plus finir. Et c'est d'autant plus crédible que ses personnages centraux proviennent du peuple, pas des intellectuels (ceux qui ont échoué la révolution avortée de 1905). Un an plus tard, il va sans dire que le socialisme et le communisme sont fortement réprimés. Un jour, le directeur de la fabrique veut tirer profit d'un marais adjaçant et souhaite refiler la facture des travaux aux ouvriers (en retenant un kopek par rouble sur leurs salaires) sous prétexte que l'assainissement de l'endroit améliorerait les conditions de tous. Paul Vlassov est le premier à se lever et il encourage ses collègues à la résistance. Évidemment, il est emmené en prison. Sa mère aurait pu se désoler, se refermer sur elle-même et dépérir (comme elle s'était écrasée sous son mari) mais non ! Elle embrassera plutôt les idéaux de son fils.

C'est ainsi que Pélagie va se transformer. Elle prend sur elle de continuer le travail de son fils. Elle continue à héberger Rebyne malgré l'opprobe qui commence à s'abattre sur sa maison. Puis elle aide directement les amis de son fils. Réussissant à se faufiler partout (qui suspecterait une vieille femme), elle circule dans la région, distribue des tracts, fait passer des messages, etc. Elle se bagarre même avec la police ! de plus, elle apprend à lire à son âge afin d'appuyer le mouvement de son mieux. Ainsi, elle deviendra un des symboles de la classe laborieuse !

Pélagie, qui était au début un personnage de mal-aimée, une femme parmi les plus ordinaires, devient malgré elle une héroïne. (Pas vraiment le type de figures féminines auxquels les grands auteurs russes nous ont habitués!) de faible elle s'affirme. Qui aurait pu croire qu'elle deviendrait l'instrument de l'action politique, une militante du combat pour la liberté. de cheminement est tout de même long (et répétitif par moment), vers le dernier tiers du roman, bof… j'avais hâte d'en arriver à la fin. Mais, heureusement, la finale, si elle n'est pas enlevante, est tout de même dramatique et touchant. Dans tous les cas, je la trouvais appropriée. La mère ne pouvait revenir en arrière, redevenir la simple mère abusée qu'elle était jadis. C'était très réussi de Maxim Gorki, qui a su prévoir une décennie plus tôt la terrible révolution qui a secoué la Russie.
Commenter  J’apprécie          480
Pélaguée, une vieille femme russe, va petit à petit s'éveiller à la vie et sortir de sa condition de femme soumise et ignorante. Veuve d'un mari violent, elle va découvrir grâce à son fils Pavel, militant socialiste, la vérité sur leur vie de misérables.

Tous ces ouvriers du début du XXe siècle, exploités, maintenus dans l'ignorance, la peur et les mensonges, ne savent comment exprimer leur révolte. Irrités par leurs conditions de vie misérable, indignes d'un homme, ils sombrent dans l'ivrognerie et la violence.

Il faut leur apprendre qu'il est possible de vivre autrement, que leur misère n'est pas une fatalité. Se délivrer de la peur de l'oppresseur, chercher la vérité. Ils ne sont pas méchants, idiots et bruts par hasard. On les a maintenus volontairement dans cet état d'asservissement, afin de profiter de leur travail, de se divertir au prix de leurs peines.

Pélaguée et son fils Pavel vont être les symboles de cette révolte, les apôtres de la vérité.
Petit à petit le monde des ouvriers s'éveille à la révolte, les idées de liberté, de savoir et d'égalité font leur chemin. le monde fraternel des socialistes est en marche, soulevant aussi le monde paysan qui crève de faim.

Très beau portrait du prolétariat, mais aussi du monde paysan, et de la justice de l'époque.
Portrait d'un peuple courageux qui s'éveille, de son existence monotone et obscure, et allume en lui la flamme de la raison, la flamme de l'espoir d'une vie meilleure, qui fait enfin entendre sa voix pour anéantir l'autocratie.
Commenter  J’apprécie          430
Titre : La mère
Auteur : Maxime Gorki
Année : 1906
Editeur : le temps des cerises
Résumé : Pélagie Nilovna est une vieille femme russe vivant dans la misère. Veuve d'un mari violent, la pauvresse assiste, médusée, à la prise de conscience politique de son fils Paul et de ses compagnons. D'abord spectatrice incrédule, la vieille femme illettrée va peu à peu ouvrir les yeux sur sa condition et celle de ses semblables, jusqu'à devenir un exemple de courage et d'abnégation dans les luttes ouvrières qui secouèrent l'empire russe en ce début de XX ième siècle.
Mon humble avis : Maxime Gorki, un nom qui claque comme un coup de fouet, un nom qui évoque des steppes enneigées et d'intenses luttes ouvrières. Maxime Gorki, un auteur que je n'avais jamais lu avant de découvrir ce roman sur les rayonnages d'une petite librairie de Pamiers en Ariège. Un coup d'oeil à la jolie couverture et le pavé se retrouvait illico dans la pile de livre s'accumulant sur le comptoir. Les lecteurs métropolitains ne connaissent pas leur chance de pouvoir disposer de tels endroits, mais je m'égare… Revenons à l'illustre auteur du pays des tsars et chantre du réalisme socialiste, revenons à ce roman comptant les prémisses de la révolution russe. Pélagie est une vieille dame au grand coeur, naïve et croyante. Son mari décédé ne lui a laissé que de mauvais souvenir : une vie rude et humiliante où les privations et la violence furent quotidiennes. Lorsque son fils Paul s'éveille aux idées communistes, la vieille femme est effrayée, médusée par ces promesses d'un monde meilleur. Puis vient l'espoir : celui de voir les damnés de la terre se lever et renverser un ordre qu'elle pensait jusqu'alors immuable. Vous l'aurez compris, ce bouquin de Gorki est un hymne à la révolution, mais également un témoignage implacable des conditions de vie ignobles des ouvriers de cette époque. Mais au-delà de cela, la mère est aussi le portrait poignant d'une femme qui s'éveille à la vie sur le tard, une femme qui s'émancipe et peut-être aussi un excellent manifeste féministe. J'avoue avoir été surpris par la modernité de ce texte, les personnages sont attachants et le style n'a pas pris une ride. J'avoue également, et c'est bien dommage, un certain ennui dans la dernière partie du texte, avec l'impression que chaque chapitre est le reflet fidèle du précédent et puis une gêne lorsqu'après quelques recherches, je me rendis compte que Gorki fut, à priori, l'un des fidèles alliés du père des peuples, j'ai nommé l'immonde Joseph Staline. Mais laissons de côté l'aspect politique et la vie personnelle de l'auteur pour ne retenir que le personnage marquant, nuancé et idéaliste de Pélagie Nilovna. Pour conclure, la mère est un roman édifiant, une oeuvre contrastée dont certains passages m'ont ébloui et d'autres profondément ennuyé. Contrasté vous dis-je…
J'achète ? : Oui pour l'aspect sociologique de l'oeuvre, pour la description précise de cette époque pré-révolutionnaire, une époque qui changea la face du monde, pour le meilleur mais surtout pour le pire. Mais aussi parce qu'il s'agit d'un classique de la littérature russe et qu'affirmer avoir lu Gorki en société fera de toi un potentiel et dangereux gauchiste à surveiller de près. Courage camarade !
Lien : https://francksbooks.wordpre..
Commenter  J’apprécie          362
Pas mal pour un roman dont son auteur n'était pas vraiment satisfait : il le trouvait trop long, ennuyeux, écrit à la va-vite et d'après lui il imposait trop son point de vue. Effectivement il l'a écrit vite, pendant un séjour aux USA. Mais cela ne sent pas du tout. Ce roman s'appuie sur un personnage bien réel, Piotr Zalomov, l'un des organisateurs d'un des premières manifestations du premier mai à Sormovo, près de Nijny Novgorod, ville natale de Gorki, en 1902. La mère, c'est celle de Piotr. Il n'y a pas à proprement parler une intrigue, le coeur du livre, c'est l'évolution de Pélaguée, la mère, à partir de la confiance qu'elle a dans son fils. Son éveil social et intellectuel, ses états d'esprit, sont décrits et analysés dans le détail avec beaucoup de finesse. Ce qui est remarquable c'est l'angle choisi par Gorki pour raconter les mouvements sociaux du début du siècle, après l'échec de la Révolution de 1905, plus intellectuelle : un personnage féminin très ordinaire au départ, une veuve dont le mari était alcoolique et violent, qui s'émancipe, se met à lire à 40 ans, pour finir par devenir un rouage important de l'action révolutionnaire. le résultat est l'un des plus beaux personnages féminins de la littérature, ce qui était sans doute très choquant à l'époque. La peinture psychologique sonne vrai, de même que les dialogues. On est très loin du réalisme soviétique, d'autant que la mère reste croyante jusqu'au bout ! Un certain manichéisme est certes présent, mais en même temps, la diversité des personnages du côté des opprimés est bien présentée, on sent toute leur complexité, bien loin de ce que peut résumer un chapitre d'un livre d'histoire. Gorki a l'habileté de ne mettre en scène aucun débat politique théorique, ce qui permet de ne pas étiqueter ses personnages à l'intérieur du mouvement révolutionnaire (ils peuvent correspondre à n'importe lequel des courants de l'époque). Et pourtant le roman est saturé d'idéologie, mais il s'agit surtout de questions sur le comportement que doit avoir un révolutionnaire par rapport à ses idéaux, son attitude et ses actions par rapport à la police, aux mouchards, … C'est vrai que la lecture et l'histoire avancent très lentement, au rythme de l'évolution de Pélaguée plutôt qu'à celui des événements mais c'est cependant l'optimisme sans faille de cette vision humaniste et positive de l'être humain qui m'a le plus gênée. Cette optique est amplifiée par des comparaisons que le lecteur français ne relève même plus avec des métaphores bibliques (les héros sont comparés à des anges ou des apôtres, la manifestation est comparée à un chemin de croix, etc...) qui ont valu d'ailleurs à Gorki d'être inquiété pour blasphème ! C'est vrai qu'on peut trouver ce roman un peu long, qu'il aurait pu être moins manichéen tout en faisant passer le même message, mais il reste incomparable pour sa peinture de la vie quotidienne et de l'état d'esprit du milieu ouvrier russe de l'époque tsariste et au moins autant, pour le tableau qu'il dresse de la condition des femmes russes d'alors. Un très beau portrait de femme absolument remarquable.
Commenter  J’apprécie          334
Pour toi mon fils, j'oublierai ces années de misère conjugale quand ton père, ivre mort, rentrait du travail pour me battre.
Pour toi mon fils, j'écouterai ta voix qui distillera petit à petit aux jeunes de ton âge ce qu'est notre condition d'ouvriers.
Pour toi mon fils, j'apprendrai à regarder en face notre vérité : travail, misère, maladie, pauvreté.
Pour toi mon fils, j'ouvrirai les livres interdits pour réapprendre à lire et à comprendre.
Pour toi mon fils, je soutiendrai ton idéal politique, le socialisme...
Je ferai tout cela pour toi, mon fils...

Pélagie, mère russe soumise et très croyante, voit sa vie et ses habitudes bouleversées par l'engagement de son fils dans la lutte ouvrière. D'abord effrayée par le comportement de son fils, elle va petit à petit ouvrir les yeux sur sa propre condition sociale, adhérer aux idées de la jeunesse russe et prendre une part active dans les décisions du mouvement.
Même si le livre aborde l'histoire de la montée du militantisme socialiste, c'est avant sur sur le personnage de Pélagie qu'il faut se pencher. C'est bien, elle, la mère, humble ouvrière sans éducation ni conscience, qui peu à peu sous l'influence de son fils et de ses amis, va se révéler. Son parcours force l'admiration. Par amour, par abnégation, elle franchira toutes les étapes.

Le livre est d'une belle construction. Au fur et à mesure que Pélagie gagne en connaissances et en conscience, on suit l'ascension du mouvement révolutionnaire qui secoua la Russie après 1905. Il faut aussi souligner la qualité des descriptions, celles des paysages et portraits, mais aussi et surtout celle des usines où la laideur est transcrite de manière remarquable.

Un très beau roman, une très belle héroïne que j'ai rapprochée immédiatement d'une autre très belle femme de papier, "Mère courage" de Bertold Brecht.

Lien : http://mes-petites-boites.ov..
Commenter  J’apprécie          270
Plutôt agréablement surprise par ce roman de Gorki, que j'avais évité jusqu'à présent, redoutant le niveau littéraire d'un écrivain tellement glorifié par le régime communiste.

Il me faut avouer qu'il s'agit là d'un véritable roman littéraire, bien construit, avec des personnages à la psychologie approfondie, des descriptions précises, des dialogues plausibles, un parti pris plein de finesse, et un style agréable à lire.

Nous sommes loin de ces auteurs, ou prétendus tels, qui utilisaient la littérature à seule fin de faire de la propagande !
Bien sûr, les héros sont révolutionnaires, les "mauvais" sont les patrons, la police du Tsar,... mais ce n'est pas si caricatural : tous les partisans de la Révolution ne nous apparaissent pas "positifs" de manière uniforme, certains sont plus droits que d'autres, certains plus potentiellement violents que d'autres, on discerne bien les différentes personnalités.

Le point le plus intéressant du roman reste, bien sûr, comme le titre l'indique, le personnage de la mère. Maxime Gorki parvient parfaitement à nous faire comprendre l'évolution progressive de cette femme, qui s'éveille à la vie finalement, et prend conscience du monde qui l'entoure, de la société dans laquelle elle vit. Mère courage, à la fois combattive et émotive, ayant Foi tant dans le Christ que dans le mouvement conduit pas ces jeunes révolutionnaires.

Ayant lu un certains nombres de livres sur la Révolution russe elle-même, c'était finalement ma première lecture sur l'avant-révolution, comment tout s'est mis en place, comment la situation a évolué jusqu'à conduire à cette "explosion" violente de la volonté du peuple.

Un livre que je ne regrette pas, et que je conseille à tous les passionnés de l'Histoire russe !
Commenter  J’apprécie          160
La participation de Maxime Gorki aux évènements de 1905 le marqua durablement, et l'écriture de la mère le montre bien. Cette mère, c'est Pélagie Vlassov, dont le fils est un socialiste dans la Russie tsariste. Paul, son fils, lit les auteurs socialistes et tient des réunions dans la petite maison de sa mère : y viennent notamment André, un Ukrainien, ou encore Sandrine et d'autres compagnons. Pélagie, au début, accueille ces réunions avec la crainte qu'elles n'apportent des ennuis à Paul. Mais, femme simple, Pélagie se révèle bientôt femme courageuse. Elle va voir son fils en prison, une fois celui-ci arrêté à la suite d'une manifestation, puis devient une véritable activiste : elle distribue les tracts, s'intéresse à la vie de ceux que les amis de son fils disent opprimés.
Cette mère comprend vite que les rouages de l'administration tsariste n'est jamais juste pour ceux qui la contestent. Elle est le symbole de ce peuple qui, peu à peu, ouvre les yeux sur la réalité du monde et agit pour le changer. Evidemment, le roman entier est sous-tendu par une logique politique, celle du socialisme, à laquelle Gorki adhérait. Mais à travers le regard de cette femme, c'est aussi un certain regard sur le système économique dominant que le lecteur adopte : l'homme en tant qu'outil, l'homme bon s'il se tait.
D'un point de vue historique, la lecture du roman se révèle intéressante par le fait qu'il retrace, avec précision, la naissance, au sein des couches populaires, d'une idéologie fondamentale du 20ème siècle.
Commenter  J’apprécie          142
Publié dans la foulé des événements révolutionnaires de 1905 en Russie , " La Mère " frappe d'emblée à la fois par cette façon ici qu'à la Littérature de coller sans filtre et sans écart à l' événement , à l'histoire et de s'assumer pleinement comme Parabole et qui plus est - en dépit de l'apparent paradoxe en la matière - comme Parabole évangélique.
Comment ne pas voir dans le portrait de ces jeunes gens faméliques et volubiles, comme irradiés par leur combat , celui parfois de martyrs et surtout de messagers d'une parole nouvelle , de l'avènement d'un monde nouveau ou le sauveur serait cette fois l'Homme lui-même.
Et puis la Mère évidemment. Mater Dolorosa, creuset et réceptacle de la violence du monde.
Mais la Mère aussi et surtout ici, comme ferment révolutionnaire, emblème et figure d'un peuple soumis et souffrant qui déchiffre sa condition, et que la Lutte révèle à lui même.
Gorki et c'est toute la beauté du livre, ne met pourtant en scène à aucun moment, prophètes ou messies, mais nous offre le spectacle de la beauté des hommes ordinaires aux prises avec leur destin mais aussi en but à d'autres hommes de leur condition.
C'est d'ailleurs un des enseignements historiques de ce livre ou n'apparaît jamais la figure corollaire du possédant ou du Pouvoir qui asservit , mais ,celle invariante de sa Police, rempart permanent et décisif, et d'une paysannerie rétive dont la conquête et la gestion s'annoncent déjà prophétiquement comme des enjeux majeurs de la grande révolution à venir.
Commenter  J’apprécie          112
Gorki mort en 1936 fut un écrivain symbole du régime soviétique et du "réalisme socialiste" dans l'URSS de Staline. Cela pourrait le desservir ce qui serait dommage car dans ce roman écrit après la Révolution avortée de 1905 (donc avant l'instauration du communisme en 1917), si l'écriture est à la gloire des idéaux socialistes, elle est beaucoup plus que cela.
Le roman décrit l'humanisation, la prise de conscience progressive d'une vieille femme soumise, résignée sans éducation et fataliste grâce à son fils. Cette mère qui a toujours tout subi dans sa vie prend peur en voyant son fils militer contre les injustices du régime autocratique tsariste. Quand son fils est arrêté, elle distribue des tracts à sa place, se révolte et comprend son désir de liberté. Elle réapprend à lire, s'informe et va voir les paysans. Bien sûr les révolutionnaires sont idéalisés mais il est finalement très peu question d'idéologie dans ce roman mais beaucoup plus de la transformation d'un être qui prend conscience de ses conditions de vie, les analyse et ne les subit plus. Il donne ainsi une vision positive de l'humanité car chaque être quel qu'il soit, quel que soit son niveau d'éducation, sa situation peut se prendre en main.
.
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (988) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}