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EAN : 9791039204873
360 pages
Archipoche (18/04/2024)
4.2/5   42 notes
Résumé :
Je ne sais ce qu’il faut admirer le plus dans cette évocation d’une enfance et d’une adolescence vouée au labeur forcené et en butte à toutes les privations, à toutes les humiliations aussi : de l’acuité de l’observation, de la vivacité du trait, de la peinture poignante des faiblesses comme de la grandeur humaine, ou enfin de la poésie qui éclaire chaque instant de ces aventures même lorsque le héros parait submergé par l’amertume ou le désespoir.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Quand j'ai dit à un ami russe qu'en ce moment je lisais Gorki, il s'est exclamé : "Hein ! L'écrivain de la propagande !" et j'ai été assez surprise par son verdict qui semblait sans appel.

Certes, je n'avais pas encore eu l'occasion de m'intéresser à cet auteur bien qu'ayant déjà parcouru quelques belles pages de la littérature classique russe, et je me suis donc intéressée à la biographie de Maxime Gorki avant d'entamer ce récit autobiographique dont le titre semble en effet évoquer tout un programme, "En gagnant mon pain".

Ce que j'ai découvert, c'est que Gorki fut un écrivain engagé très tôt aux côtés des bolcheviques de la première heure. Proche de Lénine (puis de Staline), il connut en effet la lutte politique et l'exil, avant d'être promu archétype vivant de l'auteur soviétique, ce qui ne l'a pas empêché de mourir dans des circonstances qui posèrent question, puis d'être enterré en grande pompe aux frais de l'URSS. Mais un homme qui est né en 1868 a connu bien des expériences avant la chute des tsars...

"En gagnant mon pain" est l'un des volumes qu'il consacre entièrement à l'évocation de ses souvenirs d'enfance. Publié en 1915, on n'y trouve aucune revendication politique mais la peinture sociale du monde dont il était issu : celui des petites gens, fort nombreuses en Russie (et c'est toujours hélas d'actualité). Donc non seulement, on ne risque pas d'y lire quelque propagande que ce soit (en tout cas, moi, je n'en ai pas trouvé et j'ai rassuré Irina sur ce point), mais on y découvre avec intérêt la vie quotidienne d'un panel varié de Russes, de sa grand-mère vivant de la cueillette forestière (ce qui est encore le cas d'une partie de la population russe aujourd'hui, je peux en témoigner), à ses patrons, ses camarades, ses "petites amies", etc. du roman d'apprentissage plus vrai que nature.

On retrouve ainsi avec sensibilité et réalisme, le tout dans un style plus qu'accessible et plaisant, le rapport particulier des Russes à la nature, à la foi, à l'alcool, au destin et... au système d'(là encore je peux témoigner qu'il en est toujours de même de nos jours). Mais ce qui m'a surtout marquée, c'est l'insistance pleine de saveur de l'auteur sur sa découverte de la lecture et de la littérature, et de l'évasion qu'elles procurent. le jeune Alexei - Gorki s'appelait en réalité Alexis Pechkov - m'a touchée par son obstination à lire malgré les obstacles de son milieu natal. J'y ai vu un appel à s'instruire et à persévérer dans la connaissance pour s'extraire de la misère. Alors, si c'est ça qu'on appelle "propagande", elle n'est certainement pas à craindre, formulée ainsi.


Challenge 1914-1989 - Edition 2018
Challenge MULTI-DÉFIS 2018
Challenge Petit Bac 2017 - 2018
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« En gagnant mon pain », est le deuxième volet de la trilogie « Enfance », « En gagnant mon pain », « Mes universités » dont l'auteur, Alekseï Maksimovitch Pechkov signera son oeuvre littéraire sous le nom de Maxime Gorki, amer en russe...

De famille miséreuse, autodidacte et issu du journalisme, Maxime Gorki nous retrace ici sa vie d'adolescent et nous entraine dans la Russie profonde de la fin du XIX e siècle.
Gorki est considéré comme un des chefs de file du mouvement « réalisme soviétique », proche de Lénine. Ses écrits n'en ont pas moins d'intérêt pour autant ; particulièrement ici où l'on découvre le lent cheminement d'un adolescent livré à lui-même vers l'âge adulte (quinze ans en l'occurrence) au milieu de l'environnement pour le moins difficile de la fin de la Russie tsariste. Un adolescent qui sauvera son intégrité intellectuelle par la découverte de l'art et particulièrement de la littérature qui lui permettra d'assouvir sa soif de connaissances et de s'ouvrir sur le monde extérieur.

Un véritable hymne à la lecture…

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Je connaissais le nom de Maxime Gorki, j'ignorais cependant tout de ses oeuvres. C'est par le hasard d'une rencontre avec une cabane à livres de ma commune, que j'ai trouvé l'édition du Livre de Poche de En gagnant mon pain. J'ignorais encore que c'était le deuxième volume de la trilogie narrant la vie de l'auteur.
Ce témoignage d'une époque si lointaine et si proche, qui a contribué à façonner le monde dans lequel nous vivons désormais m'a fascinée. L'écriture simple et limpide en appelle aux sens. On vit au rythme de ce très jeune adolescent, chassé de la famille par son grand-père qui considère qu'il peut désormais assumer seul sa subsistance. Il va donc faire mille et un métiers, chasseur dans une cordonnerie de luxe, bonne à tout faire, porteur commissionnaire, mais aussi piégeur d'oiseaux. Il passe ainsi des faubourgs malodorants et malfamés à la nature sauvage qui lui inspire des idées de liberté. Il essaie par tous les moyens de s'instruire. Son esprit curieux n'est pas borné par une éducation académique. Il lit au gré de ses rencontres, des livres que l'on veut bien lui prêter. Il s'entiche ainsi De Balzac qu'il découvre avec Eugénie Grandet. Il en explique simplement les circonstances : "un véritable "Grand Livre", un "livre comme il faut" que me prêta la coupeuse". Il deviendra ainsi un authentique et immense autodidacte.
Au gré de ses placements, de ses fugues, il côtoie aussi la misère et la violence ordinaire faite au peuple, aux ouvriers, aux paysans. Il constate le dénuement intellectuel des pauvres gens et celle de la bourgeoisie. Ces strates, voire ces castes, sont incapables à l'époque de dépasser les idées toutes faites, le joug d'une religion pesante, le poids d'un régime tsariste moyenâgeux. Toutes expériences qui façonneront la littérature engagée de l'écrivain et les choix politiques ambigus de l'homme public.
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
La forêt faisait naître en moi un sentiment de confort et de paix intérieure. Toutes mes amertumes s'y dissipaient. J'oubliais les choses désagréables et en même temps, une acuité de perception spéciale se développait en moi. L'ouïe et la vue s'aiguisaient, la mémoire devenait plus subtile et le réceptacle de mes impressions plus profond.
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Je ne buvais pas d'alcool, je ne courais pas les filles ; ces deux moyens d'enivrer l'âme étaient pour moi remplacés par les livres, et plus je lisais, plus il me devenait difficile de mener une existence inutile et vide, comme celle de la plupart des gens. Je venais d'avoir quinze ans et demi, mais parfois je me sentais homme mûr. Au moral je m'étais gonflé et alourdi de tout ce que j'avais vu ou lu, et de toutes mes réflexions. En regardant en moi, je trouvais le réceptacle de mes impressions pareil à un sombre réduit où sont entassées en désordre toutes sortes de choses. Je n'avais ni la force ni la science nécessaire pour m'y reconnaître.
Et malgré leur abondance, mes bagages n'étaient pas bien assis, ils vacillaient et me faisaient chanceler, comme l'eau ébranle un bassin posé de travers sur une table.
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Au printemps, je finis par m'enfuir: un matin, j'étais parti chercher le pain pour le thé ; le boulanger continua en ma présence de se querelles avec sa femme et la frappa au front avec un poids; elle s'enfuit dans la rue et tomba; aussitôt les gens s'assemblèrent, mirent la femme dans une voiture et on la mena à l'hôpital ; je me mis à courir derrière la voiture et, sans m'en rendre compte, je me retrouvai au bord de la Volga, avec vingt kopecks en poche.
C'était un jour de printemps, lumineux, caressant; la Volga en crue s'étalait, le monde s'ouvrait, immense et bruyant, - et moi j'avais vécu comme un rat dans une cave. Je décidai de ne pas retourner chez mes patrons, de ne pas aller chez ma grand-mère à Kounavino : je n'avais pas tenu parole, j'aurais eu honte à sa vue et grand-père m'aurait accablé de ses sarcasmes.
Pendant trois jours, je traînai sur les berges, me nourrissant de ce que me donnaient de braves débardeurs, passant la nuit avec eux sur les quais. Un jour l'un d'eux me dit :
- Toi, mon gars, vois-tu, ça ne te mènera à rien, ce que tu fais là. Va donc sur le "Dobry", il leur faut un plongeur
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Le travail de l'esprit, pendant l'enfance, creuse dans l'âme des plaies si profondes que, parfois, elles ne peuvent plus se fermer.
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Elle me fit un bref récit de la vie et de la mort de Pouchkine,;puis ajouta avec un sourire suave comme une journée de printemps :
- Tu vois le danger qu'il y a à aimer les femmes!
Par tous les livres que j'avais lus,je savais que c'était en effet dangereux, mais bon aussi, et je répliquai :
- C'est peut-être dangereux, mais tous les aiment! Et d'ailleurs, les femmes aussi en souffrent...
Elle me lança un coup d'œil comme elle faisait sur chaque chose, à travers ses cils, et dit avec gravité :
- Vraiment! Tu comprends cela? Alors je te souhaite de ne pas l'oublier!
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Videos de Maxime Gorki (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maxime Gorki
Gorki et ses fils, correspondance (1901-1934) , traduit du russe et préfacé par Jean-Baptiste Godon, est paru aux éditions des Syrtes.
Près de dix mille lettres de la main de Maxime Gorki sont conservées par les archives de l'Institut de la littérature mondiale de Moscou. La présente correspondance inédite entre l'écrivain et ses fils représente 216 lettres échangées entre 1901 et 1934.
Plus d'info sur https://editions-syrtes.com/produit/gorkietsesfils/
Nos remerciements à la Bibliothèque russe Tourguenev à Paris pour avoir gracieusement accueilli le tournage.
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